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7 MINUTES - 
De Stefano MASSINI - 
Traduction : Pietro PIZZUTI - 
Mise en scene : Maelle POESY - 
Dramaturgie : Kevin KEISS - 
Scenographie : Helene JOURDAN - 
Lumieres : Mathilde CHAMOUX - 
Avec : 
Veronique VELLA - 
Francoise GILLARD - 
Sephora PONDI - 
Mathilde Edith MENNETRIER - 
A la Comedie Francaise - 
Le 09 09 2021 - 
Photo : Vincent PONTET
Arts & Expos

Des ouvrières, une lutte des classes et 7 minutes pour se décider : la recette de cette pièce engagée

Pour lancer sa saison, la Comédie Française a misé sur la culture… militante ! Après 7 minutes, une pièce de l’italien Stefano Massini, votre rapport au travail ne sera plus jamais le même.

Une ouvrière âgée qui mène un casting en non-mixité ? Pari réussi au Vieux-Colombier, l’un des trois théâtres de la Comédie Française.

L’institution fait sa rentrée avec 7 minutes, un texte éminemment politique dans lequel une dizaine de salariées s’écharpent autour d’une « simple » demande de leur direction. Le tout porté par une mise en scène percutante de Maëlle Poésy. Qui dit mieux ?

©Vincent Pontet, coll. Comédie-Française
©Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

7 minutes pour presque rien

Dix représentantes du comité d’usine de Picard & Roche font les cent pas. Elles se tiennent groupées devant le bureau de la direction dans lequel Blanche, leur porte-parole (Véronique Vella), est en négociation depuis des heures.

Sont-elles sur la sellette ? Leurs salaires vont-ils baisser ? Blanche les défend-elle vraiment dans les pourparlers ? La pièce commence à peine et déjà la tension est à son comble.

Quand la porte-parole sort enfin, on pousse très vite de grands soupirs de soulagement : l’usine ne ferme pas, les effectifs restent les mêmes et toutes les conditions de travail sont identiques.

Toutes ? Non. Une demande leur est faite. Une demande qu’elles doivent voter. Très simplement formulée dans une lettre qui s’adresse à chacune des représentantes. Pour conserver les mêmes employées et les ouvrières de l’usine doivent renoncer à 7 minutes du quart d’heure de pause quotidienne.

« 7 minutes ? Mais ce n’est rien ! », s’émerveillent-elles. Toutes imaginaient le chômage et la précarité à une époque où le travail se fait rare, alors les sourires sont de mise. Pourtant, Blanche secoue la tête.

Non, ce n’est peut-être pas si simple.

Costards-cravaches dans un débat militant

Chez Madmoizelle, on aime par-dessus les tests gauche-droite. Pour une fois, on vous propose une pièce prête à réveiller la révolutionnaire qui sommeille en vous !

Pour ce faire, les ingrédients sont simples. 9 ouvrières. 2 employées. 11 votes.

Le véritable tour de force de la pièce de Stefano Massini ne consiste pas à mettre en scène un débat mais à le créer.

©Vincent Pontet, coll. Comédie-Française
©Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

Au départ, on ne laisse à ces voix féminines que du trivial. Les idées, les grands principes, les discours : tout ça, c’est du luxe. Si d’instinct, toutes acceptent de réduire la pause quotidienne, c’est que sans doute ce « cadeau » que leur fait la direction doit être saisi !

Mais le diable se cache dans les détails. La réserve de Blanche pour les « cravates », c’est-à-dire les hommes à la tête de Picard & Roche, s’avère contagieuse. Et, surprise (non), elle est justifiée.

Alors Blanche creuse, inlassablement. Sous les rires et les cris d’impatience de ses collègues, elle réfléchit, elle doute, elle calcule.

Et si c’était un test ? Et si ce qui comptait pour les « cravates », ce n’était pas tant de gagner 7 minutes de main-d’œuvre mais s’assurer de la docilité de leurs employées ?

11 femmes en colère

Le pari de la pièce est fou. Étirer sur deux heures une réponse qui pourrait n’être qu’un mot. Mieux : cet étirement est excitant, touchant, brillant.

Il y a ce débat, sans fin, ruminé dans un sens puis dans l’autre. Dans le calme et dans les cris. Il y a la rancœur aussi. Celle qui s’est progressivement immiscée pendant des années de travail. Des jalousies. Des rêves.

Il y a celles qui ne veulent pas penser, qui courbent l’échine en espérant qu’on récompensera leur zèle. Il y a celles pour qui les rêves sont déjà du passé. Arrivées en France pour du travail, elles doivent le garder à tout prix.

Il y a celles qui sont jeunes, qui ne veulent pas laisser passer la chance. Et celles qui ont vu le temps filer entre leurs doigts.

©Vincent Pontet, coll. Comédie-Française
©Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

Dans la scénographie minimaliste portée par la jeune metteuse en scène Maëlle Poésy, onze salariées se déchirent sur un vote, un simple vote. 12 hommes en colère, la testostérone en moins, la folie en plus. Parce qu’on rit avec elles. Parce qu’on veut les croire. Parce qu’on voudrait que le travail n’ait pas raison d’elles.

Avec ce retour en force du théâtre social, la Comédie française aura offert du grain à moudre à son public — et ce, jusqu’au 17 octobre prochain !

Bonus, si vous êtes la seule à vous lever au moment des saluts, vous pourrez estimer que le reste du public était de droite. Ça ne change rien mais ça soulage.

À lire aussi : Test : vos goûts en agrumes nous diront si vous êtes de gauche ou de droite


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