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Culture

La country, une musique (parfois) féministe

Eloïse est passionnée de musique country depuis plusieurs années, tout particulièrement depuis qu’elle en a découvert les artistes féministes. Oubliez tout de suite les cowboys en bottes de cuir : ces filles dépotent !

Le monde de la country music foisonne de femmes talentueuses à la carrière remarquable : Dolly Parton en tête, mais aussi Rebba McEntire, Martina McBride, Faith Hill et, pour les plus jeunes, Carrie Underwood, Miranda Lambert, Kelly Clarkson, sans oublier Taylor Swift qui, du haut de ses 24 ans, a déjà vendu plus de 30 millions d’albums et remporté 7 Grammy Awards.

Il n’est donc pas rare pour les femmes de réussir dans ce genre musical. Mais l’image de la country est étroitement liée à celle du cowboy, chapeau et bottes de cuir, arpentant les plaines de l’Ouest sur son fidèle cheval… Et cela n’est pas faux. Prenons par exemple l’un des duos les plus connus, Brooks and Dunn : tout y est n’est-ce pas ?

country 1

Alors, dans ce contexte où le culte de l’homme viril est dominant, quelle place peuvent avoir les femmes ?

Comment j’ai découvert la country

J’ai découvert la country music lors de mon premier voyage au Canada en 2000. Une partie de ma famille est installée là-bas et la culture américaine y est très présente. Je suis chanteuse, curieuse, et je passe beaucoup de temps à écouter des musiques très différentes. J’étais donc très heureuse d’en découvrir une qui ne m’était pas familière.

Je ne connaissais rien, absolument rien à la country music et puis un jour, j’ai entendu ceci :

Mon âme de bleuette n’a fait qu’un tour, et j’ai passé le reste de mon séjour à écouter tout ce que je pouvais à la radio, à la télé et dans les bacs des disquaires. Je suis rentrée en France un mois plus tard, quelques CD choisis avec soin sous le bras : Faith Hill, The Dixie Chicks, Shania Twain…

C’est ainsi que j’ai commencé à m’intéresser à la country music et à ses chanteuses.

J’ai d’abord tout consommé comme une boulimique en pleine crise, comme à chaque fois que je fais une nouvelle découverte : les vieux titres, les nouveaux, les connus, les moins connus. Puis, j’ai commencé à écouter les paroles des chansons. Et là, comment dire… ça n’a pas toujours été la joie.

Tous les clichés auxquels j’aurais pu m’attendre étaient là : homme dominant, femme dépendante, apologie d’un modèle familial unique… C’est alors que j’ai décidé de partir en croisade. En grande optimiste, j’ai choisi d’explorer la country music avec pour seul objectif de trouver la terre promise, le Graal : le féminisme caché dans une musique machiste.

La country féministe

Voici les perles que j’ai trouvées !

Commençons par la grande, la talentueuse, la « Reine de la country music », j’ai nommé Dolly Parton. En 1968, elle chante un véritable hymne contre le slut-shaming : Just because I am a Woman. Cette chanson serait la réponse à une conversation entre Dolly et son époux concernant leurs aventures passées.

https://youtu.be/lz_ejQbDoS0

Le message est clair :

« My mistakes are no worse than yours, just because I’m a woman. » (« Mes erreurs ne sont pas pires que les tiennes, simplement parce que je suis une femme. »)

Une autre pionnière du genre, Loretta Lynn, a sorti en 1975 une chanson intitulée The pill

(la pilule). Une véritable révolution dans le monde de la country conservatrice.

I’m tired of all your crowin’ How you and your hens play While holdin’ a couple in my arms Another’s on the way This chicken’s done tore up her nest And I’m ready to make a deal And you can’t afford to turn it down ‘Cause you know I’ve got the pill

Ce qui peut se résumer par : fini l’esclavage domestique, j’ai la pilule !

Pour ce « crime », Loretta Lynn fut bannie de plusieurs stations de radio. Mais qu’à cela ne tienne, les chanteuses de country ne sont pas des dégonflées et Loretta a sorti pas moins de 54 albums durant sa carrière.

