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J’ai testé pour vous… être doctorante en archéologie

Elodie MK aka PikWik arrive à la fin de son doctorat d’archéologie. Elle nous raconte le long chemin à parcourir avant d’enfin pouvoir exercer ce métier qui est assez loin des idées qu’on s’en fait.

Mise à jour du 16 juin 2018

Ce week-end ont lieu les journées nationales de l’archéologie !

De nombreuses manifestations et activités scientifiques seront prévues partout en France, tu peux les retrouver sur le site dédié.

À l’occasion, voici le témoignage d’une lectrice doctorante en archéologie, qui te permettra peut-être d’ouvrir une petite fenêtre sur ce grand monde qu’est celui de l’archéologie !

Article initialement publié le 13 octobre 2014

Aujourd’hui encore, j’ai du mal à dire que je suis archéologue. Je trouve que ça fait prétentieux, alors je détourne, je « dédramatise ».

Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds que je fais des trous. Dans quoi je suis ? Dans la boue, dans les tranchées… Mais en fait, oui, je suis archéologue et ça, ça envoie du pâté !

Je suis pourtant incapable de me rappeler d’où m’est venue cette passion. Je me rappelle d’un bouquin illustré sur l’Egypte ancienne qu’on m’a offert gamine, avec une photo très traumatisante de la momie de Ramsès II.

Ou peut-être de Séthi Ier.

Ou nan, de Ramsès II.

Bref, il y avait sa tête. Et sa main. Les deux séparées en deux photos. Erk.

Mon parcours estudiantin

Autant vous dire que les cours d’histoire en sixième ont été un pur régal : les Égyptiens, les Grecs, les Romains… Autant de civilisations, de cultures qui m’ont fait rêver !

Et puis j’ai grandi, j’ai pensé devenir juge pour enfant, avocate, traductrice français-chinois (parce que l’histoire de Chine est palpitante aussi !), pédiatre…

Je rêvais aussi de devenir architecte d’intérieur, styliste, propriétaire de chevaux, écrivaine, etc.

Et puis je ne sais par quel détour, je suis restée bloquée sur le métier d’archéologue. Égyptologue pour être plus précise. Les pyramides, les pharaons, la mythologie, le Nil, l’artisanat, Christian Jacq

Le bac en poche, je suis partie à l’université.

J’y ai suivi des cours d’histoire de l’art et d’archéologie pendant mes trois premières années, avec des modules très divers allant de la peinture religieuse du XIVe siècle à Jackson Pollock, des ziggourats mésopotamiennes aux détails architecturaux du Louvre en passant par l’évolution de la céramique attique, le boire et le manger à travers les âges (cours trop géniaux !) ou encore l’étude des monnaies, des statues, de l’art nouveau, et caetera (Oui, parfaitement. J’me la pète en latin.).

C’est une formation des plus éclectiques que j’ai coûteusement vaillamment complétée avec un DUESE (Diplôme Universitaire d’Etudes Spécialisées en Égyptologie).

En prenant un peu de recul lors de ma licence 3, je me suis rendu compte que l’Égypte était une terre promise (avec des paillettes, des licornes et tout le toutim !), mais qu’il y avait trop peu d’élus pour que je me fasse ma place au soleil (pensez au nombre d’universités dans le MONDE qui envoient des archéologues sur place).

Et puis les hiéroglyphes c’est super compliqué…

Par défaut, je me suis ouverte à d’autres sujets, d’autres thématiques, d’autres cultures méditerranéennes, et notamment tout ce qui concerne la protohistoire.

Dans Histoire universelle, André Leroi-Gourhan explique :

« Les limites entre la préhistoire et l’histoire sont théoriquement fixées par l’apparition de l’écriture. Les temps immédiatement antérieurs aux textes et vaguement éclairés par ceux-ci constituent la protohistoire. »

On parle aussi d’âge du Fer – en rapport avec l’apparition de la technologie du fer – et globalement on attribue cette période au premier millénaire avant notre ère.

Pour en savoir plus sur la protohistoire, vous pouvez consulter cet article de l’Encyclopaedia Universalis.

Les Minoens, les Mycéniens, les Étrusques, la Grèce antique et l’Europe ont commencé à m’intéresser.

