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Culture

Être une femme dans… le shōnen nekketsu

Le sh?nen nekketsu est un genre considéré comme masculin, et les personnages féminins n’y sont pas toujours très bien représentés… petit tour d’horizon.

Article rédigé par Antigonedream avec l’aide et les conseils de la Team Redīsu

À lire aussi : Le manga : petit guide à la découverte du genre

Alors aujourd’hui chères madZ, nous allons aborder ensemble le sujet (délicat) du sexisme dans les mangas « pour garçons ». Commençons avec quelques définitions !

Le shōnen est traditionnellement un genre de manga dédié aux ados de type mâââle (« shōnen » signifie « adolescent » en japonais). Bien qu’aujourd’hui le genre attire tout autant les filles, les garçons restent la cible privilégiée des magazines shōnen de prépublication.

À lire aussi : Ce que la culture japonaise m’a appris

Le nekketsu est la sous-catégorie de shōnen la plus connue. Il se caractérise par l’évolution d’un personnage principal, généralement assez banal au début de l’histoire, qui deviendra le meilleur dans sa spécialité. On retrouve aussi régulièrement des éléments comme le combat contre les forces du Mal, les ennemis qui deviennent des amis, un héros increvable grâce au pouvoir de l’amitié…

Le genre est souvent associé aux mangas de baston et d’action (Dragon Ball, One Piece, Naruto, Bleach, Hunter X Hunter, Fairy Tail…) mais on peut aussi qualifier de nekketsu les mangas sportifs (Captaine Tsubasa — a.k.a. Olive et Tom, Le prince du tennis, Free), ou même Hikaru no Go qui traite… du jeu de go.

Disons-le clairement : les femmes y sont sous-représentées. Une femme pour deux hommes dans chaque équipe de Naruto, deux femmes sur neuf nakama dans l’équipage de One Piece, aucune parmi la bande de potes d’Hunter X Hunter (même si on peut compter Pâmu et Biscuit, temporairement), 2 capitaines sur 13 dans Bleach (bon, et quand même 7 lieutenants sur 13)…

Celles qui sont présentes le sont souvent pour un/des but(s) bien précis. À quoi peuvent donc bien servir les femmes dans le shōnen nekketsu ?

L’intérêt romantique

Ne nous voilons pas la face : la première fonction d’une fille dans un shōnen nekketsu, c’est d’être amoureuse du héros (ou d’un personnage secondaire, afin de valoriser le personnage). Certains personnages masculins ont aussi des intérêts sentimentaux, mais de manière bien moins systématique. D’ailleurs, pour être fort, un héros de shōnen ne doit avoir aucun sentiment amoureux et bien montrer qu’il s’en fiche, que les filles s’intéressent à lui !

Sasuke dans Naruto

Moi j’aime pas les filles, moi j’aime méditer et LA BAGARRE

Notons que si le héros possède des défauts, l’héroïne est douce, gentille, belle et intelligente (et en plus, elle fait bien la cuisine et peut capter Internet en levant un bras). C’est la fille parfaite, qui accepte tous les défauts de l’homme (que ce soit son physique, sa bêtise, sa violence) parce que c’est celui qu’elle ai-meuh ! Citons en exemple Hinata, Sakura et Ino de

Naruto (bon, ok, admettons-le : quasiment tous les personnages féminins de Naruto), ou Boa Hancock de One Piece.

On trouve aussi parfois l’idée de la fille bizarre (voire carrément effrayante et dangereuse) qui s’adoucit au contact du garçon dont elle tombe amoureuse, tout en restant désagréable avec tous les autres personnages… particulièrement envers les autres filles qui approchent l’élu de son coeur (Juvia de Fairy Tail, Pâmu d’Hunter X Hunter, Karin de Naruto…)

  • Contre-exemples : Robin et Nami de One Piece (il n’y a pas d’histoire d’amour dans One Piece) et Naruto qui est amoureux de Sakura (bien qu’il lui soit de plus en plus indifférent : rappelez-vous, l’importance du héros stoïque, tout ça…)

Le fan service

Allons, les femmes ne sont pas uniquement de petites choses sentimentales… elles sont aussi un potentiel infini de paires de boobs et de petites culottes !

