Imagine, un jour, je me réveille, et je suis une super-héroïne. Comme ça, boum ! Personne ne m’a demandé mon avis, mais pour une fois, je n’émerge pas de sous ma couette le cheveu gras et les yeux collés, mais me lève comme une femme nouvelle. Je suis une sur-femme. Et les sur-femmes ont l’haleine qui sentent la rose et le pancake au petit matin.
Moi le matin.
Évidemment, mon super-pouvoir de super-héroïne, c’est de pouvoir influencer la météo. Je trouve ça un peu nul, parce que j’aurais préféré un truc du genre pouvoir manger à l’infini, voler, commander aux kakapos ou avoir le pouvoir d’avoir tous les pouvoirs… Mais mon subconscient a refusé de s’abaisser à des ficelles scénaristiques aussi attendues, et choisi d’office ce qui représentait ma nature profonde de sudiste. Bon.
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Comme je suis quand même une sur-femme, j’emmerde mon subconscient en me faisant apparaître une pile de pancakes avec du sirop d’érable et du bacon qui croustille, et je m’installe pour manger mon petit-déjeuner de super-héroïne devant des vidéos de chats, en réfléchissant à la suite.
Ah, et puis j’augmente la température, aussi, histoire de rester en slip. C’est quand même mon super-pouvoir.
J’aurais du mal à choisir mon nom de super-héroïne
Le plus important, là, tout de suite, me semble être le choix de mon nom d’artiste. Toute super-héroïne digne de ce nom se doit d’avoir un super-nom, lui permettant de protéger son identité secrète.
Problème : j’ai plein d’idées, mais aucune qui ne correspond ou ne me satisfait vraiment. Par exemple, on est d’accord que Lolcatwoman ou Wonder Pasta, quand on commande à la météo, c’est peut-être chatoyant, mais pas hyper pertinent. D’un autre côté, Tornade (X-Men) a un peu pris le business avant moi… Mais comme les tempêtes c’est pas trop mon délire, je ne devrais pas avoir trop de soucis pour me démarquer.
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Pas la peine de compter sur les ami-e-s. J’ai bien fait un post sur Facebook pour leur annoncer que, voilà, aujourd’hui j’étais une super-héroïne, que ça ne changeait rien entre nous et que j’aurais bien besoin d’un nom de super-héroïne… Mais à part quelques J’aime pour les plus matinaux, des batailles de gifs stupides et des propositions de type « Kakapo-Girl » ou « Superprout », je ne gagne rien de bien constructif de ce côté-là. (À la limite, je fais de mes ami-e-s Facebook mes némésis.)
Et puis, tandis que je gomme les nuages naissants dans le ciel pour laisser la place au soleil, la révélation : c’est décidé. Je serai Sarah Bocelli le jour, et Super-Sudiste la nuit. (Ou à peu près.)
J’aurais un super-costume super improvisé
Je ne pensais pas dire ça un jour en tant que super-héroïne, mais j’ai rien à me mettre. C’est un comble, ça, tout de même ! Me voilà une sur-femme, au moins pour un jour, et pas une seule équipe de stylistes designers et créateurs collée à mes basques pour me confectionner un super-costume sur mesure.
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J’essaie bien de me coudre quelque chose, des fois qu’en tant que super-héroïne, mes compétences en couture se seraient améliorées comme dans les films… Mais je constate rapidement que rien n’a changé depuis la dernière fois que j’ai essayé de recoudre un trou, et que j’ai fini par un faire un autre sans refermer le premier.
Bref, je me super-vénère. En slip.
Il est bientôt dix heures, et je n’ai même pas testé ma nouvelle super-vie, alors je décide d’accélérer les choses, et tant pis pour le style. Je me balade en short/tongs/lunettes de soleil/crop-top marqué « Super-Sudiste », et je fais tomber la grêle et la foudre sur les harceleurs de rue.
J’exploiterais mon super-pouvoir au max de ses possibilités
La sur-femme que je suis désormais est fin prête à se dévoiler au monde entier. Enfin, à Boulogne-Billancourt pour le moment, hein, je suis encore chez moi, calmons-nous. Chaque chose en son temps. Et c’est pas si mal, Boulogne-Billancourt, ça vaut bien New-York, je pense. Je m’imagine déjà en train de sauver le doudou du petit dernier de la famille truc, ou saluer d’un air digne les ovations des vieux du quartier.