Nos « ancêtres les Gaulois » vivaient à proximité de ces civilisations prestigieuses, commerçaient avec elles ; ils ont été influencés par leur mode de vie, leurs traditions religieuses, culinaires ou encore architecturales, et ils s’en sont inspirés pour créer leur propre environnement, adapté à leurs besoins.

Comme ils sont relativement méconnus, je me suis assez naturellement tournée vers leur étude, pour combler les lacunes – et corriger un jour les livres d’histoire parce que bon, le Gaulois moustachu et au casque à ailes qui vit dans une hutte en bois, ça commence à bien faire !

Le terrain

Comme j’ai dû travailler dès mon entrée à la fac, je n’ai commencé à participer à des fouilles archéologiques qu’entre la licence et le master – donc tard.

Surtout quand tu veux être archéologue et que seul le terrain te permettra de savoir si tu as bien choisi ton orientation. Ou si tu t’es lamentablement plantée… Coup de bol, j’ai kiffé !

Mon premier été de fouilles m’a mise dans une merde noire côté finances a été génial ; j’y ai appris énormément de choses au contact de personnes intéressantes et passionnées, j’y ai rencontré des gens avec lesquels j’ai tissé des liens solides, que je continue à croiser plus de dix ans après lors de séminaires nationaux ou de colloques internationaux – c’est-à-dire de grosses réunions où on écoute éventuellement quelques présentations intéressantes, mais qui sont surtout un prétexte pour retrouver les potes éparpillés en France et en Europe, et boire des coups.

Et c’est encore mieux si c’est dans un pays étranger !

Bref, les fouilles archéologiques, c’est le meilleur moment dans mon année : tu quittes ton chez-toi, ta routine, tes potes/ta famille/ton doudou pour un nouvel endroit, un nouvel environnement et de nouveaux gens.

Tu vas pouvoir piocher et pelleter au soleil, commencer par trueller avec tes doigts (et pas avec ta truelle), nettoyer des murs (toujours avec la peau de tes doigts), faire des passes de deux centimètres sur des secteurs stériles, taper à la pioche sur des cailloux (ça résonne dans tout ton corps) ou dans de la craie/du sable (ça s’enfonce !).

Tu vas pouvoir faire des bonds de deux mètres en arrière à la découverte d’un scolopendra géant, t’attendrir sur la vie fabuleuse des fourmis en évitant de les écrabouiller systématiquement, et peu à peu, tu vas essayer de comprendre ce que tu mets doucement au jour ; tu vas relier les informations entre elles, comprendre le contexte, faire des suppositions…

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Ceci est un scolopendra. Qui veut être archéologue ici, déjà ?

En fait, tu vas pouvoir mettre à profit l’enseignement théorique de la fac – et te rendre compte qu’en réalité, tu n’as pas appris le métier d’archéologue, mais celui d’historien et/ou d’historien de l’art…

Mais la fac, c’est cool, et je ne regretterai jamais ces cinq années et ce qu’elles m’ont tout de même apporté ! Il ne faut toutefois pas se leurrer : on apprend bien mieux sur le terrain !

La fouille, c’est aussi le bronzage dégueu, dit aussi « sourire » ou « banane » du fouilleur quand c’est la zone découverte dans ton dos entre ton t-shirt et ton pantalon qui noircit, avec la marque de tes fringues sur les bras, le décolleté, voire les lunettes ou la casquette, le short…

Bonjour les muscles monstrueux que tu ne connaissais pas, les courbatures, les crevasses aux doigts, les lèvres gercées, voire les insolations et autres piqûres d’insectes !

Bonjour les aléas météorologiques qui font que tu peux fouiller par 40°C à l’ombre un jour, et te retrouver sous des trombes d’eau ou un mistral de fada le lendemain.

Et je n’évoque que les fouilles en France ET en terrestre ; les copaings qui fouillent dans le Rhône ont quant à eux droit aux attaques espiègles des silures et aux maladies de peaux infâmes à cause de ce fleuve-pas-pollué-du-tout !

