En ce moment je dois chaque jour faire face à un choix cornélien : me maquiller et souffrir de la chaleur, ou souffrir de la chaleur mais le visage reposé.
A moins que tu vives dans le fin fond d’un canal là-haut dans le département de la Meuse, tu auras sans doute remarqué que les températures du mois de juillet sont plus ou moins alarmantes. Alors oui, les nuits sont courtes (sauf pour les chanceux qui ont un climatiseur) et les ours blancs se font de plus en plus rare, mais pire : ta peau luit et le maquillage ne tient pas. Tu as déjà testé le fond de teint couvrant passé 25 degrés dehors ? Moi oui, et après mon élection au prestigieux concours de Miss Saindoux, je suis partie à la conquête de produits adaptés.
Illusion n°1 : Le mascara waterproof, clef de la dignité oculaire
Sabrina, dans son clip Boys Boys Boys, où la madame est très distinguée et opte pour une chorégraphie chaste, n’a AUCUNE coulure de mascara. On explique ça par le « waterproof ». Hop, bien motivée à garder mon regard de faon même si je reste en ville et que mon seul problème est de transpirer des paupières (ne me faites pas croire que ça ne vous arrive jamais), j’en achète un et crois en un monde meilleur.
A l’application, pas de problème. Il tient bien. Il tient tellement bien que le soir venu, je me suis arraché quelques cils durant l’étape démaquillage et le lendemain, au réveil, j’ai encore un regard qui dit « Pandi, panda, petit ourson de Chiiineuh ». C’est ici que ma dignité est officiellement rentrée chez elle, car acheter un démaquillant spécial pour chaque produit, faut pas pousser Mémé chez Sephora non plus, je n’ai qu’un PEL.
Illusion n°2 : de la terracotta et du touche-éclat suffisent
Chaque été, une star ou une mannequin confie de manière très intime son secret de beauté spécial grandes chaleurs : « Moi, un peu de touche éclat, un soupçon de terracotta et hop » (variante : « Rien, je n’aime pas le maquillage et j’aime que ma peau respire, mon teint est naturel » et par ailleurs, je suis complètement mytho une fille très distinguée). Comme chacun sait que l’été, y’a moins de risques de faire des poussées d’acné (tu l’auras plutôt vers la rentrée, une fois que le soleil t’aura offert ce sublime effet rebond), c’est le moment ou jamais d’adopter le secret des stars.
Armée d’un touche lumière dégotée au Sephora du coin, je suis les instructions : un peu sous les yeux, autour du nez, le nez, quelques points sur les pommettes. Puis la terracotta : pommettes, nez, bombé du front. Sans même m’avoir vu dans la glace, je sens le souffle chaud de l’été m’envahir et je fredonne quelques notes d’Africa
de Rose Laurens telle une amazone. Une amazone Tropicana avec de gros cernes serait même le terme exact. Un fail sur toute la ligne.
Illusion n°3 : fini le Labello, vive le gloss
Je ne sais pas pourquoi, mais le gloss est toujours associé avec le fait de « croquer un fruit » « avoir l’air fraîche et boire une limonade bio », « sortir de sa séance de baignade dans la mer Méditerranée » . Les hommes seraient, paraît-il, tout chamboulés du dedans à la vue d’une lèvre brillante et coquinette, et lâchons le mot : gourmande. De là, l’amalgame avec le fruit. Manger une pomme fait-il briller les lèvres ? Bof, personne n’est encore venu me faire des propositions coquines, slip au vent, alors je mangeais un abricot à l’arrêt de bus. Se barbouiller de miel en léchant la cuillère, c’est déjà plus ressemblant. Toujours est-il que le gloss reste associé à cette moiteur tropicale inhérente à l’été (qui n’a jamais connu la sensualité écrasante et torride d’un samedi après midi aux Halles ? Un wagon de métro bondé après une averse estivale ?).
Je m’en étale donc consciencieusement sur les lèvres en espérant pécho du gladiator (de préférence pas trop moche, hein). Après quelques heures à garder la lèvre entrouverte et baveuse en pleine rue, la vérité éclate : non seulement j’ai l’air de Kiki le bouledogue qui voudrait se rafraichir l’haleine tranquille, mais en plus mes lèvres sont complètement craquelées. Le gloss, c’est sûr, ça n’hydrate pas.
Illusion n°4 : technologie 1 – sébum O
Je sais, dire sébum aujourd’hui c’est un peu désuet. Avouer que sa peau produit du sébum, c’est comme avouer que notre dessert préféré c’est la teurgoule ou le clafouti. Soyons honnêtes : la peau, l’été, c’est comme un vaste solarium où le sébum s’abandonne (t’as vu l’assonance un peu ?). On nous propose alors des papiers matifiants chez chaque marque. L’idée est séduisante : un petit papier, on tapote sur le nez et voilà. En vrai, c’est tout autre chose : déjà, il est rare de trouver un buvard réellement matifiant. Tout au plus, il fait l’effet d’un léger repoudrage. Au pire, il emporte avec lui un peu de maquillage au passage, ce qui est à coup sûr le meilleur moyen de faire revenir fissa la moindre brillance. On peut toujours tenter de se faire passer pour une Cullen qui brille en plein soleil, mais pas sûr que ça fera tomber Edward. De plus, avoir l’air d’un gros mafieux qui s’essuie le front ou d’une amatrice de PQ sur épiderme, ça le fait moyen.
Illusion n°5 : des cheveux de sirène sans y passer trois heures
Si tu ne fais pas partie des chanceuses qui ont les cheveux aussi forts que des câbles à haute tension estampillés EDF, tes cheveux auront sans doute du mal à survivre à l’été. À la plage, le sel, l’iode et le sable vont créer un joli paillasson. En centre ville, la pollution à l’ozone et la moiteur vont oxyder ton cuir chevelu.
Hourra, les magazines nous conseillent quelque chose de formidable ! Un peu d’huile pschittée négligemment, une tresse et Ursula Andres peut aller pleurer sa mamie derrière une dune. Quelle que soit ta situation géographique, la situation sera la même : des cheveux pas très hydratés et morts de l’abus de tresses, et un crâne gras. Shampoings et masques, pas de secret.
Toutes ces désillusions m’ont donc mené sur une voie : celle de l’acceptation. Mon mascara bave mais j’accentue mon côté bad girl et quant aux brillances, laissez-moi vous dire que le glowy est très tendance depuis Gossip girl. Se moquer de son look de beautysta, c’est aussi profiter de l’été, et dès la rentrée on signe pour le retour de la bombe.
Les Commentaires
Du coup j'ai fait l'achat d'un gloss rosé/rouge, et je le met... jamais !!
Instant détestable : je ne met jamais de fond de teint/crème matifiante ou autre qu'il pleuve neige, vente ou canicule ... j'ai un teint qui se tient en forme tout seul ! .. MAIS je ne supporte pas la chaleur donc je brille au moindre effort ..