Article initialement publié le 21 octobre 2011
Et si on allait sexer ?
Le soir de mon plan à trois imprévu, on avait décidé des amis et moi d’aller regarder un match de foot dans un bar où nous n’avions pas nos habitudes. Mais en fait c’était nul et y avait plus de places assises, alors on est allés à l’étage pour boire nos verres tranquilles. Je n’avais pas eu de rapports sexouels depuis deux semaines (une éternité pour moi qui était en ce temps nouvellement célibataire) et je frétillais tellement de la culotte que j’en faisais trembler notre table. « C’est les basses qui font ça », prétendis-je devant des amis intrigués de voir leur bière gigoter.
Afin d’être sûre qu’il m’arriverait des bricoles dans la soirée, j’avais sorti l’artillerie lourde : mini-robe sur cuisses flasques, regard charbonneux, parfum capiteux et mordillements intempestifs de la lèvre inférieure (lèvre inférieure de la partie supérieure du corps, que les choses soient claires). Le but était clairement de bien signifier aux mâles de l’assemblée que mon corps tout entier était prêt à les accueillir, tous, un à un.
Le plan à trois… Ce n’est pas ma faute c’est la faute au serveur
Le serveur avait dû remarquer mon petit manège, parce qu’il m’a encouragée en m’offrant des verres d’alcool et des bonbons (ce jeune homme avait décidément tout compris à la vie et aux lois de la séduction).
Ainsi, de verre de vin blanc en shot de vodka, mon sex-appeal objectif s’est évanoui très rapidement. Mais l’alcool m’aidant à me désinhiber un peu plus, mon sex-appeal subjectif a proportionnellement grimpé en flèche. Rapport aux yeux qui sentaient la culotte, tout ça. J’étais si saoule qu’il paraît que j’ai demandé à un étudiant en médecine de venir voir dans les toilettes si mes sécrétions vaginales n’avaient rien d’anormal. Yummy !
Mais en même temps, le serveur était trop sexy pour que je refuse ses breuvages. Du coup, je ne pouvais que continuer à m’alcooliser.
Le plan à trois… C’est pas ma faute, c’est juste que je suis partageuse
Le problème, c’est que je n’étais pas la seule à le trouver sexy. Il y avait cette fille, sobre et fraîche, qui lui parlait en se penchant outrageusement sur le comptoir pour montrer le début de ses boobs
. A un moment, ils sont allés tous deux dans la réserve ; la semaine suivante, j’apprenais qu’ils y avaient forniqué frénétiquement. Une soirée ma foi bien productive pour un serveur qui ne sait même pas doser les cocktails.
Mais surtout, il y avait déjà une amie à moi sur le coup. Une amie avec qui je m’étais engueulée quelques jours plus tôt, à une autre soirée, parce qu’elle roulait des pelles à ma cible du jour. Quand je lui ai dit « hé didon, il a un gros paquet le serveur ou c’est moi ? », elle m’a regardée de ses grands yeux déçus et las et m’a répondu : « ok. J’te le laisse ».
Je ne sais plus au bout de combien de verres on s’est décidées à lui proposer un plan à trois, mais je sais que ça nous a bien fait rigoler.
– Han genre, on peut pas faire ça ! – Mais siiiii, on pourra raconter ça à nos petits-enfants plus taaaard ! – Josée, on pourra plus se regarder dans les yeux quand on sera sobres. (ndlr : elle avait raison). – Non mais c’est bon, des vulves, j’en ai vu d’autres. – Ah ouais ?! – Bah nan. – Ok on y va. Mais ça va être ridicule. (ndlr : là aussi, elle avait raison)
Il va sans dire que l’objet de notre affection le mec par qui on voulait se faire « tringler » n’a pas été très difficile à convaincre, une occasion comme celle-ci ne se présentant pas tous les soirs.
Un plan à trois, c’est avant tout la symbiose de trois corps
Dans les films, les plans à trois envoient du rêve : les protagonistes sont magnifiques, savent ce qu’ils font et se lancent dans une chorégraphie du bassin, des mains et des cheveux.
Je ne sais pas si c’est moi, je ne sais pas si c’est eux, mais en tout cas chez nous, c’était pas beau.
Je me prenais des pieds dans les yeux, je ne savais que faire de mes mains ni par où commencer. Je regardais ma pote en admirant sa peau superbe et ses cuisses sans un gramme de cellulite, j’observais le mâle m’observer, et cette nuit-là, clairement, j’ai baisé comme un manche.
Mais le gros souci, ce fut quand le serveur a voulu s’occuper de moi pour me sortir de ma léthargie.
Pour la jouer « fille expérimentée », j’ai voulu faire la position de l’andromaque. Sauf que selon la très célèbre équation Brï-Jitlähe, un équilibre précaire, un mouvement de va-et-vient, des jambes qui tremblent d’avoir trop dansé en talons et une quinzaine de verres d’alcool ne font pas bon ménage.
Après quelques mouvements de bassin, mon cerveau a décidé que je devais arrêter de bouger, mais le reste n’a pas suivi ; je veux dire par là que bien malgré moi, mon corps était comme une petite barque pleine d’émigrés clandestins dans le détroit de Gibraltar, par une nuit agitée.
Et, finalement, après quelques soubresauts de l’estomac, j’ai fini par vomir tout son contenu sur la tête de mon partenaire, brisant par la même son rêve de plan à trois glamour et sensuel.
…
Surtout que j’avais mangé des épinards.
(P(arti)S(ocialiste) : Ne vous inquiétez pas pour moi. Depuis, j’ai arrêté de boire comme une étudiante de 1e année à son week-end d’intégration, ne m’envoyez pas aux alcooliques anonymes sivouplé).
— Illustration Timtimsia
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