Geniève Fioraso, la Secrétaire d’État en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a annoncé hier en conférence de presse la création du statut d’étudiant-entrepreneur, afin d’encourager les étudiant•e•s à se lancer dans la création d’entreprise.
Cette mesure participe à la volonté de promouvoir l’insertion professionnelle des étudiant•e•s. Dans une tribune publiée dans Challenges, la Secrétaire d’État souligne l’écart entre le nombre de jeunes qui déclarent être intéressé•e•s par la création d’entreprise, et ceux qui sautent effectivement le pas :
« Selon des sondages, un quart des jeunes de moins de 30 ans et près de 30% des étudiants à l’université ont envie de créer une entreprise, mais 3% d’entre eux seulement se lancent.
Ils sont 15% aux États-Unis. J’ai vu notamment à Stanford et en Israël que l’on pouvait suivre des études académiques tout en créant sa start-up. C’est même reconnu et encouragé. »
Effectivement, plusieurs entreprises qui ont aujourd’hui un rayonnement international ont été créées alors que leurs fondateurs étaient encore étudiants. L’exemple le plus célèbre est certainement celui de Facebook !
Télématin a consacré un reportage à la création de ce statut, dans lequel Geneviève Fioraso intervient également pour présenter le dispositif déployé dès cette rentrée :
William Leymergie semble un peu dépassé par son temps
Un statut symbolique ?
Concrètement, le statut d’étudiant-entrepreneur est ouvert à tou•te•s les étudiant•e•s ou jeunes diplômé•e•s (depuis moins de trois ans) qui souhaitent créer leur activité.
Les candidat•e•s doivent déposer leur dossier auprès des PEPITES, les Pôles Étudiants Pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat (eh oui, l’administration publique ne manque pas d’inventivité lorsqu’il s’agit de démontrer son amour immodéré pour les acronymes !).
Ce statut permettra aux étudiant•e•s et jeunes diplômé•e•s concerné•e•s de :
- Bénéficier du statut d’étudiant (donc de l’accès à la sécurité sociale étudiante pour les moins de 28 ans, aux transports, à la restauration…)
- Obtenir un diplôme d’établissement qui valide l’activité entrepreneuriale et les compétences associées, le DEE (Diplôme d’Étudiant-Entrepreneur)
- Être accompagné par deux tuteurs (un académique et un cadre ou chef
- d’entreprise)
- Accéder à des espaces de travail collaboratif (fab-labs, incubateurs, espaces numériques…)
- Signer un Contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE) pour faciliter les premières étapes de la création / reprise d’entreprise
- Bénéficier d’aménagements pour la scolarité des étudiants entrepreneurs sur le modèle du statut de « sportif de haut niveau ».
Ces avantages constituent indéniablement des avancées, saluées par Benjamin Suchar, fondateur de Yoopies et des Moineaux
, un collectif d’étudiants-entrepreneurs qui attendaient davantage de reconnaissance, et surtout les moyens de favoriser la création d’entreprise par les jeunes en France.
À lire aussi : Les « Poussins » contre la réforme du statut d’auto-entrepreneur
Des avancées insuffisantes
Pour Benjamin Suchar, ces mesures sont loin d’être suffisantes. L’une des revendications du collectif porte notamment sur la double cotisation auprès des organismes sociaux.
En effet, les créateurs•rices d’entreprises doivent s’acquitter de leurs cotisations sociales auprès de l’URSSAF et d’une caisse de retraite/prévoyance. En paralèlle, tout•e étudiant•e a l’obligation d’être affilié•e à la sécurité sociale étudiante.
Les Moineaux réclament un statut d’étudiant-entrepeneur qui prévoit une exonération des charges sociales au moins la première année. De tels dispositifs existent déjà, avec l’ACCRE par exemple, dont peuvent bénéficier les demandeur•se•s d’emplois intéressé•e•s pour reprendre ou créer une entreprise.
