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Comment survivre en internat (surtout si tu es plutôt solitaire)

Mathilde a passé quelques mois de sa vie à l’internat, pendant le lycée, alors qu’elle est de caractère solitaire. Comme elle se souvient d’avoir eu peur avant la rentrée, elle a décidé de raconter son expérience.

Article initialement publié le 23 août 2018

Une des angoisses de rentrée que j’ai vécues concernait l’internat. Comment est-ce que ça fonctionne ? Et si ça se passe mal ?

J’y ai passé quelques mois, alors que je suis quelqu’un de taciturne et qui a besoin de beaucoup de solitude.

Pour moi, ça s’est bien passé. Alors j’ai décidé de partager mon témoignage, au cas où il puisse t’aider à déstresser, si tu t’apprêtes à y entrer.

Cet internat qui fait peur

De par mon caractère et ma faible propension à comprendre les codes sociaux, l’idée d’aller à l’internat m’angoissait quelque peu.

Je n’étais pas non plus stressée à en trembler, mais j’allais quitter mon doux foyer pour la première fois, rencontrer des personnes complètement inconnues, découvrir un nouveau lycée, une ville inexplorée…

Beaucoup de nouveautés et de bouleversements se présentaient à moi, alors que je rentrais au lycée, et quittais péniblement un collège qui m’avait beaucoup apporté.

J’avais déjà pu rapidement visiter l’établissement, puisque cet internat à Marseille recrutait ses élèves sur concours pour la section que je visais.

J’avais passé les écrits et oraux de l’examen là-bas, et ainsi pu avoir un aperçu global des 13 hectares qui composaient l’institution.

Par hasard, en me présentant à cet examen, j’ai rencontré une jeune fille, appelons-la Alice. Elle tentait sa chance pour une autre section, mais vivait dans un patelin non loin de chez moi.

Nos parents sont allés boire un café ensemble alors que nous grattions le papier, et nous avons décidé de nous revoir durant l’été afin de faire connaissance, de moins se sentir perdues à notre arrivée.

Ce que nous avons fait, et, chance ou choix de l’établissement, à la rentrée, nous nous sommes retrouvées dans la même chambre d’internat, que nous partagions avec une troisième jeune fille.

Que mettre dans sa valise pour l’internat ?

Mais avant d’en arriver à la rentrée, j’aimerais te raconter ma préparation pour aller à l’internat.

Pendant les grandes vacances, j’ai lu, relu, re-relu les divers règlements intérieurs et informations que j’avais reçues du lycée, pour imaginer et appréhender au mieux la « nouvelle vie » que j’allais découvrir.

J’ai aussi dû me confronter à « l’épreuve de la valise ».

Au même titre que je me suis demandé, plus tard, comment faire pour vivre seule pour la première fois, j’ai du à ce moment-là faire mon sac… sans savoir de quoi j’allais avoir besoin.

Je savais bien que je devais prendre le strict minimum : des fringues, une trousse de toilette, le matériel pour le lycée.

J’avais reçu une liste de fournitures qui m’éclairait un peu sur les besoins que j’allais avoir, mais cela restait assez flou.

Dans les faits, ça a été beaucoup plus simple que ce que j’appréhendais. Je n’ai pas tellement eu de « manques » d’affaires à mon arrivée à l’internat.

Dans le pire des cas, il fallait que je patiente un peu moins d’une semaine pour récupérer ce que j’avais oublié chez ma mère. Dans le meilleur, un·e autre interne pouvait me dépanner ponctuellement.

Quelques astuces pratiques pour l’internat

Mon astuce a été, les premières semaines, surtout, de toujours prendre quelques euros avec moi (10€, 20€ maximum pour éviter les vols).

Comme ça, si je m’apercevais que j’avais oublié ma brosse à dents ou mon gel douche, je pouvais faire un tour dans une supérette et éviter de paniquer.

J’ai aussi retenu quelques tips, des astuces qui m’ont facilité la vie. À titre d’exemple, prendre une petite multiprise permet un confort non-négligeable, plus encore si les chambres sont partagées.

Aussi, avant de partir pour la première fois, j’ai fait écrire des mots doux par les personnes qui comptaient pour moi au dos d’un poster.

À mon arrivée, j’ai ainsi pu décorer, personnaliser ce lieu que j’allais habiter quelques temps, et avoir de quoi me réconforter en cas de coups de mou.

