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J’ai été victime de harcèlement scolaire… et je ne l’ai compris que très tard

Il y a peu, Julie a pris conscience qu’elle avait été victime de harcèlement scolaire. Elle avait pensé mériter ce qu’il lui arrivait à l’époque, et a tenu à témoigner pour montrer qu’aucun harcèlement n’est à prendre à la légère.

Aujourd’hui j’ai 25 ans, je suis indépendante depuis maintenant cinq ans. Je termine mes études dans quelques semaines, j’ai un appartement, et je peux dire que j’ai une vie heureuse. Et pourtant, je me suis rendu compte il y a quelques temps que j’avais été victime de harcèlement.

Une bêtise aux très lourdes conséquences

Lorsque j’étais au collège, il y a de ça maintenant plus de dix ans, j’avais une meilleure amie. Nous passions notre temps ensemble, que ce soit en cours ou en dehors. Nous étions comme les deux doigts de la main, inséparables, et on s’adorait. Mais voilà, j’ai fait une bêtise. C’était durant mon année de troisième, la dernière du collège, e t la pire.

Je ne le nierai jamais, je suis celle qui a déclenché ça. Je passerais les détails sur cette erreur, mais pour faire court, j’ai révélé un grand secret de ma meilleure amie, et elle a arrêté de me parler. Elle me faisait la tête. Ce que je pouvais comprendre, même si cela me faisait souffrir.

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Ce qu’il faut savoir, c’est qu’au collège, nous étions un groupe « d’ami•es » assez nombreux, à traîner sur les bancs de la cours, à discuter, à s’amuser, à parler amour et autres problèmes de collégien•nes. Tous ces soi-disant ami•es ont eu vent de ce que j’avais fait, et se sont allié•es à mon amie. Forcément, j’étais en tort, donc c’était normal.

Néanmoins, ils en ont tous profité pour me dire mes quatre vérités. Ils ont tous profité de la situation pour me lancer des insultes à tout bout de champ. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée isolée et mise à l’écart au sein de mon collège, moi qui pourtant étais si bien entourée quelques temps avant.

Comme je l’ai dit, j’étais en tort, et même si j’étais horriblement peinée de cette situation, je me disais que c’était de ma faute. Que si je n’avais pas révélé ce secret, je n’en serais pas là. Le temps a passé et j’ai laissé faire. J’ai subi les insultes et les critiques sans rien dire.

À lire aussi : Le harcèlement scolaire VS les réactions nulles des adultes

Je me souviens notamment d’une scène qui m’a marquée. C’était à l’heure du déjeuner, là où la moitié du collège était en train de manger, tandis que l’autre digérait tranquillement dans la cours. Je me suis retrouvée au milieu de cette dernière, face à une de mes anciennes « amies » qui s’est mis littéralement à me crier dessus.

Je ne sais plus ce qu’elle disait, mais tout le monde l’entendait, et moi je ne répondais pas. Ai-je précisé que j’ai toujours eu autant de répartie qu’un moucheron (c’est la seule comparaison qui m’est venue à l’esprit…) ? Personne n’a bougé, tout le monde a laissé faire jusqu’à ce qu’une surveillante intervienne, lui dise de se calmer et nous sépare.

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Solitude et blessures psychologiques

Cette année-là, comme je l’ai dit, je me suis retrouvée isolée de ceux que je considérais comme mes ami•es. Je connaissais quelques personnes dans les classes en dessous, et heureusement, ils m’ont acceptée parmi eux, ce qui me permettait d’être moins seule durant les récrés.

Toutefois, même en leur compagnie, la solitude n’avait jamais été aussi présente dans ma vie.

Le pire dans tout ça, c’est que je sentais bien que ma meilleure amie souhaitait revenir vers moi. Quelques fois elle essayait de me parler, en attendant le prof devant la salle de classe, ou même pendant les cours. Mais poussée par le plus grand nombre, notre amitié n’est jamais redevenue comme avant.

Puis l’année s’est terminée, nous avons tou•tes été séparé•es au lycée. Je me suis fait de nouveaux amis, des amis qui sont encore à mes côtés aujourd’hui, que j’aime, et réciproquement. Je pensais laisser cette histoire derrière moi, et pourtant, elle m’a suivie pendant longtemps. Le harcèlement s’est arrêté, mais les blessures psychologiques sont restées.

Pendant des années, j’y ai repensé — et j’y repense encore aujourd’hui. « Et si ». Et si je n’avais pas révélé ce secret ? Et si ma meilleure amie avait eu le courage d’affronter les autres et de revenir totalement vers moi ? Et si j’avais réussi à ouvrir ma bouche et à me défendre ? Beaucoup de questions qui me travaillent encore aujourd’hui, la plus importante étant : est-ce que parfois, elle pense à moi ?

