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Moi, moi et moi

Comment j’apprends à me défaire de mon rôle de première de classe

Elise a toujours été une très bonne élève pendant ses études. C’est une part d’elle-même qui est devenue un rôle malgré elle, et qui l’a parfois beaucoup fait souffrir.

En regardant Le Grand Bain, film de Gilles Lellouche (à voir absolument), plusieurs pensées m’ont traversé le cerveau. La première, c’était que cette pépite entrait directement dans le top 5 de mes films préférés.

La deuxième, qu’il me permettait indéniablement de faire le point sur moi-même.

Le Grand Bain, un film qui a fait ressurgir des souvenirs

Parmi les thèmes abordés dans le film, il y en a un qui m’a touché sans crier gare, sans que je le voie venir. Celui du lâcher-prise qui mène au bonheur, du deuil sur sa version du passé.

Deux personnages l’incarne. Et c’est en te les présentant que tu comprendras où je veux en venir. Le personnage de Simon rêve depuis toujours de devenir une star du rock. Il a fait de nombreux CD, sans qu’aucun n’ait jamais rencontré le succès escompté.

Et pourtant, il continue, malgré les années qui passent.

Sa fille finit par lui dire qu’il faut qu’il avance, qu’il passe à autre chose. Il lui répond alors qu’au Conservatoire, les profs ne juraient que par lui, parce qu’il avait « quelque chose de spécial ». Et il n’a jamais cessé de croire à ça, ni cherché à aller de l’avant.

Delphine, ancienne championne des bassins, reste elle aussi bloquée dans le passé, dans un personnage, avec des mécanismes et des caractéristiques bien définies.

Et si justement, j’étais moi aussi encore rattachée à la moi du passé ? À une version précédente qui ne se serait pas encore mise à jour ?

Rien que d’y penser, j’ai envie de pleurer. Pourquoi est-ce si douloureux d’accepter qu’on a changé ?

Le rôle de première de classe, de la primaire à la fac

Mon rôle, ma version antécédente, c’est celle d’être première de classe. J’étais bonne, voire très bonne, partout. Et j’étais obsédée par mes notes jusqu’au lycée.

J’ai eu mon brevet avant même de le passer, mon bac avec mention très bien, je suis rentrée en prépa sur dossier. J’ai eu de très bons résultats à la fac.

Mon aciduité et mes résultats m’ont valu de la jalousie et du harcèlement scolaire et j’aurais pu tout lâcher pour qu’on arrête de m’emmerder, mais j’ai tenu bon. Je m’engueulais avec mon premier copain qui ne captait pas comment je pouvais passer tout le samedi à bosser à l’âge de 14 ans, mais idem, rien ne m’empêchait de travailler, pas même les chagrins d’amour.

Je vais pas te mentir, savoir que j’ai cartonné quand j’étais à l’école me rend encore aujourd’hui très fière.

J’ai donc grandi avec cette étiquette-la.

« Elise, c’est la première en quasiment tout, alors tant que ça roule sur les notes, c’est que tout va bien. »

Lorsque j’ai décidé d’arrêter ma prépa lettres, puis ma licence d’espagnol pour étudier la mode, une partie de mon entourage était surpris.

Moi, Elise, j’arrêtais les études littéraires ? Pour faire… de la mode ? Quoi ? Pourtant, j’étais bien plus intellectuelle que manuelle, et j’avais à leurs yeux un sens du style définitivement plus littéraire que vestimentaire.

Ouais je sais, moi aussi ça m’a choquée qu’on me dise ça.

D’autres ont tout de suite capté que cette décision me convenait à la perfection. Comme quoi il y a ceux qui t’ont cerné depuis toujours, et ceux qui ne voient encore qu’une partie de toi.

Je n’ai jamais regretté ce choix qui a changé ma vie.

Subir un rôle qu’on s’inflige toute seule

Malgré ce virage dans mes études, je suis restée dans mon rôle d’étudiante studieuse, avec un fort syndrome de la bonne élève, qui ne m’a pas encore quittée.

Après réflexion, je ne pense pas que ce soit un rôle, car je travaille dur et j’aime apprendre, c’est un fait, je ne me force pas à être comme ça.