Par défaut, une héroïne de shōnen nekketsu est encore mieux gaulée qu’une poupée Barbie — s’il est possible de trouver des personnages masculins au physique peu avantageux, ce n’est quasiment jamais le cas des personnages féminins. Si jamais une jeune fille a une poitrine n’excédant pas la circonférence de sa propre tête, elle sera qualifiée de planche à pain, et on aura un running gag tout à fait délicat tout le long de la série (Yuya de Samourai Deeper Kyo, Sakura de Naruto, Rukia de Bleach…). Les moqueries liées à la taille de la poitrine des personnages se font évidement dans le cadre des fandoms, mais aussi directement au sein du manga !

Tous les prétextes sont bons pour foutre les héroïnes à poil : Une scène de bain, le vent qui soulève leur jupette pour dévoiler leur culotte en contre-plongée, une bataille tellement difficile que leurs vêtements sont tombés en lambeaux…

kagura-minerva

Bien sûr, ce genre de fan service existe aussi sur les personnages masculins (comme Grey de Fairy Tail) mais on se rend assez vite compte qu’il est nettement moins systématique.

On peut aussi constater une sexualisation au niveau de l’habillement, défiant parfois toute logique : comparez, par exemple, les armures des chevaliers hommes et femmes dans Saint Seiya. On trouve aussi de sublimes body-strings qui doivent ma foi être très pratique en combat…

À lire aussi : The Hawkeye Initiative, le Tumblr qui répare le sexisme des comics

  • Contre-exemples : Grey de Fairy Tail, personnage masculin que l’auteur fout régulièrement à poil, et Rukia de Bleach qui est assez peu sexualisée.

Les compétences de combats

Pendant longtemps, on a préféré faire des personnages féminins des tacticiennes (Bulma dans DBZ, Nami dans One Piece…) ou des magiciennes. Mais pour créer un effet de surprise (voire un effet comique), de plus en plus d’auteurs dotent des filles d’une grande force physique (Sakura dans Naruto).

Hélas, cette puissance semble assez limitée. En effet nos héroïnes ne sont généralement confrontées qu’à d’autres femmes… Et quand elles se battent contre des hommes, c’est le plus souvent en équipe. Ceci dit, heureusement qu’il y a des méchantEs sorties de nulle part prêtes à en découdre avec les personnages féminins, parce que la plupart du temps un héros de shōnen refusera de combattre une femme !

La galanterie selon One Piece

Même si je dois en mourir, jamais je ne frapperai une femme !

Alors bien sûr, dans la vraie vie c’est très bien de ne pas frapper les femmes (c’est très bien de ne frapper personne), mais dans un manga de baston, où l’intérêt de l’histoire réside dans LA BAGARRE, ne pas vouloir affronter une adversaire uniquement parce qu’elle est une femme, c’est offensant. C’est considérer par défaut qu’elle est plus faible. Dans ces conditions, à quoi bon avoir des pouvoirs qui déchirent, mesdames, je vous le demande ?

Pour bien rappeler la différence de puissance entre le héros et l’héroïne, on constate un running gag commun à la plupart des shōnen nekketsu : la fille qui tabasse (souvent à tort, mais là n’est pas le problème) le garçon. Ce dernier ne réplique jamais (de toute façon c’est qu’une fille, elle ne fait pas vraiment mal), et au bout de quelques cases, bosses et bleus disparaissent alors que la fille est supposée péter des maisons à coup de pieds… Ouuuuuh, qu’elle est mignonne, avec ses petits poings de fille, à essayer de faire mal au grand héros viril !

Parfois, on les fait même combattre grâce à des attributs considérés comme féminins : dans Hunter x Hunter, le nen se manifeste chez les utilisatrices par des compétences en couture (et donc en soin pour recoudre les gens), en esthétique, des capacités de voyance, un aspirateur (!)…

hunter-x-hunter-shizuku

  • Contre-exemple : Erza de Fairy Tail, qui est l’un des personnages les plus forts, combat en armure et fait vraiment peur aux héros.

La fonction « care » et la maternité

Autre fonction souvent attribuée aux femmes, le « care », c’est-à-dire les compétences de médecine et/ou la volonté de prendre soin des autres. Le « care » renvoie à une idée de la mère douce et attentionnée. En gros, les mecs passent leur temps à dire des gros mots, à se chamailler et à se taper dessus, mais heureusement, les filles sont là pour panser leurs blessures viriles, leur dire des mots rassurants et s’inquiéter pendant les combats !

Citons Tsunade et Sakura dans Naruto, Orihime dans Bleach, Wendy dans Fairy Tail… (Avec un léger bémol pour Tsunade de Naruto, qui fait justement partie des plus puissants et qui créé des falaises en frappant du poing par terre. Elle dévoile peut-être un côté protecteur peu à peu, mais sa caractéristique principale est d’être une grande gueule respectée, et particulièrement crainte).

