Allez, chantons toutes notre refrain préférée depuis 2008 : C’EST LA CRIIIISE ! On est toutes fauchées, dépouillées, déprimées, on nous fait miroiter des merveilles que nous ne posséderons jamais, on gratte frénétiquement des Astro et on joue à l’Euromillion tout en se crevant le cul au taff en espérant dépasser un jour le sacro-saint SMIC. C’est TRISTE. En plus, on entre en pleine période des fêtes, et qu’est-ce qu’on fait à cette période chaque année ? On DÉPENSE et on compense nos malheurs par la BOUFFE. Vie de merde.
Mais rassurez-vous : on peut encore rêver gratos (pour combien de temps, ça, mystère, mais pour l’instant on peut). Alors rêvons, rêvons de ce jour merveilleux où nous accèderons enfin à la richesse éternelle, Picsou-style, quand on se baignera dans des grosses coupures en riant des pauvres gens qui nous entourent. Ce sera beau. Allongez-vous, et posez vous cette question :
Que ferais-je si j’étais pétée de thune ?
J’achèterais un coffre fort géant sur une colline au milieu de Paris
Alors déjà, faudrait construire la colline. Ou m’approprier le parc des Buttes Chaumont, tant qu’à faire. Au lieu du vieux belvédère, j’y installerais mon super coffre fort impénétrable et bardé de pièges mortels. Jacksou, ça sonne quand même vachement bien. Je laisserais éventuellement entrer ma famille, voire mes amis les plus proches, mais je ferais bien attention à ce qu’ils ne dilapident pas MA fortune, gagnée à la sueur de mon front (ou d’un ticket Astro, tout dépend). J’achèterais une baraque à ma mère, au moins. (c’est elle qui m’a dit un jour : « Si tu deviens millionnaire, achète moi une baraque au milieu de nulle part, c’est tout ce que je te demande après j’me démerde »).
Mon coffre sera grand, beau et solide – et je ne me ferais pas avoir par ces glands de Rapetou, ça se règlera à coup de « légitime défense » et on n’en parlera plus. Comme ils n’ont pas d’amis et que j’aurais plein d’argent, je les ferais empailler et je les mettrais à l’entrée de mon coffre pour rappeler à ceux qui penseraient pouvoir prendre la suite que non, chez moi ça s’passe pas comme ça, et qu’on rigole pas avec mon blé. Mon coffre donnera l’impression aux passants de crier sans cesse un tonitruant « NANANANANÈREUH ! » et mettra tout le monde de mauvaise humeur pendant que je danserais en culotte dans mes billets de 500. Je passerais le plus clair de mon temps à élaborer des pièges incroyables et j’engagerais – sous couverture – des petits criminels nullos pour qu’il vienne me « cambrioler », juste pour le plaisir des les voir se manger mes pièges dans la gueule. Et je passerais des soirées dans mon gros fauteuil devant mes écrans de sécurité à me poiler la race en mangeant du popcorn enrobé de feuilles d’or.
J’aurais du petit personnel à mes ordres
Avouez-le, le plus relou dans la vie, c’est de devoir faire des trucs qu’on a pas envie de faire. Mais quand on a toute la thune du monde, qu’est-ce qu’on peut bien faire pour y remédier ? Payer des gens pour se faire chier à notre place, voilà. Les courses, le ménage, la cuisine, on s’en occupe plus. Gérer la paperasse, se souvenir des anniversaires, des fêtes et de la Toussaint – c’est plus notre affaire. Être riche, c’est pouvoir se permettre de ne faire que des choses qui nous font plaisir et de laisser les petites gens s’occuper du reste. Parce que, sincèrement, à quoi ça sert d’avoir de la thune si on a jamais le temps de la dépenser ?
Du coup, c’est toujours bien d’avoir une équipe de gens serviables (et bien payés, nous ne sommes pas des tyrans) dont la seule préoccupation soit notre bien être. Qui n’a jamais eu envie d’un massage à 4 heures du matin ? Qui n’a jamais eu envie d’un cocktail mangue/fruit du dragon en plein mois de novembre ? Qui n’a jamais eu envie d’aller galoper sur une plage ensoleillée comme ça, sur un coup de tête ? Mais forcément, quand on est seul et sans le sou, c’est plus compliqué. Tandis que si on a toute une équipe qui ne rêve que de faire notre bonheur (moyennant une compensation financière mensuelle adéquate), c’est tout de suite vachement plus accessible.