Mais c’est comme si mon statut, (mon masque, mon étiquette, appelle-ça comme tu veux) de bonne élève me poursuivait. Comme si il était devenu la norme de mes exigences envers moi-même.

Presque 10 années sont passées depuis mon bac. Et pourtant, encore aujourd’hui, ma fierté est piquée quand j’entends quelqu’un parler une langue mieux que moi. Quand quelqu’un se souvient d’une figure de style et pas moi.

Je m’en veux, je me dis que je suis devenue bête, que j’ai oublié tout ce que j’ai appris. Que je ne me cultive plus.

« Putain j’ai oublié comment on disait « une robe » en espagnol. C’était quoi déjà le titre de ce livre de Zola ? Je ne me souviens plus de rien sur l’histoire de l’Union Européenne, je suis vraiment trop conne. »

Accepter d’évoluer et avancer dans sa vie

C’est rude, hein, de penser ça ? Et pourtant c’est mon cas. Et c’est peut-être le tien, qui sait ? Mais si j’ai l’air encore très dure avec moi, ça a pourtant beaucoup évolué depuis quelques années et je sens que ça continue dans le bon sens.

Déjà, j’accepte d’avoir oublié des trucs. Et puis, franchement, c’est super de se rappeler que le traité de Rome a été signé en 57 mais en vrai, c’est pas essentiel dans la vie.

Pourquoi est-ce que j’ai autant de mal à sortir de ce rôle de première de la classe ? Et bien tout simplement parce que ça a été mon identité pendant presque 20 ans de ma vie.

Et que ça fout les boules de se redéfinir ! Y a aussi une histoire de jugement de valeurs et d’ego derrière le fait de laisser derrière soi la personne qu’on a été, surtout si cette facette nous plaisait et nous valorisait.

Il faut aussi réussir à distinguer l’idée d’évolution de celle de l’échec.

En quoi serait-ce un échec de ne plus être première en tout ? Il y a toujours meilleur·e que soi, alors pourquoi ne pas prendre plutôt la liberté de ne pas être première à tout prix ? Il y a tellement moins de pression à ne pas être parfaite !

Est-ce qu’échouer ça ne serait pas plutôt s’accrocher absolument à une identité qui nous fait souffrir parce qu’elle ne nous correspond plus ? Garder une identité qu’on nous a attribué parfois malgré nous mais qui est devenue un refuge avec le temps ?

À lire aussi : Comment (et pourquoi) j’ai arrêté de me complaire dans la nostalgie

Redéfinir ses rêves et ses valeurs

Je trouve que faire le constat d’être trop accroché·e au passé permet d’une part une prise de conscience peu agréable, mais finalement fantastique et nécessaire.

Et de l’autre, la chance de se recentrer sur l’essentiel. Ce qui m’importait avant n’est plus une priorité maintenant. Alors autant le mettre au clair. Et si maintenant, le plus important pour moi c’était de me découvrir ?

Je vois ma nouvelle version comme celle d’Elise Francisse. Avec elle, j’ai envie de tester plein de trucs différents, de m’amuser. D’encourager les gens, de partager ma bonne humeur.

J’ai envie de partager mes doutes avec toi, parce que peut-être que toi aussi tu t’accroches peut-être à un rôle qui ne te correspond plus.

Tu as le droit de t’en défaire, même si au début ça va te sembler dur, et semer le trouble et la confusion auprès de celles et ceux qui ne t’ont jamais connu autrement, tu vas sûrement en décoller une satisfaction IMMENSE et une grande liberté.

Viens on fait ce bout de changement ensemble.

Est-ce que toi aussi tu as tendance à te raccrocher au passé ? Quel rôle définirais-tu comme le tien ? Je t’embrasse et je t’envoie de la force et du courage !

À lire aussi : Comment avoir confiance en soi quand on est une femme ?


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

7
Avatar de Serafina Pekkala
11 décembre 2018 à 14h12
Serafina Pekkala
@Elise S. Merci pour cet article <3
Il met des mots sur plein de choses non formulées qui traînent chez moi depuis des années. ça fait du bien d'y penser !
1
Voir les 7 commentaires

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