Les fourmis

Assez rapidement je suis devenue cheffe de secteur, c’est-à-dire que j’ai eu la responsabilité d’une petite équipe sur une zone définie par la chef à qui je devais rendre compte de l’avancée des travaux de ma zone, et avec laquelle je réfléchissais à des hypothèses de travail.

À moi donc de driver les fouilleurs (et donc de rappeler vingt fois par jour qu’on ne s’assoit pas, qu’on fouille en reculant, qu’on balaie énergiquement mais avec précaution, etc.), mais également de participer au rapport de fouille (document qui récapitule l’ensemble des données mises au jour).

À lire aussi : J’ai testé pour vous… être animatrice sur un chantier de volontaires

Avec mon Master II recherche en poche, mon directeur m’a enjointe non seulement à publier mes recherches dans mon tout premier article (avec sept ans de recul, je me dis que je ferais bien mieux aujourd’hui !), mais également à prendre la responsabilité de la fouille du site que j’avais étudié.

À l’époque, c’était pour moi la consécration !

Là il m’a fallu apprendre à jongler avec le Service Régional de l’Archéologie (une branche du Ministère de la Culture et de la Communication qui finance entre autres choses les chantiers dits bénévoles), les propriétaires du terrain, le maire et les services communaux de la ville où l’on fouille, les différents services de mon labo et… les fouilleurs !

C’est tout un aspect administratif et logistique qui est venu se greffer à ma formation initiale d’archéologue.

Sur le terrain, une fois les autorisations obtenues, les subventions versées, les petites mains recrutées (et ce n’est pas une mince affaire, équilibrer garçons et filles reste une gageure, il y a beaucoup trop de nanas en archéo !), il faut orienter la fouille en fonction des problématiques du chantier et/ou du Service Régional de l’Archéologie.

Il faut également prendre en compte les structures qui sortent, les enregistrer, essayer de trouver des points de comparaison pour tenter de comprendre l’ensemble, essayer d’avoir une vision disons la « plus juste possible » du terrain, gérer le groupe de fouilleurs qui peut avoir des coups de fatigue, des coups de chaud, des coups tout court…

Bref il faut penser à TOUT en étant en permanence sollicitée par les bénévoles qui veulent être sûrs avant de défoncer un niveau à coups de pioche, qui hésitent sur les bords de la tranchée de fondation du mur, te demandent de l’aide pour :

  • L’enregistrement des US — les unités stratigraphiques : il s’agit en fait des différentes couches que l’on observe lors de la fouille, la couche la plus profonde étant la plus ancienne, et la couche sur laquelle nous marchons la plus récente. Les structures sont alors des ensembles de couches qui constituent des faits archéologiques, une fosse, un mur, un trottoir…
  • Prendre les altis, les altitudes de nos US et de nos structures, afin de connaître leurs mesures précises.
  • Vérifier le relevé. Les relevés sont les dessins que nous réalisons afin d’enregistrer systématiquement ce que nous découvrons : comme nous détruisons au fur et à mesure de la fouille, nous devons tout enregistrer le plus précisément et le plus fidèlement possible afin d’en rendre compte aux autres chercheurs, aux autorités et au public. Bien sûr, nous faisons énormément de photos pour compléter ces données.
  • Savoir s’ils peuvent aller faire pipi, etc.

En dehors du chantier, il faut aussi veiller à ce que le frigo et la pharmacie restent bien achalandés, et faire les visites du site auprès des propriétaires/maire/musée d’à côté/collègues/famille/copains de passage.

Sans oublier d’accorder du temps à tout ce petit monde pour respirer, se reposer, faire sa lessive, acheter à boire et boire beaucoup !

Ce qui me plaît aussi, c’est que j’ai souvent des étudiants qui viennent d’autres régions : donc on part en balade dans le coin, on visite les chantiers d’autres archéologues qui fouillent à proximité, et les villes alentour !

Autant vous dire que c’est vraiment euphorisant et épuisant ! Et une fois le chantier terminé, ce n’est pas fini !

Vient alors le temps des cerises de la post-fouille, période plus ou moins longue où l’on doit traiter le mobilier (inventaire, dessins, photos, tableaux de comptage…), mettre la stratigraphie au propre (c’est-à-dire la succession des couches archéologiques et leurs relations entre elles) et rédiger le rapport de fouilles.