Tant qu’à faire, pourquoi se faire chier à marcher ? A l’ancienne, je me ferais porter par deux (quatre après les repas) hommes forts et robustes sur mon trône recouvert d’autocollants Spider-Man qui ferait la musique du générique sur mon chemin. Ah tiens, puisqu’on en parle…
Je deviendrais un super-héros
La raison pour laquelle je ne peux pas blairer Batman, c’est parce qu’à mes yeux, il restera toujours le petit orphelin capricieux qui n’a toujours pas digéré la mort de ses parents et qui compense par sa fortune en se faisant super-héros. Il n’a pas de réel pouvoir, personne ne lui a rien demandé, mais il se fait construire 20 000 gadgets par mois et cultive sa voix-trachéite pour s’adresser aux vilains d’un air ténébreux. Vous me direz, Iron Man c’est grosso-modo la même chose, mais lui au moins il est rigolo. L’humour, ça change tout.
Mais peut-être qu’au fond, ça n’est que de la jalousie… Du coup, si j’étais pétée de thune, il y a fort à parier que je finirais par m’emmerder devant mon écran géant-son-surround-en-3D-dans-ta-gueule. Il y a forcément un moment où je me retrouverais à penser «tiens, tiens, tiens, et si j’me faisais faire mon propre batarang ?» – et ce serait le début de la fin. Les gadgets technologiques d’abord, puis – parce que ça ne suffit pas toujours – les modifications génétiques. Un peu d’injection d’ADN d’araignée par ci, un peu d’ADN de fauve par là, les griffes et le squelette en adamantium de Wolverine, les 5 sens de Superman et youplaboum, je serais prête à combattre le crime.
Mais comme j’aurais la flemme, je m’en servirais uniquement dans mon univers holographique à la pointe de la technologie pour des simulations plus vraies que nature – et sans danger.
Je ferais des dons anonymes
Comme je ne suis pas uniquement un monstre d’égoïsme et de vénalité, je ferais en sorte de balancer une partie de ma fortune dans des causes humanitaires. Des associations de protection d’animaux. Médecins Sans Frontières. Handicap International. J’enverrais de la thune aux enfants qui crèvent la dalle. Je réhabiliterais un max de SDF de mon quartier pour les employer dans ma super multinationale aux motivations top secrètes. Je taxerais les super-riches pour redonner aux pauvres et je ferais semblant d’en être la victime et non l’instigatrice. «Oh non c’est pas du juste comment nous les riches on doit trop cracher pour le petit peuple putain, sans déconner, l’arnaque, c’est moi qui l’ai gagné cet argent c’est À MOI». Sauf qu’en fait ce serait mon idée.
Mais tout ça, personne ne le saurait – à part mes assistants les plus privilégiés (ceux qui me massent les pieds avant de dormir). Parce que si jamais ça se savait que la femme la plus riche du monde file sa thune aux désoeuvrés, bah vous savez très bien comment ça finirait : avec tous les pique-assiette du globe faisant la queue devant chez moi en espérant s’attirer mes grâce. «M’dame Jacksou, siouplé, j’ai super mal au pied ah ouais, j’vous jure j’peux tellement pas vivre comme ça j’ai besoin d’une Xbox et d’une Mustang pour aller mieux». «Pitié sivuplé m’dame Jacksou, j’ai les cheveux hyper frisés et je vis en Écosse, vous vous rendez même pas compte comment c’est un enfer, j’ai besoin d’un forfait à vie pour un lissage brésilien et aussi d’une paire de Louboutin parce que des beaux cheveux en Converse c’est super nul».
NON.
J’veux bien contribuer un peu aux grandes causes, mais faudrait voir à pas trop s’payer ma gueule non plus.
Mais en attendant, je suis pas riche, alors je me contente d’aboyer sur les autres – comme Justin Bieber et Selena Gomez qui sortent la batmobile pour aller bouffer des pancakes. La BATMOBILE. Pour aller manger des PANCAKES. Ce monde me révolte.
Voilà, ça c’est mon plan (pour commencer), mais j’aimerais bien savoir ce que vous feriez, vous. Histoire que je vous pique vos idées dans cinq ans (quand j’aurai gagné mon premier milliard). Allez, lâchez-vous, dites moi tout, que feriez-vous si vous n’aviez aucune limite d’argent ?
— Illustration Timtimsia
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Les Commentaires
-continuer mes études indéfiniment, au rythme que je veux (sourtout en langue, pour pouvoir voyager plus facilement)
-du volontariat (pas de contrainte comme le boulot, et tu ne passes pas ta journée à rien faire)
-mettre des sous de côté
-mettre ma proche famille à l'abris du besoin
-payer des vacances à ma famille & mes amies
-des voyages, beaucoup et longtemps (à moi l'Europe et les pays anglo-saxons !)
-et quelques achats (surtout des maisons à l'étranger ... Berlin, Cardiff ou Dublin ... et puis des biens matériels, mais j'espère ne pas devenir trop matérialiste, ou devenir une grosse vache parce que je me suis plus consciencieuse avec mon hygiène de vie).