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De l'art d'échouer...

De la difficulté d’être crédule

Sophie-Pierre Pernaut part avec un gros retard dans la vie : sa crédulité. Elle essaie de vous faire partager son quotidien de naïve devant l’éternel.

Faut que je vous annonce un truc, et je prends mon ton le plus solennel pour ce faire. C’est difficile à assumer, parce que dans le monde dans lequel on vit, vaut mieux pas déconner avec ça et tout prendre au pied de la lettre, ni même à la main du télégramme, mais voilà, le fait est que je souffre d’un mal, et que ce mal, c’est que je suis crédule.

Alors là tout de suite, je vous sens défaillir façon « non mais attends, ATTENDS, la fille elle fait des papiers d’actualité pour nous et peut-être que des fois elle a lu des trucs faux et qu’elle a pas vérifié et que j’ai raconté n’importe quoi en soirée ».

Rassurez-vous : ma naïveté (et c’est là que ça devient surprenant) touche tout sauf ce qui est important, sérieux et nécessite une bonne dose de vérification. Vous pouvez me faire confiance : jamais je ne vous tromperai à ce sujet. D’ailleurs vous saviez que Lindsay Lohan était enceinte de Charlize Theron ? Je l’ai vu sur Internet. Vous l’aurez lu ici en premier.

Bref, dans le but de me soigner, j’ai eu envie de m’épancher avec vous sur ma vie dans la peau d’une crédule.

La crédule passe pour une truffe

J’adore l’humour. J’adore l’humour mais parfois, j’ai du mal à discerner si c’en est ou si c’en est pas. Quand je rencontre un inconnu et qu’il tente de faire de l’humour, par exemple, je suis perdue comme si on remplaçait mon yaourt par de la béchamel sans rien me dire. Ce qui laisse lieu à des dialogues dignes d’un mauvais vaudeville dans lequel je jouerais le rôle de l’ingénue. Exemple. Imaginons que je sois à la boulangerie et que mon vendeur préféré (puisque le seul de l’établissement) tente d’engager la conversation :

– Ça va madmoizelle ? – Oh bah oui et vous ? – Super ! Ma belle-mère est morte. – Han ! Toutes mes condoléances – Ah non mais j’déconne hein. Haha. Elle est marrante la p’tite. – Ahhhh. Haha, bah oui, pardon. (rire forcé parce que franchement c’est pas très rigolo). »

Du coup, la fois suivante, je suis forcément prête à rire. Sauf que…

– Ça va madmoizelle ? – Oh bah oui et vous ? – Bof… Mon chien est mort. – HAHAHAHA (rire forcé parce que franchement, c’est pas très rigolo). – Vous n’aimez pas les animaux ? »

Alors du coup la fois suivante je le prends au sérieux et puis il aurait fallu comprendre que c’était de l’humour, alors la fois suivante je prends ça pour de l’humour, sauf que c’en était pas, et ainsi de suite jusqu’à ce que je passe de vie à trépas.

Cet exemple est fictif, mais ma vie suit ce schéma très précis. Un coup je crois un truc improbable, un coup je crois pas un truc crédible parce que j’ai été vexée d’avoir cru un truc improbable.

Le gimmick de la crédule

Vous voyez la marionnette de Roselyne Bachelot aux Guignols ? Cette marionnette pourrait être moi (si on oublie le tailleur rose vif et les Crocs) tant elle illustre parfaitement ma naïveté quotidienne et mon habitude à ponctuer chaque affirmation d’autrui par « ah booooon ».

"Et alors là, au milieu des braises, j'ai fait un low-kick balayette au cul-de-jatte et tous ses potes sont venus le défendre et j'ai explosé tout le monde à une main. - Ah boooon ?"

"Et alors là, au milieu des braises, j'ai fait un low-kick balayette au cul-de-jatte et tous ses potes sont venus le défendre et j'ai explosé tout le monde à une main. – Ah boooon ?"

Ainsi est-ce ma réaction lorsqu’un ami me raconte une anecdote un peu croustillante. Je lève les sourcils très haut vers le ciel au point d’en faire disparaître mon front (pourtant si grand qu’il pourrait sans problème accueillir un deltaplane en atterrissage d’urgence), j’écarquille des yeux surpris et j’étire mon « ah booon ? » comme si j’étais à la Star Ac’ et qu’Armande Altaï m’apprenait à gérer mon souffle.

Eviter d’avoir l’air d’une fille qui a un QI inférieur à 16 est, dans ces conditions, assez difficile, vous en conviendrez.

Le bouc-crédulaire

J’ai tellement la tête de l’emploi de l’ingénue que des gens mal intentionnés en profitent parfois pour m’humilier un petit coup. Un jour que je prenais le train, qu’il s’était inopinément immobilisé et devait repartir dans 5 minutes depuis une petite heure, je suis allée voir le contrôleur pour lui demander ce qu’il se passait. Probablement fatigué de devoir répondre à la même question pour la énième fois, il a lâché dans un soupir las « c’est parce que les roues ont crevé ».

J’ai répondu « d’accord » et j’ai tranquillement regagné ma place sous les regards estomaqués des autres usagers et me suis mise à réfléchir deux secondes afin de laisser la vérité éclater dans mon cerveau : un train, ça peut pas crever (je le sais, j’ai wikipédié, googlé, et même bingé alors c’est dire). J’étais donc devenue le bouc-émissaire d’un contrôleur aussi peu enclin à expliquer les raisons d’un long arrêt du train que je l’étais à réfléchir à ce qu’on venait de me dire. Pour sûr qu’il en rigole encore avec ses copains en uniforme indigo.

À maintes reprises, j’ai traversé des passages comme ça dans ma vie où ma facilité à faire confiance aux paroles des autres m’a conduit à passer pour une sorte de mix entre Heidi, Eve Angeli et Mickaël Vendetta. La lose chevillée au corps.

La crédule se rebelle

La naïve que je suis en ayant eu marre à un moment de sa vie de passer pour une simplette, j’ai décidé d’arrêter les frais en ne croyant plus rien ni personne et faisant passer un interrogatoire à chaque fois qu’un proche me dit quelque chose.

Le mindfuck de la crédule.

Le mindfuck de la crédule.

D’une jeune ingénue crédule, je tente de passer au statut de cynique qui ne fait confiance à personne d’autre qu’elle. Mais c’est pas facile : le chemin est long, caillouteux et semé d’embûches sur l’autoroute des affirmations. Et puis je passe surtout pour la psycho de service, parce que je n’ai malheureusement pas encore réussi à bien doser les quantités.

Contre-exemple : en revanche, si je m’évertue depuis quelques heures à répéter à voix haute « c’est-pas-vrai-je-n’y-crois-pas-aucune-femme-ne-boit-son-placenta-même-dilué-dans-du-lait« , ce n’est pas dans le but de me déniaiser : c’est juste une application de la méthode Coué pour me rassurer et me faire passer l’envie de laisser mon repas sortir de mon organisme pour venir s’écraser comme une fiente de pigeon sur mon clavier.

Et sinon, y a d’autres crédules dans l’assemblée ?

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Les Commentaires

15
Avatar de Irma Bud
7 juin 2012 à 02h06
Irma Bud
ma soeur est crédule, c'est tellement drôle de la voir me regarder avec cet air :

dès qu'elle n'est pas sure de la blague de quelqu'un
0
Voir les 15 commentaires

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