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Moi, moi et moi

J’ai échappé à une tentative de viol… et après ? – Témoignage

Une madmoiZelle a échappé, de très peu, à un viol. Mais aujourd’hui, elle vit dans la peur, et n’ose pas alerter la police. Témoignage.

Il y a quelques jours, j’ai échappé à l’horreur du viol. Je vais vous raconter comment ça s’est passé, et surtout l’après, cette forme de résurrection douloureuse.

C’était une soirée comme j’en ai fait plein : avec un ami, on va dans un club pas top, qui nous a paru super après quelques vodka-Red Bull. On était que tous les deux à se déhancher de façon un peu ridicule sur le dancefloor, avant d’aller reprendre du carburant au bar : jusque-là donc, c’est dangereux que pour la carte bleue (et le foie, un peu). Aux alentours de 4h30-5h, mon pote me dit qu’il préfère rentrer et s’en va. Moi, j’avais déjà entamé une discussion avec un gars, que je ne connaissais absolument pas, mais qui me plaisait. Après un moment, il m’a proposé un after chez des amis à lui, et naturellement j’ai accepté. Je n’ai même pas pensé à prévenir qui que ce soit : j’avais déjà suivi des inconnus sympathiques de nombreuses fois, sans problèmes plus graves qu’une gueule de bois au réveil.

Comme promis, des amis à lui sont là, et comme promis, on va chez l’un d’eux, dans un quartier plutôt chic. Tous les ingrédients d’un bon after sont là : bonne musique, whisky, détente. Ce qui devait arriver arriva : on se retrouve tous les deux dans une chambre, et on commence sincèrement à se « rapprocher ». Mais quelque chose m’a bloquée, et sous l’effet de l’ivresse et de la fatigue, je n’avais plus qu’une envie : être chez moi. Je me suis écartée, et je lui ai expliqué que je me sentais pas super bien, que j’avais besoin de rentrer, sans oublier de le remercier pour l’after. Il a d’abord essayé la manière douce, les câlins, pour me faire rester. Mais merde, je pensais à mon lit, je voulais me tirer, alors je me suis levée. Et là, j’ai vécu l’échange le plus court et le plus terrifiant de ma vie : « Ben où tu vas ? » – « Chez moi. » – « Non. »

Très simplement, très calmement, très fermement. C’est à ce moment-là que tout disparaît autour de moi, pour laisser la froide, sombre, et horrifiante réalité de ce qui allait suivre : ça allait être entre lui et moi. Mais dans cette réalité, y a une voix, tout au fond de ma tête, qui m’a juste donné un ordre : « Ne lui donne rien ».

Le combat a commencé. Une gifle, il se jette sur moi, je me débats, le frappe, le repousse, une deuxième gifle, maintenant il me balance sur le lit. À bout de nerfs, je hurle comme jamais, et lui, en riant à moitié : « Vas-y, crie si tu veux, mais ca servira à rien ». Il n’y avait aucun sens caché dans son humour sinistre. Mon cri a bien alerté un ami à lui, qui a débarqué dans la chambre, figé face au spectacle qu’on offrait : mon agresseur qui me maintenait sur le lit les yeux rieurs, moi en larmes et à moitié déshabillée, à bout de forces. Il nous a dit qu’il sortait faire des courses. Et il est parti. Comme ça. « Je t’avais dit que ça servirait à rien, maintenant arrête tes enfantillages ».

Non, je ne lui donnerai rien. J’ai continué à me battre, mais je m’épuisais face à sa force, alors j’ai voulu jouer la stratégie.

J’ai prétendu être mineure, il m’a arraché mon sac pour vérifier ma carte d’identité ; j’ai menti en disant devoir rejoindre des amis qui paniqueraient en ne me voyant pas arriver. Ce à quoi il a répondu, toujours d’un ton amusé, le sadique : « Arrête ! Quand je t’ai trouvée, tu étais toute seule, qui est au courant que tu es ici, hein ? ».

J’avais beau essayer, je n’en pouvais plus : ma rage avait fait place aux larmes, aux supplications, aux tentatives de raisonnement qu’il faisait taire d’un « Mais si, je vais te violer ». À un moment, je ne sais pas pourquoi, il s’est légèrement écarté, alors j’ai couru. Sans aucune lucidité, juste l’instinct de survie et la voix dans ma tête : « Ne lui donne RIEN ». Je me suis enfuie de cette prison glauque, de cet immeuble en apparence banal. Arrivée dans la rue, il m’a menacée par la fenêtre : « T’as deux secondes pour revenir ou je te bute ». J’avais encore la force de lui faire le plus beau des doigts d’honneur avant de m’enfuir à toute jambes. Arrivée chez moi seulement, j’ai respiré, je me suis endormie.

