Les trajets actifs, une source de santé au quotidien
Selon l’Ademe, 40 % des trajets en voiture pour accompagner un enfant à l’école font moins de 3 km. Une distance qui pourrait être parcourue à pied ou à vélo, mais qui reste souvent motorisée par habitude, manque de temps ou peur du danger. De ce fait, les enfants bougent moins, alors même que l’OMS recommande au moins 60 minutes d’activité physique par jour.
Le simple fait de marcher jusqu’à l’école permet de renforcer le cœur, les muscles, mais aussi la concentration en classe. Les chercheurs notent que les enfants qui arrivent à l’école par leurs propres moyens sont souvent plus attentifs et plus autonomes. On est loin de la corvée : ces quelques minutes de marche deviennent une transition douce entre la maison et la classe.
Un âge d’autonomie qui recule
La revue Enfant rappelle qu’en 1995, les enfants faisaient en moyenne leur premier trajet seul à pied vers 8 ans. Aujourd’hui, cet âge a reculé à 10 ans, parfois plus. Les causes ? Une inquiétude croissante des parents vis-à-vis de la sécurité routière et un environnement urbain pas toujours adapté. Mais pas seulement : la peur des « mauvaises rencontres » ou d’éventuelles agressions nourrit aussi cette réticence.
Ces craintes sont compréhensibles, mais elles contribuent à retarder l’accès à une autonomie essentielle. Pourtant, retarder ces expériences, c’est limiter les apprentissages : savoir traverser, évaluer une distance, gérer un imprévu, demander de l’aide en cas de besoin.
Cargo-bikes, pédibus et autres alternatives
La bonne nouvelle, c’est que des solutions fleurissent pour aider les familles à sortir du « tout-voiture ». Le vélo-cargo, très répandu aux Pays-Bas, séduit désormais en France, notamment pour transporter plusieurs enfants à la fois. Le pédibus, lui, fonctionne comme un bus scolaire, mais à pied : des parents bénévoles accompagnent un groupe d’élèves sur un itinéraire sécurisé.
Ces initiatives redonnent aux enfants un espace d’autonomie tout en rassurant les parents. Et elles ont un autre effet secondaire réjouissant : recréer du lien social dans le quartier. Un trajet à plusieurs, c’est aussi des discussions, des amitiés qui se nouent et une expérience collective de la ville.
Les freins qui persistent
Évidemment, tout n’est pas simple. Le manque de pistes cyclables sécurisées, les trottoirs trop étroits ou encore l’intensité de la circulation restent des obstacles majeurs. Certaines communes investissent désormais dans des « rues scolaires », fermées à la circulation aux heures d’entrée et de sortie des classes, pour permettre aux enfants de marcher sereinement. Mais ces initiatives restent inégales selon les territoires.
Pour les parents, la question du temps reste aussi centrale : marcher ou pédaler demande quelques minutes de plus qu’un trajet en voiture. Pourtant, plusieurs études montrent que ces minutes supplémentaires sont vite compensées par le gain d’autonomie de l’enfant et le fait de ne plus avoir à gérer le stress du stationnement.
Retrouver confiance dans les trajets
Encourager la mobilité active des enfants, ce n’est pas seulement une affaire d’aménagements urbains. C’est aussi changer notre regard. Accepter que l’enfant puisse se déplacer autrement qu’en voiture, c’est reconnaître sa capacité à grandir et à apprendre par l’expérience.
Alors oui, il y a un cap à passer : le premier trajet seul, le premier matin de pédibus, la première fois sur un vélo-cargo. Mais chaque pas, chaque coup de pédale, rapproche nos enfants d’une plus grande liberté… et d’une meilleure santé.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.



































Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.