— Article publié le 26 novembre 2011 ; une mise à jour est disponible à la fin !
J’ai 21 ans, et je suis vierge. Pas vierge signe-astrologique-vierge, juste vierge-vierge. Jusque là, rien de très original. Il y a probablement beaucoup de filles qui préfèrent attendre, qui ne se sentent pas prêtes, ou qui n’en juste pas encore trouvé l’occasion. Très bien. La différence, c’est que je suis une vierge forcée : j’en ai déjà eu l’envie, l’opportunité et la possibilité. Plusieurs fois. Mais non. Selon mon diagnostique personnel, il s’agirait de « vaginisme » (quel mot atroce) : les muscles du vagin se contractent involontairement, ce qui crée une douleur insupportable qui empêche toute forme de pénétration.Pour tout vous dire, je n’ai jamais réussi à mettre de tampon, et je peux éventuellement réussir à mettre un doigt avec la dose de lubrifiant et en étant limite sous tranquillisants. Tout le reste est, littéralement, impossible. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant : au-dessus, en-dessous, avec un peu d’alcool (je décuve aussi sec, c’est garanti), et rien.
Vaginisme : les origines du problème
Alors d’où me vient ce vaginisme ? Je suis allée voir mon médecin généraliste (qui a une formation de gynécologue). Elle non plus n’a pas pu avoir accès à l’intérieur de mon vagin pour l’observation. En fait, elle n’a même pas pu aller regarder. Selon elle, c’est psychologique et « ça viendra ». Hum, ça m’aide beaucoup tout ça.
Je me suis donc posé des questions, et je suis arrivée à une conclusion peu étonnante : mon vaginisme est dû à mon manque de confiance en moi. Celui-ci existe depuis maintenant des années (je ne l’ai jamais vraiment creusé) et me fait me poser trop de questions, sur-analyser tout ce qui se passe : « est-ce que j’ai l’air grosse ? », « suis-je assez épilée ? », « mais ma poitrine est trop petite ! », « et mes fesses sont flasques »… C’est comme essayer de faire bander un mec qui flippe : NO WAY.
Toujours à partir de mon auto-diagnostic de vaginisme, on peut aboutir à une solution : il me suffirait d’être assez amoureuse, ou qu’un garçon soit assez amoureux de moi pour que tout fonctionne bien. Cependant, ce serait trop facile, donc arrive le cercle vicieux : si je n’ai pas confiance en moi, je ne me permets pas de m’attacher aux autres. Si je ne m’attache pas aux autres, je n’ai pas accès au sexe. Si je n’ai pas accès au sexe, je perds confiance en moi. Et on n’en finit plus.
Vaginisme et identité
Maintenant que j’ai exposé le problème du vaginisme, vous pouvez vous dire qu’après tout ce n’est pas grave, ce que je conçois tout à fait. Je suis jeune, il y a des psychologues, des gynécologues, voire des sexologues capables de m’aider. Sauf qu’à trop retarder l’échéance pour ne pas entendre que quelque chose va mal (confiance confiance), la situation s’est envenimée, et il ne s’agit plus que de ma vie sexuelle.
L’ensemble de ma personnalité a changé : je parle trop de sexe et surtout je me suis créé un personnage qui n’est pas moi. Depuis maintenant plus d’un an, je suis en école de commerce. Et soyons honnêtes, les clichés sont vrais : deux à trois soirées par semaine, alcool à volonté et baise sauvage dans les toilettes de la boîte de nuit.
Comme je suis assez libérée sur les discussions sexuelles et plutôt jolie (soyons honnêtes, disais-je donc), je suis rapidement passée au rang de « bonne copine qu’on choppe quand on est un peu en manque »
. Ce statut ne me pose pas de problème, il me permet d’avoir mon quota d’affection pour un soir. Donc je choppe, j’embrasse, des mains se baladent… Et puis on s’allonge sur le lit, et j’essaie de ne pas donner de fausses impressions, mais « allez, il est sexy, et je ne fais rien de mal, de toute façon je lui ai dit qu’il n’y aurait pas de sexe ». Mais à force de parler pour compenser et d’embrasser en soirée de façon aléatoire, je me suis créé une bonne petite réputation, bien malgré moi.
Certains imaginent que je fais ma fille farouche pour les exciter encore plus, et que mon non veut dire oui, ce qui, sous l’influence de l’alcool, peut déraper un peu rapidement – cela dit je n’ai jamais eu de « vrai » problème sur ce plan là, je n’ai jamais été forcée. D’autres vont se vexer et véhiculer une image de moi encore pire. Enfin, il y a ceux qui me plaisent vraiment, pour qui je culpabilise. Je ne peux pas leur dire, parce qu’ils perdraient tout intérêt pour moi. Mais je ne peux rien leur offrir non plus. Et je m’en veux.
Si j’étais la seule concernée par mon vaginisme, je m’en sortirais. Des amis m’avaient offert un vibromasseur pour rire il y a quelques années, et je dois avouer qu’il m’est très utile. Et depuis quelques temps, j’ai un petit ami. Bien sûr, il comprend et ne me force à rien. Mais je voudrais pouvoir lui apporter ce qui nous manque. Malheureusement, les conventions sociales (à tel âge, il faut déjà avoir couché) ajoutent à mon malaise envers moi-même et mon impossibilité à le satisfaire, à nous satisfaire.
