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Interstellar, une quête épique au cœur du cosmos

Interstellar, le dernier film de Christopher Nolan, est un voyage sensationnel au coeur de la trame même de l’univers. Levez le nez, on part dans les étoiles…

Publié le 12 novembre 2014

ATTENTION SPOILERS ! Si vous n’avez pas vu Interstellar, gardez la surprise et revenez lire cet article ensuite. Bisous.

C’est parti pour une critique qui, je le rappelle une dernière fois, sera BLINDÉE DE SPOILERS, donc si vous n’avez pas vu le film, vraiment, passez votre chemin (mais revenez après, hein) !

Interstellar : tu es poussière et tu redeviendras poussière (d’étoiles)

Interstellar s’ouvre sur la Terre d’un futur proche, qui se dégrade lentement. La surconsommation a débarrassé notre planète d’un bon nombre d’humains.

Les peuples du monde entier ont appris à la dure une leçon violente, qui a plusieurs conséquences : il y a moins de gens, on se débarrasse de l’armée, on se concentre sur l’agriculture pour nourrir ceux qui restent, et surtout, on dit au revoir à l’exploration spatiale.

Cooper (Matthew McConaughey), un père veuf, vit avec son beau-père et ses deux enfants dans une ferme qui n’a rien à envier aux clichés de la Grande Dépression avec son fameux dust bowl. La poussière est partout, s’insinue dans les moindres espaces, filtre à travers les plus petits interstices. Elle est dans l’air qu’on respire, dans la nourriture qu’on mange, dans l’eau qu’on boit. Le fils adolescent, Tom, est ancré dans cette terre qui donne ce qu’elle peut, malgré les parasites qui dévorent les récoltes. Son père et sa petite soeur, Murphy, préfèrent lever le nez et rêver à une autre forme de poussière : celle qui forme les planètes, les lunes, les galaxies.

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C’est cette obsession, et l’amour qu’il porte à ses enfants, qui pousseront Cooper à quitter la Terre pour trouver un nouveau foyer. C’est ce qui fera de lui un grain de poussière supplémentaire, égaré dans l’espace infini, en quête d’une planète pouvant assurer la survie de l’espèce. Car comme le dit sa plus belle punchline :

L’humanité est née sur Terre, mais elle n’est pas censée y mourir.

Ce voyage est une transcendance : accompagné de trois autres astronautes, Cooper va quitter son statut d’homme pour devenir explorateur, quitter son statut de Terrien pour devenir un vagabond de l’espace, quitter son statut de personne lambda pour devenir la clé de l’avenir de l’humanité. Mais à travers tout ça, un fil conducteur restera fort, lumineux, comme un fil d’Ariane : son statut de père et le lien qu’il entretient avec sa fille Murph, qui ne lui pardonne pas le fait de l’avoir abandonnée et refuse pendant des années de communiquer avec lui.

L’humanité avec un grand et un petit « H »

Christopher Nolan, on le sait, est un architecte de talent, un perfectionniste qui crée des oeuvres cinématographiques complexes, des mondes entremêlés et des intrigues à tiroirs qui méritent souvent plusieurs visionnages. Mais ce qui manque à beaucoup de ses films, c’est l’humanité : les motivations des personnages d’Inception, par exemple, ressortent comme quasi-secondaires, et même l’histoire entre le héros et sa femme décédée semble être un outil scénaristique plutôt qu’une façon de créer l’empathie.

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Bond de géant (pour l’humanité) (référence) (vous l’avez ?) (comme sur la Lune vous savez) (le film parle d’exploration spatiale) (c’est bon vous l’avez ?) dans Interstellar, qui m’a arraché pas mal de larmes grâce à ses personnages réalistes, aux émotions brutes et complexes. C’est bien sûr tout à l’honneur de Matthew McConaughey, qui s’impose véritablement comme l’un des plus talentueux acteurs de sa génération, mais Nolan ne bosse jamais avec des bras cassés et je suis heureuse de voir qu’il a su comprendre et retranscrire à l’écran l’importance des sentiments humains dans ses histoires alambiquées.

Le lien entre Cooper et sa fille, l’amour désespéré que porte Brand (le personnage d’Anne Hathaway) à l’astronaute qu’elle n’a pas vu depuis une décennie, les réactions à fleur de peau de Tom, qui a dû se construire et traverser les épreuves de la vie sans père et sans espoir, même le pétage de plombs de Mann, resté trop longtemps sur sa planète gelée, tout concourt à créer des émotions fortes chez les spectateurs… et c’est ce qui fait d’Interstellar un grand film, selon moi. Difficile de prétendre sauver l’Humanité quand on manque soi-même d’humanité, pas vrai ?

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Certaines critiques pointent du doigt le côté un peu « cucul-la-praline » de l’arc scénaristique autour de l’amour ; je le trouve personnellement essentiel. Quand on y pense, si la Terre devient inhabitable pour l’espèce humaine, c’est peut-être qu’on a fait notre temps ; peut-être qu’on devrait s’éteindre sans vagues et sans bruit, laissant l’univers indifférent continuer sa course. Ce qui motive ces tentatives désespérées de sauvetage, cet espoir contre toute logique, ce n’est pas, comme le voudrait le Docteur Mann, l’instinct de survie, mais plutôt l’amour qu’on porte à ses proches et plus généralement à « son prochain », à cette potentialité d’humain•e•s que nous ne connaîtrons jamais, mais qui valent la peine de risquer sa vie.

Beaucoup de science, et juste ce qu’il faut de fiction

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Ces dernières années, la science-fiction au cinéma a un fort arrière-goût de space opera, notamment via les films Marvel qui créent un univers coloré, délirant et peuplé de créatures bariolées. Gravity nous avait déjà fait suffoquer dans un espace hyper-réaliste, glacé, résolument mortel et silencieux ; Interstellar enfonce le clou et coupe le souffle en nous faisant survoler Saturne, traverser un trou de ver, avant l’apothéose, le grand saut dans le trou noir.

Si la plupart des éléments scientifiques du film sont basés sur des théories bien réelles et nos connaissances actuelles en astrophysique, physique quantique et autres choses compliquées en -ique, les touches de science-fiction sont particulièrement bien trouvées. Mention spéciale au design des robots CASE et TARS, ces gros parallélépipèdes maladroits qui se révèlent exceptionnellement modulables et rapides. Beaucoup de gens s’attendaient à les voir se retourner contre les humains, un peu façon 2001 l’Odyssée de l’Espace, mais ils restent fidèles au poste, pleins d’un humour sarcastique qui détendent un peu l’atmosphère dramatique d’Interstellar.

Les trois planètes explorées sont mortelles, uniformes, somptueusement dangereuses. Quelle poésie d’imaginer ces vagues aller et venir inlassablement, à la lisière d’un trou noir, de penser à un morceau de nuage gelé se détachant et fracassant des tonnes de glace sans que personne ne soit là pour l’entendre… même la dernière planète, rapidement montrée dans l’épilogue du film, n’est pas franchement verdoyante.

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Mis à part l’idée que « l’amour est notre seul espoir », je n’ai relevé qu’un « cliché » majeur dans le film : le personnage du scientifique resté trop longtemps sur son vaisseau/sa planète/son endroit super isolé qui pète un plomb. Mais bon, déjà, j’ADORE ce cliché, je ne m’en lasse à peu près JAMAIS, j’aime le voir venir, jeter un oeil au robot démembré, voir « le meilleur d’entre nous » pleurer comme un bébé quand il revoit enfin des humain•e•s (une fois passé l’effet « EH LÀ OH DITES C’EST MATT DAMON »), le contempler devenir de plus en plus chelou et finir par lâcher prise. Et surtout, je trouve qu’il était nécessaire pour mettre en perspective la quête des héro•ïne•s, et le coût qu’elle implique. Sans parler du sous-texte philosophique pas si discret que ça : le plus grand ennemi de l’Homme, c’est Man(n)…

Interstellar, une oeuvre parfaite ?

Bien sûr, Interstellar est critiquable : l’amour comme force physique invisible, l’intrigue qui fait une « boucle » avec Cooper s’indiquant à lui-même où trouver la NASA, puis expliquant lettre après lettre des équations complexes à sa fille, le Noir-parce-qu’il-en-faut-bien-un mais qui meurt quand même (en deuxième, sinon c’est un cliché), les planètes uniformes qui ont une caractéristique chacune (l’eau, la glace, la poussière)… Le film n’est pas exempt de défauts (en même temps, quel film l’est ?) mais à aucun moment je n’ai regretté mes euros ni les trois heures passées au cinéma.

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« Regarde-moi maman, j’suis pas encore mort ! »

Personnellement, j’aurais clairement préféré éviter le dernier acte en forme de super-happy end pas très très crédible. J’aurais bien vu Interstellar se clore sur cet écran blanc, une fois la singularité du trou noir quittée, et ces mots de Cooper : « Et maintenant ? », plutôt que d’avoir cet épilogue poussif tentant désespérément de retricoter tous les arcs inachevés du scénario, jusqu’à nous montrer si oui ou non Brand avait retrouvé son grand amour (eh bah visiblement nan, tant pis). Mais bon, je ne suis pas scénariste, ni réalisatrice, et c’est une question de goût !

Allez, à votre tour ! Qu’avez-vous pensé d’Interstellar ? Avez-vous compté les heures au cinéma, ou vous êtes-vous (comme moi) laissées happer par l’espace et ses trous de ver ? Avez-vous pleuré ? Parce que moi oui, beaucoup. 23 ANS EN TROIS HEURES MERDE C’EST BEAUCOUP bref. À vous !


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

23
Avatar de Selinde
9 février 2015 à 19h02
Selinde
Ce film c'est une tuerie! <3
0
Voir les 23 commentaires

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