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Moi, moi et moi

Ma vulve et moi, une relation pas toujours simple

Une vulve, c’est une partie du corps comme une autre, a priori. Mais bien s’entendre avec sa vulve, c’est pas toujours évident… la preuve.

— La culotte à chaton coûte 15€ sur Etsy ! / Article publié le 26 mai 2015

Je suis née avec une vulve. Derrière, il y a un vagin. Au fond, un utérus. Aux dernières nouvelles, tout ça fonctionne bien, même si j’ai pas encore testé toutes les options. Tout est en bonne santé. Tout me procure ce qui est prévu, c’est-à-dire du plaisir quand j’ai envie et des crampes tous les mois parce que j’ai arrêté les hormones contraceptives, des pertes blanches pas toujours très cool mais aussi des moments de batifolage sympathique.

À lire aussi : Le Guide du Vagin par Sophie-Pierre Pernaut

Je suis aussi née avec des coudes, des orteils bien alignés, des petites mains, deux yeux, des boutons dans le dos et des seins que j’aurais aimé plus ronds. Avec des trucs, quoi, des trucs qui marchent bien, globalement, car j’ai de la chance. J’en aime certains plus que d’autres, je prends soin de certains plus que d’autres, j’en vois certains plus que d’autres. Je suis globalement d’un avis neutre, simplement reconnaissante que tout ça fonctionne pas mal et ne me bousille pas l’existence.

Et pourtant… j’ai mis vingt ans à arrêter de détester ma vulve.

Ma vulve, colocataire à peine tolérée de mon corps

Enfin, j’exagère un peu. Pendant longtemps, je n’avais pas d’opinion particulière. Je me masturbais, je me lavais, et mes interactions avec ma vulve s’arrêtaient là. C’est qu’on la voit peu. Il faudrait se contorsionner, placer un miroir au bon endroit, et puis il y a les poils qui obstruent un peu la vue. Et finalement, il n’y a pas grand-chose à voir.

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Mais la première fois que j’ai vu une vulve « toute nue », épilée et tout, j’ai eu un mouvement de rejet. Un dégoût que je n’avais jamais ressenti (et que je n’ai jamais ressenti depuis) envers une bête partie de corps humain, et même pas un truc un peu dégueu censé rester bien à l’intérieur, quoi. Ça fait partie des mille et une raisons pour lesquelles 99% du porno ne m’excite pas (raison n°1 : C’EST TRÈS MAL JOUÉ) : regarder une vulve m’a longtemps mise extrêmement mal à l’aise. Et le porno avec deux chibres ne marche pas trop sur moi.

Bon, en soi, que le porno ne m’excite pas, je m’en fous. On vit très bien sans, merci pour moi. Par contre, j’ai une vulve. Et ça me dégoûte. C’est pourtant pas grand-chose : deux grandes lèvres plutôt couleur chair, deux petites lèvres plutôt roses, un clitoris souvent un peu planqué, un urètre, et un orifice. Boum. On a vu plus complexe, plus intrigant, plus repoussant, même. Et le truc, c’est que je m’en fous de la toucher, ma vulve. Aucun souci avec ça. Je ne veux juste pas la voir. Ni la mienne, ni aucune.

Ma vulve est normale (mais je ne l’aime pas quand même)

Je ne me disais pas que ma vulve n’était pas normale. J’ai lu assez tôt des blogs expliquant grosso modo de quoi une vulve est faite, et les myriades de combinaisons possibles qui font que chacune est unique. Je n’ai jamais considéré que j’aurais préféré avoir une vulve plutôt ceci ou plutôt cela : elle est comme elle est, et c’est très bien comme ça.

À lire aussi : SCOOP : Ta vulve est normale

Enfin, sauf que c’est une vulve. Et que c’est dégueulasse, une vulve.

Compliqué, hein ?

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Tammy 2 dans Parks & Recreation assume TRÈS bien sa vulve.

Donc j’étais là, avec ce truc dont je ne parlais à personne. Ni à ma mère, ni à mes soeurs, ni à ma gynéco pourtant très chouette, ni à mes amies avec qui je ne suis pas vraiment pudique d’habitude.

Ça me semblait stupide, et honteux. « Je déteste ma chatte ». Pourtant je me balade à poil sans souci, pourtant je baise, pourtant je me masturbe, pourtant je m’épile… mais je déteste ma chatte.

J’ai géré ça de mon côté, sans trop m’en rendre compte, de façon progressive.

Ma vulve, toute nue

Déjà, il y a quelques années, j’ai tenté l’épilation intégrale. Maison, parce que j’étais étudiante et que j’allais pas payer 50 boules pour me faire arracher les poils. On prend le temps sous la douche, on s’étire, on se tortille un peu, on fait gaffe, et c’est tout à fait jouable — c’était une surprise pour mon mec de l’époque, que je n’avais pas vu depuis un moment.

Bon, mais j’avais jamais fait ça avant. Et je ne suis pas la personne la plus adroite de la Terre. J’avais peur d’avoir raté des endroits, et de me retrouver face à un fou rire devant un patch de poils me faisant le logo Batman sur la chatte (ON NE SAIT JAMAIS). Il fallait que je vérifie le boulot. J’ai dégainé le miroir à main et c’était parti.

