C’est bête mais j’ai toujours cru que j’allais réussir toute ma scolarité. Enfin pas avec brio, ni avec des moyennes incroyables, non pas du tout. Mais juste réussir à faire ce qui me plaît.
Sauf que voilà, le problème est que depuis ma plus tendre enfance, je suis victime de ce que je définirais comme une malédiction : je suis complètement amoureuse du théâtre, à tel point que dès la première fois que je suis sortie de scène quand j’avais trois ou quatre ans, j’ai dit à ma maman que c’était le métier que je voulais faire. Et ça ne m’a jamais lâchée.
Faire une formation « au cas où »
Pour revenir à ma scolarité, je n’ai jamais redoublé, j’ai été acceptée au lycée dans la filière spéciale (cinéma-audiovisuel) qui me plaisait… Tout allait bien. Et puis en terminale le moment fatidique est arrivé : celui d’Admission Post Bac. On nous a briefés là-dessus, et j’étais au taquet pour remplir et rentrer dans ces fameuses cases.
Bien sûr, j’avais toujours mon envie d’être comédienne en tête. Il a fallu parler de mon orientation post-bac avec ma maman, soit le moment que je redoutais le plus. Comme j’ai des parents géniaux (vraiment), ils m’ont dit que je pourrais faire des études théâtrales si je faisais des « vraies » études avant, histoire d’avoir un diplôme qui me sécurise un peu un avenir professionnel « au cas où ».
Ni une ni deux j’ai filé au CIO, où on m’a conseillé de m’orienter vers la communication. J’avais effectué mon stage de troisième dans ce domaine et cela m’avait plu, alors pourquoi pas après tout ?
J’ai fait quelques recherches sur Internet, et j’ai trouvé un IUT d’information-communication qui me plaisait, le meilleur de France à ce que l’on dit — je sortais apparemment de la meilleure classe de cinéma audiovisuel de France, alors autant continuer sur cette lancée, non ?
J’ai postulé avec APB et hop j’ai été prise pour passer les oraux. J’y suis allée très confiante et cela s’est très bien passé. Au fond de moi, je savais que j’allais être prise et encore une fois réussir quelque chose dans ma scolarité. Bingo : j’ai eu les résultats en juin 2015, j’étais acceptée dans cette formation très sélective (mille candidats pour 25 places).
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Un détour aliénant
La rentrée est arrivée, et moi qui ne sortais pas et ne buvais pas, je me suis retrouvée dans un groupe de potes qui m’a « appris » tout ça. Je n’ai d’abord vu que les bons côtés de la formation… jusqu’au premier vendredi. Je m’en souviens comme si c’était hier : j’ai allumé mon ordinateur et je me suis dit « mais qu’est-ce que je fous là ? ».
Cela n’avait rien de ce que j’avais apprécié dans mon stage de troisième : il n’y avait pas du tout de pratique, que de la théorie. Si jusque-là j’avais pensé que cela me plairait, c’était clairement faux.
Le temps a passé et j’ai oublié cela, autrement dit je me suis métamorphosée. J’ai oublié mon désir d’être comédienne : je continuais à aller au théâtre (la Comédie-Française mon amour) tout en me disant que de toute façon je serai chargée de com et basta.
Avec ma bft (best friend Twitter pour les trois au fond qui ne suivent pas), on s’est connues grâce au théâtre et on avait qu’une seule envie toutes les deux : réussir dans ce métier. Mais voilà, pendant que je me perdais moi-même, je l’ai perdue elle. On s’est très souvent disputées, tout ça parce qu’au final, ni elle ni moi n’étions heureuses dans nos études. On s’est éloignées pendant une année.
Elle, elle savait que j’étais en train de me perdre et d’oublier qui j’étais.
https://www.youtube.com/watch?v=MUiyzdlI97E
La moitié de l’année a passé et puis un jour de janvier, je suis retournée à la Comédie-Française voir Lucrèce Borgia (que j’avais déjà vu 87378920 fois avant). Là j’ai compris, comme un flash, que je n’étais vraiment pas heureuse dans mes études et que c’était sur cette scène-là que je voulais être ; je voulais que ce bâtiment soit mon bureau, et non pas travailler dans un immeuble, le nez collé à un ordinateur.
