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Orgasme « vaginal » et point G : nous force-t-on la main ?

La semaine dernière, un gynécologue a délimité les contours du point G. Ça a donné à Brigitte Lebuysson l’envie de vous (faire) parler orgasme.

Quand j’étais plus jeune, je me suis amusée à multiplier les partenaires pour plein de raisons, parmi lesquelles le fait que :

  1. C’était bien cool
  2. J’aime les surprises
  3. J’aime avoir des anecdotes à raconter
  4. J’étais en quête du Graal

Ce Graal, c’était l’orgasme par stimulation exclusivement interne. Si j’ai toujours réussi à démarrer au quart de tour dès qu’on se mettait à me toucher le petit vermicelle (a.k.a. le clitoris, cet engin du plaisir, cette partie de mon corps sans laquelle je ne serais rien et que je chéris de toute mon âme, si âme j’ai) ou par un simple effleurement de mon anu’, il ne m’est arrivé que très, très rarement de jouir pendant la pénétration vaginale. Tellement rarement que je peux compter le nombre de fois où ça m’est arrivé sur les doigts d’une main. Sur un doigt d’une main, même, si vous voulez tout savoir (grâce à un pénis incurvé, genre Capitaine Crochet). Est-ce que ça me rend triste ? Absolument pas. Ça ne m’empêche pas de prendre du plaisir, à divers degrés, selon mon état d’esprit, mon excitation du moment et le nombre de fois où j’ai joui avant par stimulation manuelle ou linguale. Pourtant, parfois, il m’arrive d’aspirer à davantage d’orgasmes simultanés avec mon partenaire pendant la pénétration.

La possibilité du point G

Alors quand j’ai appris que la localisation du point G avait été découverte par un gynécologue américain lors de la dissection d’une femme de 83 ans (à 16,5 mm de la partie supérieure de l’urètre, dans un angle de 35° par rapport à sa partie latérale, j’ai rien compris mais ce sont les chiffres), je me suis d’abord mise à rêver. Et s’il suffisait que je me positionne de telle ou telle manière pour enclencher la machine à spasmes pendant le va-et-vient ? Et si mon cas était désormais réglé ? Et si, et si… J’avais des étoiles dans les yeux, je pétillais comme un verre de Badoit, comme Eve Angeli devant des bottes à frange.

Puis, la douche froide : et si ça ne m’arrivait jamais ? Est-ce que ça voudrait dire que je suis frigide ? Sachant que ma culotte a tendance à s’émouvoir en moins de temps qu’il n’en faut pour dire tétons, j’en doute. N’empêche.

N’empêche que ça m’a foutu une pression supplémentaire, le temps de quelques minutes. J’ai très vite réussi à me remettre en selle puisque, merde, j’ai 5 ans d’activité sexuelle derrière moi (c’est pas grand chose mais c’est déjà ça), 5 ans pendant lesquels j’ai eu des partenaires qui m’ont permis de m’épanouir et d’apprendre à demander et non pas à me contenter de recevoir ce qu’ils voulaient bien me donner, et je prends très régulièrement mon pied grâce à un partenaire que j’ai rendu on ne peut plus généreux.

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Mais alors, je ne sais pas jouir ? Je jouis mal ?

Je me suis sentie un peu trahie, un peu chafouin, un peu obligée d’hurler au plaisir dès qu’un corps étranger s’approchait de ma vulve. J’avais l’impression qu’on me présentait une norme, qu’on me donnait la clé du plaisir par voie vaginale, que si je n’y arrivais pas, j’étais une moins que rien – vulvairement parlant. J’ai eu envie de crier le droit à toutes de prendre leur pied, quelle que soit la façon, quel que soit le moment. J’avais envie de dire « Et si je suis lesbienne, ça veut dire que j’ai pas le droit d’aimer le cul ? » – même si je ne suis pas lesbienne mais qu’effectivement j’aime le cul. Et puis j’ai lu cet article de Gaëlle-Marie Zimmerman (a.k.a. La Peste) sur Le Plus, et je me suis sentie moins seule.

Sachant que des milliers de femmes sont dans mon cas (c’est-à-dire dans l’incapacité de se mettre à trembler de partout dès qu’on se met à leur ramoner le conduit), j’ai eu envie d’en discuter avec nos lectrices en ouvrant un topic en leur posant des questions sur leur rapport à l’orgasme et ce qu’elles pensaient de cette découverte scientifique

. Cet article en est l’aboutissement, et je les en remercie encore pour leur franchise et leurs remarques.

L’orgasme vaginal est un clitoridien comme les autres

Leur ayant volontairement posé des questions larges, les lectrices m’ont rappelée qu’il ne fallait pas dissocier bêtement l’orgasme clitoridien de l’orgasme vaginal :

Parler d’orgasme vaginal (en opposition à l’orgasme clitoridien ?) me dérange. On sait aujourd’hui qu’il n’y a pas deux types d’orgasmes distincts, que l’orgasme par stimulation directe du clitoris ou indirecte (par pénétration) s’originent tous deux au niveau du clitoris. S’il y a orgasme lors de la pénétration vaginale c’est grâce aux ramifications du clitoris à l’intérieur du vagin. Bref, il n’y a pas réellement deux sortes d’orgasmes distincts l’un de l’autre, ce qui change c’est la stimulation.

