Votre attention, s’il vous plaît ! Selon une recherche qui paraîtra en décembre prochain dans le Personality and Social Psychology Bulletin, nos photos de profil pourraient trahir certains traits de nos personnalités.
Il faut dire qu’on le cherche un peu aussi, et que des photos de nous traînent partout sur la Toile : des sérieuses-semi-souriantes en chemisette sur Viadéo pour faire de l’œil aux recruteurs-ses, des sérieuses-et-sourire-franc en blazer sur Linked’In pour conquérir les recruteurs-ses internationa-ux-les, des rigolotes ou charmeuses-mystérieuses sur Facebook pour pécho vos proies amoureuses et en mettre plein les yeux à vos ancien-ne-s camarades de 6ème B, des hipsters instagrammées sur Twitter pour dévoiler votre côté tendance…
Pour les chercheurs Laura Naumann et Sam Gosling (et al., aussi), les photos que nous choisissons de mettre en ligne pourraient avoir des implications sur nos vies sociales et professionnelles… Disons qu’en choisissant de mettre en avatar celle où vous avez un phallus arty dessiné sur la joue et des cadavres de bouteilles en arrière-plan, vous communiquez, volontairement ou non, des éléments à propos de vous (vous êtes un-e sacré-e rigolo-tte).
Le truc, c’est que notre apparence joue un rôle important dans les premières impressions que les autres ont de nous, que ces premières impressions peuvent être difficiles à défaire (surtout lorsqu’elles sont négatives) et qu’avec nos photos de profil, nous communiquons à propos de nous-mêmes par notre apparence.
Toutes ces images peuvent-elles révéler quoi que ce soit sur nos personnalités ? Selon la recherche menée par Naumann et Gosling, la réponse est oui.
Quelques éléments de méthodologie de la recherche
Pour parvenir à ce constat, l’équipe de Laura Naumann a demandé à 12 participant-e-s de regarder des photos en pied (où l’on voit la personne de la tête… aux pieds) de 123 étudiant-e-s qu’ils/elles n’ont jamais rencontré-e-s
.
6 participant-e-s visualisent une photographie « neutre », où l’étudiant-e doit avoir une position et une expression contrôlée – c’est ce que l’on appelle la « condition standardisée ».
6 participant-e-s voient de leur côté une photographie « spontanée », où l’étudiant-e peut se tenir comme bon lui chante – ce sera la « condition spontanée ».
Ensuite, ces douze joyeux lurons doivent évaluer chaque photographie en fonction de dix traits de personnalité (extraversion, agréabilité, conscience professionnelle, stabilité émotive, ouverture, amabilité, estime de soi, tendance solitaire ou sociale, religiosité et orientation politique).
En amont, les chercheu-rs-ses demandent également aux personnes photographiées de s’auto-évaluer sur ces 10 traits et à 3 de leurs proches de les positionner sur ces mêmes traits.
Enfin, Naumann et Gosling comparent ces cinq évaluations entre elles (une évaluation de la part de l’observateur, une de la part du photographié, trois de la part de trois proches du photographié) : les évaluations des observateurs, qui ne connaissent pas le photographié, sont-elles similaires à celles de la personne photographiée et de ses proches ? Autrement dit, un-e inconnu-e pourrait-il/elle percevoir « correctement » nos traits de personnalité au travers d’une simple photographie ?
Nos photos de profil sont de petites balances
Pas trop de suspense – je vous ai spoilé la recherche dès l’intro : globalement, lorsque la pose de la personne photographiée est spontanée, les observateurs ne se trompent pas dans leurs évaluations et visent juste pour à peu près tous les traits… Dans la condition spontanée de l’expérience (où le photographié peut donc transmettre des « indices non verbaux », leurs jugements se sont ainsi avérés exacts pour 9 des 10 traits de personnalité étudiés (le seul pour lequel le mystère reste sauf étant notre orientation politique).
En revanche, lorsque les poses étaient contrôlées (condition standardisée), les participant-e-s ont eu plus de difficultés à détecter la plupart des traits de personnalité – à l’exception de l’extraversion, de l’estime de soi et de la religiosité, pour lesquels les jugements étaient exacts.
Pour vous donner quelques exemples :
- Dans les deux conditions, l’extraversion semble être le trait le plus facile à juger
- Pour le trait « agréabilité », 45% des évaluations étaient justes dans la condition standardisée et 60% dans la condition spontanée
- Pour le trait « amabilité », 55% des évaluations étaient exactes dans la condition standardisée et 64% dans la condition spontanée…
De manière générale, même si certains observateurs font des erreurs, les impressions basées sur nos photographies auraient bien une base de vérité.
Finalement, ces résultats pourraient indiquer que certains aspects de notre personnalité se manifestent à la fois par des indices « statiques » (notre style vestimentaire, notre coiffure…) et « dynamiques » (notre expression, notre posture…) dans notre apparence – indices qui peuvent alors aiguiller les jugements des observateurs à notre propos.
Mais hé, les choses ne sont pas si simples : puisque nous ne sommes pas d’innocentes petites choses, nous pouvons parfaitement essayer de moduler notre apparence selon ce que nous souhaitons transmettre – surtout si l’on sait que dans tel contexte, ou pour telle personne, un indice spécifique (un tatouage sur le cou, des cheveux pas coiffés, une mine renfrognée, des bras croisés…) peut devenir une source de jugement inexact.
Du coup, si je souhaite qu’un employeur potentiel me perçoive comme la salariée de l’année, chaleureuse, amicale mais sérieuse et efficace, je posterais une photo de moi spécifique, souriante et détendue (où l’on ne voit pas mon vernis écaillé et mes ongles déchirés, en tout cas) – en essayant de jouer avec certains codes (eh oui, nous jouons avec des codes).
Et vous, pensez-vous que vos photos de profil révèlent votre personnalité ? Essayez-vous de communiquer au travers de vos portraits en ligne ?
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