Tout ça dans le but de (mieux) comprendre ce que l’on vient de déterrer pour sortir des hypothèses de travail qui seront la base des recherches prochaines. Et pour recommencer l’année suivante !

Cependant l’archéologie n’est pas nécessairement qu’une activité de terrain.

En fonction de nos axes de recherches et de nos problématiques, et en fonction du poste que l’on occupe, nous sommes davantage amenés à bosser en bibliothèque que sur les chantiers, auxquels nous participons au mieux quelques semaines par an.

Bien sûr, celles et ceux qui travaillent dans l’archéologie dite « préventive » passent plusieurs mois d’affilée sur le terrain et sont le plus souvent contraints d’être mobiles sur l’ensemble de la France.

Il n’y a pas de règle fixe, chacun crée son petit monde et sa façon de travailler. Mais il faut savoir que vous ne serez pas en opérations H24 !

L’enseignement

En plus de la formation des étudiants sur le chantier et en post-fouille, j’ai également un petit poste de chargée de TD à la fac. C’est le cas de nombreux doctorants qui ont des services plus ou moins longs selon qu’ils aient obtenu ou non une allocation de thèse.

En quelques heures réparties sur un semestre, et en complément des cours magistraux, il faut briefer tout ce petit monde sur les grandes périodes de l’archéologie protohistorique (en ce qui me concerne), les grandes découvertes, les sites majeurs et les notions de base.

Il s’agit également d’évoquer leur futur en tant qu’étudiant en archéo, ainsi que la bibliographie qu’ils vont devoir ingurgiter, les techniques de rédaction du commentaire de documents, et les hypothèses en vogue.

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Il faut aussi – et je suis désolée de le dire – casser un peu les rêves d’enfants : du coup, au lieu de ne montrer que les grands vases ou les grands sites, je m’amuse à leur montrer ce qu’on trouve vraiment en France en règle générale.

Je leur présente donc des rougnes (ou « bougnettes », alias les éclats informes de céramique), des portions de murs de taille ridicule quand on a des murs, et des sites de faible superficie !

Bien sûr, on a aussi de très beaux sites français, mais c’est surtout pour qu’ils prennent rapidement conscience de ce qu’est réellement le terrain chez nous !

Attention toutefois, il n’y a pas de formation pour être chargée de TD. On peut vous jeter dans l’arène avec quelques cours déjà prêts dans le meilleur des cas, mais sans explication réelle de ce que l’on attend de vous et de ce que les étudiants attendent de vous.

Si on vous propose le job, essayez de soutirer un maximum d’information avant d’accepter (combien de contrôles continus il faudra faire, quand seront les partiels et les rattrapages, combien il y a d’élèves, quels sont les supports de cours, quelles problématiques, etc.).

Et prenez votre mal en patience pour la paie : au mieux, vous recevrez votre salaire en avril-mai pour le premier semestre…

Mais en réalité, et au-delà de ces petites mises en garde, c’est juste génial de pouvoir partager ça avec les jeunes recrues, de les voir s’étonner sur certains sujets, de souffler d’ennui sur d’autres (ben oui, la succession des tyrans en Sicile n’a strictement rien de passionnant), de commencer à réfléchir aux interactions entre les populations antiques, de se rendre compte que nous n’avons pas inventé grand-chose et presque tout emprunté aux Anciens…

À lire aussi : J’ai testé pour vous… être prof stagiaire

Le doctorat

C’est là que ça se complique ! Le doctorat consiste à mener à terme une thèse en trois ans, thèse portant sur une problématique précise, définie avec (ou par) un directeur de recherche, et si possible en lien avec le master que l’on a rendu, mais aussi avec la politique du laboratoire et/ou du directeur, de l’actualité de la recherche et de ses tendances actuelles.

D’après les textes, il faudrait donc trois ans pour faire une thèse : les allocataires (ceux qui ont une bourse de recherche) signent un contrat doctoral pour cette période et sont rémunérés pour effectuer ce travail.

Pour les autres… c’est beaucoup plus flou ! Dans les faits, allocataires et non-allocataires rendent des thèses (en sciences humaines, j’insiste), en quatre à sept ans en moyenne.

