Avant de vous proposer quelques pistes d’actions, un état des lieux qui fait chaud dans le dos :
- 2,3 milliards de personnes sont touchées par la sécheresse selon un rapport de l’ONU publié le 11 mai 2022. D’ici 2030, 700 millions de personnes risquent d’être déplacées.
- L’Inde, le Pakistan, l’Egypte, l’Arabie Saoudite et le Mexique subissent depuis plusieurs semaines des températures allant jusqu’à 51°C. Incapacité à respirer, coupures d’électricité, manque d’approvisionnement en eau, effondrement accru de la biodiversité (en Inde, des milliers d’oiseaux sont tombés du ciel épuisés et déshydratés)… Ce que vivent les habitantes et habitants de ces pays ressemble en tous points à une dystopie pourtant bien réelle.
- En Europe, les températures annoncées ces prochains jours sont également effrayantes avec jusqu’à 20°C au-dessus des normales saisonnières et jusqu’à 40°C ressentis notamment dans le sud de la France. 15 % des terres sont atteintes par le manque d’eau.
- En France, la sécheresse menace les productions agricoles et notamment céréalières. Sans précipitation depuis des semaines, la croissance du blé est mise en danger et la sécheresse risque d’amoindrir considérablement les récoltes. La guerre en Ukraine perturbait déjà considérablement l’approvisionnement en blé puisque l’Ukraine et la Russie font partie des plus gros producteurs et exportateurs mondiaux.
- La Bretagne, première région agricole de France et première région agroalimentaire d’Europe, connaît un déficit pluviométrique moyen de 30% depuis octobre 2021. La sécheresse remet en question les pratiques agricoles très consommatrices en eau comme l’élevage et l’agriculture intensive.
- La sécheresse fait peser la charge de la collecte de l’eau de manière disproportionnée sur les femmes alors qu’elles font partie des premières victimes du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité.
Comme souvent face aux causes et conséquences du dérèglement climatique, on se sent malheureusement impuissantes, angoissées et dépassées par le système qui nous donne le sentiment d’être totalement dépossédées de notre pouvoir d’agir.
Voici quelques pistes mêlant actions collectives et individuelles dont vous pouvez vous saisir ! (Rappelons que l’écologie individuelle est nécessaire mais insuffisante face aux enjeux du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité)
1 : Aider la faune sauvage autour de soi
Vous avez chaud et soif ? Les animaux aussi !
La Ligue de Protection des Oiseaux propose une astuce simple pour les aider à s’hydrater :
“Installer à l’ombre dans votre jardin ou sur votre balcon, un récipient peu profond (3-4 cm) rempli d’eau. Veillez à ce qu’il soit disposé dans un endroit dégagé où les oiseaux peuvent voir venir les éventuels prédateurs. Cela permettra aux oiseaux et aussi aux hérissons , aux écureuils et aux abeilles de se désaltérer en toute sécurité. Cette eau devra être renouvelée idéalement tous les matins aux heures fraîches afin d’éviter la propagation de maladies, la prolifération des moustiques et maintenue à un niveau constant .”
2 – Végétaliser drastiquement son alimentation
En plus d’être responsable de 15% des émissions de gaz à effet de serre, la production de produit d’origine animale est très consommatrice en eau.
Comme le rappelle viande.info :
- La production de viande et d’œufs nécessite plus d’eau que celle des légumineuses et des céréales.
- L’élevage émet des quantités importantes de nitrates, phosphates et autres substances qui s’accumulent dans l’eau et provoquent la prolifération des algues vertes.
- Près de 80 % des émissions d’ammoniac proviennent de l’élevage. L’ammoniac se dissout dans les précipitations et provoque des pluies acides.
- Les élevages bretons émettent autant d’excréments que 60 millions d’habitants et ces excréments sont répandus sans traitement sur le sol et polluent les eaux souterraines.
- En moyenne, il faut 7900 litres d’eau pour obtenir 1 kg de protéines carnées contre 4650 l pour 1 kg de protéines végétales
Vous l’avez compris, réduire drastiquement sa consommation de produits d’origine animale tout en prônant le végétalisme et végétarisme autour de soi est donc l’action individuelle qui a le plus d’impact sur la consommation d’eau.
Besoin d’aide pour végétaliser votre alimentation ? Les blogs Le Cul de Poule, la Petite Okara et Deliacious pourront sûrement vous aider ! Vous avez d’autres blogs à recommander ? Postez-les en commentaires !
3 – Participer à des chantiers de plantation de haies et faire pression auprès des pouvoirs publics pour végétaliser les villes
La suppression des haies (appelée remembrement) qui a commencé dans les années 60 a grandement contribué à accentuer la sécheresse agricole puisqu’elle a favorisé le ruissellement des eaux de pluie (et des engrais de synthèse).
Planter à nouveau des haies bocagères est donc une action efficace pour lutter contre la sécheresse.
L’association La Haie Donneurs propose par exemple plein d’initiatives autour des haies et de la biodiversité, à organiser via l’association ou entre amies ! Chouette !
Par ailleurs, l’absence d’arbres dans les zones urbaines contribue à créer ce qu’on appelle les « îlots de chaleur », zones où les températures sont plus élevées en raison notamment de l’urbanisation et de l’artificialisation des sols. Les températures des centres urbains sont en moyenne supérieur de 4°C et peuvent atteindre jusqu’à 12°C de plus que les territoires limitrophes comme les zones rurales ou semi-rurales.
La végétalisation des zones urbaines et la lutte contre l’artificialisation des sols sont des axes prioritaires pour lutter contre ces îlots de chaleur. N’hésitez pas à défendre les espaces non-bétonnés et les arbres menacés de destruction autour de vous, tout en faisant pression auprès de votre mairie pour végétaliser votre quartier / ville !
4 – Soutenir les paysans et paysannes en agro-écologie, bio ou en conversion
L’agriculture utilise 70% de la consommation mondiale d’eau et s’avère donc le secteur d’activité le plus consommateur d’eau. En plus d’être extrêmement polluante, l’agriculture intensive est très gourmande en eau.
Favoriser des pratiques agricoles soutenables comme l’agro-écologie (respect de la vie du sol et de la biodiversité, semences paysannes, polyculture, arrosages réduits…) est donc un excellent moyen de lutter contre la sécheresse et l’effondrement de la biodiversité de manière indirecte.
Participer à du woofing, visiter des fermes en agro-écologie, soutenir les paysannes et paysans bio (de plus en plus en difficultés face à la baisse des subventions au profit des agriculteur.rice.s conventionnel.le.s), devenir soi-même paysannes et paysans, rejoindre des projets agricoles collectifs… autant de pistes pour encourager un modèle agricole vertueux et limiter les dégâts !
5 – Participer à des actions collectives contre le modèle agro-industriel et l’artificialisation des sols
Élevages intensifs qui polluent et tuent 850 millions d’animaux par an en France, engrais de synthèse polluants et destructeurs de la vie des sols et de la biodiversité, monoculture, utilisation d’engins motorisés et de la robotisation à outrance, accaparement de l’eau… Les pratiques de l’agriculture intensive doivent être combattues afin d’encourager un modèle agricole respectueux des humain.e.s et non-humain.e.s.
Rejoignez les luttes locales qui se battent contre l’accaparement des terres agricoles, les fermes-usines, l’artificialisation des sols, la construction de méga-bassines…
Des ingénieur et ingénieures diplômés de l’école AgroParisTech se sont d’ailleurs exprimés sur le modèle agro-industriel et ses conséquences au sein d’un discours appelant à la désertion du secteur.
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Crédit photo de Une : Ilya Alashevskiy pour Getty Images
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