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Car oui, moi je pense encore à elle. J’ai gardé dans une boîte tous les objets qu’elle a pu m’offrir, et dans une enveloppe tous les mots qu’on s’écrivait. Parfois je me demande si elle repense à cet événement autant que moi j’y pense.

Je pourrais le lui demander, je l’ai dans mes contacts Facebook, et pourtant je n’en ai jamais eu le courage. Nous ne sommes jamais redevenues amies, simplement des connaissances, alors à quoi cela servirait de faire ressurgir ce genre d’histoire ?

Non, ce n’était pas de ma faute

Nous vivons dans une société qui se base énormément sur la communication. Même si beaucoup de choses devraient en mériter un peu plus, il y a quand même pas mal d’articles qui traversent la toile, notamment sur le sujet du harcèlement. À l’époque, et pendant longtemps, je n’ai pas considéré cet épisode de ma vie comme tel.

Aujourd’hui, avec tout ce que je sais sur ce sujet, j’ai compris que ça en avait été. Toutefois, avec ma capacité à tout prendre sur moi, et à me dévaloriser, je ne l’ai compris que trop tard. Après tout, c’était de ma faute, non ?

Et bien non.

Aujourd’hui j’ai compris.

Oui, j’ai fait une bêtise. Oui, cela méritait que ma meilleure amie me fasse la tête, et ne me parle plus. Mais non, et mille fois non, cela ne donnait aucun droit aux autres de se mêler de cette histoire et de me rejeter comme ils l’ont fait.

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Aucun harcèlement n’est à prendre à la légère

Je ne dirais pas que j’ai oublié cette histoire, après tout je viens d’écrire cet article, et je pense que cela a eu une influence sur ma vie. Longtemps je me suis demandée si j’étais vraiment une « gamine » comme beaucoup me l’avaient dit, et même si je vieillissais, je continuais de me poser la question. Mais la conséquence principale de tout ça, c’est que je n’ai jamais aimé le conflit. Jamais.

Je fais toujours en sorte de l’éviter, acceptant tout sans rien dire, même si je ne suis pas d’accord. Depuis quelques mois, je prends confiance en moi, et je commence à corriger ce défaut, mais réussir à se faire entendre après des années à fermer sa bouche, ça peut parfois être compliqué.

À lire aussi : Le harcèlement scolaire… et ses conséquences

Pour conclure tout ça, je voudrais dire qu’aucun harcèlement n’est à prendre à légère. Aucun. Celui que j’ai vécu a duré moins d’un an, alors que j’avais 14 ans, et pourtant, il a influencé la personne que je suis devenue. Il fait partie de mon passé, de mes souvenirs… Le moindre passage de notre existence fait partie de nous pour toujours.

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Les Commentaires

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Avatar de Camiouts
21 novembre 2016 à 11h11
Camiouts
C'est grâce à tous ces témoignages qu'on se rend compte que beaucoup de personnes ont été et sont touchées par ça...
J'en fais partie d'ailleurs, et c'est aussi plus tard que j'ai compris ce que c'était et ce que ça m'avait fait ! Quand j'étais petite, j'étais un vrai clown et une petite chef qui s'affirmait sans peur, j'avais ma petite bande et je sortais tout le temps. Une fille est arrivée, je sais même pas pourquoi, elle a fait se retourner tout le monde contre moi et ensuite... elle a ramassé les morceaux. A partir de là, c'était elle, moi, et une bande de garçons. Elle me faisait faire plein de choses, me piquait mes affaires et se moquait de moi avec les garçons. Je restais avec elle parce que je ne voulais pas être seule. Au bout d'un moment à neuf ans, je ne voulais plus, alors j'ai fui vers les jeux vidéo, les livres, la cuisine... Plein d'activités solitaires et je trouvais des prétextes pour ne plus sortir. J'y ai trouvé du plaisir même si ça m'a renfermée sur moi-même, que j'ai fini par perdre confiance en moi et à devenir toute timide. Je suis devenue introvertie grâce / à cause de cette expérience. Sans, je serais restée la petite leader extravertie. Après d'autres choses ont continué, sous d'autres formes, j'ai été victime d'harcèlement sexuel aussi... Mais au fond, je ne regrette rien, parce que ça a fait de moi qui je suis, et même si j'ai SUPER du mal avec les relations sociales, je suis contente de ma personnalité et de mes centres d'intérêt, de toute ma petite vie. Et puis, j'ai 21 ans presque, je suis jeune, j'ai encore plein de choses à voir et les chutes, elles sont faites pour se relever
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