Ce à quoi une autre madmoiZelle a répondu :

 Je vais apporter une nuance. Oui, tout orgasme vient du clitoris, c’est un fait. Mais les orgasmes par stimulation clitoridienne, vaginale ou anale (je cite ces trois-là parce que ce sont ceux que je connais, après on peut aussi avoir un orgasme par stimulation des seins ou juste du cerveau) sont quand même hyper différents, au niveau des sensations physiques. Donc selon la stimulation, l’orgasme ne va pas être tout à fait le même. Pour ma part, par stimulation clitoridienne, c’est très intense et rapide, comme un pic. Par stimulation vaginale, c’est beaucoup plus sourd et plus ample, moins intense mais plus long. Bref, des stimulations différentes mènent à des orgasmes différents (qui viennent tous en réalité du clitoris, on est d’accord). Par contre, il n’y en a pas un mieux que l’autre, et je ne vois vraiment pas l’intérêt d’essayer de les avoir tous, enfin c’est pas des Pokémons quoi.

Ça, c’était pour le petit rappel anatomique.

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La découverte du point G : une bonne nouvelle ?

La découverte, anatomiquement parlant, du point G m’a réjouie trente secondes, puis troublée, pour finir par me laisser de marbre. J’ai donc voulu savoir ce qu’en pensaient nos lectrices, et les avis sont aussi variés qu’intéressants. Une première craint une certaine pression à la jouissance qui pourrait découler de cette découverte et qui opposerait de surcroît l’orgasme par stimulation vaginale à l’orgasme par stimulation clitoridienne :

Moui, je pense qu’il y a bien une injonction à jouir, véhiculée notamment par la presse féminine (et leurs « experts »…). On a encore cette vieille vision freudienne avec d’un côté l’orgasme par stimulation directe du clitoris qui serrait un orgasme « immature », et de l’autre côté le « vrai » orgasme par pénétration vaginale : l’orgasme de la Femme, de la maturité. Ces représentation poussiéreuses et culpabilisantes m’agacent. On est dans une vision hétérocentrée et phallocentrée de la sexualité, où la pénétration vaginale est la clef de voûte de tous rapports sexuels, les préliminaires (et donc la stimulation directe du clitoris) ne servant qu’à accueillir le pénis…

Le terme « préliminaire » est d’ailleurs assez symptomatique de son analyse de la situation, puisqu’il renvoie à « ce qui précède la chose principale ». J’envisage d’ailleurs d’organiser un référendum pour trouver un nouveau nom à cette appellation aussi vaste que maladroite : ça suffit les conneries.

Autre lectrice, autre point de vue : l’une d’elles y voit un moyen de prouver que, tout comme les hommes, les femmes sont anatomiquement faites pour le plaisir, contrairement à ce que les clichés d’antan laissaient à croire :

Pour ce qui est de la découverte scientifique en elle-même, je ne peux pas dire que je sois surprise… […] En fait ça ne fait que confirmer officiellement ce que je savais déjà. Cela étant, c’est une bonne nouvelle à mes yeux, parce que contrairement à ce qu’avancent pas mal de discours très datés, les femmes sont aptes à la jouissance sexuelle, et cette dernière ne dépend pas que « d’une mise en confiance » elle-même conditionnée par une « intimité affective avec son partenaire »… Nous avons un clitoris ET un point G qui nous mettent sur un pied d’égalité avec les hommes en termes de jouissance sexuelle.

Tout en s’inquiétant néanmoins de la récupération de cette nouvelle qui pourrait être faite par la presse ou les conversations au pub du coin : « l’existence anatomique du point G va probablement encore plus nous conforter dans cette représentation extrêmement hétéronormée de la sexualité« . Faudra-t-il s’entendre répondre quelque chose comme « Pourtant le point G a été découvert, c’est que t’y mets pas du tien » à chaque fois que nous nous plaindrons de n’avoir jamais connu l’orgasme sans stimulation du clitoris ? C’est possible.

Cette découverte physique et concrète du point G ne va-t-elle pas nous contraindre insidieusement à nous lancer dans une course au plaisir, à l’aide d’un double décimètre et d’un niveau laser pour localiser le siège de l’endroit prétendument le plus « apte » à nous faire perdre la tête ? Gardons la foi et brandissons notre appareil génital au bout de notre poing en signe de rébellion envers un phénomène qui pourrait s’amplifier. Et rappelons que l’orgasme par simulation clitoridienne ou anale n’est pas un « sous-orgasme ».

S’il devait y avoir une conclusion à ce papier participatif, ce sera justement qu’il n’y en a pas. Ou plutôt, si : laisse ton appareil génital vivre sa vie et prends du plaisir de la façon la plus adaptée à ton corps. Car l’important n’est pas de se conformer aux normes du sexe comme elles sont parfois véhiculées (des normes qui, d’ailleurs, n’existent pas), mais de savoir ce qui nous plaît et comment prendre son pied.

Et toi, qu’est-ce que tu en penses ?


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Les Commentaires

35
Avatar de ClaradeMonbiococon
9 mai 2012 à 00h05
ClaradeMonbiococon
Le point G, je galère toujours à le trouver, lol ! J'ai eu beau chercher il se cache derrière ou devant je ne sais quel bout de peau rosé ! hihi !

Moi G'Adore votre article sur le point G, sa recherche, c'est sympa. Et j'avais déjà entendu parler de ce pro qui l'avait localisé, avec un GPS peut être !?! Hihi !
0
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