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Petites Typologies

Typologie des entretiens d’embauche

L’entretien d’embauche, Almira connaît ça. On peut même dire qu’elle en est une spécialiste. La preuve avec cette typologie.

Lorsque l’on est jeune, vaillant, plein de bonne volonté et à la recherche d’un emploi, il y a une chose à laquelle on ne coupe jamais. C’est l’entretien d’embauche. Or, on n’est JAMAIS bien préparé à l’entretien d’embauche.

Et pour cause: il y a à peu près autant de types d’entretiens d’embauche qu’il y a de variétés de céréales au rayon petit déjeuner de chez Leclerc. Voici donc une variété non exhaustive de ceux que j’ai pu tester.

1. Le piston foireux

C’est bien connu. Aujourd’hui, pour trouver du travail, il n’y a que le piston qui vaille. Alors autant mettre les rouages en marche, et mobiliser tous les pistons à portée de main. Effectivement ça marche : le piston, en échange de quelques bières (il est facilement corruptible) parvient à nous décrocher un entretien dans sa boite, en jouant de son influence et de sa position hiérarchique (élevée, sinon ça n’a pas de sens). On est tout content, on sent que ça va marcher, et c’est la fleur au fusil, et après de longues heures de préparation, que l’on se rend au sus-cité entretien. Qui d’ailleurs ne se passe pas trop mal. La personne qui nous reçoit est plutôt sympathique, elle nous écoute avec intérêt énumérer nos compétences et nos qualités professionnelles. Et puis tout d’un coup, ça se gâte. Une fois notre petit discours terminé, le pseudo-recruteur va pousser un grand soupir, s’appuyer sur le dossier de sa chaise et commencer à se tortiller les mains. Et va nous dire :

« Tout ça est très intéressant mademoiselle. Votre profil pourrait tout à fait correspondre à certains de nos besoins. Malheureusement, on ne recrute pas. On n’a pas la place, on a déjà dû caser la secrétaire dans le placard à balais. Puis en plus, on n’a pas une thune, les photocopies qu’on fait sont retenues sur nos salaires, c’est pour dire. Je vous ai reçu parce que Monsieur Piston, mon responsable hiérarchique, m’y a obligé. Mais voilà, même avec la meilleure volonté du monde, je ne peux rien pour vous. Mais quand même, ça m’a fait plaisir de vous rencontrer, vous m’avez l’air d’être une jeune fille tout à fait compétente. »

Bon ben voilà, ça c’est fait.

2. L’entretien décontracté du gland

Des fois, mon cul se borde de nouilles. Comme la fois où j’ai été reçue en entretien dans LA boîte qui me faisait fantasmer. La boîte jeune et cool, qui te fait penser que chaque jour travaillé était un jour au parc Astérix.  Et par la seule force de mon CV en plus. Pour mettre toutes les chances de mon côté, en plus de préparer mon petit discours sur mon profil, je vais chez le coiffeur, je m’achète une chemise, et le jour J, je me drape dans la classe et l’élégance du maquillage léché mais discret, de la tenue chiadée, et du port de tête d’executive woman.

C’est comme ça que je suis arrivée dans des locaux qui sentaient fort la cigarette, bien qu’il fut déjà interdit de fumer dans les locaux de son lieu de travail, et qu’on m’a conduite dans une salle de réunion jonchée de cendriers pleins, de cadavres de bouteilles de bière, de quelques cubis de rosé et de paquets de bichocos. Et que j’ai été reçue par mon futur employeur à moitié débraillé, vautré dans un énorme fauteuil club et son assistante qui s’est excusé de l’état du bureau (“on a un peu fait la fête hier, c’est pour ça”). Et c’est comme ça que suite à un entretien durant lequel le boss a fumé la moitié d’un paquet de camel en m’avouant qu’il avait la gueule de bois, j’ai été recrutée.

3. L’entretien in ingliche

Etre recrutée, c’est bien. S’épanouir dans son travail, se voir offrir des possibilités d’évolution en est une autre. Je me suis donc mise à chercher un autre travail. Et à passer un autre entretien.

