Ô Cupidon, viens me voir toi et tes jolies flèches, ta petite trompette de l’amour, et fais-moi chanter du Ronsard sur un air de clairon ! Ô Saint Valentin, tu emplis mon cœur d’une allégresse romantique et je… bon. Non. J’aime pas la Saint Valentin. J’aime pas ceux qui se font du blé dessus. J’aime pas les couples qui se sentent pousser des ailes un certain 14 du mois. La Saint Valentin ne passera pas par moi.
La légende raconte qu’un petit ange descend parfois du ciel pour, au pif, aller claquer des flèches entre deux inconnus et faire brûler de vives flammes le brasier de l’amour. Déjà, ça parait louche.
Tu sais tout aussi bien que moi que t’as craqué un jour sur Marceline ou Michel grâce à de multiples facteurs, appelés :
- les phéromones (un truc animal qui te dit que l’autre là bas est bien niquable),
- les hormones (qui te disent que toi quand même tu as bien envie de niquer), et
- les points communs (qui donnent envie au cerveau et donc vont libérer les hormones).
En clair, l’amour, c’est l’alliance du slip et du cérébral, les facteurs chance et réciprocité. On célèbre à grands renforts de cotillons et de ballons roses l’avènement d’un blondinet laiteux qui se touche le zgeg en attendant qu’on fasse son boulot. En fêtant la Saint Valentin, on favorise l’assistanat des feignants
, et la France sait que ce pays en souffre déjà trop, comme le dit notre Président.
Tu vas me dire, pour un glandeur de payé, on favorise l’économie de plein d’autres secteurs, comme la restauration, les fleuristes, les bijoutiers ou encore les magasins de lingerie. Car oui, l’amour ne se prouve véritablement qu’à une date précise, en ce beau mois de février. Le reste de l’année ? C’est la misère sentimentale et sexuelle.Sexuelle ? Évidemment, quand on voit tout ce que nous réserve l’industrie du vice pour la Saint Valentin. Pubs pour des culottes en dentelle, promos dans les sex-shops : le 14 février, t’as pas intérêt à avoir tes règles (ou bien ça ne vous pose pas de souci mais c’est un autre débat). Ce soir-là, c’est pétage de boule en bonne et dûe forme, au nom de l’amour universel.
Pour les filles seules ? Il est encore temps de sortir votre rabbit et de se connecter sur youporn (ou de crever lamentablement dans votre solitude). Pour celles dont le quotidien est déjà joyeusement rythmé par les gadgets ? C’est le moment de passer au SM, je crois. Toujours plus loin pour la Saint Valentin !
Au delà de l’aspect forcément sexuel d’une fête censée parler de la communion des êtres, les autres services marketings ne pouvaient pas être laissés pour compte. On voit donc fleurir un peu partout des objets absurdes dont on se demande l’intérêt : vu chez Casa, un papier toilettes imprimé cœurs (après avoir sué de ta séance au lit). Ailleurs, en vrac : des peluches douteuses, des cadres photos bordés de rouge, des parures de lit dignes d’un camp de Barbie. Mention spéciale au chocolatier Patrick Roger, qui a osé orner sa vitrine de cœur à l’envers, formant…. des burnes. Oui oui, des burnes rouges et chocolatées. Quel beau symbole !
Bien entendu, la Saint Valentin est aussi une occasion de culpabiliser insidieusement les femmes. Vous, chères demoiselles, devez vous mettre à la recherche d’un mâle et d’une jouissance illimitée. Ce mois-ci, Biba vous offre « 5 étapes pour trouver un mec bien », suivi de « objectif orgasme, avec ou sans lui » – ce qui sous-entend donc qu’on ne peut pas jouir avec « elle » ni même se mettre en quête d’une petite copine.
De plus, si le fameux soir du 14, tu es seule à cette table de restaurant hors de prix que tu avais réservée 6 mois à l’avance, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi même. Les magazines y vont alors avec leurs gros sabots, recommandant des adresses farfelues d’instituts (pour être au top de ton épilation intime), des cadeaux très chers (un diamant ? rien de moins pour tes beaux yeux !), des micro-trottoirs pour que chacune puisse révéler son ultime lose du 14 février… En clair : tu en es ou pas.
Comme chaque année, la Saint Valentin est partagée entre crises d’angoisse des célibataires et inscriptions en masse sur adopteunmec, afin de trouver la perle pour s’acoquiner tranquille. Autour de toi, des couples se reforment forcément, l’élan romantique du mois de l’amour venant faire son ouvrage…
Cette année, je m’adresse à toutes celles qui sont seules, ou blasées, ou encore fraîchement larguées (et dans ce cas on leur fait le bisou du courage).
- Les filles, s’il vous plaît, laissez tomber l’obligation du porte-jarretelle à froufrous : portez-le dès que vous avez envie d’être sexy.
- Laissez tomber les restos : allez-y quand vous avez quelque chose à fêter ou que vous souhaitez vous retrouver au calme avec votre moitié, pas parce que la société a dit que c’était mieux ce lundi.
- Mettez des cœurs dans votre quotidien pour déclarer votre flamme plutôt que de redécorer votre appart un jour de l’année.
- Et surtout, assumez votre célibat et sortez entre potes. Après tout, l’amour c’est aussi autre chose qu’une histoire de slop.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Personnellement c'est un peu la fête qui, célibataire ou en couple, m'a toujours fait ni chaud ni froid, elle passe assez inaperçue à mes yeux.
"Laissez tomber les restos : allez-y quand vous avez quelque chose à fêter ou que vous souhaitez vous retrouver au calme avec votre moitié, pas parce que la société a dit que c’était mieux ce lundi."
Justement, je trouve que c'est l'occasion d'aller au resto (un bon prétexte quoi :cretin, c'est ce qu'on fait toujours (même si c'est jamais pile le jour même).
Enfin le paragraphe que je viens de citer et celui sur les porte-jarretelles je l'ai un peu lu dans le sens condescendant "Les filles soyez pas débiles, vous pouvez mettre des porte-jarretelles et sortir au restau un autre jour que le 14 février, faites-le dès que vous en avez envie". Euh oui merci pour cette info.