Amies, c’est la crise. L’avenir est sombre. Il est devenu impossible de se loger, de trouver un travail ou des sous-vêtements qui ne grattent pas. On nous le répète souvent, il n’y a plus de valeurs : le respect, la jeunesse, la culture et les Walt Disney, c’était mieux avant. Sauf que. Au milieu de ce marasme socio-économique, une seule chose continue d’évoluer dans le bon sens et d’améliorer notre quotidien : le sexe. Oui, le sexe n’a jamais été aussi bon qu’aujourd’hui. Petit tour (très) accéléré (sinon j’en fais huit pages) de la sexualité à travers les âges, pour vous convaincre que vous êtes bien nées au bon endroit et au bon moment.
Pendant l’Antiquité, le sexe, c’était plutôt sympa mais pas pour vous chères demoiselles puisque vous ne serviez qu’à la reproduction, le plaisir était une affaire d’hommes, entre hommes, pour les hommes.
On saute quelques siècles et on arrive au Moyen Âge, où 30 secondes de galipettes avaient de grandes chances de vous plonger dans 9 mois de galère. De toute façon, le plaisir était banni des parties de jambes en l’air. On copulait pour se reproduire, c’est du moins ce que voulait l’Eglise qui du coup condamnait masturbation, contraception et sodomie (on notera qu’elle a beaucoup évolué sur ces sujets).
Puis arrivent les premiers révolutionnaires qui prennent la Bastille et leur pied, portés par les idées d’individualisme et d’aspiration au bonheur. Reste que même si les libertins s’éclatent, l’Eglise n’a pas disparu et les préservatifs sont toujours en peau de mouton.
Ensuite, on progresse aussi rapidement dans le domaine de la gaudriole que dans celui du féminisme et la plupart des femmes continuent de découvrir la sexualité le soir de leur mariage. La priorité est alors à la survie, pas à l’orgasme.

Une statue dans un spa, à Kunming en Chine
Heureusement la seconde guerre mondiale rebat les cartes et les femmes peuvent se réjouir : on acquiert successivement le droit de vote, d’utiliser des machines à laver et de contrôler notre fertilité. S’ouvre alors la parenthèse enchantée, on se met à partager nos poils et nos orgasmes avec une génération d’hommes qui n’a pas fait la guerre, mais qui a la barbe hirsute et le cheveu long. Cerise sur le gâteau, nos amis les chercheurs découvrent certains traitements contre l’ennemi n°1 de la révolution sexuelle (pire l’Eglise, la morale et les enfants réunis), j’ai nommé les MST.
Cette parenthèse se referme aussi brutalement qu’elle est apparue avec les premiers cas de SIDA qui pointent leur nez en 1980. Manque de bol pour la communauté homo, l’épidémie ravage le milieu gay en plein combat pour ses droits et traîne dans son sillage le retour implacable de la morale.
Les années 90 et 2000 sont les vraies années de libération sexuelle. On libère les pratiques (on peut enfin déclarer aimer cunnilingus et fellation sans passer pour une prostituée) et on libère le porno, qui n’est plus stigmatisé et accessible à tout le monde grâce à Internet. Même si certains alertent sur les dangers du libéralisme dans le domaine de la sexualité, les Français jouissent plus que jamais. Les années 2000 couronnent le tout, science et technologie se mettent au service du sexe en inventant le viagra et les sextoys. Enfin, miracle, l’homme réalise enfin que la source du plaisir féminin se trouve dans le clitoris. C’était pas trop tôt…
Alors non, contrairement à ce qu’on raconte, le sexe n’était pas mieux avant.
Est-ce que cela signifie que nous sommes en train de vivre l’âge d’or de la sexualité ? Seul l’avenir nous le dira, car il peut être plus rose encore si les tabous continuent de tomber, tabous qui nous laisseraient plus libres dans nos choix et dans la façon de les exprimer.
Mais évidemment, le côté obscur de la force nous guette : attention au revers de la médaille, à la fuite en avant qu’est devenu l’impératif de jouissance, attention aussi à éviter la standardisation de nos pratiques sexuelles ! Parce que jouir, c’est bien, mais jouir comme des clones, bof. En attendant, ça ne doit pas nous empêcher de déboucher le champagne : le bonheur, c’est maintenant. Mangez-en.