Cette étude d’ampleur, publiée dans la revue Science Advances, a été réalisée dans 72 pays dans le cadre du dispositif international PISA, portant sur 500 000 jeunes âgés de 15 ans au moins.
Et le constat est sans appel : les femmes sont beaucoup plus enclines — à performances égales — à se déprécier que les hommes. Pas si étonnant, vous me direz…
Avec les mêmes compétences, des comportements différenciés
Les étudiantes et étudiants ont dû réagir à l’affirmation :
« Quand j’échoue, j’ai peur de ne pas avoir assez de talent. »
Les femmes y souscrivent, tandis que pour les hommes, leurs ratages seraient dus à des facteurs extérieurs… Les différences de réponses entre genres seraient plus marquées encore dans les pays riches.
En effet dans les contrées de l’OCDE, 61% des filles ont répondu être d’accord avec cette affirmation, contre 47% des garçons. Un écart de 14% ! Selon les chercheuses et chercheurs, l’explication est à trouver du côté de l’importance accordée à la réussite individuelle :
« Les pays plus “développés” sont très tournés vers la réussite individuelle et accordent une plus grande importance à la notion même de talent, laissant ainsi plus de place au développement de stéréotypes s’y rapportant. »
C’est en effet une question de stéréotypes, qu’on nous inculque dès le plus jeune âge.
Les causes de ces différences
Les causes sont à trouver notamment du côté de l’éducation. Dans le livre Éduquer sans préjugés, les autrices Manuela Spinelli et Amandine Hancewicz expliquent que dès l’école primaire, plus de place dans la cour et dans les prises de parole est accordée aux garçons qu’aux filles.
« Voici un exemple : les garçons sont sollicités plus souvent que les filles pendant les heures de cours. Si pendant les années 1970 on estimait entre les temps de parole accordés aux garçons et aux filles à deux tiers/un tiers, aujourd’hui la situation semble s’être légèrement améliorée : on est à 56 % contre 44 %. […]
Leur indiscipline étant anticipée, elle est mieux tolérée : on la considère comme inévitable et naturelle. Les filles, au contraire, bien que rappelées à l’ordre moins souvent, le sont de façon plus dure et nette. Parler à voix haute, couper la parole : ce n’est pas un comportement digne d’une fille, voyons ! »
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Les petites filles font l’objet de beaucoup plus d’injonctions : être sage, se taire, obéir, rester calme… Comme cela est décrit dans l’ouvrage, la parole des filles est bien souvent décrédibilisée. On les traite de pipelettes, les accuse sans cesse de bavardages, apanage des filles.
Les différences de traitements et la persistance de stéréotypes de genres assez forts, qui bien souvent minorent les qualités des filles engendrent l’effet Pygmalion. À force d’entendre des contre-vérités, elles rentrent tout de même dans les esprits. C’est en quelque sorte une prophétie auto-réalisatrice de dépréciation.
Les conséquences : perpétuation des stéréotypes et plafond de verre
L’étude révèle des conclusions assez peu optimistes et les chercheurs et chercheuses « suggèrent qu’il est peu probable que le plafond de verre disparaisse à mesure que les pays se développent ou deviennent plus égalitaires ».
En France, en 2020, le revenu salarial des femmes reste inférieur en moyenne de 28% à celui des hommes. Cela s’explique en partie par des différences de durées du travail, comme nous l’indique l’Insee. Mais pour le même boulot, les femmes touchent en moyenne 3,7% de moins que les hommes. Et lorsque les femmes deviennent mères, l’écart se creuse un peu plus.
Le serpent se mord la queue… éduquons les enfants loin des stéréotypes, et cela renforcera sans doute l’estime en elles-mêmes des femmes, qui donneront donc des modèles féminins inspirants pour les nouvelles générations. Ça paraît facile comme ça mais le boulot à abattre est énorme ! Allez, courage.
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Image en une : © Thought Catalog/Unsplash
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