Laissez-moi vous conter l’histoire d’une soirée unique dans ma vie. Une soirée d’hiver pleine de corps nus, de sexe, de coups de fouets, mais aussi de belles rencontres et de dépassement de soi.
Cela faisait des mois que je fantasmais sur l’idée d’aller en soirée BDSM, ou en club libertin. Des mois durant lesquels j’étais devenue très à l’aise avec mon rapport au BDSM, mes envies d’expérimenter de nouvelles choses, idéalement en étant bâillonnée et attachée comme un joli petit rôti.
Des mois où j’ai enchaîné quelques plans culs qui aimaient bien m’attacher, qui étaient attentifs à mes limites et à mes envies.
Des plans culs qui s’enthousiasmaient quand je leur parlais de mon envie grandissante d’aller en soirée BDSM ou en club libertin, qui disaient être partants, mais qui trouvaient toujours des excuses pour ne pas sauter le pas (ou avec qui je n’étais pas d’accord sur les modalités de cette sortie).
Pour moi, il était hors de question de négocier pour du cul. J’ai donc pris mon mal en patience, en attendant que mon plan cul change d’avis sur sa vision de la chose, ou que j’en rencontre un nouveau avec lequel on s’accorderait.
J’ai continué à regarder tristement les soirées passer sur FetLife, un réseau social dédié au fétichisme.
Sortir seule en club BDSM pour la première fois
Et puis un jour, j’en ai eu assez d’attendre. Ça va la féministe, t’en as pas marre d’attendre qu’un mec soit d’accord pour t’emmener où t’as envie d’aller ? C’est quoi l’étape suivante, croire au prince charmant ? N’importe quoi ! Si je voulais être une femme forte, il fallait que je sois capable de suivre mes envies par moi-même, même quand elles font un peu peur.
Un jour, j’ai vu passer de la pub pour une soirée qui m’intriguait : un club libertin se transformait en club BDSM pour une soirée. Dress code « noir, vinyl et fétiches », des structures sur lesquelles attacher et se faire attacher, une piste de danse, un bar et un DJ. 50€ pour les couples, 100€ pour les hommes seuls. Pour les femmes seules, les trans et les travestis : entrée gratuite. Parfait ! Même pas besoin de payer l’entrée.
Je me suis un peu cassée la tête à trouver quoi porter. J’avais peur du ridicule, peur d’être trop ou pas assez bien habillée. Peur d’être trop ou pas assez habillée tout court aussi d’ailleurs.
J’ai fini par commander un harnais (en élastique et non en cuir mais ça rendait bien) à porter par dessus un soutien-gorge, une jupe et des collants en résille.
J’y allais à vélo alors j’ai abandonné l’idée de porter des talons, et j’ai recouvert ma tenue kinky d’une tenue de ville.
Me faire une première idée pour voir si ça me plaît
En y allant, mon plan était d’être une petite souris. Faire un tour, observer un peu, et surtout voir si c’était un endroit où je me sentais à ma place et où je serais contente de trainer, dans l’optique d’y retourner un jour avec des fantasmes plus précis en tête.
Je voulais jauger si l’image un peu vieillotte du BDSM (les meufs en talons et en cuir/dentelle, les mecs en costard, tout le monde qui se vouvoie….) qui me débecte un peu allait me gêner ou enfin me convaincre un peu, et si j’allais me sentir à l’aise dans un environnement si sexuel.
Le début de soirée impliquait un buffet, et j’avais très peur de tomber sur des vieux à poil en train de manger. Je suis donc partie de chez moi à 23 heures.
Je suis montée sur mon vélo en ayant l’impression de me trimballer avec un énorme secret écrit sur le visage. Comme si les passagers de la première voiture que j’allais croiser au feu rouge allaient crier : « Hé regardez ! Cette meuf va en soirée BDSM mdrrr ! ». Évidemment, ça n’est pas arrivé et personne n’a fait attention à moi.
Lorsque je suis arrivée au club, il y avait un vigile ou voiturier dehors qui lançait des regards méchants aux passants. Je suis rentrée et suis arrivée dans une toute petite pièce composée d’un guichet et d’un vestiaire.
À peine rentrée, je vois passer un sexagénaire au visage ouvert et ravi, nu et à quatre pattes, traîné en laisse par une femme. Au moins c’est sûr : je suis au bon endroit !
