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Que se passe-t-il chez Ubisoft ?

Ubisoft est au cœur d’une polémique après des témoignages faisant état d’actes graves au sein de l’entreprise : harcèlement sexuel, agressions… Mymy t’explique tout.

Tu as peut-être entendu parler du fait qu’Ubisoft, grosse boîte de jeu vidéo française qui s’est développée à l’international, est au cœur d’un scandale depuis plusieurs jours.

Si tu as du mal à raccrocher les wagons, je viens t’expliquer la polémique, les accusations, et les répercussions que ça a eu du côté d’Ubisoft mais aussi de la presse spécialisée gaming.

Les témoignages visant Tommy François d’Ubisoft

En juin 2020 ont commencé à circuler sur Twitter des témoignages au sujet d’Ubisoft, faisant état d’actes impardonnables perpétrés par des personnalités « intouchables » de l’entreprise.

Libération a publié début juillet une première enquête détaillant plus précisément les faits, mais aussi et surtout le système qui a perpétué une omerta au sein de la boîte.

L’article se concentre dans un premier temps sur Tommy François, vice-président de l’équipe éditoriale, qui a été mis à pied :

[…] Si Tommy François est dépeint comme un manipulateur toxique à l’égard des femmes et parfois des hommes, il aurait bénéficié d’une impunité totale malgré d’innombrables incidents et signalements.

Il est décrit comme un prédateur à la tête d’un service largement transformé en boys’ club, protégé par son statut de bras droit de Serge Hascoët, le patron créatif […]

Tous les témoignages concordent pour décrire un homme incapable d’interagir avec les femmes sans faire en permanence des allusions d’ordre sexuel. […]

Parmi les nombreux témoignages, le récit qui m’a le plus choquée est sans doute celui-ci :

Autre témoignage, plus glaçant, celui de Louise. Décembre 2015, le thème de la soirée est Retour vers le futur. Pour une fois, la jeune femme est en robe.

Tommy François, son supérieur, aurait tenté de l’embrasser de force tandis que des membres de son équipe la tenaient. Elle se débat, crie, et parvient à fuir, nous raconte-t-elle.

Traumatisée, elle se confie le lendemain à une responsable de l’entreprise et se voit expliquer qu’elle a mal interprété ses gestes, que ce n’est qu’une blague, un truc qu’il fait souvent.

Tommy François, par l’intermédiaire de son avocat, a démenti les faits qui lui sont reprochés.

D’autres membres haut placés d’Ubisoft accusés

L’article de Libération va au-delà du « cas » Tommy François en se penchant sur un système facilitant l’impunité, par le biais d’autres personnes haut placées dans l’entreprise.

L’enquête cite Serge Hascoët, le supérieur hiérarchique de Tommy François, ainsi qu’un « M.B. ».

Si [Tommy François] est intouchable, nous explique-t-on souvent, c’est qu’il est très très proche de Serge Hascoët.

Directeur créatif d’Ubisoft depuis vingt ans, Hascoët supervise toute la stratégie éditoriale de l’entreprise, au point qu’aucun projet ne peut naître, ni avancer, sans son aval.

Un homme clé dont les bras droits deviennent mécaniquement très puissants. […]

À ce duo vient s’ajouter un troisième homme, M.B., ancien assistant personnel de Hascoët. […]

À sa propre assistante, M.B. ferait vivre un enfer, qu’elle nous relate. Il lui détaille par le menu ses ébats personnels, lui propose des relookings pour être «plus féminine», lui interdit l’ascenseur parce qu’un peu d’exercice lui fera du bien, et s’amuse à dire qu’il négocie les créneaux avec Hascoët contre des faveurs sexuelles.

Un jour du printemps 2015, une discussion s’anime quand elle lui fait part de son ras-le-bol. Il la menace avec un petit couteau, elle s’enfuit aux toilettes.

Pendant ce temps, des collègues masculins à proximité lui enjoignent par messagerie de se taire.

Suite à l’enquête de Libération, le PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot, s’est exprimé auprès de ses employés et employées puis dans un communiqué de presse. Il promet :

  • De nommer une Head of Workplace Culture, en la personne de Lidwine Sauer
  • De nommer un Responsable Diversité et Inclusion
  • De mettre en place des groupes d’écoute gérés par « des facilitateurs externes »
  • De lancer plusieurs enquêtes

L’enquête de Numerama sur Ubisoft

Numerama aussi s’est penché sur l’affaire Ubisoft, dans une enquête en deux volets (partie 1, partie 2).

On en apprend davantage sur la personnalité de Serge Hascoët, déjà mentionné chez Libération.

