– Publié le 17 janvier 2012
Cet été, comme tous les étés, je cherchais un job. Pas tellement parce que j’avais besoin de thunes mais plutôt pour avoir de quoi m’occuper pendant trois mois. Ayant déjà testé le McDo, j’étais à la recherche de quelque chose d’un peu plus… exotique.
Pourquoi travailler dans un club de strip-tease ?
J’aime la danse, j’aime la scène alors je me suis dit « pourquoi pas tester le strip-tease ? ». Je tiens à préciser que j’avais déjà été gogo-danseuse en boite et qu’en plus, je suis à l’aise avec mon corps et – presque – pas pudique.
Pour la gloire, je suis allée chercher du côté des plus grands clubs parisiens tu vois, sinon c’est pas drôle. Après un bref casting et quelques cours de « danse de strip-tease », j’ai assez vite été lâchée dans le club.
La « danse de strip-tease », c’est toute une série de mouvements sensuels et langoureux qu’on ne retrouve dans aucun autre style de danse, mais qui a quand même ses propres codes.
Pour tout le reste, c’est un truc qui s’apprend sur le tas, en posant des questions aux autres danseuses ou en les observant. Finalement ça vient assez vite, mais par pour tout le monde : certaines filles ont le truc et d’autres moins, c’est indéniable.
J’ai été strip-teaseuse pendant trois mois et, de manière générale, j’ai plutôt kiffé ma race. J’étais même assez fière de dire ce que je faisais comme boulot malgré les problèmes évident d’ambiguité sociale.
À quoi ressemble et comment fonctionne un club de strip-tease ?
Un club de strip-tease ressemble plus ou moins à une boîte de nuit, avec un bar, des tables et fauteuils – mais avec des strip-teaseuses en plus.
Les styles de danse d’un bar de strip-tease
- La « table dance« , danse qui se fait dans le club, à la table du client, topless. L’intérêt c’est que tous ses potes peuvent en profiter.
- La « private dance« qui se fait en nu intégral dans un salon semi-privé, souvent partagé avec d’autres danseuses et leurs clients.
- Et enfin le « vip room« , où le client a droit à une demi-heure de danse et de champagne en tête à tête avec la danseuse.
Les danseuses sont payées au ticket de danse donc c’est un peu la guerre, le but étant d’en chopper le plus possible. Du coup, les filles vont parler au client, boire des coups avec lui, le draguer, le charmer, le chauffer – grosso-modo, tous les moyens sont bons pour le faire dépenser un max.
Tu te poses sûrement des questions bizarres, un peu d4rk – et je vais donc tenter d’y répondre (vu qu’on me les pose en moyenne dix fois par soirée).
Vous passez combien de fois sur scène ?
Entre une et quatre fois par soirée, tout dépend du nombre de filles.
Vous êtes combien ?
Ça varie entre dix et vingt selon les soirs.
Les tenues sont fournies ?
Non, carrément pas. Du coup, j’ai une garde-robe complète de strip-teaseuse maintenant.
C’est pas un peu un truc de mec frustré ?
Si c’est quelqu’un qui me la pose en soirée, j’aurais tendance à répondre : « Si t’es là tu devrais savoir non ? »
J’aime pas faire de généralités, donc non, il n’y a pas de style particulier de client, tout comme pour les strip-teaseuses. Bien sûr, on retrouve de temps en temps le gros pervers de base qui ne rêve que de voir des boobs de très près – mais maintenant on lui fait la bise, c’est un pote.
C’est pas trop difficile/fatigant ?
Si, comme bosser au McDo. Non, plus sérieusement, les premières soirées m’ont rapporté un paquet de courbatures, et pourtant je suis sportive. Après on s’habitue, mais c’est sûr que par moments je carburais à la Red Bull. Il faut trouver son rythme. Moi j’essayais de dormir minimum sept heures par jour et je mangeais beaucoup pour tenir le coup.
Y a pas trop de rivalités entre les filles ?
