J’ai toujours été gourmande. J’ai également la chance (et croyez bien que je la mesure) de n’avoir jamais eu de problème de poids. Comme beaucoup de filles, je surveille l’aiguille de la balance, mais je ne suis pas du genre à me refuser un excès de temps en temps. Jusqu’à il y a environ 4 mois, j’avais un péché mignon : le pain. La baguette tout juste sortie du four, encore chaude, était à mes yeux LE délice ultime.
Sans aucune raison, un jour, j’ai commencé à être ballonnée. Au moindre encas, à la plus petite collation, je gonflais. Mes voisins en sont mêmes venus à me demander pour quand était prévu « l’heureux évènement », car je ne dégonflais pas, ou très peu. J’ai ensuite eu des maux de ventre de plus en plus aigus. Je finissais pliée en deux après chaque repas. Je ne dormais plus que très mal, ce qui forcément me rendait irritable, nerveuse, étourdie, bref difficile à vivre tant sur le plan professionnel que personnel. Me voyant épuisée, mon médecin m’a arrêtée. Il me bourrait d’antidouleurs qui me shootaient mais ne réglaient rien.
Au bout de trois semaines, j’avais toujours aussi mal, mais je suis retournée bosser : à force de ne rien faire, je commençais à attendre les séries télé du matin en tournant en rond. Avant de devenir irrémédiablement fan de Plus belle la vie, j’ai décidé de retrouver une vie sociale. En parallèle, j’ai fait tout un tas d’examens aussi inutiles que stressants : trois prises de sang, une IRM, un scanner, une fibroscopie… Je n’avais rien. Nada.
Mon ventre (me) gonfle, et les médecins aussi
J’ai vu plusieurs médecins : un naturopathe, qui m’a demandé de « réfléchir à ce qui, dans mon enfance, avait pu provoquer mon ballonnement ». Un généraliste, qui m’a pris un dépassement d’honoraires « parce que votre cas est lourd et que je ne sais pas ce que vous avez ». Un gastroentérologue renommé, qui ne m’a reçue que sur recommandation et m’a reprise quand je l’ai appelé « Docteur » : « On dit Professeur ». Après cinq minutes de consultation, il a émis un avis définitif: « Vous êtes toujours si nerveuse ? C’est dans votre tête tout ça ! ». Ben non, c’est dans mon bide et ça (me) gonfle.
Gonflée par tout ça, je l’étais et à plus d’un titre : j’avais mal en permanence. Les mois passaient. Mes collègues n’osaient plus me demander comment j’allais. Mon boss ne prenait plus la peine de masquer ses doutes : « Ça fait déjà trois mois que tu es malade : ça commence à devenir problématique… Pour nous ! ». Pas tant que pour moi.
Ma mère m’a suggérée de voir un ostéopathe : « Ça a marché du tonnerre sur tes problèmes de dos, ma puce ». Oui mais, pardon de me répéter, j’ai mal au ventre. J’y suis allée, me disant que ça ne pouvait pas être pire que les autres. Il m’a écoutée et m’a posé énormément de questions sur mes habitudes alimentaires, mon rythme de vie. Puis il m’a dit : « Et si vous arrêtiez le pain ? ». Enfin, pas seulement le pain. Le gluten.
Adieu, ô, pain adoré…
Le gluten est une substance protidique contenue notamment dans le blé, l’orge, le seigle et l’avoine.
L’intolérance au gluten est une maladie inflammatoire du tube digestif. Cette pathologie touche environ une personne sur 200 (soit 300000 personnes en France). Selon mon ostéopathe, il s’agirait d’une réaction du corps à « une alimentation de plus en plus dénaturée », je cite. Et j’avais tous les symptômes. Sans exception.
Nous étions vendredi soir. J’ai décidé de me faire un week-end « gluten free » pour voir. J’avoue : je nourrissais le secret espoir qu’il se soit trompé. Parce que moi, je n’avais rien, mais alors rien du tout contre « l’alimentation dénaturée » ! Dénaturé, le Big Mac ? Peut-être, mais uniquement parce que je n’aime pas Ronald… Dénaturé, le pain au lait du matin ? Il est si fondant qu’il ne peut pas faire de mal… Dénaturés, le jambon, les knackis, les quiches lorraines, les pizzas, les crèmes au chocolat (eh oui !), les soupes en briques ? Tous ces aliments (la liste est loin d’être exhaustive) contiennent du gluten, car il est utilisé comme additif alimentaire.