Autre revendication des Moineaux qui n’est pas reprise dans les mesures annoncées hier par la Secrétaire d’État : la possibilité d’obtenir une prolongation de prêt étudiant, sans quoi la création d’entreprise risque de rester le privilège des étudiant•e•s les plus aisé•e•s, comme le souligne Benjamin Suchar.
« Seuls les étudiants aisés peuvent prendre le risque de créer leur entreprise sans salaire pendant les premières années. L’annonce du doublement des prêts d’aide à la création d’entreprise est insuffisante.
Les Moineaux proposent depuis longtemps d’ajouter une option « entrepreneuriat » au prêt étudiant, afin de prolonger le prêt aux mêmes conditions avantageuses, dans le but de financer la création d’entreprise. »
Nous avons interpellé Geneviève Fioraso lors de la conférence de presse de rentrée universitaire, au sujet de ces revendications non prises en compte parmi les mesures annoncées. La réponse qui nous a été faite, est que ce statut est une première étape, en attendant que des accords avec les organismes de cotisation soient finalisés.
Si les revendications des Moineaux n’ont pas encore été entendues, elles ont néanmoins été portées à la connaissance de Geneviève Fioraso, qui nous a répondu que « le travail est en cours » sur ces questions.
Pour Benjamin Suchar, les mesures nécessaires se font attendre :
« J’avais rencontré Jean-Marc Ayrault l’année dernière, je lui avais fait part de ces revendications, elles ne sont pas nouvelles. Il n’y a eu aucune concertation réelle en amont de l’annonce de la création de ce statut.
On salue bien sûr les avancées, et notamment la reconnaissance du statut. On n’aura plus besoin de « se cacher » dans un faux diplôme, de s’inscrire à la fac pour pouvoir bénéficier du statut d’étudiant en parallèle de la création.
Mais on attend maintenant que l’entrepreneuriat soit rendu accessible. L’État doit assurer les mêmes garanties qu’il assure au niveau des études. Il n’est pas normal de devoir payer la cotisation sociale étudiante, et de devoir s’acquitter des cotisations du régime des indépendants. On parle de plusieurs milliers d’euros de charges la première année, alors même qu’on ne fait pas encore de chiffre d’affaires, c’est énorme quand on est étudiant !
On salue le pas symbolique, mais il y a un besoin de mesures concrètes pour encourager et développer l’entrepreneuriat. »
Pour le membre fondateur des Moineaux et créateur du site Yoopies, la création du statut d’étudiant-entrepreneur dès cette rentrée est surtout symbolique.
Si l’accompagnement des jeunes créateur•rice•s est un premier pas indispensable dans la promotion de l’entrepreneuriat chez les jeunes, il manque à cette réforme un volet sur les conditions financières, afin que la création d’entreprise ne soit pas un privilège des étudiant•e•s les plus aisé•e•s.
Pour aller plus loin…
- La conférence de rentrée universitaire 2014
- Étudiants, créez votre start-up ! Geneviève Fioraso sur Challenges
- La liste des PEPITES
- Statut étudiant-entrepreneur : les pistes d’amélioration, Les Échos
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Personnellement, je suis en Master Web Editorial, en deuxième année et terminera prochainement mes études. J'ai décidé de lancer mon entreprise car des propositions de contrats m'ont été fait à l'issue de mon stage de M1. J'ai les compétences dans mon domaines d'activités, le webmarketing que j'ai développer en parallèle et pendant ma première année de Master. Sans ces opportunités qui m'ont été offerte, je ne me serai pas lancé tout de suite dans la création de mon entreprise mais j'ai saisis la chance qui m'a été donné. C'est aussi une grande marque de confiance de la part des entreprises pour lesquelles je travaille car il n'est pas forcément évident de se dire : "J'embauche une étudiante pour réaliser telle ou telle tâche."
Et puis, j'ai perdu mes parents en juin 2014, j'avais besoin d'avancer et de créer quelque chose par moi-même, d'avancer. Le décès de mes parents a été un coup d'accélérateur, un réveil violent qui m'a donné envie de bouger.