Pas de houblon ou de tabagisme passif cette fois-là. Comme à chaque entretien, je me prépare, je travaille sur la manière dont je pourrais me vendre au mieux, et je réfléchis aux questions pièges. Et quand l’heure H arrive, je suis un peu stressée, mais confiante : je suis prête. Jusqu’à ce qu’on me reçoive, et que la personne qui me fait passer l’entretien croise ses mains sous son menton et me dise :

– So, let’s talk about you…

Ai-je bien compris ? Lètss tok eubaout ïou ? Qu’est ce qu’elle dit la dame ? C’est pas français ça ? Ha non tiens, ça me rappelle quelque chose cette tonalité… Ce serait pas de l’anglais ? Mais attends, je parlerais pas un peu anglais moi ? Ha si, je crois… Mais comment on fait déjà ? Merde Merde Merde Fuck Fuuuuck.

– Heu… so… heu… maïe nème iz Almiwa, and aï love chizbeurgeurz.

Voici ce qui grosso modo est sorti de ma bouche à cet instant de ma vie. J’étais prête à répondre à toutes sortes de question pièges. Mais en FRANÇAIS. Pas une seconde je me suis dit que pour un job où on parle la plupart du temps la langue de Shakespeare, on me testerait sur ma maîtrise de l’anglais. Et là, surprise made my english fly away. Alors que je le parle, et pas trop mal en plus. La surprise, ça peut te couper les ailes.

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4. Celui qui te fait penser que la société, c’est une chienne sans patrie

L’annonce est alléchante. Le profil recherché est proche du tien. Voire très proche. La boite a l’air funky comme un live de Prince. Et les missions qu’elle proposent sont autant alléchantes qu’un risotto aux cèpes. Tu postules. Tu as bien vu que l’annonce parle d’un CUI. Tu sais pas encore ce que c’est, tu t’en fous, tu postules. Et l’entretien se passe MERVEILLEUSEMENT BIEN. Tu planes, c’est l’amour, les licornes, les papillons et les chatons qui font des galipettes. C’était un temps partiel, on te propose un temps complet. Et toi tu jubiles. L’employeur n’a que quelques formalités à faire de son côté, et après, tu pourras signer ton contrat. T’en profites pour poser ton préavis et commencer à regarder du côté de l’immobilier de ta future ville. Et là c’est le drame. L’employeur t’appelle. Des tremolos dans la voix.

– Almira, on a une mauvaise nouvelle. On aurait vraiment adoré pouvoir travailler avec vous, mais en fait, on a vérifié auprès du Pôle Emploi, et vous n’êtes pas éligible aux contrats aidés. Au Pôle Emploi, ils en ont rien à foutre qu’on soit faits l’un pour l’autre. Ils veulent pas financer votre contrat. Vous auriez fait de la prison, ça aurait été possible, mais là, vous êtes bien trop diplomée. Certes, vos diplômes, c’est en partie ce qui m’a fait flasher sur vous, mais ça le Pôle emploi, il s’en bat l’oeil. Voilà. Merci. Au revoir.

Conclusion : la société, c’est une chienne sans patrie.

5. L’entretien WTF

Là aussi, l’annonce a l’air plutôt sympa. Et puis ça correspond plus ou prou à ce que tu veux faire, et à ce que tu sais faire. Tu postules, on te reçoit en entretien. Et là, surprise. Le recruteur, tu le connais, c’est un de tes anciens profs de fac. Tu lui dis, histoire de briser un peu la glace. Réponse de sa part :

– Je ne me rappelle pas de vous. De toute façon, j’ai envie d’oublier tout ce qui à trait à mon passé d’enseignant.

