Initialement publié le 16 janvier 2014
Il n’y a pas grand-chose qui me soule dans la vie. Je n’aime pas avoir les manches mouillées quand je me lave les mains, me mettre de la confiture sur les doigts et avoir les même choses que tout le monde. Pas de bol, comme je ne confectionne pas mes fringues dans de la peau de phoque sauvage, il arrive que je croise une personne habillée comme moi dans la rue. J’aime pas trop, mais je fais avec.
Mais je n’ai pas toujours été comme ça.
Jadis, quand j’étais dans mon petit lycée de campagne, sortir du moule équivalait à deux choses, au choix :
- Soit tu étais une fraîcheur
- Soit tu étais prof.
Du coup, comme j’écoutais Tokio Hotel et que je n’avais pas envie d’en ajouter une couche, j’ai décidé d’être comme tout le monde, à peu de choses près.
Dans l’attirail des lycéennes dans le vent (et qu’on n’enfermait pas dans les chiottes), il n’y avait pas trente-six trucs à avoir : un balayage, un t-shirt avec écrit « Mango » dessus et un Longchamp Pliage. La mode a perduré pendant un petit moment pour s’éteindre, il n’y a pas si longtemps.
Pourtant, ce copain de cours méritait bien un article. Tu as peut-être partagé avec lui de nombreux souvenirs. Sur son anse germe repose encore la sueur de tes paumes après une interrogation surprise. Sur son fond intérieur est encore inscrit le nom du bellâtre qui surveillait la perm’ du mercredi matin (ou ta table de 9, tout dépend de tes centres d’intérêts).
Il t’a suivi partout pour de folles aventures, il a traîné dans tous les recoins, du carrelage humide de la cantine au plancher de la bibliothèque. Ton sac Longchamp, c’est une relique.
Une relique de la mort.
Laisse-moi t’expliquer pourquoi tu aurais dû le brûler avant 2009, en trois points.
1 — Le mirifique design du sac Longchamp Pliage aurait dû te mettre la blatte puce à l’oreille
Je ne vais pas y aller par quatre petits sentiers mignons : le Pliage de Longchamp est très laid. Franchement, quand on connaît la marque, on peut s’attendre à un minimum de modernité ou, au moins, à une coupe alliant savamment classe et fonctionnalité. Que nenni ! Une fois soulagée de tes précieux écus, tu avais droit à ça :
Tu la sens, l’inspiration qui rend déjà ta vie plus belle ? Moi non plus.
Entre le sac isotherme et la bâche de chantier, mon coeur balance. En tout cas, aucun des deux n’est encensé pour son sens de l’esthétisme.
Le tissu du Pliage était aussi costaud qu’une toile de tente (de l’armée quand même), mais il n’était même pas imperméable ! Rappelle-toi de la tronche de ton DM de maths, devenu bouillie informe après une rincée mémorable de la fin du mois d’octobre. Tu vois de quoi je parle maintenant ?
Pour une analyse plus poussée, je citerai ma grand-mère, qui a merveilleusement bien disséqué le phénomène : « Ah tu aimes les sacs comme ça ? Je pourrais t’en donner plein d’autres, Daxon m’en offre un après chaque commande ». Voilà.
Certes, ce n’est pas pire qu’un simple tote bag. Sauf que ce dernier coûte rarement plus d’une vingtaine d’euros (et encore, c’est un tote bag en or ou dédicacé par Fab). Là où il y a une testicule dans la soupe du Longchamp Pliage, c’est niveau prix. (Non, cette phrase n’a aucun sens, j’aime l’absurde.)
Compte minimum 60€ pour le petit modèle couleur caca d’oie. Personnellement, j’en avais un imaginé par Jeremy Scott que j’avais payé plus de 80€. À l’époque, ça me paraissait être la chose la plus chère que j’aurais à acheter de toute ma vie. Maintenant, je fais les courses et c’est le sac attitré de mon chien. Que veux-tu, les gens changent.