Perso, je ne détestais personne. J’étais plutôt admirative et j’essayais de prendre un peu exemple sur elles. Je suis pas vraiment du genre à bitcher, si tu vois ce que je veux dire. Mais en effet, c’est un boulot où il y a de la concurrence et donc forcément il peut y avoir des coups bas, de l’hypocrisie et de la jalousie. Comme dans pas mal de jobs. Encore une fois, j’aime pas rentrer dans les clichés et c’est pas parce que c’est un job de meuf qu’il faut croire qu’on se tape dessus dans les loges (c’est pas le cas).
Travailler dans un bar de strip-tease est un boulot, pas un passe-temps
Au début, j’ai eu tendance à croire que j’étais payée pour faire la fête parce qu’on peut boire, rencontrer des gens, danser… tant qu’on ramène des tickets et qu’on respecte les règles du club. Mais au bout d’un moment on finit par se rendre compte que c’est un vrai job. En revanche, les clients eux ont du mal à se rappeler qu’on est en train de travailler lorsqu’ils nous offrent un verre, qu’on discute avec eux, qu’on rit à leurs blagues ou qu’on leur fait croire qu’ils sont désirables – et c’est bien le but. On vend une prestation.
C’est une vraie profession où il faut acquérir de la technique, progresser, et où on doit parfois travailler en équipe, et respecter des horaires. En fait, c’est un métier qui laisse beaucoup de liberté parce qu’on choisit ses jours, on peut travailler un mois sur deux par exemple, ça offre beaucoup de temps libre. Mais ca reste un boulot éphemère, il vaut mieux avoir un projet car ça peut prendre fin du jour au lendemain.
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Edit : cet article a été publié pour la première fois le 12 janvier 2012. Vous avez été très nombreuses à demander plus de précisions à l’auteure et nous l’avons donc recontactée afin de lui permettre de répondre à vos questions. Voici ses réponses :
Les strip-teaseuses ont le droit de boire ? Pourquoi ?
Oui, on a le droit de boire, et ce n’est pas déconseillé car ça crée des liens plus facilement avec les clients.
Concernant les collègues : est-ce que beaucoup font ça, comme l’auteure, comme un petit boulot, ou certaines ne font-elles que ça ? Et pourquoi ?
Dans les « collègues », il y a de tout : tous les cas sont particuliers, chacune à son histoire. Il y a des étudiantes qui prennent ça comme un petit boulot, des filles qui ne font que ça, pour gagner leur vie, et de nombreuses filles de passage, qui font ça un an ou deux avant de changer de direction.
Est-ce que c’est un boulot que tu envisagerais de reprendre l’été prochain ? À quel genre de mauvaise expérience peut-on être confrontée ?
Oui, c’est un boulot que j’envisagerais de reprendre l’été prochain, sûrement dans un autre pays.
Ma plus mauvaise expérience… une fois, quand j’étais sur scène (un peu pompette j’avoue), je me suis cramé les cheveux avec une bougie. Rien de grave, ce n’était qu’une mèche, mais ça puait le grillé dans tout le club…
Sinon, si par mauvaise expérience tu veux dire un mec qui essaie de toucher alors oui, il y en a plein, il y a plein de gros lourds. Mais aussi plein de mecs super sympas qui, quand on leur dit que s’ils touchent, on arrête la danse, se calment tout de suite. Il y a des caméras partout, c’est très bien surveillé.
J’aurais bien aimé savoir combien on touche réellement en moyenne, car quand on fait ce genre de boulot j’imagine que c’est tout de même en grande partie pour l’argent.
En ce qui me concerne, ce n’est pas pour l’argent, vu qu’il m’est arrivé de faire un mois payé au smic (pas de grande différence avec le McDo donc). Il n’y a pas vraiment de moyenne parce que tous les soirs sont différents. Si tu veux une fourchette large, ça peut varier entre 0 et 900 euros (oui, il y a des soirs où on ne gagne rien). Sinon pour être moins large, je dirai entre 50 et 500, mais ça dépend des filles, ça dépend des soirs, ça dépend de ton humeur…
Les contacts avec les clients sont-ils autorisés ? Quels sont les horaires ? Quel est le statut d’une strip-teaseuse ? Et côté technique, ça se passe comment ?
