Bienvenue dans le troisième épisode de notre série Vis ma vie de childfree !
Nous avons demandé à des femmes de 40 ans et plus sans enfant par choix de raconter leur vie, le regard de leur entourage sur leur choix de ne pas procréer, l’impact de cette décision sur leur vie de femme et/ou de couple…
Pourquoi ? Parce que chez Rockie, nous estimons qu’il est essentiel que chaque femme ait des modèles qui lui ressemble, partagent ses convictions et puisse lui servir d’exemple empouvoirant pour lui donner la force d’affirmer ses positions parfois contraires aux schémas enfermants de la société.
D’ailleurs, si toi qui lis cet article tu rentres dans ce profil, tu peux toujours nous envoyer ton témoignage par mail à l’adresse salut[at]rockiemag.com, avec en objet « Je suis childfree », et consulter notre appel à témoins si tu veux plus d’informations !
Pour lire les autres épisodes de la série, c’est par ici :
C’est un signe du destin : je tombe sur cet appel à témoins trois heures après avoir rédigé le texte ci-dessous !
Je suis une femme belge de 45 ans, j’ai un amoureux depuis un peu plus de 20 ans, on travaille tous les deux dans l’informatique et on vit dans notre maison avec notre chatte de 16 ans… et donc, pas d’enfants, forcément !
Notre choix d’être un couple sans enfant et le regard des autres
Je suis une femme sans enfant par choix — en fait nous sommes un couple sans enfant par choix, plus exactement — mais sans « préméditation ».
Je suis l’aînée d’une fratrie de trois enfants et l’aînée de mes cousins et cousines, des deux côtés. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un super feeling avec les enfants et je me souviens qu’à l’âge de 17 ans, il me semblait évident que je me marierais (ça non plus je n’ai pas fait, finalement) et que j’aurais quatre enfants.
Je suis avec mon amoureux depuis que j’ai 25 ans. Les premières années, la question des enfants ne se posait pas et puis, quand j’ai eu 30 ans, je me suis dit que c’était quand même bizarre que je n’éprouve pas spécialement l’envie de fonder une famille.
On en a discuté et lui non plus n’éprouvait pas spécialement l’envie de devenir papa. Donc on a continué notre vie à deux, c’était aussi simple que ça.
C’était simple pour nous deux — et ça l’est toujours alors qu’on a 45 ans — mais pas pour notre entourage. Pendant une dizaine d’années (toute ma trentaine), j’ai dû subir les petites remarques, jamais vraiment méchantes, mais quand même usantes à la longue.
Les « ça te va bien » quand j’avais un bébé dans les bras, comme si on parlait d’une tenue vestimentaire, les « tu n’as pas peur de regretter ton choix ? ».
À cette dernière remarque, je répondais invariablement que je préférais regretter de ne pas avoir eu d’enfant que regretter d’en avoir eu un, parce que dans ce dernier cas je ne serais pas seule dans ma souffrance.
Il y avait aussi les « tu ne peux pas comprendre puisque tu n’es pas maman » qui me font encore hurler aujourd’hui, les regards appuyés de la grand-mère de mon amoureux sur mon ventre chaque fois qu’on allait la voir, ou encore les « mais qui s’occupera de toi quand tu seras vieille ? », comme si on faisait des enfants pour ça…
Ainsi que, pour finir, les interminables réunions de famille ou d’amis où les jeunes parents parlaient de sujets qui ne m’intéressaient absolument pas.
Ma découverte du mouvement childfree
Ce n’était pas grand chose mais j’en ai souffert, au point qu’à un moment, j’ai éprouvé le besoin d’échanger avec des gens comme moi et me suis intéressée au mouvement childfree.
J’aimais bien l’idée de dire que j’étais libre d’enfants et pas en manque d’enfants (childless). J’ai vite déchanté car j’ai trouvé dans ces groupes une agressivité envers les parents qui m’a vraiment dérangée.
Je cherchais des gens qui, comme moi, voulaient juste qu’on leur fiche la paix avec leurs choix de vie, et je trouvais des gens qui critiquaient des choix de vie différents des leurs. Ce n’était pas comme ça qu’on allait s’en sortir : réagir à l’intolérance par l’intolérance, ce n’est pas mon truc.
Donc j’ai juste attendu que ça passe.
Les arguments qui m’ont confortée dans mon non-désir d’enfant
Même si notre choix de ne pas avoir d’enfants était purement instinctif, pendant tout ce temps-là j’ai eu l’occasion de trouver plein d’arguments « objectifs » qui ne faisaient que me conforter dans ce choix.
Tout d’abord ceux liés à l’écologie : la terre étouffe, nous sommes trop nombreux et nombreuses, nous faisons plein de dégâts, donc je me dis que ne pas contribuer à ce surpeuplement, c’est finalement une bonne chose.
Ensuite ceux liés à la bêtise humaine : les guerres, Donald Trump, les injustices,
les inégalités sociales, etc. ne me donnent pas vraiment envie de faire naître des enfants dans « ce monde-là ».