J’ai lu des témoignages effrayants de vaginisme où des femmes mariées de plus de trente ans, toujours vierges, étaient ravies d’avoir pu s’insérer une seringue pour recourir à l’insémination artificielle. Ce après des années de sexothérapie. Alors j’ai peur d’aller voir un professionnel. J’ai peur qu’il me dise que je finirai comme elles. J’ai peur de finir seule, parce que même si le sexe ne fait pas tout, il reste essentiel.Et ça n’aide pas ma confiance en moi.
Mise à jour du 21 août 2013 sur le vaginisme :
Depuis la rédaction de cet, article, j’ai eu l’occasion de tester pas mal de choses pour remédier à mon vaginisme. En premier lieu, aller voir une psy. Le fait d’être rentrée vivre chez mes parents pour un an m’a permis de couvrir les frais, et j’ai pu donc, depuis septembre dernier, travailler avec elle sur les différentes causes du vaginisme et éventuelles solutions. Avec le temps, nous nous sommes notamment rendues compte que même si je n’ai pas de mal à parler de fesses de manière générale, j’ai un énorme blocage en ce qui concerne mon propre frifri : je connais la théorie, mais pour moi il est sale, y a des trucs qui peuvent rentrer dedans … Enfin lui et moi, on n’est pas potes.
En me renseignant un peu de mon côté, on appelle ça de la « non-intégration mentale ». Okay, j’ai eu les cours d’éducation sexuelle comme tout le monde, mais ils ne s’appliquent pas à moi. Parallèlement, j’ai aussi rendu visite à un gynéco (vraiment tout pourri) puis une deuxième. Sans forcément vraiment s’y connaître en vaginisme, elle m’a tout de même proposé une opération de l’hymen. Je vais être rapide : pas de changements. Quand je suis retournée la voir, elle m’a assuré que tout allait bien, même si l’examen (ou le début d’examen) m’a fait pleurer de douleur. Je me suis donc rendue compte qu’il fallait prendre les choses en main. Et là, gros coup de chance : je suis tombé sur l’article de Rue89 Le vaginisme, maladie tabou de l’amour. À partir de là, je me suis renseignée sur les dilatateurs (le site Velvi, même s’il est mal présenté, apporte de gros compléments d’information) et j’ai commandé un kit (je dois aller le chercher à la Poste).
Apprendre qu’il existe aussi une association avec exercices et contacts utiles et spécialisés m’a enfin redonné confiance. Mon copain dans tout ça ? Il endure, parce que c’est un mec plutôt pas mal. Surtout que cette année de thérapie a été très difficile, et le « désespoir » de ne rien voir évoluer a tué à peu près toute ma libido. Mais j’ai de la chance, et maintenant je commence à reprendre espoir. Merci à tous les commentaires au passage, et promis je vous tiendrai au courant dès que je pourrai combattre mon vaginisme pour faire crac-crac ! Swirl, out.
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Les Commentaires
J'ai moi aussi eu des débuts compliqués avec la sexualité. Après avoir fait le constat avec mon copain que nous n'arrivions pas à pratiquer la pénétration et cela après 6 mois d'essais, je me suis résolue à en parler. C'est la première étape cruciale. Mais surtout en parler à la bonne personne. Ne laissez personne dire que vous êtes douillettes que ça va bien finir par rentrer si vous y mettez du votre. Si le problème devient persistant, il faut aller voir un/une bon(ne) gynécologue qui sera compréhensive et ne vous forcera pas à subir un touché vaginal violent alors que vous êtes déjà bloquée (oui, je parle par expérience ^^). J'ai rencontré après cette mauvaise expérience et quelques séances de "sexologie" inutile( où je m'allongeais sur un sofa en écoutant une musique de relaxation berçante), une super gynéco, conseillée par ma mère (d'où l'intérêt d'en parler). Elle m'a vite auscultée et a découvert en un coup d’œil et de coton de tige ce que l'autre gynéco n'a pas réussi à voir en y mettant la main (oui j'extrapole mais ça m'a fait le même effet). Un hymen charnu : donc un mur bien réel, un hymen qui ne peut être franchi, à part à coups très répétés et violents. ATTENTION je ne dis pas que toutes les personnes ayant une incapacité à être pénétrées ont ce problème. Je souligne juste l'importance de se faire aider et ausculter par des professionnels car ce n'est pas toujours psychologique. Donc je me suis faite opérée mais bien évidemment après 2 ans et demi de relation conflictuelle avec mon vagin, j'ai un vrai blocage. Et c'est là que mon commentaire peut être utile à toutes. J'ai été voir une kiné spécialisée dans la rééducation du périnée. Et là ça a été le déclic : une super écoute, des vrais conseils, un vrai apprentissage du corps, de la maîtrise de la peur, des mouvements du bassin, du périnée pendant 30 min chaque semaine. Elle m'a aidée à habituer mon corps à cette sensation nouvelle qu'était la présence d'un corps étranger dans mon vagin. Je ne suis pas encore guérie mais j'ai fait des progrès énormes que je n'espérai plus après avoir vu tant d'incompétents. Ce qui m'aide beaucoup (je ne fais pas de pub pour une marque juste pour le concept) c'est le Kit Velvi : une victoire à chaque étape, mentalement ça fait un bien fou. Alors surtout surtout ne vous découragez pas et allez voir les bons professionnels qui vous soutiendront et ne vous culpabiliseront pas.