Les contacts ne sont pas autorisés, les horaires dépendent des clubs, des soirs et des clients mais globalement les danseuses travaillent entre 22h et 6h du matin. Le statut c’est bien intermittent du spectacle et dans certains clubs on doit payer une taxe au club pour pouvoir y travailler tous les soirs. Pour le côté technique, il s’agit de danser sur scène et ensuite d’aller voir les clients qui ont le plus aimé.
Tu n’as pas peur de tomber sur quelqu’un que tu connais parmi les clients du club et surtout sur quelqu’un de ta famille ?
Sur quelqu’un que je connais non, sur quelqu’un de ma famille oui, j’avais des petits coups de stress parfois mais bon, c’est assez peu probable finalement.
Ça ne te pose pas problème de te frotter à moitié nue contre des inconnus qui donnent pas toujours envie ? Tu n’as pas des anecdotes à nous faire partager ? Ça paye bien ?
Oui, comme je le disais plus haut, ça paye plutôt bien, encore faut-il savoir se débrouiller.
En ce qui concerne le fait de se frotter à moitié nue sur des inconnus, c’est sûr qu’il ne faut pas être pudique et comme je ne le suis pas, ça ne me gêne pas vraiment.
Des anecdotes croustillantes, comme quoi ? Est-ce qu’il y a des filles qui rentrent et couchent avec les clients après par exemple ? Probablement, mais c’est interdit par le club et si elles se font choper, elles se font virer. Et oui, on m’a déjà proposé plusieurs fois et ça arrive tous les soirs à toutes les filles donc on leur rappelle gentiment que c’est un club de strip tease et pas une maison close.
Ce qui me dérange, c’est que tu présentes ce job comme n’importe quel autre job d’étudiant ou même à plein temps. Je ne pense pas qu’être strip-teaseuse soit un boulot COMME LES AUTRES, et le présenter comme tel est tout sauf une bonne idée. Et puis, le milieu de la fête, de la nuit en général est un milieu particulier, avec ses codes, ses règles, ses avantages et ses défauts, et le principal danger c’est de faire croire qu’entrer dans ce milieu est anodin.
Tu as peut-être raison sur le fait qu’entrer dans ce milieu ne soit pas anodin.
J’y ai beaucoup réfléchi et en fait, non, c’est pas un boulot comme les autres parce qu’il n’est pas vraiment accepté par notre société (encore trop réactionnaire selon moi).
Finalement d’une certaine manière, les strip-teaseuses sont marginales. Par contre, à partir du moment où moi je l’avais accepté, ça ne me posait plus aucun problème et je suis actuellement en train de rédiger mon mémoire (sur les genres dans les cabarets d’ailleurs) en bossant dans un club de strip-tease.
C’est épuisant physiquement mais ça demande très peu d’implication par rapport à un boulot plus « classique » et les horaires sont souples donc on est plus libre. Et justement, on m’a un peu allumée le jour où j’ai dit « trop cool, on est payées pour faire la fête ! » – c’était au début, j’étais inconsciente et en effet, ce n’est pas tellement le cas.
À sa place, j’aurais quand même peur des « dérives » surtout la danse en VIP pendant une demie-heure avec champagne. Personnellement, m’enfermer seule, nue avec un homme qui a payé pour ça et une bouteille de champagne, je trouve ça très très risqué. À partir du moment où il n’y a aucune surveillance, il peut (tenter de) faire n’importe quoi.
Enfin j’imagine que ça dépend des clubs et que des consignes et des habitudes sont instaurées pour éviter les agressions/viols, mais ce n’est pas précisé.
Il y a des caméras partout, les salons VIP sont surveillés. Il n’y a jamais eu d’agression ou de viols, enfin pas à ma connaissance.
La VIP room, je suis la seule à penser que c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres ? On n’a pas de précision quant à ce qui est permis pour chauffer le client et le faire dépenser un max, et ce qu’on fait si un client est trop entreprenant, etc. Est-ce qu’il y en a qui reviennent juste pour les mêmes filles ? Y’a-t-il des femmes qui fréquentent ces clubs ?
Le salon VIP est plus « chaud » mais encore une fois, c’est surveillé. Si les filles font des danses trop près ou se laissent toucher, le manager rentre et leur signale que ça devient trop chaud.
Oui il y a des clients qui reviennent pour les mêmes filles, et il y a aussi des femmes qui fréquentent ces clubs, en couple ou en groupe.