Finalement, ces arguments sont secondaires et n’ont pas été la cause de mon non-désir d’enfant, ils n’ont pas eu d’influence. Mais quand je regarde aujourd’hui les nouvelles du monde, je me dit que je suis ravie de ne pas avoir mis d’enfants au monde dans de telles circonstances.
J’ai aussi réalisé que la pression était aussi sur les couples qui voulaient des enfants mais n’arrivaient pas à en avoir, et que c’était encore beaucoup plus douloureux pour eux.
Un jour, une amie est venue me trouver, après avoir dû pour la énième fois taper du poing sur la table, en disant stop à mes proches qui posaient des questions comme :
« Et toi, c’est pour quand ? »
Ils pouvaient blesser les gens car ils ne connaissaient rien de leur parcours, et il se trouve que cette amie et son mari essayaient en effet depuis plusieurs années d’avoir des enfants. Cette question était une torture de plus à leur souffrance de ne pas y arriver.
Et puis un jour j’ai eu 40 ans et je me suis dit :
« Ouf, c’est bon maintenant, on va considérer que je suis devenue trop vieille pour enfanter et on va arrêter de m’embêter avec ça. »
Ça peut sembler caricatural mais c’est pourtant ce qui s’est passé. Maintenant j’ai une paix royale, on est les super tatie et tonton de nos neveux, et je n’ai jamais regretté mon choix une seule seconde.
Mon quotidien de femme en couple sans enfant
Côté organisation du quotidien, je travaille à un quart d’heure de la maison, mon compagnon à 1h30.
En semaine, on a un rythme régulier. Avant le confinement, il se levait à 5h pour partir à 5h30, tandis que je me levais à 6h pour partir à 8h, après ma petite routine du matin : sport, douche, petit-déjeuner devant la télé la plupart du temps.
J’aimais bien ces deux heures seule le matin parce que je suis un peu ronchon quand je me lève, donc moins je vois de monde (même mon amoureux), mieux c’est. On était en général de retour à la maison vers 18h.
Depuis le confinement, ça a peu changé, sauf qu’on est à la maison quasiment tout le temps : lever à 7 h pour tous les deux, sport, douche et petit-déjeuner, puis boulot jusqu’à 17/18h.
Nos soirées de semaine n’ont pas changé : dîner juste après le boulot (on mange tôt chez nous) et puis soirée détente, un peu ensemble, un peu séparément, ça dépend des soirs, et au lit à heure régulière.
Le week-end et pendant les congés, au contraire, on n’a pas du tout de rythme : on se lève quand on n’a plus envie de dormir, on mange quand on a faim, on fait une sieste si on a envie, on va dormir quand on a sommeil. La liberté totale, quoi.
C’est ça que j’adore dans notre vie de couple sans enfant, on peut vraiment appliquer à fond une de mes devises préférées : Carpe diem.
On planifie juste le nécessaire, on gère bien entendu les contraintes professionnelles et les tâches indispensables, mais en dehors de ça, on se laisse porter par la vie et nos envies du moment.
Si nous étions parents, il y aurait forcément beaucoup plus de contraintes, il faudrait gérer les horaires, les envies et les besoins des enfants, et le télétravail en confinement aurait été tout différent.
Ici on a vraiment pu travailler sans encombre et même parfois de façon plus efficace que lorsque nous allions au bureau tous les jours. D’ailleurs, j’admire tous les parents qui étaient confinés avec leurs enfants et ont quand même réussi à travailler correctement !
L’amour maternel que je ressens, même sans avoir d’enfants
Pour finir, j’aimerais réagir à une phrase lue dans un des témoignages précédents :
« Je sais que j’ai renoncé à une expérience, à la surprise, à une forme d’amour que je ne connaitrai pas. »
Je partageais ce sentiment mais j’ai récemment changé d’avis en discutant avec une de mes amies, maman de deux enfants et qui vient d’avoir une nièce, dont elle est complètement folle.
Il y a 16 ans, quand j’ai pris mon premier neveu dans mes bras à la maternité, j’ai été littéralement submergée par un sentiment d’amour immense, qui m’a coupé le souffle.
J’ai dit à ma sœur que j’avais l’impression de toucher du bout du doigt ce que pouvait être ce que certains et certaines appellent « l’instinct maternel » : cet amour inconditionnel, cette volonté de protéger à tout prix ce petit être que je venais tout juste de rencontrer.
Mon amie m’a confié que ce qu’elle avait ressenti à la naissance de sa nièce n’était pas fondamentalement différent de ce qu’elle avait ressenti à la naissance de ses propres enfants.
Depuis cette conversation, je me dis qu’en fait je n’ai rien manqué de ce côté-là, et qu’il ne faut pas forcément donner naissance à un enfant pour l’aimer de tout son cœur et de toute son âme.
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires
Il n'y a pas encore de commentaire sur cet article.