Les exemples sont nombreux. En 1993, la chanteuse Martina McBride sort une chanson intitulée Independence Day. Cette chanson raconte la lutte d’une femme pour se libérer des violences domestiques.

La chanteuse Mindy McCready sort en 1996 Guys do it all the time. Ce titre évoque le « deux poids deux mesures » dans les relations amoureuses. Aller boire un coup le soir avec des amis, rentrer tard, faire la fête, les mecs le font tout le temps. Alors pourquoi pas moi ? Eh bien oui, pourquoi pas !

Dans les années 2000, la France découvre une artiste qui n’est pas passée inaperçue : Shania Twain. Son titre Man! I feel like a woman est arrivé n° 3 des charts français. Cette chanson, véritable hymne à la libération des femmes, les encourage à s’épanouir sans rendre de comptes.

I ain’t gonna act politically correct (je ne vais pas être politiquement correcte) I only wanna have a good time (je veux juste predndre du bon temps) We don’t need romance (on n’a pas besoin du grand amour) We only wanna dance (on veut seulement danser) I wanna be free-yeah, to feel the way I feel (je veux être libre de me sentir comme je me sens)

Le cas des Dixie Chicks

Il existe dans la country music un OVNI qui mériterait un article entier : les Dixie Chicks. Outre la défense des valeurs dans lesquelles les féministes peuvent se retrouver (liberté, lutte contre les violences domestiques, droit à disposer de son corps), les membres du groupe (et plus particulièrement la chanteuse Natalie Maines) ont eu à faire face à une controverse d’une violence inouïe.

À la veille de l’invasion en Irak, le 10 mars 2003, les Dixie Chicks ont donné un concert à Londres. Juste avant d’interpréter le titre Travelin’ Soldier, Natalie Maine a pris la parole pour dire :

« Juste pour que vous sachiez : nous sommes du bon côté tout comme vous. Nous ne voulons pas de cette guerre ni de cette violence, et nous avons honte que notre président soit originaire du Texas (ND : Natalie étant elle aussi texane). »

Les Dixie Chicks, de retour à Londres 3 ans plus tard, évoquent l’incident

Les conséquences de ce commentaire ne se sont pas faites attendre : boycott par les radios diffusant de la country, article diffamatoires, baisse drastique des ventes de CD, artistes leur tournant le dos, programmateurs licenciés pour les avoir diffusées…

Ce qu’il est intéressant de noter, c’est le contraste entre la réponse des radios aux commentaires de Natalie Maines et la manière dont les radios ont traité, par exemple, le cas de Chris Brown, coupable de violence et d’agression brutale sur sa compagne. Alors que les Dixie Chicks furent traitées comme des parias, il fut accueilli à bras ouverts très peu de temps après ses démêlés de justice avec éloges et félicitations.

De là à supposer qu’on cherche à museler la voix des artistes féminines, il n’y a qu’un pas…

En conclusion…

Pour conclure, ce qui m’a d’abord amené à la musique country, ce sont les mélodies, les instruments à cordes délicieusement dissonants, les airs entraînants et les balades langoureuses. Mais ce qui m’a donné envie de m’y attarder, ce sont ces femmes qui, dans un environnement parfois hostile à leur épanouissement, se sont battues pour faire entendre leur voix.

Et vous, avez-vous déjà écouté de la country ?

Si ça n’est pas le cas, voici une liste non exhaustive de titres country à orientation féministe (en plus de ceux cités dans l’article) :

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Les Commentaires

14
Avatar de Velvette
11 mai 2014 à 13h05
Velvette
En écoutant les Dixie Chicks, j'ai l'impression de regarder les Frères Scott tant cela sonne fade à mes oreilles. Les autres ne me font guère davantage d'effets, malheureusement...

J'espère que d'autres charmantes donzelles du milieu relèvent le niveau, musicalement! Je n'ai d'yeux que pour Bob Dylan et Neil Young
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