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Andy Warhol

Andy Warhol est très probablement l’artiste sur qui on a pu dire tout et (surtout) n’importe quoi. C’est pourquoi démêler à peu près 3875 tonnes d’informations sur lui s’avère relativement complexe. Le but de cet article sera de tenter d’en extraire l’essentiel, mais surtout de mettre en avant ses facettes les moins connues. Non, Andy Warhol n’a pas seulement peint des conserves de soupe et des Marilyn à la chaîne, la preuve.

Quelques éléments de biographie

Andy Warhol (de son vrai nom Andrew Warhola) est né en Août 1928 à Pittsburg. Il grandit, dans un milieu social assez pauvre. Ses parents appartiennent à l’église orthodoxe-byzantine grecque (oui, ça existe). Le petit Andy baigne donc très jeune dans les icônes pour lesquelles il développera une véritable fascination. Son père va mourir tôt et cet événement va fragiliser Warhol qui va garder tout au long de sa vie une peur viscérale vis-à-vis de la mort mais aussi une certaine attraction que l’on retrouvera dans ses œuvres.

De 1945 à 1949, il fait ses études à la Carnegie Institute of Technology où il comprend la dimension utilitaire des images. Il révèle aussi un don unique pour le dessin. Il se lance dans le dessin de mode et la réalisation de vitrines. En 1957, il fonde son agence de pub Andy Warhol Enterprise grâce à laquelle il reçoit de nombreuses commandes. Six ans plus tard, c’est la désormais célèbre Factory qui ouvre ses portes : véritable usine artistique dans laquelle une activité frénétique se développe. A ses débuts, elle est fréquentée par toutes sortes de personnes, certaines très douteuses. Après la tentative d’assassinat sur Warhol en 1968 par une demoiselle frustrée qu’il n’ai pas retenu son manuscrit joliment intitulé Up your ass (je vous laisse faire la traduction), la Factory déménage et sa fréquentation se « normalise ».

Le style Warhol

Grâce à son travail dans la pub, il apprend à simplifier ses dessins grâce à des lignes directes. Il décontextualise les objets et pose ainsi la question du détachement et de l’indifférence de l’image. Les couleurs unies que Warhol applique en de grands aplats posent un rapport frontal aux images. 1962 est une étape importante dans le travail de Warhol : la première bouteille de Coca-cola. Fond inexistant, image dépouillé, nudité, il traite l’image pour qu’elle ait de l’impact et qu’elle se suffise à elle-même.
Bien sûr, on ne peut échapper à la technique de la sérigraphie, qu’Andy Warhol révèle sur la scène artistique. Il élabore une esthétique grâce à une machine qui lui permet de faire une production artistique à grande échelle. Il dira même : « Je voudrais être une machine ».

Quant aux thèmes, il aime traiter les déjà-vus collectifs se rattachant à la société de consommation américaine. Il fait de ces images de la vie quotidienne des œuvres d’art, qui semble alors plus accessible. A voir : American Supermarket, installation réalisée en 1964 en collaboration avec des artistes pop. On trouve dans ce magasin au milieu de véritable nourriture des œuvres de ces artistes (sérigraphies de Campbell’s Soup par exemple).

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Campbell’s Soup Cans, 1962

Quelques séries de travaux

– Les portraits : la série la plus connue. Warhol exploite la notion de photo d’identité : gros plan sur le visage, absence du corps, comme un personnage hors mesure. Il réalise les portraits des icônes du show-biz qu’il admire ; et elles trouvent encore plus grâce à ses yeux si elles sont mortes (tragiquement aussi tant qu’à faire).

« Je me suis aperçu que tout ce que je faisais avait un rapport avec la mort ».

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Marilyn, 1967

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Jacky, 1964

– Les accidents/les suicides : Warhol utilise des images inédites et violentes qui ont été refusées par les médias de l’époque. Il opère un changement d’échelle : il réalise des gros plans sur des voitures accidentés ou les corps de personnes s’étant jetés d’une fenêtre, ce qui rend la photo encore plus tragique. C’est un regard relativement froid vis-à-vis de la mort. On retrouve une certaine ironie dans ces clichés, comme la photographie d’une ambulance accidentée…

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Orange car crash, 1963

– Les chaises électriques : une très grande série. Il opère un traitement chromatique inattendu pour un tel sujet (très coloré, espace coupé en deux). C’est un peu l’envers de l’American Way Of Life qu’il traite d’habitude. Un parallèle peut être fait entre cette chaise électrique et la chaise sur laquelle pose le modèle, chose qui angoisse au plus haut point Warhol qui réalisait ses portraits uniquement à partir de photos.

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Electric Chairs

– Les fleurs : une série étonnante au sein du travail de Warhol. Il utilise une thématique et une image banale mais qui devient fascinante par son traitement plastique.

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Flowers

Il réalisera bien d’autres séries, comme les travestis, les ombres, les Pisspainting (peintures d’oxydation) et les Rorscharch qui sont beaucoup moins connues et réalisées en très petite quantité.

Warhol cinéaste

Une facette peut-être moins connue de l’artiste mais qui pourtant avait une véritable importance pour lui. Il s’y consacrera entièrement à partir de 1963. Il commencera par faire une grande série de Screentest : de courts portraits filmés de personnalités de l’époque.

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Screen test : Lou Reed, 1966

A la fois réalisation, producteur, scénariste, monteur et même acteur, il faut lui attribuer une bonne cinquantaine de films. Il réalisera notamment une trilogie importante dans son œuvre : Sleep (6h, son compagnon que l’on voit dormir), Blowjob (20min, jeune homme se faisant faire une fellation) et Eat (20min, homme qui mange un champignon, bobines montées dans le désordre). Il réalisera également des films de très longue durée comme Empire State Building (8h) ou Quatre étoiles (25h) : films envahissants qui se substituent à la vie même. Mais à son grand désespoir, ces films ne rencontrent pas le succès escompté. Seul, Chelsea Girls connaîtra un succès commercial. En 1972, Warhol arrêtera le cinéma et retourne à la peinture, notamment avec les portraits de Mao Tsé-Tong.


L’affiche de Chelsea Girls.

A partir de ce moment, il ne fera principalement que des portraits sur commande, passées par des marchands. Il met ainsi en place des tarifs stricts pour la vente de ces œuvres : le premier tirage sérigraphique est à 25000 dollars, puis tous les autres à 5000 dollars.

Avant même de mourir le 22 février 1987 des suites d’une opération, Andy Warhol était déjà devenu un véritable mythe. Il a su utiliser de façon magistrale les médias qui l’entouraient, n’hésitant à révéler grâce à eux les revers et les mécanismes cachés de la société industrielle moderne de consommation et de loisirs. Andy Warhol reste à ce jour, l’artiste le plus connu, le plus populaire et le plus apprécié (pas forcément pour les bonnes raisons…).

Pour conclure, une petite citation du maître Warhol, qui va décomplexer à coup sûr toutes les photoshopiennes du site : « En faisant mon autoportrait, j’ai éliminé tous les boutons parce qu’on doit toujours le faire. Eliminez toujours les boutons, ils n’ont pas leur place sur une bonne photo que l’on veut voir ».

On t’attend sur le forum dédié à cet article pour parler d’Andy ! :)


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Les Commentaires

10
Avatar de Lilie-Rose
15 septembre 2008 à 10h09
Lilie-Rose
Un très chouette article Flo ! Histoire de l'art quand tu nous tiens!
J'aime beaucoup son travail d'artiste entre oeuvre d'art et production en série.
0
Voir les 10 commentaires

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