J’aimerais avoir plus de détails sur son parcours, ses envies, si tu fais ça à mi-temps ou à plein temps, si tu en as parlé à ses parents… Mais je suis déçue également par la forme. Les contractions, le vocabulaire utilisé, etc. sont à la limite du parodique.
Mon parcours… je suis étudiante en communication, j’ai fait un bac littéraire, des études de graphisme pour atterrir à Paris 3 – Sorbonne Nouvelle. Mes envies, tu veux dire pour plus tard ? J’aimerais tenter le Master Affaires Internationales à Science Po Paris.
J’en ai pas parlé à mes parents mais ma mère l’a découvert et je n’avais pas tellement envie de le mentionner dans l’article.
Quant à la forme, j’ai volontairement fait « trash » en me disant que c’était pas Le Monde et qu’on pouvait écrire plus librement.
Quelles sont les limites avec les clients ? Quelle aide a-t-on en cas d’abus de la part d’un client ?
En cas d’abus d’un client il y a un mec de 2 mètres qui l’attrape et qui le fout dehors, c’est assez direct et rapide. Ça ne m’est jamais arrivé, et c’est rarement arrivé dans le club parce qu’ils filtrent beaucoup à l’entrée. De manière générale, les gens se comportent plutôt bien, contrairement à ce qu’on aurait tendance à croire.
Personnellement, je trouve que l’article fait très « Je suis trop une dingue, j’ai fait du strip-tease ! Même pas peur. » et ne parle pas du côté éthique, de la manière dont elle se sent vis-à-vis des clients, de la manière dont elle se voit dans ce genre de boulot… Enfin, c’est quand même un peu vendre son corps, et même si elle ne vend pas du sexe elle vend du fantasme. J’aurais bien aimé qu’elle ait une vraie réflexion sur ce job et pas juste dire « voilà je l’ai fait ».
Tu as raison… je pense un peu « je suis trop une dingue, j’ai fait du strip-tease ».
En ce qui concerne le côté éthique, j’avais un peu peur d’en parler, je voulais rester générale pour pas lancer des débats politiques, je pense pas que madmoiZelle soit le lieu pour ça. Mais globalement, je pense que l’on vend un service, une prestation, comme je pourrais vendre un logo ou une affiche. Les implications ne sont pas les mêmes mais non, je ne me vois absolument pas comme un morceau de viande. En fait, ce qui me chagrine le plus, c’est que si c’était un homme qui témoignait pour dire « je suis strip-teaseur », il ne serait peut-être pas autant considéré comme un morceau de viande.
Je sais que c’est mal vu d’aimer se montrer, mais en ce qui me concerne, je prends mon pied dans ce métier.
J’ai été très choquée par certaines phrases comme : « L’intérêt c’est que tous ses potes profitent. » ou encore : « boire avec, le draguer, le charmer, le chauffer, à peu près tous les moyens sont bons pour le faire dépenser un max. »
J’ai l’impression que la femme n’est plus qu’un bout de viande… En fait, j’aurais aimé une approche un peu plus « sexuée » du métier, pour expliquer la manière dont la femme qui fait ce travail se voit, et surtout, la manière dont elle voit les hommes…
Quand je dis « le but est de le faire dépenser un max », c’est parce que c’est vraiment le but pour le club, pour les filles. C’est une industrie, donc oui, le côté « consommation » est omniprésent (et je n’ai pas dit que je cautionnais, ce n’est pas parce que j’y travaille que ce sont mes valeurs).
Comment je me vois ? Je crois que je ne sais pas tellement, je suis un peu jeune et j’ai l’impression de changer tous les jours… mais je ne me sens pas dévalorisée, ni comme un bout de viande surtout quand les clients me disent « tu es humaine« , « tu es la plus belle fille ici ce soir » ou « le plus excitant chez toi c’est ton côté naturel« . Je me laisse un peu trop prendre au jeu, j’avoue, je ne suis pas très détachée de ce personnage sur scène, mais la plupart des filles le sont, et c’est nécessaire, sinon on est un peu paumée (je suis un peu paumée).
