Ça y est, tu as enfin trouvé l’amour de ta vie ? La personne avec qui tu te vois bien vieillir – ou au moins rester quelques années avant de se déchirer devant un tribunal – avec qui tu oserais peut-être même emménager au bout d’un an, adopter un chat, ouvrir un compte commun, passer le dimanche chez Ikea ? Tu es heureuse, épanouie, plus amoureuse que jamais ? Tu as raison : ça ne peut pas durer. Le bonheur et la félicité, c’est pour les mauviettes. On est pas venus au monde pour s’aimer. J’ai la solution pour t’aider : voici les quatre commandements pour saboter ta vie de couple, faire vivre un enfer à ton partenaire et pleurer sur les genoux de tes potes pendant des piges. On va bien s’amuser !
1. Ton égoïsme tu cultiveras
Ça, c’est quand même le must, l’élément ultime sans lequel rien n’est possible. Une vie de couple se sabote bien plus facilement avec une grosse dose d’égoïsme – le reste, ça peut se soigner, s’arranger ou se contourner, mais ça, c’est l’arme fatale et indispensable du bon saboteur de couple. De toute autre sorte de relation aussi, d’ailleurs. C’est efficace dans tous les domaines. Prenez ce réflexe simple : tout ce que le monde présente à vos yeux doit être vu à travers le prisme de votre nombril. Tout ce que vous voyez doit être jugé par vous, et chaque jugement doit être énoncé. Ne commencez jamais une phrase par autre chose qu’un retentissant «Moi, personnellement, je…».
Alors, en couple, comment ça se passe ? C’est très simple. Qui décide de ce qu’on regarde la télé ? Vous. Qui décide de ce qu’on mange à tous les repas ? Vous. Qui décide de ce qu’on fait des journées en amoureux ? Vous. C’est déclinable à l’infini. À la limite vous pouvez laisser l’autre prendre les commandes pendant le sexe. À la limite. Mais si jamais vous acceptez de céder à une de ses demandes, référez-vous au point n°4. Insistez lourdement sur les choses qui vous font plaisir, sur ce que vous aimeriez que l’autre fasse, dise, organise, prépare et prenne en main.
Faites de longues tirades sur l’importance d’écouter les désirs des autres et de prendre soin de ceux qu’on aime sous peine de les voir partir. Peu importe que vous l’aimiez plus que tout et que vous n’ayez absolument pas l’intention de partir : faites croire que ça pourrait arriver du jour au lendemain. Ne vous inquiétez pas du contraire, on ne peut pas vous quitter, vous êtes bien trop parfaite pour ça. Non, pas vous, vous ne pouvez pas vous faire larguer, jamais, c’est pas possible…
2. Pour acquis ton partenaire tu prendras
Puisqu’on parle de se faire larguer, et que vous SAVEZ que ça n’arrivera pas (pff, faudrait être dingue pour larguer une meuf aussi stylée que vous quand même), tout est permis. Si votre moitié ne PEUT PAS vous quitter, ça veut dire qu’on peut se permettre tout ce qu’on veut.Si jamais votre copain/copine vous fait part de ses inquiétudes, de ses reproches ou de certaines choses qui peuvent éventuellement l’emmerder chez vous/dans votre vie de couple – ne vous foulez pas trop. Deux solutions :
- Faire mine de bien comprendre ce qu’on vous dit, en acquiesçant et en jurant qu’on prendra toutes les remarques en considération et qu’on fera des efforts, promis juré. A la limite, faites-en pendant deux ou trois jours, pas plus. Après, balancez-lui une avalanche de reproches dans la gueule et hurlez si les problèmes ne sont pas réglés dès le lendemain.
- Lancez-vous dans un argumentaire en béton armé pour démonter un à un les reproches qu’on vous fait. Après tout, vous faites déjà assez d’efforts comme ça, faudrait voir à pas trop pousser mémé dans les orties quand même, merde. Non mais putain, j’te jure mais le CULOT quoi. Dingue.
Essuyez-vous un peu les pieds sur son joli minois, ça lui apprendra.
