Pendant que le gouvernement français fait mesurer la longueur des jupes des jeunes filles pour savoir si elle est assez courte pour les laisser étudier, la fashion week bat son plein à New York. Lors du défilé Coach printemps-été 2024 présenté le 7 septembre 2023 dans la capitale (et qui marquait les 10 ans de Stuart Vevers à la tête de la direction artistique du malletier états-unien), des manifestantes de PETA ont fait irruption sur le podium.
« Le cuir tue » clame la PETA qui s’est infiltrée sur un défilé Coach
Dans un communiqué de presse, l’association de défense des animaux PETA revendique ainsi son geste :
« Une partisane de PETA – nue, à l’exception de la peinture corporelle dessinant de la chair, des tendons et des muscles réalistes, ainsi qu’un message sur sa poitrine clamant ‘Coach : le cuir tue’ – a pris d’assaut le défilé de mode Coach à New York » une « chair », des « tendons » et des « muscles » réalistes et un message sur sa poitrine indiquant « Coach : Leather Kills » – a pris d’assaut le défilé de mode Coach à New York.
[…] ‘Les consommateurs consciencieux d’aujourd’hui savent que l’avenir de la mode réside dans les matériaux végétaliens innovants, et non dans la peau de vache tranchée’, déclare Tracy Reiman, vice-présidente exécutive de PETA. ‘PETA bouleverse le podium de Coach pour faire passer le message selon lequel le cuir appartient aux annales de l’histoire, et non aux collections actuelles des créateurs.’
Dans les abattoirs, les vaches tuées pour leur cuir peuvent être écorchées et démembrées alors qu’elles sont encore conscientes, après avoir subi la castration, la coupe de la queue et l’écornage, sans aucun analgésique, dans les fermes. Une enquête de PETA sur le plus grand transformateur de cuir au monde – qui a fourni Coach – a montré que les ouvriers marquaient les veaux au visage, battaient les vaches et les taureaux et les électrocutaient avec des aiguillons électriques.
PETA – dont la devise dit, en partie, que ‘les animaux ne nous appartiennent pas’ – s’oppose au spécisme, une vision du monde suprématiste humaine. »
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La deuxième militante de la PETA amuse la sphère mode
Derrière la militante en body-painting, se tenait une de ses consœurs, dans un haut drapé rose poudré et une assortie, tenant une pancarte clamant la même chose : « Coach : le cuir tue ». Et alors que le but du message était de sensibiliser le public mode aux dérives de l’industrie du cuir, beaucoup de modeux·e·s s’amusent du fait que la deuxième militante marchait comme une excellente mannequin. Peut-être faisait-elle partie du véritable casting du défilé, ce qui aurait pu lui permettre d’aider sa consœur à s’y infiltrer, nul ne sait encore. Toujours est-il qu’elle défilait si bien que le show a continué comme si de rien n’était, et qu’une partie du Twitter mode s’enflamme pour sa démarche :
Les alternatives au cuir, souvent moins éco-responsables qu’il n’y paraît
D’autres personnes préfèrent questionner la pertinence de cette critique à l’encontre du cuir conventionnel, étant dans l’écrasante majorité des cas un co-produit (donc une sorte de déchet) de l’industrie de la viande. À l’heure actuelle, la plupart des alternatives présentées comme végétales à la peau animale (comme les similicuirs à base de pomme, de raisin, ou encore d’ananas) se composent en réalité d’une majorité de plastique, comme on le décryptait dans l’épisode « Cuirs » du podcast Matières Premières. Mais d’autres innovations commencent à tirer leur épingle du jeu, comme le Desserto à base de cactus et de biopolymères végétaux, ou encore le Mylo qui est 100 % champignon. Sauf que ces innovations ont souvent un sacré prix, d’où le fait qu’on les retrouve plutôt dans les secteurs luxe et premium, tandis que c’est plutôt du similicuir de mauvaise qualité (souvent 100 % plastique) qui règnent du côté des marques plus grand public.
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Puisqu’il n’existe pas de solution miracle qui conviendrait à toutes les bourses, le mieux reste de faire durer le plus longtemps possible les articles en peau animale qu’on a déjà, et de bien se renseigner sur ce qui compose véritablement les articles en similicuir qu’on envisage d’acheter (car « cuir vegan » ne veut rien dire, par exemple, et que ce qui compose le similicuir à base de raisin, de pomme, ou d’ananas, c’est souvent plus de 50 % de plastique, tellement mélangé à la biomasse que cela rend l’ensemble quasi impossible à recycler, comme on l’explique dans l’épisode de Matières Premières sur les cuirs, encore une fois). Bref, le cuir tue, mais le plastique aussi, alors autant limiter le plus que possible les deux.
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