J’ai appelé des gens que j’aimais, je les ai mis au courant, j’étais perdue, et eux aussi. Maintenant, certain-e-s s’accordent à dire que je devrais porter plainte, les autres veulent juste le retrouver et le tuer. Moi je suis là, consciente de la chance que j’ai de m’être enfuie, et complètement désorientée. J’ai peur de la nuit, moi qui ne jurait que par elle ; je ne veux plus plaire aux mecs alors que c’était mon « jeu » préféré ; mais surtout, j’ai honte. On ne le dira jamais assez, je sais : personne, ni moi ni d’autres, ne mérite ça, ne demande ça. Mais, une fois la peur partie, il y a le « Et si ? ». Et si ma robe avait été moins courte ? Et si je ne l’avais pas suivi ? Si je n’avais rien amorcé dans cette chambre, avant de vouloir partir ? Le pire, LE PIRE DE TOUS : « Et si je m’étais laissée faire, il aurait peut-être été plus gentil ? ». Toutes ces questions sont erronées. Cet homme s’est comporté en sadique pervers. Mais je vais être franche. Je vis dans une société où j’entends qu’avoir un plan cul plutôt qu’un petit ami fait de toi une pute, que les coups d’un soir c’est pour les meufs perdues. Je sors dans des rues où les hommes ne voient pas les barrières et se permettent de t’approcher, te draguer, te toucher le bras parfois, sans aucune gêne.

Donc au fond, la question qui me fait peur, ce n’est pas « Et si je l’avais mérité ? », mais plutôt « Et si ce n’était qu’un début ? Et s’il en trouvait d’autres ? Et si d’autres me trouvaient ? ». Là, ca devrait me pousser à porter plainte, à protéger les potentielles futures victimes de ce type. J’ai eu de la chance de m’enfuir, qui sait, s’il ne s’était pas juste un petit peu décalé, j’aurais pu ne jamais partir.

Mais ce qui reste, après des jours, des nuits, c’est la peur. Cet évènement est devenu un film d’horreur que je revois en boucle dans mon esprit. Cet homme est devenu l’incarnation du Mal à mes yeux. Je guette chaque visage dans la rue, le métro, la fac. Je me réveille en sursaut, persuadée de le voir au bout de mon lit, les yeux rieurs, l’air calme et déterminé. Quand je pense à porter plainte, j’imagine tout de suite qu’il me retrouvera ; et là il me fera tout ce qu’il m’a décrit ce jour-là. Porter plainte contre un inconnu qui est devenu ma plus grande peur, qui a fait naître en moi une haine dont je ne soupçonnais pas l’existence, a des allures de piège, voire de suicide. Il faudra sans doute que trouve le bon moment, la bonne personne avec qui y aller, le courage de sortir de chez moi pour le faire. Mais pour l’instant, j’ai arrêté de vivre la nuit. Je me suis imposé un couvre-feu, et j’attends. J’attends. Quoi ? Le courage, enfin, la force, la lucidité, l’oubli de la terreur.

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Les Commentaires

187
Avatar de Kimiie
2 septembre 2014 à 14h09
Kimiie
Ben du coup en postant mon commentaire ça m'a envoyée sur la treizième page, que j'ai survolé un peu, puis mon oeil a été attiré par le commentaire de @LionHeartedGirl que j'ai lu en entier. Et si, ma pauvre, c'était clairement un viol. D'autant plus que tu étais mineure et lui majeure, mais même sans ça, pour moi c'en est un ( le pire c'est qu'il en a sans doute même pas - ou à peine - conscience ). C'est vraiment odieux le manque de considération qu'il a eu à ton égard. Le coup de dire " ah non ça va tu m'as déjà fait le coup hier soir "... j'ai pas de mot pour décrire à quel point c'est ignoble ! Comme si t'avais l'obligation de le satisfaire sexuellement, comme si il pouvait disposer de toi à sa guise, comme si t'avais pas ton mot à dire, peu importe ton désir. Putain mais c'est pas ça une relation de couple ! Surtout que c'était le tout début de ta vie sexuelle, quelle horreur. C'est normal que t'aies pas sû réagir, je t'en prie tente de ne pas culpabiliser.

Je t'envoie plein de bisous à toi aussi, vraiment désolée pour toi que tu sois tombée sur un tel goujat ?.
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