La ministre de la Santé Agnès Buzyn l’a annoncé ce mardi 9 juillet : les médicaments homéopathiques cesseront d’être remboursés par la Sécurité Sociale française à partir de 2021.
Cette annonce n’est pas vraiment une surprise puisque la Haute Autorité de Santé (HAS) s’était prononcé en faveur du déremboursement de l’homéopathie fin Juin.
La fin du remboursement interviendra en deux temps. La part du coût des médicaments homéopathiques prise en charge par la sécu ne sera plus que de 15% en 2020 (contre 30% aujourd’hui). Puis tombera à zéro, à partir du 1er janvier 2021.
1 – Pourquoi le gouvernement veut-il arrêter de rembourser les médicaments homéopathiques ?
Pour comprendre le contexte dans lequel intervient cette décision, il faut savoir que l’homéopathie faisait jusqu’ici figure d’exception en France par rapport aux autres traitements.
En effet, comme l’explique la ministre dans une interview au Parisien :
« La règle est que tout ce qui est financé par la solidarité nationale [NDLR : par la Sécu donc] est d’abord évalué par la HAS, qui renouvelle son avis sur le service médical rendu tous les cinq à dix ans pour la grande majorité des traitements. Seuls les médicaments homéopathiques y ont échappé. »
L’homéopathie est en effet partiellement remboursée depuis 1984 en France, mais la HAS ne s’était jusqu’ici pas prononcée sur son efficacité. C’est pourquoi la ministre (elle-même ancienne présidente de la HAS) a décidé de saisir l’organisme indépendant.
Pendant neuf mois, la HAS a examiné environ un millier d’études scientifiques évaluant l’efficacité de plus de 1.200 souches homéopathiques sur le traitement de divers symptômes (anxiété, verrues, infections respiratoires chez l’enfant, etc).
:
« Ces médicaments n’ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d’un remboursement ».
Cela ne signifie pas pour autant que les patients convaincus des effets bénéfiques de l’homéopathie sur leur santé se trompent, mais cela veut dire, comme l’explique la ministre, que « ces granules ont une efficacité équivalente à un placebo ».
2 – Comment ont réagi les défenseurs de l’homéopathie ?
La décision du gouvernement fait face à une franche opposition chez une partie de la population. Une pétition « Mon homéo, mon choix » lancée par le Syndicat National des Médecins Homéopathes Français a déjà réuni plus d’1,2 million de signatures.
Dans un communiqué, le syndicat ne mâche pas ses mots pour critiquer cette décision :
« La ministre des Solidarités et de la Santé porte un coup extrêmement dur à la liberté de choix des patients, en même temps qu’elle choisit de mépriser la pratique quotidienne de milliers de médecins engagés au service de leurs patients, qui ne sont nullement des malades imaginaires ».
Les laboratoires homéopathiques sont aussi montés au créneau pour défendre l’homéopathie et son remboursement. La directrice générale de Boiron a également prévenu que 1.000 emplois étaient menacés dans l’entreprise à cause de cette décision.
3 – Quelles conséquences pourrait avoir le déremboursement de l’homéopathie ?
Selon les chiffres avancés par la ministre, chaque année, 7 millions de Français consomment des médicaments homéopathiques partiellement remboursés. Mais la somme moyenne remboursée à chaque patient n’est que de 18 euros par an, soit moins de 1,5 euro par mois.
Malgré ces montants modestes, le syndicat des médecins homéopathes et les laboratoires craignent que le déremboursement ne dissuade les Français·es d’y avoir recours.
Les patient·es vont en effet désormais être seul·es à payer le coût des granules homéopathiques. Mais, en plus, la TVA va augmenter comme pour tous les médicaments non-remboursés (passage de 2,1% à 10%). Les laboratoires et les pharmacies seront aussi complètement libres de fixer leurs prix.
L’autre question que pose le déremboursement de l’homéopathie, c’est celui de l’enseignement de cette discipline à l’université. La Faculté de Lille a déjà fait le choix de suspendre son diplôme d’homéopathie en 2018.
Interrogée par Le Parisien, la ministre a répondu que c’était à chaque doyen d’université de trancher. Avant de rappeler que « ni l’homéopathie, ni son enseignement n’ont vocation à être interdits ».
Enfin, Agnès Buzyn a assuré qu’il n’était pas question de « culpabiliser les Français qui croient en l’homéopathie », mais « d’aller vers un usage plus raisonné, grâce à de la pédagogie. »
Elle précise également qu’elle souhaite une autre approche de la médecine, dans laquelle il n’y ait pas de recours systématique au médicament.
Du coup, j’en profite quand même pour lui rappeler qu’il faudra pour cela donner des moyens aux soignant·es afin qu’ils et elles puissent passer plus de temps avec leurs patient·es…
Et toi, que penses-tu de cette mesure ? Viens en débattre dans les commentaires.
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