Nom d’un Balkany au monastère ! J’étais là, peinard le renard, en train de me siffler une ou cinq Margarita sans alcool en me grattant la cellulite sur une plage dont je préfère taire le nom, quand j’entendis que vous m’appeliez à corps et à cris.
Je me suis dit que la retraite ne m’empêchait pas de faire un effort, surtout qu’au vu des dernières nouvelles, peu d’entre nous passeront l’année.
La rentrée étant arrivée plus vite que le virus Ebola dans nos contrées, j’ai pensé à traiter pour cette conférence exceptionnelle d’une espèce tout particulièrement vicieuse : le gens overbookés. La personne overbookée est par exemple tellement overbookée qu’elle enlève toutes les voyelles des mots dans les mails et textos (« dsl », « cdlt », sans oublier le très efficace « k » pour signifier « ok »).
Afin qu’elle puisse se sentir concernée par ce cours, nous l’appellerons donc « le VRBK ».
Le VRBK, comme son nom l’indique, est un individu qui n’a pas de sens. Et surtout qui ne trouve pas de sens à sa vie. Du coup, pour compenser, il en fait des caisses sur son planning.
Voici un exemple tiré du Google Agenda d’un ancien VRBK en rémission :
Le constat est affligeant : très peu d’activités listées ci-dessus sont indispensables, ou ne serait-ce que servent à autre chose qu’à combler des trous.
Il peut néanmoins arriver que vous ne soyez pas du genre à partager vos agendas au sein d’une même équipe — dans ce cas, le VRBK devra ruser pour vous faire comprendre qu’il est débordax. Ne soyez pas crédules.
Voici 10 techniques diverses répertoriées par l’Organisation Internationale des Troubles Mytho, ainsi que les remèdes qui semblent avoir fait leurs preuves avec le temps :
- Parle fort au téléphone — Parlez plus fort au téléphone ou mettez des boules Quiès de façon ostentatoire.
- Dit « j’ai encore 247 mails à traiter, et on est que dimanche ! » — Jetez un œil par-dessus son épaule et pointez du doigt que 245 d’entre eux sont des spams, des chaînes de mail, et des photos envoyées par sa mère au compte-goutte parce qu’elle ne sait pas les recadrer.
- Ne répond jamais quand vous lui posez une question simple (il est trop absorbé par son écran) — Laissez échapper une flatulence. Le son incongru (mais pas inconnu) devrait attirer son attention.
- Ne peut s’empêcher de remuer dans tous les sens dès que vous lui racontez, tranquille le goupil, une anecdote (fouille dans sa poubelle, se tortille sur sa chaise, mouline des bras sans raison…) — Taisez-vous jusqu’à ce qu’il se pose et parlez-lui discrètement de votre voisine qui vient de commencer un traitement vermifuge très efficace. Voir également : dépendance aux excitants (cocaïne, speed, Nespresso).
- Se lève brusquement dès qu’il est sollicité par autre chose ou quelqu’un d’autre (rien ne peut attendre) — Prenez un air paniqué et demandez-lui s’il a besoin d’aide.
- Bourre des rendez-vous à coup de tatanes dans son planning (« J’ai un créneau entre 15h20 et 15h40, si tu veux… ») — Si c’est vous qu’il tente de coincer entre deux portes, dites-lui que vous aviez justement prévu de faire votre coloscopie durant ces généreuses 20 minutes. Le ridicule de la situation lui sautera peut-être aux yeux.
- Explique à qui veut l’entendre que lui « n’a pas le temps pour ça » (« ça » étant une activité ludique et distrayante, et donc réservée aux mous-du-genou) — Souriez et exposez pendant 40 minutes toutes les bonnes raisons qui font que ladite activité est super.
- Planifie tout, mais fait preuve d’une très mauvaise gestion du temps (réalise un powerpoint des chips à acheter pour le pot de départ de Dudu, mais y va avec le bus n°65, le seul bus de la zone industrielle, qui passe une fois par heure) — Inutile d’enfoncer le clou ici. Le VRBK s’est déjà puni tout seul.
- Répète qu’il a « besoin de vacances » et poste des statuts type « complètement ressourcé, ça fait du bien !!!!! » après un week-end de 12h — Parlez-lui de votre formidable anti-cernes dès qu’il passe la porte.
- Ne retient aucun détail vous concernant mais tente toujours de donner le change (« Comment s’appelle ton petit dernier déjà ? Oui je sais que tu es en stage de 3ème ici, mais ça ne répond pas à ma question ») — Ne lui confiez plus rien sur votre vie personnelle. Cela vous épargnera le goût de déception.
Notons, pour l’amour de la précision, qu’une personne ayant de temps à autres une semaine un peu chargée n’entre pas pour autant dans la catégorie des « VRBK ». L’individu overbooké est principalement mû par un mal étrange et profond : le besoin de se sentir supérieur à vous.
Un très gros planning, qu’il soit tiré par les cheveux ou non, est un moyen sûr de vous en mettre plein la vue.
Le pauvre VRBK pense que cela dit : « Regardez comme je suis important ! Je n’ai pas une minute à moi car je suis indispensable ! Je suis Lady Gaga ! »… Alors que tout ce que vous entendez c’est « Je m’ennuie ! Je n’ai pas de centres d’intérêt ! J’ai peur de mourir alors que je voudrais être éternel comme Lady Gaga ! ».
En vérité, si le VRBK s’agite à droite à gauche, il n’est pas productif. Il n’existe, dans son échelle de valeurs, ni véritable priorité, ni refus des mondanités (« Quatre soirées ce vendredi ? Je viendrai à chacune d’entre elles ! »). Le résultat est désastreux, puisqu’il n’effleure alors que la surface de son existence.
Au lieu de se concentrer sur ce qui importe vraiment, de prendre le temps de se poser et de réfléchir à sa misérable condition humaine, la personne préfère vivre dans l’illusion qu’elle doit répondre à moult obligations, qui la tiennent éloignée d’elle-même.
À ce jour, seule la retraite anticipée semble avoir un taux de réussite de 100% sur les VRBK.
La prochaine fois, je vous parlerai des gens qui ne se respectent pas assez pour couper leurs ongles de doigts de pieds avant de sortir en sandales. Bisous bisous.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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