D’une manière globale, la maternité transcende les personnages féminins. Ce n’est qu’en devenant mère que les personnages féminins développent enfin leur puissance et leur courage. Prenons par exemple le nombre plus qu’important de mamans mortes pour protéger leur chère progéniture (une minute de silence s’il vous plaît : maman d’Ichigo de Bleach, Portgas D. Rouge et Belmer de One Piece, Kushina de Naruto…) ! Quand la maman a le privilège de rester en vie, elle abandonne généralement les arts martiaux pour se consacrer à son foyer (Chichi de Dragon Ball, Kurenai de Naruto).

maman-shonen

Mention spéciale pour Portgas D Rouge, qui reste enceinte et cache sa grossesse pendant VINGT mois pour éviter que l’on tue son enfant (oui, la dame sur l’image est en cloque depuis près de deux ans : quand je vous disais qu’on déconne pas avec les mamans dans le nekketsu !), avant de mourir d’épuisement après son accouchement.

  • Contre-exemple : Bulma de Dragon Ball, qui reste une businesswoman à la tête de sa propre multinationale, même après la naissance de son fils, et Nico Olvia de One Piece qui n’hésite pas à laisser sa fille derrière elle pour aller étudier à travers le monde.

L’éternelle damoiselle en détresse

S’il y a une chose que nos héroïnes de mangas savent bien faire, c’est se foutre dans la merde, souvent via une décision stupide de leur part. Ce qui bien évidement oblige le héros à aller secourir ces donzelles écervelées. La mission de sauvetage peut être ponctuelle au cours de l’histoire, mais peut également faire l’objet d’un arc tout entier, comme dans Bleach où l’arc Soul Company consiste à sauver Rukia, où le trèèèès long arc Hueco Mundo consiste à sauver Orihime, ou encore l’arc Enies Lobby de One Piece dont le but est de sauver Robin.

  • Contre-exemples : Sasuke et Gaara dans les arcs « allons sauver Sasuke » et « allons sauver Gaara » de Naruto et Naruto Shippuden.

La victime d’abus sexuel

Si les femmes ne combattent pas pour ne pas avoir à subir de violences physiques, il est en revanche tout à fait toléré qu’elles puissent endurer des violences sexuelles. Dans l’un des derniers chapitres de One Piece, par exemple, l’un des personnages principaux embrasse de force une jeune femme pour la faire taire ; quand cette dernière s’en plaint, elle se voit rétorquer qu’elle n’avait pas à prendre la parole lors d’un combat entre hommes (culpabilisation de la victime et culture du viol, bonjour)…

On sous-entend aussi fortement le viol de certaines héroïnes, même si rien n’est évoqué de manière trop directe : rappelez-vous qu’on s’adresse à des adolescents.

Si, dans One Piece on sous-entend vaguement des agressions sexuelles dont les victimes seraient des personnages masculins, les femmes en sont bien plus souvent les cibles, comme Robin à Enies Lobby et à Tequila Wolf, Nami à Thriller Bark ou Boa Hancock à Mariejois. Citons également le personnage d’Erza de Fairy Tail d’une manière bien plus érotisée. Je ne mettrai pas d’images, c’est quasiment du hentai et c’est, de plus, assez violent.

Dans le genre, on a également, dans un épisode de Bleach spécial plage, un monstre à tentacules qui s’introduit dans le maillot de bain des filles — ce qui est présenté comme un élément comique…

bleach

Ces deux derniers cas me semblent les plus graves, car il présentent le viol comme quelque chose de sensuel ou de drôle, ce qui banalise ce crime.

  • Contre-exemple : peut-être les prisonniers d’Impel Down dans One Piece

J’espère ne pas vous avoir dégoûté•e•s du genre : l’important, c’est de voir ces abus, pour peut-être réussir à les faire disparaître (ou du moins pour ne plus se laisser avoir en les pensant « normaux »). Lisez des mangas, y compris du shōnen nekketsu (c’est bien pour tout plein d’autres raisons) et venez en parler avec nous sur le forum !

À lire aussi : Être une femme dans l’univers de Tim Burton


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Les Commentaires

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Avatar de Poulpixel
23 septembre 2014 à 13h09
Poulpixel
Elle a une voix hallucinante de clarté, de justesse, de puissance. Mais je trouve la chanson un peu relou après quatre "I'm hoOOOmeleeeeEEEEeeeeesss". Elle mériterait de chanter des trucs plus techniques.
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Voir les 2 commentaires

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