Là, j'ai un an pour travailler, être accompagné dans le cadre du dispositif Pépite, apprendre encore et encore afin de passer du régime auto-entrepreneur à la création de ma propre agence web dans quelques mois.
J'ai réellement besoin du statut d'étudiant entrepreneur pour obtenir des aménagements de cours, remplacer mon stage de fin d'étude par mon activité d'entrepreneure, bénéficié du D3E, être suivis et accompagner dans mon projet sans risquer de péter un plomb parce que j'ai beaucoup de travail entre la fac, les études et ma vie perso.
Il est important de distinguer le régime d'auto-entrepreneur et le statut d'étudiant entrepreneur qui sont deux choses totalement différents :
Le régime d'auto-entrepreneur et non statut te permet de travailler, d'obtenir un numéro de SIRET, facturer tes prestations, signer des contrats et à une gestion simplifié ...
Le statut d'étudiant-entrepreneur te permet de bénéficié d'aménagement spécifique tant que tu es étudiant ou jeune diplômé en parallèle du régime auto-entrepreneur ou autre statut juridique d'entreprise.
Tout le monde a les mêmes chances, nous n'avons pas une distinction particulière ou des avantages par rapport aux autres étudiants. Nous avons juste créé notre entreprise, en parallèle de nos études pour de multiples et diverses raisons : par désir d'entreprendre, pour se garantir un avenir professionnel, ne pas être au chômage une fois le diplôme en poche, par passion, ne plus avoir de job alimentaire éloigné de notre domaine d'étude mais pouvoir mettre en application les enseignements et compétences acquis au cours de nos études etc.
Nous ne sommes pas différents, nous ne sommes pas à enviés, à pointer du doigts parce que l'on ose entreprendre ... de même, pourquoi n'aurions nous pas le droit d'être aidé et d'avoir des aménagements au même titre que les étudiants salariés, associatifs ou sportifs de haut niveau ? Explique où est le problème que l'on existe, que l'on est un statut qui a été créé pour nous et réponde à une réalité ?
Sauf que quand l'on est auto-entrepreneur, on ne dépend pas du régime général mais de la RSI, par exemple.
On se retrouve donc le cul entre deux chaises, entre deux caisses de sécurité sociale et l'on est obligé d'en choisir qu'une, ce qui implique une paperasse monumentale ... un peu casse-pied à gérer !
Pouvoir rester sur la sécu étudiante est un gain de temps non négligeable surtout quand l'on cumule la double casquette d'étudiant et de créateur d'entreprise.
Je crois surtout que ce monsieur est un ignare et n'aurai jamais du être interrogé pour parler des étudiants entrepreneurs. Comme beaucoup d'autre étudiant entrepreneur, nous souhaitons finir nos études et nous ne sommes pas dans un faux diplômes mais dans une formation universitaire qui nous plaît et que nous valorisons à travers notre création d'entreprise.
Le statut d'étudiant-entrepreneur ne nous exonère pas des charges sociales, loin de là ... par contre, dans le cas du régime auto-entrepreneur toute personne de 18 à 26 ans (plus d'autres selon critères) peut faire une demande d'ACCRE qui l'exonérera des charges sociales pendant un an puis lui permettra d'en payer moins pendant les deux années suivantes.
Justement, c'est une grande marque de reconnaissance de la part de l'université envers l'étudiant créateur d'entreprise, en lui accordant après avis d'une commission, le statut d'étudiant entrepreneur. C'est une grande marque de confiance puisque cela ne nous ait accordé seulement si notre projet est béton, réfléchis, pensé, conceptualiser et que l'on s'est projeté sur plusieurs années.
Le dispositif Pépite n'est pas là pour marquer notre valeur, mais simplement nous donner les moyens de réussir notre projet de création d'entreprise.
cc @Marie.Charlotte et @Fab