Bon, je ne te cacherai pas que mes premières valises étaient énormes, et pénibles à transporter. Avec le temps, j’ai appris à les réduire, au point qu’à présent je peux voyager des semaines avec un petit sac à dos, si j’en ai besoin.

Un internat à Marseille

En parlant de transporter mes valises, j’aimerais évoquer le trajet, car il a beaucoup compté pendant la période où j’ai été interne.

C’était la première fois que j’allais être amenée à prendre le train toute seule. Moi qui venais d’un patelin de campagne, je devais me débrouiller dans le fourmillement des lundi matins marseillais.

Je connaissais bien le métro version parisienne, alors je n’ai pas tellement eu peur de me perdre. Ça ne m’a pas empêchée d’être inquiète.

Avec ma mère, nous avions prévu de faire le trajet en transports une première fois ensemble, afin que je ne sois pas trop désorientée la premières fois où j’allais rentrer seule.

Nous avons finalement laissé le temps passer sans nous en occuper, mais heureusement j’avais regardé en avance sur Internet quel trajet je devais suivre. Un bus, un métro, un train.

Comme je n’avais pas de smartphone ni de 4G, j’avais pris soin de bien noter tout ça avant mon départ. Je pense que ce conseil est toujours d’actualité, en cas de panne ou de manque de batterie !

Par la suite, j’ai fait la plupart des trajets « aller » avec ma colocataire, Alice, étant donné que nous n’habitions pas loin.

C’était un très bon fonctionnement : nous nous tenions compagnie, nous avions moins peur du trajet, et d’un autre côté cela rassurait ma mère.

Au fil des mois, j’ai testé plusieurs trajets différents pour trouver lequel était le plus simple/court/agréable, pour avoir du choix en fonction de ce qui m’arrangeait.

L’internat, comment ça se passe ?

Une fois l’étape de l’installation, de l’acclimatation terminée, j’ai pu comprendre un peu mieux les rouages de mon internat.

Attention : ce que je raconte ici n’est bien entendu pas applicable à tous les établissements, et probablement plus à celui que j’ai fréquenté, d’ailleurs !

La première grosse surprise, pour moi, ça a été l’organisation des tables du réfectoire, les matins et soirs.

Il y avait de nombreuses sections dans ce lycée (par disciplines sportives, par langues), dont les groupes d’élèves restaient bien distincts.

Il ne s’agissait pas de s’assoir à la table des volleyeuses si tu étais kayakiste, et encore moins si tu faisais partie d’une section de langue.

Au tout début, mes colocataires et moi ne le savions pas. Nous n’avons pas été embêtées : les internes sont aussi passé·es par là. Rapidement, nous avons compris ces codes, et avons su les respecter ou non, mais en en ayant conscience.

Les mercredi soir, un film était diffusé pour ceux et celles qui le souhaitaient, jusqu’à 22h. Environ une semaine avant, 3 films étaient proposés ; le soir-même, lors de notre passage au réfectoire, nous votions pour celui que nous souhaitions voir.

Des tranches horaires étaient réservées aux devoirs, d’autres à la détente, et peu à peu j’ai appris à les connaître.

Finalement, l’adaptation n’a pas été très compliquée. J’ai fait preuve d’un peu de flexibilité, mais globalement les choses se sont bien passées.

Comment contenter mon besoin de solitude à l’internat ?

Mais ma crainte première était, comme je te l’ai dit, de ne pas réussir à faire concorder mon besoin de solitude avec une vie où j’étais sans cesse entourée : des autres internes le matin, d’élèves la journée, de mes deux colocataires le soir.

Heureusement, les filles ont assez rapidement compris que je n’aimais pas trop faire la conversation, et j’ai pu me ménager des espaces rien qu’à moi.

Elles étaient toutes les deux dans la même classe, elles ont donc créé un lien fort.

J’ai cru un moment que cela compliquerait les choses, dans notre fonctionnement à trois, mais finalement ça leur apportait une interaction que je n’étais pas capable de leur donner.

De mon côté, je faisais en sorte autant que possible d’aller dans l’immense cour du lycée, pleine de pins et de verdure, entre la fin des cours et l’heure à laquelle j’étais censée rentrer à l’internat.

C’était le moment où il y avait le moins de monde, et je pouvais ainsi profiter d’un vrai moment de calme et de tranquillité.

Finalement, la cohabitation ne m’a pas tant dérangée. Alice et moi avons eu un seul accrochage, stupide mais intense, qui a bien dégradé l’ambiance de la chambre. Mais nous avons fini par nous réconcilier, tout repartait pour le mieux.