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Je n’avais jamais vraiment pris le temps de regarder ma vulve. Je savais à peu près à quoi elle ressemblait (aux autres vulves, quoi, dans les grandes lignes), mais pas plus que ça. Là, je l’ai explorée, dans ses plis et replis, avec une grosse lampe-torche bien posée entre mes genoux relevés et un miroir de poche. Au début, j’étais mal à l’aise. J’avais envie d’avoir vite fini, et mon humeur yay-je-taktak-bientôt était retombée comme un soufflé. Après, je me suis trouvée ridicule, mais de façon sympathique. Les fesses par terre dans ma salle de bains, en train d’écouter Linkin Park en regardant ma chatte. C’était cocasse.

Puis j’ai été curieuse. Je me suis rendue compte que si je découpais mentalement en « zones » ce que je voyais, ça me dégoûtait moins. Je faisais des gros plans qui ne ressemblaient plus vraiment à rien, qui auraient pu être des collines ou un bout de l’intérieur de ma joue. Je me baladais, avec circonspection, sur mon propre corps.

Bon, la bonne nouvelle c’est que j’avais pas raté le moindre poil (la mauvaise est arrivée 6h plus tard quand la repousse a commencé à picoter). Et que j’étais un peu moins mal à l’aise vis-à-vis de mon propre sexe.

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Coucou tu veux voir mon col (de l’utérus) ?

On avance de quelques années. Ma vulve et moi entretenons toujours des relations cordiales, mais assez peu visuelles. Elle est là, je suis là, on s’entend pas mal mais on se voit rarement, c’est la vie que voulez-vous. Enfin, présentement, elle papote plutôt avec ma gynéco, puisque j’ai les pieds dans les étriers et un spéculum dans le foufouillon pour l’examen annuel. Rien de bien agréable, rien de bien mortel, je ne suis pas à l’aise avec tous ces courants d’air mais je fais la conversation et j’attends que ça passe.

Et là, la question à mille points :

« Vous voulez voir votre col de l’utérus ? »

Mon que ? Mon quoi ? Mon oui ? Mon comment ? Mon non, attendez, quoi ? Mon col de l’utérus, donc. Euuuh. Hum. À quoi ça ressemble ? Je ne le sais même pas. Ce truc pourrait me coller un cancer dont tous les médias me parlent religieusement et je ne sais même pas quelle gueule il a, non mais. Quelle impolitesse.

Du coup j’ai dit oui.

Ylvis (The Fox) t’explique comment marche ton vagin, à 0’25.

La gynéco a dirigé sa petite lampe directement dessus, a pris un miroir et l’a orienté jusqu’à ce que j’aie un bon visuel. Wow. Oh. Bon. Pas trop dégueu, pas super ragoûtant non plus. D’une belle couleur rose bien vivace. C’est juste un orifice, quoi. Je ne sais pas trop à quoi je m’attendais, c’est ni pire ni mieux. C’est ce que c’est. Mon col de l’utérus (« très beau », dixit la gynéco : merci de rester dans votre jalousie).

Ça a fini de débloquer pas mal de trucs. J’avais vu dedans mon corps, dedans mon sexe. Et ça ressemblait à rien d’affreux. C’était juste rose et un peu luisant et globalement bien mieux dedans que dehors. Alors ma vulve, en comparaison, c’est peanuts. Un peu de peau, un peu de muqueuses, et bim. En plus, y en a qui l’aiment, ma vulve, qui viennent la dévoiler, qui s’amusent avec. Ça peut pas être si horrible que ça.

Ma vulve, cette bonne pote

Dans les mois qui ont suivi, j’ai fait tout un autre cheminement vers l’acceptation de mon corps, et ça s’est pas mal passé. Je suis assez contente même s’il y aura toujours des morceaux que j’aime plus que d’autres. Je pense pas que ma vulve accède un jour au top 3 (c’est pas de sa faute : j’ai de superbes genoux), mais elle fait partie du reste maintenant. De mon corps. Ni mieux ni moins bien. On passe du bon temps, elle et moi, et même si le porno n’est toujours pas ma came, j’arrive à voir des vulves sans plus être dégoûtée.

C’est quand même mieux, surtout quand on en a une.

À lire aussi : Des hommes dessinent des vulves… et c’est globalement raté

Et toi ? T’as une vulve ? Tu l’aimes bien ? Entente cordiale ou amour fou ?

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Les Commentaires

31
Avatar de Vlad.
17 avril 2017 à 21h04
Vlad.
Tiens, j'y avais jamais pensé.
C'est vrai qu'a y réfléchir, je l'aime pas particulièrement, ma vulve, au visuel (je précise parce que au toucher elle est tip top :yawn
Peut être que c'est parce que je l'ai pas assez étudiée ?
M'enfin jusque là, elle est un peu un organe "moche", genre comme le pancréas, c'est pas hyper beau un pancréas. Sauf que elle bah on la voit.
Contenu spoiler caché.
3
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