Serge Hascoët n’est pas étranger à l’ambiance sexiste qui règne au service édito depuis des années, où les commentaires sur la vie sexuelle des femmes du service sont courants. […]

Lors d’un séminaire « team building » il aurait lancé devant tout le monde qu’une employée était « mal baisée », et proposé de donner des cours à qui voudrait, pour « montrer comment on fait »

En plus de ces éléments, Numerama fait état d’exigences délirantes, « si surréalistes qu’elles pourraient sortir du scénario du Diable s’habille en Prada

».

Le service ressources humaines d’Ubisoft critiqué pour son inaction

Les RH (Ressources Humaines), c’est ce qui permet de parler, en tant qu’employée, pour obtenir de l’aide, a minima une oreille attentive qui prend nos ressentis au sérieux.

Or, Numerama notamment relate des témoignages suggérant que le service RH d’Ubisoft n’a pas été à la hauteur face à ce que vivaient les salariées de l’entreprise.

Mélanie, qui est allée voir les RH de nombreuses fois, se rappelle de rendez-vous informels, entre deux cafés où rien n’était officiellement noté.

Et même quand les RH recevaient et écoutaient les plaignantes, le résultat était invariablement le même : rien n’était fait.

Selon les récits publiés, c’est le caractère « intouchable » de Serge Hascoët et de ses proches collaborateurs qui empêchait toute action concrète envers eux.

Suite aux accusations, des départs-clefs chez Ubisoft

Ce 12 juillet 2020, « Ubisoft coupe trois de ses têtes » comme le titre Libération. Et pas n’importe lesquelles.

Serge Hascoët quitte l’entreprise, tout comme Yannis Mallat, directeur général des studios canadiens. Cécile Cornet, la présidente des ressources humaines au niveau mondial, quitte son poste, mais pas la boîte.

Et ce n’est pas tout :

Quelques jours plus tôt, Maxime Béland, vice-président de l’éditorial en poste à Toronto, avait déjà été acculé à la démission, visé par des accusations de harcèlements sexuels.

D’autres personnes des studios de Toronto et Montréal sont visées par des enquêtes internes.

La conférence Ubisoft Forward fait grincer des dents

Hasard du calendrier, ce 12 juillet, c’était aussi le jour de la conférence Ubisoft Forward, lors de laquelle ont été annoncés de nombreux jeux.

L’entreprise a été vivement critiquée pour son choix de ne pas mentionner le scandale en cours, au motif que « le contenu a été pré-enregistré ».

Chose rare dans le milieu, plusieurs médias spécialisés ont donc décidé de ne pas couvrir l’Ubisoft Forward, notamment Gamekult qui avait relayé les enquêtes de Libération et Numerama.

D’autres journaux, comme Canard PC, revoient leurs plannings de publications au sujet des jeux annoncés « afin de ne pas amplifier une opération marketing qui pourrait rendre le témoignage des employées d’Ubisoft moins audible ».

Scandale chez Ubisoft : et après ?

Comme le note toujours Chloé Woitier, journaliste tech au Figaro, l’action d’Ubisoft est en berne : -8% ce lundi 13 juillet au matin. À voir si la tendance se confirmera.

Elle note également que :

D’après Libération, une vingtaine d’autres salariés d’Ubisoft seraient sous le coup d’investigations menées par des cabinets externes d’avocats. Ces enquêtes pourraient mener à leur licenciement.

Pour finir sur une note d’espoir, je cite à nouveau la 1ère partie de l’enquête Numerama :

L’entreprise, qui compte 22% de femmes (contre 14% dans l’industrie du jeu vidéo, selon le baromètre français de 2020), doit aussi faire face à un problème qui touche plus généralement tout le monde du jeu vidéo.

Alors qu’aujourd’hui dans le monde, 50 % des joueurs sont en fait des joueuses, les femmes sont toujours sous représentées, mal traitées voire exclues d’un milieu professionnel qui leur fait sentir qu’elles n’y ont pas leur place.

Or, preuve qu’un changement est possible, plusieurs sources nous ont mentionné d’autres divisions d’Ubisoft Paris, dans lesquelles plus de femmes ont été embauchées, où les hommes aux comportements problématiques sont tout de suite rappelés à l’ordre.

À lire aussi : Le harcèlement sexuel au travail est bel et bien l’affaire de tous


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

3
Avatar de Neverland90
14 juillet 2020 à 17h07
Neverland90
Merci pour cet article, j'ai surtout lu des bribes d'information sur Ubisoft mais je ne comprenais pas ce qui avait donné lieu à ces démissions.
1
Voir les 3 commentaires

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