Devant moi, un mec se fait recaller par l’organisateur de la soirée (habillé en prêtre, je me dois de le préciser) car il porte une chemise blanche à pois avec des chaussures de ville et « on n’est pas en afterwork ici ! ».
Mon tour arrive et j’essaye d’expliquer que j’ai besoin d’aller me changer parce que « promis, je vais pas rester en leggings chemise » mais tout le monde s’en fout et on m’indique la direction des toilettes pour me changer. Super, la tenue ça va. C’est parti !
Un premier tour du club libertin satisfaisant
Je décide de faire un premier tour avant de prendre un verre. De toute façon, je ne bois pas, alors ça ne changera rien à mon niveau d’anxiété ou de timidité.
Je passe un fumoir et découvre un long couloir qui est en fait la pièce principale. Quelques canapés, des tables et des chaises, une barre de pole entourée de miroirs enfumés, et un bar sur lequel se trouve une belle dame en talons aiguilles en plastique transparent lumineux (les couleurs des lumières changeaient ! C’est pas fou ça ??? DANS SES CHAUSSURES).
Elle est presque nue à part quelques harnais, et se fait fouetter les fesses par un homme portant un long manteau en cuir style Matrix. Ce tableau improbable me procure beaucoup de joie : maintenant que j’ai vu ça, ma soirée est déjà gagnée !
Suit un espace avec des tables et quelques couples dans la cinquantaine, bien habillés mais assez blasés. Zut.
J’avance encore et tombe sur une rangée de personnes assises en arc de cercle. Ils regardent tous dans la même direction et discutent un peu entre eux. En fait, ils regardent un homme qui se fait fouetter, attaché à une croix de Saint André cette fois-ci, pendant qu’une femme reçoit un cunni juste à côté.
En m’avançant, j’entends ce que les spectateurs se disent entre eux : « C’est toujours la même chose, un attaché et l’autre qui fouette. Ils pourraient se renouveler un peu quand même ». Bah alors !? Y un gars à oilp’ qui se prend des coups de fouet en public quand même, c’est pas banal ! Apparemment, ça l’était pour eux.
Je traverse de petites pièces et tombe un coup sur une salle vide, un coup sur un couple, un plan à 3, une salle de cinéma qui diffuse un mauvais porno… Je passe un espace de glory home vide (je vous invite à faire une recherche Google), un lit rond et me revoilà à la case départ.
Je me pose un peu au fumoir et entends la conversation des quelques gens de mon âge qui ne me donne pas du tout envie de participer.
Zut. J’ai déjà fini. Bon, qu’est-ce que je fais maintenant ?
Une seconde partie de soirée BDSM inattendue
Je me suis rappelée une théorie qu’un date m’avait partagé un jour, et que j’aimais beaucoup :
Si tu es frustrée de ta soirée, si tu sens que c’était pas ce que tu en attendais, ne pars pas tout de suite. Attends un petit peu, reste tranquillement, et la soirée viendra à toi. Toute soirée nouvelle a quelque chose à t’offrir. Probablement que ce ne sera pas ce que tu avais en tête, mais il se passera des choses et tu rentreras chez toi grandie, il faut juste de la confiance.
Alors moi là, un peu paumée dans mon club, j’ai décide d’attendre. Je suis allée prendre un coca au bar et je me suis assise pour regarder les gens danser, puis je suis allée voir le DJ.
Je finis mon verre et envisage un dernier tour du propriétaire avant de m’en aller, quand un homme agite sa tête pour capter mon attention.
Il avait l’air un peu fou, cet homme. Sa tenue était satinée et violette, il portait des couches et des couches de vêtements, et il avait sur son visage un loup qui lui donnait une drôle de tête d’oiseau.
Pas les oiseaux des carnavals de Venise, pas les têtes de corbeaux mystérieuses, d’un noir profond et classe, qui font un peu peur.
Lui, avec son loup sur le visage et son grand sourire, il avait une tête d’oiseau rigolo, comme ceux des dessins-aminés Disney, qui font des angles improbables avec leur tête quand ils posent des questions.
Il propose de s’installer à côté de moi et on fait connaissance. Lui vient « pour l’ambiance », mais trouve quand même ces soirées un peu plan-plan. Il m’en recommande d’autres.
Je lui explique que c’est ma première fois en soirée BDSM et il propose de tout m’expliquer. Je pars avec lui pour une visite guidée des lieux.