J’imagine que si Longchamp a décidé un jour de créer une collection « low cost » c’est soit pour attirer de nouvelles clientes vers leurs modèles hors de prix, soit pour proposer un sac de courses aux mamies un peu pimp. Sache que le sac Pliage, c’est un peu le cabas carrefour à 20 centimes version riche. Tout de suite, ça en jette un peu moins dans la cour de récré.
2 — La qualité pourrave du sac Longchamp Pliage aurait dû te faire lever un sourcil
À la limite, je peux comprendre qu’on achète un truc moche, si la qualité est au rendez-vous (regarde The North Face). Pourtant, le Pliage, ça n’était pas vraiment son point fort non plus.
Sa toile avait beau être épaisse, à force d’utilisation elle se trouait toujours, je dis bien TOUJOURS, dans les coins. Je ne connais aucun Longchamp de cette collection dont les quatre côtés ne s’étaient pas déchirés plus ou moins sauvagement. Du coup, ton matériel scolaire avait une forte tendance à vouloir faire sa vie, loin de toute présence humaine, et surtout sans te demander la permission.
Déserteurs à tribord mon capitaine.
Je ne cracherai pas sur la partie en cuir, qui elle tenait vraiment la route et encaissait le poids des cahiers et des années. M’enfin, tout ça ne valait tout de même pas un bon vieil Eastpak de derrière les fagots, admettons-le.
3 — Le sac Longchamp Pliage est moins pratique qu’un aspirateur à poils de chat
En plus d’être laid et de mauvaise qualité, le Pliage n’a rien de pratique ! Fais le test : lance un objet (important de préférence, genre la photo de ton ex) dedans l’air de rien et en dodelinant de la tête pour avoir l’air cool. Bien. Maintenant je te laisse dix secondes pour retrouver l’objet.
Je pense que tu peux d’ores et déjà prévoir les bottes fourrées.
Entre-temps, ton sac a dû se transformer en Grand Canyon. Pas facile de retrouver un objet dans LE FOUTU GRAND CANYON HEIN ? Voilà, tu as pu assister à une démonstration de la commodité du sac Longchamp. Derien.
Le pouvoir de ce type de sac est dû au fait qu’il ne dispose d’aucun compartiment intérieur. Pour te consoler, tu as seulement une petite poche (non-fermable) qui ne sert à rien à part y fourrer tes tampons et ta carte de cantine. Mais peu importe, le style n’a pas le temps d’attendre l’utilité.
Pour porter ton sac Longchamp, tu avais deux possibilités : choisir les grandes anses (mais sur un petit sac c’était moche), ou choisir les petites anses (mais sur un grand sac ça donnait l’impression que tu étais radine). Les anses les plus longues te permettaient de porter ton sac à l’épaule. Ceci te conduisait, après quelques mois d’utilisation, à une légère douleur, des courbatures, une déviation de la colonne puis une mort certaine.
Les petites, quant à elles, t’obligeaient à porter ton sac à la main (mais comme il était d’une immense valeur, tu pouvais te le faire piquer) ou… au creux du bras.
Je proteste.
Très activement.
Fin de l’aparté.
Bref, avec de petites anses, ta masse corporelle était entraînée vers le sol à cause du poids sur ton avant-bras, ce qui entraînait la chute et la mort. Dans tous les cas, l’issue de l’utilisation du Longchamp Pliage était funeste.
Le Pliage a perdu la cote dans les lycées de France et de Navarre. Pourtant, sa dégaine informe et ses coins troués on marqué une génération. C’est marrant, l’histoire se répète inlassablement… Tu as peut-être eu droit au sac Vanessa Bruno ? Moi j’avais déjà passé le cap et je l’ai tout de suite trouvé tout aussi intéressant que le duo Patrick Bruel / La Fouine — c’est à dire pas du tout.
Pour le portefeuille évolué (au niveau 45 et PP au max), je te conseille le Luggage de chez Céline, à la pointe de la mode et de l’originalité.
Et surtout en occasion sur Internet.
Les Commentaires
Par contre j'ai bien eu un Eastpack, mais là c'était vraiment pour le côté pratique (d'ailleurs le mien était noir donc bon le côté esthétique était pas frappant).
Mode quand tu nous tiens !