Pour les sciences dites « dures », il est obligatoire d’avoir une allocation de recherche et de rendre sa thèse en trois ans, ou quatre en obtenant une dérogation.

Aujourd’hui je finis ma sixième année de thèse, une véritable hérésie pour celles et ceux qui sont en sciences dures.

C’est un parcours long mais commun pour ceux issus des « sciences molles » (comme ma fesse ?). Le grand avantage et le grand inconvénient en sciences humaines, c’est qu’avoir une allocation n’est pas une condition à l’inscription en thèse.

Tous ceux qui veulent poursuivre en doctorat le peuvent (encore que la situation soit en train d’évoluer…) et nous sommes nombreux dans mon labo à alterner périodes d’emploi et périodes de recherche (aka période de chômage, mais chut, notre statut n’est pas vraiment reconnu) pour avancer nos thèses tout en continuant à avoir un toit sur la tête !

En ce qui me concerne, je n’ai pas obtenu de bourse, je ne suis donc pas allocataire et ai dû me débrouiller comme j’ai pu pour arriver à mes fins.

Du coup, j’ai porté plein de casquettes différentes : maîtresse d’internat, hôtesse d’accueil pour un grand magasin d’équipement sportif, professeur-documentaliste en collège (la dame du CDI quoi), agent administratif, etc.

J’ai aussi fait quelques contrats en qualité d’archéologue pour des boîtes privées (en archéologie préventive) et des collectivités territoriales (mairies, communautés d’agglomération).

À lire aussi : Vis ma vie d’hôtesse d’accueil

A côté de cela, il faut également participer à des colloques, des tables rondes, des stages doctoraux et des séminaires pour boire des coups continuer à rester à la pointe de l’actualité, être au courant des problématiques et des hypothèses débattues, et cultiver son réseau professionnel.

Il s’agit aussi d’écrire des articles, de communiquer oralement afin de mettre en avant ses propres thématiques de travail, montrer qu’on existe au sein de la grande famille des chercheurs de notre discipline, etc.

Et tout cela prend énormément de temps.

Résultat des courses, je devrais pouvoir rendre ma thèse à la fin de cette sixième année en décembre (histoire d’éviter de payer une nouvelle inscription à la fac l’an prochain, et accessoirement économiser plus de 600 euros de frais).

Et résultat annexe des courses : mon CV s’est aussi considérablement enrichi, et ça c’est plutôt une bonne chose pour la suite par rapport à de jeunes docteurs sans expérience autre que la thèse.

À lire aussi : Tribulations d’une doctorante en physique

Et la suite, me direz-vous ? Cela se complique sévèrement à partir du master avec les premières doses de stress, les premières compét’ entre étudiants.

On a tous cru (oui, TOUS) qu’on aurait un parcours facile, simple, qu’on allait faire une thèse comme on ferait une marelle, et qu’on intégrerait le CNRS comme on achète un saucisson – qu’on serait mieux que les autres en bref !

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« Et avec ça ma p’tite dame, j’vous mets un doctorat en archéologie ? »

Il faut mûrement réfléchir avant de s’engager dans pareille aventure, personne ne nous aura suffisamment prévenu de sa complexité.

La thèse est un parcours extrêmement ardu, même si on est bien entouré, même si toutes les conditions sont réunies, même si on a une allocation.

Je n’entrerai pas dans les détails ; vous trouverez des liens de blogs de doctorants à la fin de cet article qui vous montreront la longue agonie qui accompagne la thèse.

De plus, il faut savoir que notre entourage morfle aussi, parce que bien souvent, il ne comprend pas qu’on puisse se jeter à corps perdu dans notre sujet, qu’on passe par des humeurs en dents de scie (j’ai enfin compris le sens profond de l’expression « Jean qui rit, Jean qui pleure »), que notre santé est mise en péril régulièrement (merci le stress !).

Bref, on peut devenir impossible à vivre et c’est très dur, pour soi comme pour nos proches.

Et si on survit à la thèse, il faut trouver un boulot.

Une autre grosse poilade : le CNRS ne recrute guère ces derniers temps, les boîtes d’archéo privées ferment à tour de bras, les postes d’ATER (enseignants à la fac) se font rares, et l’ensemble est le plus souvent réservé aux « poulains » des chercheurs des labos, surtout s’ils sont agrégés et/ou sortent des grandes écoles.