« Eux, ils sont venus pour manger au buffet, ils boivent un peu et après il vont niquer devant les autres. Elle, faut pas la toucher. »
« Là, c’est un peu la salle de spectacle, les gens s’assoient et attendent ceux qui veulent se donner en spectacle. Aujourd’hui y a des petits jeunes qui se sont montrés, c’est bien ça change. »
« Ici la porte est fermée mais la fenêtre est ouverte, donc tu peux regarder. »
« Ça c’est une balançoire pour baiser. Je sais pas toi mais je trouve que ça a pas l’air hyper confortable. Sois pas timide, approche-toi, tu peux regarder ! »
Il me fait quelques avances que je décline gentiment, et on s’installe dans la mini salle de cinéma qui diffuse un porno.
« Tu sais le couple qui faisait du fouet sur le bar ? Eux ils vont pas tarder à venir ici et ils vont baiser par terre. »
Et effectivement, les voilà qui rappliquent, suivis de quelques mecs seuls qui viennent profiter de la vue, pour faire exactement ce que mon guide avait annoncé.
Un de ses potes le reconnait et s’installe avec nous. Il nous présente et on rigole bien, alors on continue la visite à 3.
Son ami est radieux, plein de gentillesse dans les yeux. Il porte une combinaison noire en latex sans manche et on voit bien ses jolis bras et ses belles fesses bien moulées.
Je prends mes aises et les vois m’observer quand je me rapproche, quand je m’amuse de voir certains comportements blasés, quand je me demande si c’est du chauffage au sol ou comment tiennent les éclairages.
Les petites pièces se remplissent de groupes qui couchent ensemble. Je commence à avoir un peu chaud à force de regarder tous ces gens prendre leur pied, et en les voyant me regarder moi plutôt qu’eux.
Je n’étais pas vraiment surprise de ne pas être gênée par la présence de gens qui copulaient autour de moi. En revanche, j’étais surprise que ça me fasse envie.
Un plan à 3 naturel et consenti dans une soirée BDSM
Le tour approche à sa fin et voilà qu’il ne reste plus qu’une pièce. Une petite pièce avec une porte qui se ferme (ce qui était rare), simplement meublée d’un fauteuil assez haut avec des accoudoirs en hauteur sur lesquels on pouvait poser ses jambes.
Je joue la timide et leur propose de l’essayer pour voir si c’est confortable. Alors que je m’y installe, l’ami du drôle d’oiseau demande s’il peut fermer la porte, et j’acquiesce en posant mes pieds en hauteur, alors que ma jupe redescend. Ils m’embrassent tour à tour.
Ils se placent chacun d’un côté du fauteuil, et je profite de leurs mains qui commencent à me caresser, de leurs bouchent qui embrassent la mienne, qui jouent avec mes seins.
Après en avoir bien bien profité, je commence à les caresser, une queue dans chaque main.
Je n’avais jamais fait de plan à 3, j’avais toujours eu peur que quelqu’un se sente laissé pour compte dans l’histoire, mais cette symétrie forcée tombait parfaitement bien.
J’avais aussi peur que ce ne soit pas naturel, alors que là, j’ai à peine eu le temps de me demander si ça me faisait peur qu’on était déjà en train de se toucher.
Puis l’ami a grimpé au-dessus de moi, me laissant profiter de la vue pendant qu’il se branlait au dessus de moi, et le second s’est placé derrière lui pour me pénétrer.
Étant friande du son des gémissements masculins, avoir deux hommes en même temps était un pur plaisir. Ça aidait aussi à camoufler le fait qu’on entendait du Indochine à fond.
Ils ont presque joui en simultané. Je les ai embrassés une dernière fois et je suis partie dans les toilettes pour me nettoyer pendant qu’une transsexuelle brésilienne me faisait des blagues.
Je suis restée un peu pour parler et danser avec elle, puis j’ai fait un dernier tour pour dire au revoir et je suis partie.
Alors que j’étais de retour à vélo, deux jeunes sur un scooter avec qui on se doublait depuis un petit moment ont commencé à me faire des blagues et ça m’a frappé : tout était si normal.
Trainer des heures dans un club rempli de gens qui couchaient ensemble ne m’avait pas gêné. J’ai réalisé mon fantasme du plan à 3 sans me poser de questions et je suis rentrée sans regret.
C’était une super soirée, et j’ai hâte d’en refaire d’autres.
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