Mais avant de retrouver le chat de la Mère Michel, il me faut m’acclimater à mes super-pouvoirs sur la météo. (S’acclimater, météo, hé, lol, tu l’as ?)
J’imagine qu’on peut faire plein de choses quand on contrôle la météo, à commencer par faire pleuvoir que sur les gens qu’on n’aime pas. Mais je suis un peu frustrée de ne pas avoir le super-pouvoir de voler, alors je tente des trucs avec le vent.
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Résultat : j’arrache quatre toits de maisons, me prends une vingtaine de murs, coince des chats dans les cheminées, me fait chier dessus par des pigeons estimant que je leur vole dans les plumes, et me retrouve coincée en haut d’un immeuble pendant que le Maire dépose une plainte à mon égard à propos des arbres du bois de Boulogne que j’aurais (soi-disant) déracinés en masse.
Bon. Je vais peut-être en rester au métro.
Je serais bien contente que ça s’arrête
À mesure que la journée avance, et que je sauve désormais des chats et des pigeons parisiens, je me sens plus à l’aise dans ma nouvelle peau de super-héroïne. Je fais même le truc avec les yeux de Tornade, là, pour impressionner les badauds quand je créé un cyclone pour faire descendre un chat coincé dans un arbre (Super-Sudiste ne fait pas dans la demi-mesure).
Bonjour la cataracte, quand même.
En fait, je rentre si bien dans le rôle que je deviens au moins aussi émo que Spiderman sans marijuana. Je fais briller le soleil dans la grisaille parisienne, puis me retranche derrière mes lunettes noires, en proie à ce tourment que connaissent tous les êtres d’exception. Un grand pouvoir implique une grande responsabilité. Le monde compte sur moi – mais puis-je le sauver, le monde ? Puis-je le sauver de lui-même ?
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J’en suis là de mes états d’âme, lorsque des hommes en noir me font poliment savoir qu’on aimerait me parler, à l’Élysée. J’essaie bien de leur faire comprendre, pendant le trajet, qu’ils abusent un peu avec le coup du sac sur la tête et les mains liées, parce qu’on n’est pas dans une série américaine, et que c’est de leur faute si j’ai balancé la foudre sur leur collègue. Il avait qu’à pas me surprendre. Mais rien n’y fait, et je prends mon mal en patience jusqu’à mon rendez-vous.
Et là, qui c’est qui me reçoit dans son petit bureau ? La ministre de l’écologie ! Même pas le Président de la République ! De qui se moque-t-on ? Je suis là pour sauver le monde, moi, pas pour planter des arbres ! (Et puis je dois déjà replanter ceux du bois de Boulogne.)
Et puis elle me sort – je vous le donne en mille – que ce serait bien que j’arrête de « jouer à détraquer le climat ». Je commence à lui rétorquer que je fais bien ce que je veux, aussi bien avec mes cheveux, qu’avec mes super-pouvoirs, et que c’est pas moi qui l’ai détraqué la première, le climat, d’abord.
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Alors elle me fait comprendre que si je continue à faire l’andouille, elle se débrouille pour me faire ingérer un sédatif, et de préférence par voie anale. La menace du suppo fait son effet. Je me revois, sept ans, en train d’essayer de gruger mon médecin de père pour ne pas aller à l’école.
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Vexée, je me drape dans ma cape imaginaire (j’avais pas pensé à la cape), et rentre chez moi, en métro. Une super-héroïne doit comprendre quand elle est vaincue. Je termine ma journée héroïque en mangeant des pâtes devant Batman. Le voir se prendre des gamelles en permanence atténue ma déception.
Mais, juste histoire de, je fais quand même tomber la pluie tandis que, sombre et mystérieuse, je veille sur la ville du haut de mon immeuble.
Boulogne-Billancourt n’a plus besoin d’une héroïne.
Et toi, si tu étais une super-héroïne ou un super-héros le temps d’une journée… Tu ferais quoi ?
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Les Commentaires
J’habite à New York et pouvoir faire un saut dans mon petit confort familial en France, papoter avec mes copines, ou bien visiter l’expo Harry Potter à la Cité du Cinéma avant de repartir bien sagement suivre mes cours à Brooklyn (au passage, j’aurai bien–sûr attrapé un saucisson et une belle baguette fraîche, encore tiède), ce serait quand même le top ! uppyeyes: