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Mon voyage en Bolivie, entre beauté et pauvreté 1/2

Cécile revient de Bolivie, un pays dont elle ignorait tout. Et ce voyage ne l’a pas laissée indifférente, entre la beauté des villes et des paysages, et la pauvreté qui côtoie la nouvelle modernité.

J’ai eu la chance de passer 18 jours en Bolivie en fin d’année 2014, et j’aimerais beaucoup partager avec vous les richesses qui m’ont été offertes par ce beau pays et ses habitants, mais aussi les questions et les sentiments qu’ont soulevé chez moi leur situation. Écrire au sujet de ses inégalités et de sa force de caractère est le plus bel hommage que je pouvais faire à cette sympathique contrée qui m’a accueillie les bras ouverts et m’a tant apporté.

Un trésor d’1.100.000 km² au milieu de l’Amérique du Sud

Avant d’avoir l’opportunité d’y partir, je ne savais même pas situer la Bolivie sur une carte. Voilà, c’est dit. Certes mon niveau de géographie n’est pas top, mais c’est aussi parce que c’est un pays dont les médias français ne parlent pas… Et ce n’est pas une destination de rêve à laquelle j’aurais pensé seule. Je savais juste que la Cordillère des Andes et le Paris-Dakar y passent, et que la capitale s’appelle La Paz, un point c’est tout.

C’est en commençant à préparer mon voyage que j’ai appris que :

  1. ce pays était deux fois plus grand que la France métropolitaine
  2. dans le cœur des Boliviens la capitale constitutionnelle se nomme Sucre,
  3. la Bolivie a vaillamment combattu pour obtenir son indépendance vis-à-vis de l’Espagne au début du XIXè siècle,
  4. elle a affronté une longue guerre civile,
  5. plus de trente-sept langues sont officiellement reconnues parmi lesquelles le quechua (comment ça ce n’est pas une marque de matériel de randonnée ?),
  6. la Bolivie a réélu pour la troisième fois consécutive Evo Morales, son premier président amérindien.

J’ai appris que la Bolivie possède, parmi tant d’autres merveilles, la plus grande statue du Christ au monde, les deux plus hautes villes au monde, la moitié du plus haut lac au monde, et le plus grand désert de sel au monde. La Bolivie est le pays des superlatifs, en fait.

C’est ainsi qu’un soir d’hiver, en surfant sur le site du Routard et de Lonely Planet, et grâce aux nouvelles que me donnait régulièrement mon futur compagnon de voyage, installé là-bas depuis quelques mois, je me suis rendu compte que ce pays auquel je n’avais jamais prêté attention dans ma petite vie bien européenne était en fait un trésor d’authenticité. Et en atterrissant en décembre à Santa Cruz de la Sierra, la plus grande ville du pays, j’ai immédiatement senti que la Bolivie et moi, ça allait bien coller.

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Santa Cruz de la Sierra et ses immeubles.

À lire aussi : Buenos Aires et la Patagonie — Carte postale d’Amérique du Sud

Bolivie, mon amour

La Bolivie est divisée en neuf départements. L’est du pays est le plus riche, tandis que plus on se rapproche de La Paz et de la frontière péruvienne, plus les Indiens se font nombreux et l’héritage culturel semble dominer. Un couple venant de Santa Cruz, embarqué avec nous lors d‘une excursion sur le lac Titicaca, nous a expliqué :

« À Santa Cruz, et on l’assume tout à fait, les gens sont intéressés par l’argent. À La Paz et à l’ouest, ils sont intéressés par la culture. »

Il est vrai que pendant les deux premiers jours passés à Santa Cruz, j’ai surtout été dépaysée par le climat tropical (l’altitude n’est pas encore trop élevée, et les saisons étant décalées par rapport à l’Europe, les Boliviens étaient en pleines vacances d’été), et le train de vie calme et tranquille, que par la ville en elle-même, qui est très développée économiquement et fleurie de hauts immeubles dans la périphérie.

Les villes boliviennes sont organisées en quadras —

 en pâtés de maisons. Ainsi, toutes les villes sont quadrillées et les rues perpendiculaires, ce qui y rend l’orientation facile (sauf pour une grosse nulle des cartes comme moi bien entendu).

Ce qui m’a marquée dès mon arrivée le premier soir, ça a été la place centrale de Santa Cruz, point de ralliement pour tous, quelque soit l’âge. Une place libre sur un banc y est une denrée rare ! Comme toute l’Amérique du Sud, la Bolivie est un pays très catholique, et en période de pré-Noël, les familles se massent devant la crèche grandeur nature, sous les palmiers, autour de la statue d’Ignacio Warnes, héros de l’indépendance, au milieu des vendeurs ambulants de ballons, toupies et barbe à papa.

Avant des paresseux avaient élu domicile dans les palmiers de la place, mais la municipalité a préféré les déplacer dans des zoos de peur qu’ils ne provoquent des accidents ou s’électrocutent parmi les fils électriques.

Le long de la place, des changeurs de monnaie nous ont abordé devant la basilique de San Lorenzo. Il faut dire qu’on ne se fondait pas trop dans le paysage avec nos bronzages de bretons et nos sacs à dos. Le fourmillement de la place et l’excitation qui s’en dégageait était contagieuse, mais j’avais 24 heures de voyage dans les pattes ; c’est donc avec bonheur que je me suis endormie sous la fraicheur des ventilateurs dans notre alojamiento, notre logement.

Le lendemain matin, nous nous sommes levés tôt et avons pu profiter un peu plus de Santa Cruz. C’était vraiment amusant d’être sur la place tôt, et de voir les bancs se remplir petit à petit, puis se vider lorsque les cloches de la basilique ont sonné pour annoncer la messe du matin. Les marchands d’empanadas (sortent de feuilletés typiques qui peuvent être à la viande, au poulet, au jambon et au fromage) n’ouvrent que quelques instants avant la fin de la messe, et font leur chiffre d’affaires en l’espace de trente minutes.

La Bolivie, trop montagneuse, ne possède pas de réseau ferroviaire pour relier ses grandes villes. Le bus est donc le moyen de locomotion le plus répandu, tant pour les autochtones que les étrangers, et il est de plus très bon marché. Voyager de nuit permet de ne pas perdre de temps dans les transports, même si mes vertèbres se souviennent encore de la route reliant Sucre à Santa Cruz empruntant uniquement des chemins en cailloux.

À lire aussi : Typologie des périls du voyage en bus

Les terminaux de bus sont des endroits où règne une agitation continue, puisqu’outre le concentré de voyageurs, chaque compagnie de bus emploie une ou plusieurs personnes pour crier les villes desservies :

« Poooooootooooooooo… Poooootooosssííííííííííííí ! »

« Suuuuuuuuuuucreeeeeeeee ! »

« Santa Cruuuuuuuuuuuuuuz ! »

Certains aiment, d’autres moins !

En chemin, nous nous sommes arrêtés à Cochabamba, dont les habitants se nomment les cochabambinos (mignonnitude de l’extrême), qui tire son nom du quechua. Le nom fait en effet référence au fait qu’elle est construite autour d’un marécage.

C’est là-bas que j’ai vu pour la première fois des costumes traditionnels andins. Ces costumes portés par les femmes amérindiennes sont faits de jupes bouffantes et de châles colorés dans lesquels sont parfois transportés les enfants, ainsi que de chapeaux melons, et bien sûr des fameuses tresses auxquelles elles attachent parfois des perles ou des tissus brodés.

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La plus grande statue du Christ au monde surveille Cochabamba, dominant la ville. Plus grande que celle de Rio de quelques centimètres, elle mesure 33 mètres et des poussières, car Jésus aurait vécu 33 ans et des poussières. Le dimanche on peut monter dans la statue et grimper jusque dans la tête de Jésus (youpi). On a ainsi une vue imprenable sur la ville, et sur les quelques immeubles qui persistent quand même depuis Santa Cruz.

C’est également là-bas que j’ai vu pour la première fois de ma vie des enfants travailler. Des petites filles âgées de cinq à huit ans transportaient une vieille radio déglinguée de touriste en touriste, la mettaient en marche, et dansaient adorablement moyennant quelques bolivianos (la monnaie locale). Elles allaient ensuite donner leur butin à leur maman qui vendait en costume des friandises ou mendiait un peu plus loin.

Ce n’était certes pas de l’exploitation d’enfants par des personnes inconnues comme il en existe malheureusement, puisque ces enfants aidaient sûrement leur mère, et l’argent qu’elles récoltaient restait dans leur famille. Mais cela n’en était pas moins troublant. Plus tard, j’allais voir à Sucre des enfants mendier.

En Bolivie, le travail des enfants est en effet légal dès 10 ans. Dans la langue aymara que l’on parle dans cette région, le mot travail n’existe pas puisque pour ce peuple le travail fait partie intégrante de la vie à n’importe quel âge, chacun ayant son propre rôle. Cette mesure a cependant été prise de manière à pouvoir mieux encadrer le travail infantile.

Plus tard, quand nous sommes allés vers l’ouest du pays, je me suis en effet rendu compte que le travail des enfants n’est pas une image horrible faisant écho à un poème de Victor Hugo, mais un fait de société bien présent en Bolivie. Les cireurs de chaussures ambulants sont parfois des adolescents tout juste sortis de l’enfance. Des gamins hauts comme trois pommes trainent des paniers aussi gros qu’eux et vendent leur contenu. Et que dire des enfants employés dans les mines ou dans les champs de coca !

— Rendez-vous la semaine prochaine pour la seconde partie du récit de Cécile, où elle vous parlera des deux capitales !

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Les Commentaires

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Avatar de Azeban
15 janvier 2015 à 23h01
Azeban
Ah ah ah, les bus en Bolivie.
Moi je suis pas allée à Santa Cruz (500m d'altitude ? Mais ça va pas bien ? Il y a des MOUSTIQUES !!!), mais j'ai fait le tour de la partie andine de Bolivie cet été.
Le premier gros voyage en bus de nuit qu'on a fait, c'était La Paz-Cochabamba. On avait pris une bonne compagnie, avec des sièges "cama" (genre très très inclinable et tout). Bon, alors, le froid, ça va encore, j'avais un bon duvet donc ça me gênait pas du tout. Par contre, entre la route (je sais pas si elle est goudronnée, mais ça bougeait dans tous les sens), et le fait que je pouvais pas étendre mes jambes (ouais, parce que les sièges sont ultra confortables, mais par contre je pense qu'au delà d'1m70 tu as pas vraiment de place pour les jambes). Arrivée à Cocha à genre 6h du matin, en ayant dormi pas grand chose, rien du tout d'ouvert pour se prendre un petit dej. Du coup, pour faire Cocha-Sucre, on a fait 20 minutes d'avion (pour genre 20€, merci BOA (compagnie aérienne bolivienne, pas chère mais vachement mieux que nos "low-cost" ).
Après, on a fait Uyuni-La Paz en bus. Relativement confortable, mais par contre, pour la première fois, j'ai vu du chauffage dans un bus bolivien. Du chauffage à fond, genre il a fait fondre le chocolat dans nos sacs. Et on s'est relayé avec mon copain à la place "fenêtre" (à savoir la place "le radiateur me brûle les jambes" Je préfère encore les bus non chauffés

Sinon, moi je me suis laissée dire que la plus grande statue du christ était en Pologne, et que celle de Cocha était deuxième. Par contre, elle est genre à 2500m d'altitude, donc au final elle est quand même plus haut que celle en Pologne^^

J'attends la suite avec impatience (j'imagine que ça recoupera un peu ce que j'ai fait).
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