3. Toute communication tu éviteras
(la voix interne de Yoda commence à me vriller le cerveau, j’admire ceux qui peuvent tenir une heure à parler comme ça) Eh ouais, c’est bien connu : la communication, c’est la CLÉ. Toute relation, amoureuse ou non, se construit et évolue selon ce petit principe à la con. La com-mu-ni-ca-tion. Enlevez ça, et tout devient bancal. Quand on vous demande si tout va bien, pourquoi faire l’effort de vous expliquer calmement ? Mieux vaut répondre par un haussement d’épaules, ou mieux, un soupir agacé en levant les yeux au ciel, l’air de dire «tu oses me poser cette question ? Tu OSES ? Putain mais si tu sais même pas ça mais j’vois pas c’qu’on fout ensemble quoi».
Quand on vous demande «qu’est-ce qui va pas ?» répondez systématiquement «rien». Si l’autre insiste, «non mais je vois bien qu’il y a un truc qui va pas, dis moi s’il te plait», répondez toujours «mais rien c’est bon putain !!!!» pour un max de crédibilité. Et si on a le cran de vous répondre «okay bah viens me voir quand tu seras décidée à parler», lancez un regard outré, halluciné, scandalisé et partez en claquant la porte en hurlant «NON MAIS J’HALLUCINE PUTAIN !». Là, au moins, vous serez sûre qu’on vous comprendra à 100%. Si quelque chose vous gêne chez votre âme soeur, ne faites pas l’erreur d’en parler – vous risqueriez accidentellement de régler le problème. Le silence est votre meilleur ami.
Par contre, mettez bien tous vos reproches de côté pour pouvoir les ressortir lors de LA grosse engueulade, celle où on laisse tout sortir, pour bien prouver qu’on n’oublie RIEN. «AH OUAIS ?! MOI J’SUIS ÉGOÏSTE ? ET LA FOIS OÙ T’AS REPRIS TROIS FOIS DES PÂTES ALORS QUE J’EN AVAIS PRIS DEUX FOIS, ÇA MÉRITE LE PRIX NOBEL DE L’ALTRUISME PEUT-ÊTRE ?». L’effet de surprise sera tel qu’il vous permettra de prendre le dessus, ce sera votre signal de départ : à partir de là, vous pouvez TOUT ressortir. Tout ce que vous emmagasinez depuis des mois, tout ce qui vous a un peu énervée, agacée, vexée, irritée, attristée, et tout ce qui mérite d’être hurlé à pleins poumons.
4. Tout bon moment tu gâcheras
Vous vous êtes ENFIN décidés à sortir pour prendre l’air, passer un bon moment et cesser de vous foutre sur la gueule ? Hahaha, ce serait trop facile. Vous allez au cinéma ? Soufflez pendant tout le film, râler, gigotez, puis jetez lui un regard noir à la sortie si c’est lui/elle qui a choisi le film. Profitez bien du reste de la soirée pour lui rappeler à quel point c’était pourri, et que franchement, merde, pour une fois, il/elle aurait pu faire un effort. Si peu de considération pour votre royale personne, c’est criminel. Faites le maximum pour ne pas être à l’aise, et jamais habillée en conséquence. Vous allez au musée ? Faites-le lors de votre premier jour de règles, quand les crampes sont au max, en talons, avec une couche de vêtements en plus et les cheveux lâchés et électrisés par votre col roulé qui gratte. Impossible d’être aimable dans ces conditions – et c’est tant mieux. Là encore, soufflez, râlez, indignez-vous, soyez mauvaise. Manquerait plus que vous soyez la seule à passer un sale moment.
Foutez-lui la honte aussi. Si vous passez une soirée avec ses potes (pour UNE FOIS que vous daignez accepter de faire ce sacrifice), buvez beaucoup et faites la gueule pour une raison que vous déterminerez plus tard. Vers 2 heures du matin, mettez-vous à pleurer. Râlez, chouinez, plaignez-vous, et faites bien en sorte que tout le monde assiste au spectacle. Ça mettra tout le monde mal à l’aise et votre bien-aimé(e) aura bien les boules, et ce sera bien fait pour sa gueule, tiens.
Et si avec tout ça, votre couple est toujours intact : FÉLICITATIONS, vous êtes la harpie parfaite, le Boss de fin des relations amoureuses houleuses, l’ultime Super-Vilaine, le parfait petit tyran des coeurs. Ça demande du boulot, l’air de rien, ça devrait être récompensé par une grosse médaille en forme de doigt d’honneur incrustée de diamants.
— Illustration Timtimsia
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