Cela doit vous sembler évident que je ne me plaisais pas dans mes études parce que je vous l’ai dit, mais pour moi ça ne l’était absolument PAS DU TOUT.
Quand les études sont une vraie torture
J’en ai parlé à des ami•es en deuxième année qui m’ont incitée à continuer et ne pas arrêter, et j’ai terminé l’année en me disant « allez, ça va le faire, plus qu’un an ! ».
L’année scolaire s’est terminée et je leur ai dit revoir. Puis j’ai attendu que l’été et ses quatre mois de vacances passent. Quatre mois c’est long, voire trop long. À tel point que j’ai eu le temps de me dire quinze fois « mort de rire ça me plaît pas cette formation, j’y retourne pas à la rentrée ».
J’en ai parlé avec mes parents qui m’ont à nouveau répondu : « pas de DUT, pas d’école de théâtre ». Pas le choix, j’avais le couteau sous la gorge et j’étais bien obligée d’y retourner.
Mes parents à ce moment-là.
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La rentrée est arrivée et j’ai retrouvé mon groupe de copains et copines qui semblaient à ce moment-là découvrir que la formation ne me plaisait pas et que la seule chose dont j’avais envie c’était de jouer, de faire du théâtre quoi. Et qui dit rentrée dit nouveaux professeurs, et qui dit nouveaux professeurs dit nouvelles présentations. Pas de chance, j’étais à la fin de l’alphabet.
La moitié de ma classe a expliqué vouloir travailler dans le domaine de la communication culturelle, d’autres dans le sport, mais absolument TOUS dans la communication. Quand est venu mon tour, ça a quelque peu dénoté, mais en fin de compte tous les profs m’ont encouragée, parfois plus que mes camarades.
Un professeur m’a d’ailleurs dit un jour tout gentiment : « Mais qu’est-ce que tu fais là alors ? ». Quand je lui ai expliqué, il m’a répondu : « Ça existe encore de forcer des âmes artistiques à faire de « vraies » études ? »
Aujourd’hui, je suis à bout moralement et physiquement. Deux ans à faire des études qu’on n’aime pas au lieu de sa vocation, c’est long, d’autant plus lorsqu’on n’est pas heureux. J’en suis rendue à un tel dégoût que je me demande vraiment comment je vais faire pour continuer les cinq mois qui me restent de cours et comment je vais y survivre.
Heureusement, je suis entourée de gens géniaux à l’extérieur de mes études qui m’aident à tenir le coup (big up à vous).
De l’importance de bien choisir son orientation
Si je vous raconte tout cela aujourd’hui, c’est pour vous montrer qu’il faut se poser les bonnes questions sur son orientation. Je ne me suis pas bien renseignée sur l’IUT et je n’ai pas mesuré la difficulté de passer deux ans dans une formation qui ne me plaisait pas vraiment. J’ai écouté les conseils que l’on m’a donné au CIO sans plus chercher d’informations, alors que cela aurait pu me permettre de trouver un meilleur compromis.
N’hésitez jamais à vous remettre en question, à vous projeter dans des études pour savoir si ça vaut le coup d’y investir des années. Allez aux portes ouvertes, renseignez-vous bien. Pourquoi ne pas assister à certains cours pour voir si cela vous convient ?
Et si vous voulez faire un métier un peu « risqué » avec une énorme insécurité de l’emploi mais que vous voulez quand même un filet de sauvetage, trouvez un bon compromis : j’ai découvert il y a quelques mois que certaines facs proposent d’aménager votre emploi du temps pour l’adapter à vos études artistiques afin de faire deux cursus en même temps.
On ne m’en avait pas parlé au CIO et je n’avais pas cherché de moi-même. Pourtant cela aurait pu changer bien des choses pour moi !
Sur ce, je vous laisse, en vous souhaitant une bonne orientation !
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Les Commentaires
Super merci ! C'est pour ça que je ne trouvais pas !
Je vais me renseigner de mon côté mais merci pour le pdf et le lien, c'est cool !