J’ai conclu des hauts et des bas partagés avec mes colocs que la meilleure règle tacite que nous avons instaurée était « ne touche pas aux affaires des autres, et mêle-toi des tiennes ».

Ainsi dit ça peut sembler brut, et bien sûr, au quotidien nous avons partagé plus qu’une pièce. Mais sans invitation claire à prêter des affaires ou à confier une peine, il fallait respecter cette règle, autrement nous perdions toute intimité.

Et durant l’adolescence, l’intimité est souvent particulièrement importante ! Mettre quelques règles en place, explicites ou tacites, nous a permis de respecter cela.

Ce que l’internat m’a apporté

Au final, de l’internat je retiens beaucoup de positif. Lorsque j’étais dans ce lycée, les choses se sont très mal passées, et c’est l’internat qui m’a le plus apporté, qui me procurait les joies et bonheurs de mes journées.

Je suis devenue plus indépendante et autonome, j’ai appris à me prendre en charge : m’occuper de mes lessives, nettoyer et tenir propre la chambre, me déplacer seule.

J’ai aussi découvert un tas de nouvelles choses.

Avec les projections, j’ai vu pour la première fois Je Suis une Légende. Je n’aurais jamais osé regarder ce film seule à ce moment-là, puisque le synopsis contenait « zombies » et que je ne supportais pas les long-métrages qui faisaient ne serait-ce qu’un tout petit peu peur.

Comme je m’ennuyais les mercredi après-midi, je me suis inscrite à une activité sportive, et c’est ainsi que j’ai découvert la boxe.

Ce sport a révolutionné ma vie, puisque j’ai continué tout le lycée, à haut niveau ; je n’aurais jamais tenté ça sans être à l’internat.

Mon rapport à ma famille a beaucoup évolué : d’une ambiance tendue, nous n’avons gardé que l’amour et l’affection. Ma sœur a pu prendre plus de place dans le foyer, et entre nous, les relations se sont apaisées.

Enfin, et c’est ce que j’en retiens surtout, j’y ai fait des rencontres formidables. Chacune des personnes que j’ai croisées à l’internat m’a marquée, et m’a apporté quelque chose.

J’ai été virée du lycée en cours d’année, et lorsque je suis revenue chez ma mère, moi qui aimais tant la solitude je me suis soudainement sentie seule, et mal d’être seule.

L’animation des repas me manquait, les discussions, les conseils des plus vieux et vieilles, les éclats de rire, les conneries. Seule, j’ai ressenti un grand vide.

J’ai peu à peu perdu contact avec ces ami·es-là, sans amoindrir mon affection pour eux et elles, et le hasard a fait que j’en ai retrouvées certaines dernièrement. C’est comme si rien n’avait changé, et nous partageons toujours la même complicité.

De l’internat, je garde d’excellents souvenirs.

Aujourd’hui, je suis toujours aussi solitaire, et j’aime toujours aussi peu « faire la conversation ». Je n’ai pas très envie de vivre en colocation, mais je sais que je n’aurais peut-être pas le choix, puisque je cherche un logement à Paris…

Toutefois, l’idée d’une potentielle colocation m’inquiète moins, et je sais combien j’ai appris et gagné à vivre en communauté.

Ça a été une expérience profondément humaine, et rien que d’y songer à nouveau me fait chaud au cœur.

Et toi, es-tu déjà allé·e en internat ? Comment ça s’est passé ? Si tu vas y aller pour la première fois, quelles sont tes inquiétudes ? Et si tu n’y es jamais allé·e, comment te l’imagines-tu ?

Viens me dire tout ça dans les commentaires !

À lire aussi : Tu entres à l’internat ? Voici ce à quoi tu peux t’attendre !


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Les Commentaires

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Avatar de Chierry
29 août 2019 à 10h08
Chierry
Pour le coup, je faisais partie des solitaires de l'internat.
J'y ai passé mes 3 ans de lycée, je viens d'en sortir et ça à été l'une des meilleures expériences de ma vie. Je n'ai jamais vraiment réussir à me faire des amis à l'internat à par quelques prépa mais je mangeais tout les jours seule et ça ne m'a jamais gêné. Sauf au tout début, en seconde parce que je pensais que, comme au collège, on se moquerait de moi. Totale erreur, tout le monde s'en foutait.
Au final, le fait d'être seule m'a permis de prendre une autonomie totale et de passer au dessus des remarques des autres. En plus, j'avais plus de temps pour travailler puisque je n'avais personne avec qui rester.
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