Comment je vois les hommes ? Ils sont tous différents, mais j’ai déjà eu un coup de foudre dans le club. J’ai rencontré un mec génial (il m’a pas pris de danse, on a discuté pendant une heure) on a passé deux jours ensemble avant qu’il retourne à New York et ça fait six mois qu’on se parle tous les jours… (mais non, on n’a pas le droit de les revoir après normalement, et je ne voulais pas le mentionner dans l’article, au cas où mon employeur me lirait).
L’article ne dit rien sur le boulot, donc oui, on peut penser que c’est un taf comme un autre. Dans ce cas, pourquoi en parler ? Je pense, et j’imagine que je ne suis pas la seule, que c’est un boulot particulier, sinon pourquoi faire un article là-dessus ?
Je trouve ça plus que moyen de présenter ça avec autant de nonchalance, comme si danser à poil était aussi évident que vendre des burgers. Au-delà du fait qu’évidemment il faut être à l’aise avec son corps, y a quand même d’autres implications morales et psychologiques, et j’aurais trouvé intéressant d’avoir une vraie réflexion là dessus.
En fait j’ai voulu le présenter comme un job comme les autres pour essayer de l’imposer comme un job normal, pas avilissant, parce qu’on n’est pas assez reconnues pour ce qu’on fait je trouve. On est souvent victimisées par les clients, on m’a souvent demandé « il est sympa avec toi ton patron ? » comme si on était des prostituées ramenées de Hongrie.
Ça m’est arrivé aussi qu’un client m’arrête dans ma danse pour me dire « arrête j’ai l’impression qu’on te force, ça me gêne » alors qu’il avait payé. Je sais pas, il y a tellement une bonne ambiance, une ambiance « boulot », que j’ai peut-être perdu le côté incroyable du machin.
Pour les implications psychologiques, j’y ai réfléchi la première semaine en culpabilisant un peu, je flippais un peu en me disant « c’est pas super bien vu de faire ça si ? est-ce que les gens me prennent pour une pute ? » et j’ai très vite vu que non, les gens nous respectent vraiment (pour la plupart) et j’ai jamais eu autant confiance en moi de toute ma vie, j’ai jamais reçu autant de compliments, ça rassure un peu, on se sent invicible, invulnérable. Pour moi ça a été une expérience fantastique, et c’est pour ça que je voulais faire passer ce job comme un super job.
Je me demande si ces danses privées de 30 minutes uniquement avec le client sont fréquentes ? Ça m’étonnerait que les strip-teaseuses en fassent énormément chaque soir.
Si, c’est fréquent, c’est même comme ça qu’on gagne notre vie. Si on n’en fait pas, on gagne très peu de tickets (tickets qui font le salaire). Il y en a même qui prennent plusieurs séances à la suite, genre une heure. Du coup, ça fait très très cher.
Pour moi, le strip-tease n’est pas un métier comme les autres, et du coup je suis aussi particulièrement gênée par tous les discours de type « entre bosser à l’usine et vendre mon corps, je préfère la deuxième option ».
En effet, pour moi dire cela représente un manque de respect pour toutes les femmes (car ce sont en majorité des femmes qui sont concernées) qui triment à l’usine 35 heures par semaine. Le type de discours qui estime que vendre son corps est moins dévalorisant présente les ouvrières ou femmes de ménage comme des agents économiques plutôt irrationnels (préférant un métier moins bien payé et plus désagréable). Mais j’estime que toutes choses égales par ailleurs, une ouvrière fait plus pour la libération de la femme, et pour le respect de la personne humaine (personne au sens plein du terme, et non objet sexuel), qu’une strip-teaseuse.
Pour moi, l’asservissement c’est se mentir à soi-même et faire quelque chose qu’on n’a pas envie de faire, se forcer. Pour moi c’est ça, les taches ingrates. Donc à partir du moment où j’ai choisi et où j’aime ce job, je me sens au moins honnête avec moi-même.
On n’a pas atteint une égalité des sexes parce que ce débat n’aurait pas lieu si on parlait d’un strip-teaseur. On ne dirait pas qu’il est « l’esclave des femmes » mais certains trouveraient peut-être ça marrant ou agréable. Encore une fois, tous les hommes ne nous regardent pas comme des morceaux de viande. Je ne vois absolument pas où est le problème à vendre du désir. Chose plus étonnante, c’est un des rares métiers où les femmes sont beaucoup mieux payées que les hommes.
