Si vous vous faites un ciné cette semaine, allez voir Contagion. Soderbergh détaille avec un rythme implacable l’évolution d’une épidémie qui, en quelques semaines, va enterrer 30 millions d’américains et bouleverser le quotidien de tous les survivants (et à la fin le virus C’EST TON PERE). Le scénario de son film est tellement crédible que, depuis, j’envisage de m’exiler au Trépanistan à chaque fois que je croise une personne enrhumée.
Pourtant, ça fait déjà 25 ans qu’on vit avec une épidémie qui compte également 30 millions de victimes et qui a modifié durablement notre quotidien. Alors certes, l’existence du SIDA ne nous oblige pas à enfiler une tenue de cosmonaute avant d’aller faire les soldes, mais si comme moi vous êtes nées après 1970 (faites pas les malines sous prétexte que vous êtes nées après 19… 90), il y a peu de chances que vous ayez un jour abordé votre sexualité sans réfléchir au risque d’être infectée.
Alors. Comment aborde-t-on l’épidémie du SIDA en France en 2011 ? Retour sur quelques questions qu’on continue de se poser.
Aujourd’hui, on meurt encore du SIDA ?
Oui et non. En France, on a la chance d’avoir accès à des traitements qui sont plus efficaces et qui ont moins d’effets secondaires qu’il y a 15 ans, mais les scientifiques n’ont pas assez de recul pour évaluer leur efficacité sur le long terme. De plus, ces traitements permettent uniquement de contrôler le virus, mais pas de guérir de l’infection. Par conséquent, être séropositif, cela implique non seulement de prendre des médicaments à vie, mais aussi d’être constamment sur ses gardes pour ne pas contaminer son entourage. Entre autres réjouissances, on oublie l’idée de faire l’amour sans préservatif.
C’est quoi le risque d’être infectée ?
En moyenne, lors d’un rapport sexuel avec un garçon séropositif, le risque pour la femme varie de 1/1250 pour un rapport vaginal jusqu’à 1/50 pour un rapport anal. Si ces valeurs peuvent paraître faibles, elles dépendent de nombreux autres facteurs qui peuvent multiplier ce risque par 50. Parmi ces derniers, on retrouve l’infection par une autre MST, la présence de blessures, d’ulcères ou de sang sur les appareils génitaux, le stade d’évolution de la maladie chez la personne infectée et la quantité de virus dans son sang, ainsi que le degré d’addiction à Twilight.
Dans le cas des rapports oro-genitaux, le risque est plus faible, et peu d’études ont étudié avec précision ce taux de transmission. Cependant, de nombreux rapports médicaux décrivant des cas de patientes infectées lors de préliminaires non protégés prouvent que le SIDA se transmet aussi par les fellations.
Est-ce qu’on va le trouver un jour, ce satané vaccin ?
Chaque année, la presse généraliste publie des articles annonçant des « découvertes cruciales » dans le développement d’un vaccin. Déjà en 1983, année de la découverte du virus, certains scientifiques annonçaient la commercialisation d’un futur vaccin « dans les deux ans ». Aujourd’hui, la communauté scientifique est beaucoup moins optimiste. Après 25 années de recherche, le résultat le plus abouti correspond à un vaccin testé en 2009 en Thaïlande offrant une protection limitée de 30% dans un groupe de volontaires ayant reçu six injections du vaccin. On est donc bien loin d’envisager sa commercialisation et la plupart des spécialistes s’accordent pour dire qu’il faudra encore attendre au minimum dix ans avant d’avoir un vaccin disponible.
Alors comment je me protège ?
Rien de nouveau depuis les cours d’éducation sexuelle. La meilleure (seule ?) solution reste l’utilisation d’un préservatif. D’autres méthodes de prévention existent, mais aucune n’est suffisamment efficace. La circoncision, les microbicides ou la prise de médicaments antiviraux de façon préventive permettent de réduire les risques, mais n’empêchent pas la transmission du virus. En revanche, si vous vous mettez d’accord avec votre partenaire pour que votre relation soit exclusive, plus besoin d’attendre 3 mois avant d’aller faire un dépistage : la plupart des tests aujourd’hui utilisés dans les labos permettent de détecter une infection deux semaines après un rapport à risque.
En résumé, l’épidémie de SIDA, c’est l’épidémie de notre génération. Et si nos parents ont connu l’insouciance de la révolution sexuelle, il se peut que nos enfants ne comprennent jamais le stress des séances de dépistage, l’étape que marque l’abandon du préservatif dans le couple, ou la programmation du Sidaction. C’est tout le mal qu’on leur souhaite.
(De toute façon on s’en fiche, en 2012 on va toutes mourir)
Note de Fab : cet article est le dernier que Maïa écrira pour madmoiZelle. Un très grand merci à elle pour tous les articles qu’elle aura écrits depuis 18 mois dans nos colonnes ! Vous trouverez plus d’explications sur les raisons de ce départ ici. Et bien sûr, vous pourrez continuer à la suivre sur Sexactu !
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Les Commentaires
Je trouve que y a quand même moins de prévention qu'à l'époque, nous, à dix ans on avait des trucs sur le sida à la PMI, y avait des petits courts métrages qui passaient à la télé. 3000 scénarios contre un virus - Crips Ile-de-France (fait par les plus grands), celui qui m'a le plus marqué à l'époque c'est celui avec le poisson rouge, une jolie façon d'introduire le préservatif et on sauve des vies.
Ils devraient en repasser quelques spots à la télé, parce que le préservatif ça protège du Sida mais pas que les gens oublient, les IST, les MST : hépatites, chlamydiae etc......et aussi de la grossesse.
M'enfin pour moi les madmoizelles sont des nénéttes qui sortent jamais sans capotes.
Mais bon moi je trouve que la protection contre les MST on en entend moins parler tout de même.