Lectorat, j’ai un aveu à te faire : dans la vie de tous les jours, je ne suis pas super douée. Oui, je me rends bien compte que je brise un mythe. Vous vous disiez, je le sais, « ouah, Sarah Bocelli, elle a découvert le poisson-pénis, elle est allée en Galice… Quelle baroudeuse ! ». Hélas, YouTube a trouvé le poisson-pénis avant moi, et je n’ai même pas fait le chemin de Compostelle, parce qu’on m’a dit qu’on ne pouvait pas le faire en bus.
En vérité, je vous le dis, le seul truc que je maîtrise vraiment, c’est la cuisson des pâtes. Alors ça, je gère. Personne ne fait les pâtes mieux que moi. En revanche, je ne sais pas réparer un vase brisé sans me coller les doigts à la glu extra-forte, et j’ai suivi à peu près les mêmes cours de gym que Mircea Austen.
Ceci étant dit, je ne suis pas entièrement dépourvue de talent. Je sais très bien faire du placement de liens en masse en deux seuls petits paragraphes, par exemple. Et lorsque je ne me prends pas le pied d’une chaise avec, je peux utiliser mon gros orteil pour monter le son de mon ordi.
Mais je pense que vous serez d’accord avec moi pour dire que ces petites astuces me donnent aussi fière allure qu’un kakapo en pleine course. Moi, ce qu’il me faut, ce sont des talents à la limite du super-pouvoir (du moins dans ma tête). Et j’ai déjà dressé ma liste, au cas où ça intéresserait un quelconque génie qui passerait par là.
Si j’étais ventriloque (je trollerais la terre entière)
Il se pourrait que je sois trop bon public. Ça expliquerait que je me mette à glousser dès qu’un ventriloque fait dire « prout » à sa marionnette, même si les lèvres de l’artiste ont quand même pas mal bougé. En même temps, on parle d’une peluche, souvent vaguement flippante, dans laquelle se trouve un bras.
Mais je ne rêve pas de fister une peluche.
Non, notre relation après ça serait trop compliquée. Moi ce qui m’intéresse, c’est le talent de ventriloque à lui tout seul. Au diable la peluche : si j’étais capable de parler sans ouvrir la bouche, je ne me contenterais certainement pas de faire raconter la blague du pingouin qui respire par le cul à une marionnette rose à pois verts (parce que toutes les marionnettes des ventriloques sont moches à nous faire pleurer la nuit dans notre lit, cessons de nous mentir).
Jeff Dunham et Peanut, une relation particulière.
Je pourrais feinter tout le monde, en faisant parler le chien avec la voix de Maïté par exemple ! Je le forcerais à se dénoncer pour le vol des dernières tranches de saucisson : pendant que tout le monde l’écouterait, je piquerais les derniers cookies, et personne n’y verrait que du feu. Parce que j’ai de l’ambition, dans la vie.
Alors, parfois, quand je vois qu’il reste une rondelle de saucisson dans l’assiette que personne n’ose manger parce que ça ne se fait pas, j’essaie de m’entraîner discrètement. On ne sait jamais, mon don pourrait se révéler d’un coup — mon instinct de survie se déclencherait, et libèrerait au grand jour ce talent caché
, tel le bras dans la marionnette, au plus profond de mon individu !
Malheureusement, cela n’a jamais donné jusqu’ici que des sortes de borborygmes hideux grelottant dans ma gorge, et l’amenuisement de mon cercle d’amis.
Mais je l’aurai, un jour. Je l’aurai.
On dirait que je serais bilingue…
Une des grandes frustrations de ma vie, avec l’existence de l’aubergine et de ces gens qui s’entêtent à en mettre dans mes pâtes, c’est de ne pas être bilingue. D’une, parce que c’est tout de même la classe internationale (voire même mondiale) de parler parfaitement deux langues pour le prix d’une. Et de deux, parce que j’aurais dû être bilingue.
Oui, parfaitement : j’ai la double-nationalité française et espagnole, et j’en suis fière, n’en déplaise à certains individus maussades que je n’ai pas besoin de nommer ici. Hélas, toute petite déjà, je ne parlais que le français avec ma famille espagnole. J’ai appris l’espagnol sur le tard, à la sueur de mon front, et sans l’obscène facilité du bilingue. Heureusement, j’ai quand même pu manger des croquetas dans l’histoire.
Ainsi, oui, moi aussi un jour, j’ai galéré à base de « donde está la biblioteca ».
Vous l’aurez compris, au-delà de l’aspect richesse de la langue et de la culture, ce qui m’intéresse dans le fait d’être bilingue, c’est :
- de pouvoir me la péter en soirée
- d’avoir appris deux langues sans effort
Vous me le dites si c’est une vision un peu trop idéalisée de la chose. En attendant, je vais continuer à craquer sur tous les bilingues que je croise pour pallier ce manque affectif.
Avoir une mémoire « eidétique » (et être capable de réécrire ce mot sans le copier/coller)
Notez qu’on dit aussi « mémoire photographique », ce qui parle généralement à plus de gens. Mais j’étais restée dans l’optique « moi aussi, un jour, je pourrai me la péter ». Alors je me la pète avec un mot savant. Même si je suis obligée de le copier/coller faute de me rappeler où est le « i ».
J’ai découvert la mémoire eidétique avec le personnage de Lisbeth Salander, dans la série Millenium de Stieg Larsson. Entre autres qualités, la demoiselle est capable de retenir un très grand nombre de détails, comme si ses yeux avaient photographié l’image, la scène, voire le son en question.
Imaginez : vous lisez une fois une thèse sur la reproduction des lapins nains de Patagonie, et vous ne l’oubliez plus jamais. Mieux, vous pourrez ressortir l’information qui vous intéresse de votre cerveau comme si celui-ci était une encyclopédie. Ça peut toujours servir, la reproduction des lapins nains de Patagonie.
Certains cherchent à briser mes rêves, et disent que la mémoire eidétique n’est qu’un mythe. Qu’il ne s’agit que de connaître les bonnes méthodes mnémotechniques. Mais qu’il s’agisse d’une forme de magie innée, ou qu’il faille apprendre des sorts, l’un comme l’autre, ça me va. Du moment que je finis par arrêter d’oublier où sont mes clés, en photographiant mentalement le bol dans lequel je les ai posées.
Et puis, soyons réalistes deux secondes : avoir une mémoire photographique, c’est aussi être capable de lire Guerre et Paix une fois, rien que pour le réciter à son entourage par la suite.
Un jour, je serai le meilleur des trolls.
Et toi, quel talent caché aimerais-tu avoir ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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