Ça y est, nous y sommes. À l’approche de la Coupe du Monde de football 2014, les mêmes préoccupations resurgissent. Contenter les supporters et les spectateurs ne se limite pas à assurer le spectacle : beaucoup d’entre eux réclament… du sexe, en plus du match. La demande en terme de sexe tarifé augmente considérablement lors d’évènements de ce type.
Le quartier rouge de Belo Horizonte au Brésil est connu pour ses 80 000 prostituées travaillant dans des bars, des salons de massages ou des clubs. La ville devant accueillir une des demi-finales du mondial à venir, l’Association des prostituées de l’État du Minas Geras (l’Aspromig) entreprend de donner des cours d’anglais aux professionnelles du sexe, dans le but de les préparer à ce déluge de touristes avides de ballons ronds et de coups (plus ou moins) francs. La présidente Cida Vieira initie ce projet dans le but de promouvoir la réglementation de la profession : « Elles apprendront les expressions du quotidien mais aussi le vocabulaire technique du sexe » afin « d’être capables de parler avec le client de ses fantasmes », et pourront également négocier les tarifs.
Alors, mesure préventive, visant à protéger ces femmes clairement rejetées par la société brésilienne ? Sûrement. Bonne nouvelle ? Non, je ne crois pas ! La prostitution est un sujet qui partage et divise, même au sein des féministes. Aussi n’avancerai-je que quelques éléments de réflexion.
Une partie de ces femmes ne pratique pas la prostitution par choix, c’est sûr
. Les richesses au Brésil sont loin d’être également réparties et le taux de pauvreté est important. La position des femmes n’égale toujours pas celles des hommes, et la justice tend encore aujourd’hui à discriminer le genre féminin. La précarité des femmes, cela a été souvent prouvé, peut les amener à faire des choix contre leur gré, comme la prostitution, afin de gagner leur vie.
L’initiative prise par l’Aspromig sert la cause de ces femmes, en leur donnant les moyens de s’exprimer. Et s’attaquer à la législation d’un pays n’est pas le but ici. Seulement, les grandes manifestations sportives (comme la Coupe du Monde) sont la cause de cette « hausse de la demande ». Dans des pays où la prostitution n’est pas ou peu réglementée, tous les écarts sont possibles et les femmes n’en sont pas les seules victimes. Le trafic sexuel d’enfants est un des enjeux de cet événement. Alors devons-nous admirer la manifestation de ce beau système qu’est la systématisation de l’offre par rapport à la demande ? Ou réfléchir à ce qui se passe réellement ?
Le Brésil n’est pas le premier pays à subir ce phénomène. L’Afrique du Sud, où la prostitution n’est pas légale, a dû faire face à ces problèmes il y a 4 ans. La Grande-Bretagne avait alors envoyé 42 millions de préservatifs dans une logique de prévention face au taux fortement élevé de VIH parmi la population Sud-Africaine (estimé à 17,8 % chez les adultes). Une générosité qui semble encore surtout viser la protection des touristes sexuels venant profiter d’un marché illégal.
(NDLR : on peut également citer l’Euro 2012, pour leque des milliers de prostituées ukrainiennes s’étaient préparées à l’arrivée de nombreux nouveaux clients.)
Que pensez-vous de cette mesure ? Efficace pour permettre aux prostituées de travailler dans de meilleurs conditions, et/ou simple voile sur une réalité tragique ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Pour ce qui est de l'ANPE, en Allemagne, des femmes se sont vues proposer des tafs de call-girls par exemple. C'est des trucs qui peuvent potentiellement arriver si on va au bout de la logique qui veut banaliser la prostitution.
C'était surtout ça le fond de mon propos : quelle que soit la forme qu'elle prend, si on décide de banaliser la prostitution, il faut être bien conscient de ce que ça implique... Donc soit on va jusqu'au bout de la logique et on accepte les aspects que j'ai énoncés précédemment (ce que je suis personnellement incapable de faire, mais après tout chacun voit midi à sa porte), soit on admet que non, se prostituer ça n'est pas aussi anodin que n'importe quelle autre prestation de service.