Asservissement, vraiment ? La pornographie aussi en est un ? Parce que, pour moi c’est un métier également. Les travailleurs et travailleuses du sexe sont parfaitement conscients qu’ils sont marginaux et l’acceptent, je suppose qu’ils essaient de militer à leur façon… C’est sûrement un autre débat.
Perso, je pense que ce serait pas mal d’arrêter de dire systématiquement qu’une strip-teaseuse fait un truc dévalorisant et anormal, et surtout on arrête de pleurer sur le respect de la femme tout ça, parce que c’est certainement pas avec ça qu’on va faire avancer l’image des femmes qui font ce genre de trucs.
Merci, tu as très bien résumé et expliqué tout ce que je pense. La dernière chose que je voulais c’était en faire un drame du style « Enquête Exclusive ». Je sais que les gens ont envie d’entendre « c’est trop horrible on est maltraitées dans les clubs de strip tease, j’étais fauchée, obligée de vendre mon corps à des hommes dégueulasses, sortez moi de ma condition » parce qu’une femme n’a pas le droit de vendre du désir dans notre société. Justement, je voulais montrer qu’en fait, j’estime que si.
Perso, une question me taraude : est-ce qu’on gagne vraiment de l’argent, si on doit s’acheter soi-même toute une armoire de lingerie sexy ?
On a largement les moyens de s’acheter une armoire de lingerie :) Aujourd’hui une copine de strip m’a dit qu’elle avait fait 1500 euros de shopping… voilà voilà. (Perso j’aime pas le shopping, j’irai plutot me payer des voyages, chacun son truc)
NDLarédaction : si vous êtes strip-teaseuse et que vous avez un avis divergent, vous pouvez bien sûr vous exprimer sur le forum ou bien directement en nous proposant un témoignage.
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Les Commentaires
Maintenant je ne suis pas d'accord avec le point de vue de la madz qui a rédigé l'article, effectivement, le ton est un peu trop désinvolte voire (un peu) agressif à mon gout. Je pense qu'il est normal que l'on se pose des questions quand au métier de strip-teaseuse, car quoi qu'on en dise, ca reste un boulot où l'on exhibe son corps face à des inconnus, il y a un caractère sexuel indéniable : les poses lascives, le fait de "chauffer" le client, c'est bien pour exciter qu'elles font ce job. On ne peut pas dire "je suis strip-teaseuse, et pis, arrêtez les polémiques, c'est un boulot comme un autre, je fais ca comme je pourrais faire caissière". Selon moi, c'est normal de réfléchir au statut de la femme, à ce qu'elle représente dans notre société actuelle quand elle s'expose pour exciter la gent masculine (car comme le dit elle-même cette madz, c'est bien du désir et du fantasme qu'elle vend) alors oui il y a des débats.
Forcément, c'est normal que les opinions divergent, car non, à mon avis ca n'est pas un métier comme les autres. C'est un métier qui existe, certes, il serait stupide de ne pas le considérer comme un boulot à part entière, mais il est un peu particulier dans le sens ou l'on s'y expose physiquement et où ce qu'il suggère n'est pas anodin. Donc, quand on se pose des questions sur l'image que telle ou telle personne renvoi de la femme, ce n'est pas non plus être mormone. C'est simplement admettre, que oui, c'est un sujet sensible (quoi qu'on en dise), qui de toute manière soulèvera régulièrement des débats car il peut effrayer ou choquer (selon les plus ou moins pudiques).
Mais je trouve intéressant d'avoir l'opinion d'une personne qui aime son métier, bien qu'il soit controversé, qui le dit et surtout qui explique pourquoi elle l'aime, elle nous permet de changer notre regard sur un boulot dont l'image est souvent bafouée .
(De plus je trouve que c'est un bel acte de courage). C'est juste le ton un peu accusateur envers les personnes qui peuvent mal réagir face à son travail qui m'a dérangé, car comme je l'ai déjà dit plus haut, je trouve normal de se poser des questions (surtout en tant que femme).