Et surtout : adieu boulangerie ? Fini le pain, les viennoiseries, les pâtisseries ?
Pourtant, le dimanche soir, le résultat était flagrant : aucune douleur, un ventre plat… Pour la première fois depuis quatre mois, je n’avais pas mal. Je revivais ! Et je déprimais. Je me suis forcée à relativiser : ça en valait la peine.
Les joies des aliments « gluten-free »
J’ai fait confirmer mon intolérance par un autre gastroentérologue. Après une biopsie intestinale, le verdict est tombé : maladie coeliaque. Il s’agit d’une forme d’intolérance au gluten qui nécessite de le proscrire totalement de mon alimentation. Même les aliments contenant des « traces » de blé ou ceux fabriqués dans un endroit utilisant du blé sont à bannir. Je découvre les joies de la « contamination croisée » : on ne mélange pas les aliments sans gluten avec les autres. Il allait donc falloir apprendre à cuisiner, à manger et même à vivre autrement.
J’ai pris conseil auprès d’une amie intolérante au gluten : elle m’a donné de bonnes adresses, indiqué des aliments que j’ai trouvés bizarres au début… Mais très agréables à manger : le quinoa, les galettes de riz au chocolat, la farine de maïs (idéales pour les crêpes). Internet est également une mine d’or : boutiques spécialisées, forums, conseils et recettes… Ça aide à se sentir moins seule !
Inutile de se leurrer : sur un budget, l’intolérance au gluten coûte cher, le prix des aliments de base, comme les farines, triplant quand ils sont sans gluten. Du coup, même les pâtes sont hors de prix ! Il faut faire attention aux « arnaques » : tout ne se trouve pas dans les magasins bios, souvent plus chers que les autres. Se lever le samedi pour aller au marché peut être un bon plan. Cuisiner soi-même ses aliments devient une nécessité, d’où l’intérêt de cuisiner en quantité et de congeler… Après, tout est question de goût et de vigilance.
J’ai prévenu ma famille et mes amis : Pour l’instant, tout le monde est adorable: on me demande ce que je veux/peux manger, on fait attention… Néanmoins, je m’attends à recevoir beaucoup plus qu’avant : non pas que les gens soient curieux de mon nouveau mode de vie, mais je me vois mal imposer mon menu à mes amis quand je vais chez eux. Le restaurant, maintenant, c’est Japonais d’office. Heureusement, j’aime les sushis !
Bref, je n’ai pas encore vraiment trouvé toutes mes marques, mais j’apprends. Je prends mon temps. Il y a tant de choses qui passent par la nourriture, à commencer par notre rapport aux autres. C’est une nouvelle vie à mettre en place.
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Les Commentaires
J'ai arrêté le gluten une semaine pour voir si ca allait mieux, en effet, ca allait mieux...
J'ai été voir une naturopathe qui m'a parlé du gluten (encore une fois !) et de tout ce qu'il faut éviter et mettre en place au quotidien. J'avoue que je ne comprends pas sur quel type de médecins est tombée la personne qui a écrit ce texte, il faut vraiment avoir une poisse d'enfer Oo
J'ai vu naturopathe, ostéopathe et je suis en ce moment sous un traitement homéopathique prescrit par un médecin homéopathe. Et les 3 ont visé un même problème, le foie.
Je n'ai jamais fait de test, je n'ai pas trouvé de médecin qui ont voulu m'en faire passer un, mais mon médecin homéopathe m'a dit quelque chose d’intéressant. Pour lui, si on réagit au gluten comme une agression, c'est que déjà à la base, le corps est très (trop) sensible. Il me fait donc un traitement de fond pour détoxifier mon corps (pancréas et foie) et en effet, j'ai l'impression d'être déjà beaucoup moins sensible lorsque je fais des écarts.
Je ne suis pas prête à me contraindre à manger différemment (même si déjà je n'achète pas de viande, mange pas beaucoup de quantités de pain) et de remettre en bouleversement ma façon de cuisiner (moi qui n'apprécie pas cuisine...) . J'ai seulement fait l'impasse sur les cochonneries type gâteau parce que les réactions étaient immédiates et contraignantes au travail.