Ha. Pas le temps de s’étaler plus sur la question, le recruteur me décrit le poste. Alors officiellement, c’est un mi-temps, mais tu feras beaucoup plus d’heures. Qui seront pas payées. Tu feras de l’accueil, de la compta, de la gestion, de la com, du graphisme, de la gestion de projet, de la billetterie, de la logistique, le tout sur deux sociétés. En étant déclarée sur une seule. C’est en CDD et c’est en aucun cas renouvelable. Ha. Ça fait réfléchir. Pendant ce temps, le recruteur regarde ton CV. Au bout d’un moment, il lève la tête :

– Par contre mademoiselle, votre CV, il est vraiment mauvais ! – Mauvais? – Ben oui, je vois que vous avez fait de la compta, de la com, du graphisme, de la gestion de projet, de la logistique. Mais que dans des entreprises privées. – Et ? Je suis parfaitement capable d’executer toutes les missions que vous avez décrites ! – Oui, mais là, on est dans l’associatif. Et le culturel. – Mais j’ai travaillé dans le culturel, je connais bien ce milieu ! – Oui mais non. Votre CV, il est mauvais. Vous avez été serveuse en 2004. C’est nul.

Ha. OK.

6. L’entretien cheveu sur la soupe

Voilà poindre le désespoir. Il faut que tu bosses. Que tu te bouges. Et tu me mets à postuler compulsivement. Partout. Tout le temps. Tu sais même pas où tu postules, mais tu y vas. Et un jour, on te rappelle. Et tu es convoquée à un entretien. Pour un job où on te demandera d’alimenter des tableaux de bord, de construire des rapports d’analyse, de contribuer à la fiabilisation des données et de développer des indicateurs. TU SAIS MÊME PAS CE QUE ÇA VEUT DIRE. Mais tu y vas quand même parce qu’on sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher.

Et en fait ça marche pas, ça donne juste quelque chose dans ce genre.

7. L’entretien de la mort

Tu postules pour une grande enseigne nationale. C’est de l’alimentaire, mais il faut que tu bosses. C’est un job de vendeuse. Tu as été vendeuse, ça devrait aller. Enfin, c’est ce que tu croyais, jusqu’à l’entretien.

Le recruteur te laisse 22 secondes pour te présenter. Ensuite, c’est à son tour de parler du job.

C’est un cdd. De 4 mois. Non renouvelable, on attend un recrutement en interne. Vous aurez des objectifs irréalisables à atteindre. Si vous les atteignez pas, merci au revoir. Vous aurez des journées de 8h dans lesquelles vous aurez à effectuer 15h de boulot. Vous aurrez une pression de dingue sur les épaules. D’ailleurs, la personne que vous remplacez est en dépression. Je vous laisse deux jours pour vous former seule. Si au bout de deux jours vous êtes pas opérationnelle, je vous vire. Hier, j’ai viré une de mes employées qui travaillait depuis 5 ans chez nous. Elle réalisait pas ses objectifs. Chez nous ça saigne. Sinon, vous avez notre carte de fidélité ? Tu dis non. Elle te dit: “mauvaise réponse” avant de te tendre la main pour te dire au revoir.

Bizarrement, quand tu recevras quelques jours plus tard un mail ou tu apprendras que ta candidature malgré ses nombreux atouts n’a pas été retenue, tu te sentiras soulagée. Finalement, le chômage, ça a du bon.

Cette liste non exhaustive ne prend évidemment pas en compte les regards des recruteurs hommes dans les décolletés, les échanges de poignées de mains plus ou moins molles, plus ou moins moites, le stress qui nous donne des suées, les ongles rongés, les retouches maquillage dans des WC mal éclairés, les bégaiements, le recruteur qui a un truc bizarre entre les dents, celui qui te dit qu’il n’aime pas les gens qui portent ton prénom ou encore la crise de fou rire totalement inappropriée. Mais tout ça, j’en suis sûre, ça viendra dans les commentaires.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

27
Avatar de Lauriee
11 avril 2013 à 00h04
Lauriee
En faisant quelques recherches sur le sujet, je suis tombée sur cet article. Il est plutôt sympa.


Pour ma part, je suis en école de commerce et j'en ai écrit un un peu dans le même genre, pour un travail dans un de mes cours.

Le but étant de "faire le buzz", pourriez vous aller le liker, tweeter, partager... (les boutons pour cela sont en bas de l'article!)
[font='lucida grande', tahoma, verdana, arial, sans-serif]http://rhdenoe.com/de-lart-de-rater-un-entretien-d-embauche/[/font]


MERCI BEAUCOUP


Laurie
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Voir les 27 commentaires

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