C’est moche, brutal, mais c’est un fait. Du coup, on flippe tous sur « l’après-thèse » en imaginant un désert professionnel et les galères qu’on va encore devoir surmonter pour arriver quelque part un jour…

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Mais certains réussissent, rassurez-vous !

Des potes devenus docteurs sont aujourd’hui au CNRS, d’autres ont des postes à responsabilités au sein de boîtes privées, et certains ont créé leur propre entreprise.

Du coup, aujourd’hui, à deux mois de la fin, je préfère garder mes œillères sur les yeux et ne plus tendre que vers le but ultime qu’est mon rendu et ma soutenance de thèse.

On s’occupera de la suite plus tard, chaque chose en son temps, chaque stress en son temps !

Pour conclure, j’adore ce que je fais. Vraiment !

Je m’éclate à fouiller dehors, même en plein cagnard, même en dormant sous tente, même avec mes courbatures et mes coups de soleil !

J’aime faire de la recherche, être en bibliothèque, évoquer l’avancement de nos travaux avec les copains, les profs.

J’ai hâte aujourd’hui d’en finir avec cette longue période d’études pour attaquer la vie active pour développer plus avant encore mes propres problématiques de recherche, pour ouvrir de nouveaux chantiers et former encore plus de monde.

Et j’espère, je croise les doigts, je donne tout ce que j’ai pour que mon avenir soit florissant, que j’arrive à vivre de l’archéologie et que je parvienne à partager mon amour pour l’archéo auprès de tous. Parce que mon rêve à moi, ce serait d’ouvrir ma discipline à un maximum de monde.

Car c’est bien joli de discuter de tout ça entre nous, mais notre histoire et notre patrimoine archéologique sont notre bien commun à tous en France comme à l’étranger, et nous DEVONS partager nos connaissances.

Et le public le plus jeune restant le plus curieux, le plus ouvert et le plus kiffant, j’ai très envie de mêler tout ça dans mon projet professionnel. Mais ça, c’est pour plus tard. Là j’peux pas, j’ai thèse !

Pour en savoir plus sur les métiers de l’archéologie, allez voir ces excellentes petites animations, « les Experts de l’Archéologie » diffusées sur le site de l’INRAP !

Si vous voulez fouiller (attention, c’est du bénévolat, mais vous êtes nourris-logés-formés et c’est ouvert à TOUS et TOUTES, quelle que soit votre profession, vos études, votre âge), le Ministère de la Culture et de la Communication a mis en place une plateforme recensant tous les chantiers financés par l’Etat.

Certains choisissent de ne pas diffuser leur recrutement via ce site : il faut alors faire le tour des facs et des pages Facebook liées à l’archéo !

Enfin, voici quelques blogs doctorants pour vous immerger dans ce merveilleux monde :

Je vous laisse sur ce dicton magique : en archéologie, il faut mettre le produit de ses fouilles dans des caisses… Vous avez trois heures ! Indice : ceci est une contrepèterie.

À lire aussi : J’ai testé pour vous… les études d’archéologie


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Les Commentaires

29
Avatar de Camouille la grenouille
16 février 2015 à 15h02
Camouille la grenouille
@Chatondelfuego je ne l'ai appris que trop tard, du coup j'ai un peu l'impression de m'être fait avoir avec Paris
Pour le master j'en suis pas encore là (je te raconterai ma vie en MP ) mais pour un premier chantier je prendrais ce que j'ai (même si on m'a dit que Préhistoire c'était bien pour commencer, peu importe), c'est déjà super gentil à toi de me partager ça !

@Pikwik c'est pas grave, je pense bien qu'ils ont d'autres trucs à gérer et ce ne sont pas les premiers à m'envoyer balader...
Merci pour ton avis sur Rennes ! Elle est bien axée médiéval aussi et rien qu'à voir les programmes ça donne envie
J'ai entendu parler de Strasbourg aussi, je peine déjà à convaincre mes parents que Paris ne fait pas tout et leur côté breton n'est pas réticent à Rennes donc je m'accroche à ça !
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