Live now
Live now
Masquer
ceinture_de_chastete_clef
Amours

Comment une ceinture de chasteté a ruiné mon date (spoiler : c’était pas la mienne)

Des premiers rendez-vous gênants, Émilie en a connu pas mal. Mais de celui-ci, elle garde un souvenir très particulier : après tout, ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur un homme en ceinture de chasteté.

Cette histoire commence il y a quelques années, alors que je trainais sur des applis de rencontres comme Tinder ou Badoo. C’était un peu glauque, mais pas trop, et à vrai dire, je m’y faisais plutôt chier. Je n’y trouvais que des mecs insipides qui cherchaient la formule parfaite pour serrer à tous les coups, comme si j’étais une truite dans une rivière d’eau douce.

La routine, en somme.

Sur une appli de rencontres, je tombe sur son profil

Ce jour-là, je me décide à me pencher de plus près sur mes prétendants, le tout aux toilettes, comme à mon habitude. De dépit devant ce qui m’est proposé, j’élargis mes recherches jusqu’au sud de la capitale, l’autre bout du monde pour moi, et je tombe sur Thomas

Thomas vient d’un arrondissement bourgeois, et a une gueule de jeune cadre dynamique qui carbure à la coke et à la névrose œdipienne non résolue. Mais il a aussi l’air bon délire, il n’aime pas les tomates crues et vote à gauche, comme moi. Je peux bien m’attarder un petit peu sur son cas.

Pour résumer, son profil ressemblait à celui de n’importe quel Parisien espérant choper. Toutes les personnes ayant déjà tâté 1) des applis de dating et 2) du bobo parisien pourront en confirmer la formule avec moi.

On y trouve, dans cet ordre :

—  Un portrait un peu artsy pour faire cool (souvent en noir et blanc) ;

—  Un portrait de lui qui rigole comme si on le payait pour rire à des blagues de Tex ;

—  Une photo avec ses potes (qui se ressemblent tous). 

Et puis, des photos bonus : un chien ou un chat, une photo creepy de lui enfant ou bébé, et parfois, red flag ultime, une photo de sa mère. 

Kink-friendly ? Ça m’intéresse !

Jusque là, donc, rien de très surprenant.

Mais une chose m’intrigue dans son profil : juste après une présentation sommaire et une citation de Mad Men (un red flag de plus, n’est-ce pas ?) se trouve une petite mention qui indique « Kink-friendly » 

Kink-friendly ? Toi, avec ta chemise corporate bleu ciel et ton jean brut The Kooples ? Je demande à voir. 

La conversation s’engage, et nous faisons connaissance. Il est sympa, mais un peu distant les deux ou trois premiers jours de discussion, et il nous faut du temps pour se mettre d’accord sur un jour pour se rencontrer. 

Il me propose un bar près de Montparnasse que je critique légèrement, mais qui reste supportable (et la pinte n’était pas chère) et le jour J arrive.

Notre rencontre, et une question étonnante

Quand nous nous retrouvons, il a l’air nerveux comme jamais. Je le suis aussi, mais ma poker face est imbattable, et j’essaie donc de détendre l’atmosphère en parlant de tout et n’importe quoi. Je place le sujet de la Coupe du monde, car c’était l’été de notre victoire écrasante (go Mbappé). 

Il s’ouvre petit à petit, et la nuit tombe. Nous finissons ENFIN par flirter un peu, mais je sens qu’il y a anguille sous roche, que quelque chose reste en suspens.

Cela ne m’arrête pas, toutefois, et nous terminons la soirée en nous roulant des pelles près du métro quand soudain, il se détache de ma bouche et me demande tout de go, là, comme ça :

« Est-ce que ça te plairait de garder les clés de ma ceinture ?»

Honnêtement, la question ne fait pas sens tout de suite dans ma tête. J’ai quelques pintes dans le sang, et l’idée d’une ceinture avec un verrou a tendance à m’évoquer un pantalon-coffre en bois plutôt que ce qui va suivre.

Déjà 20 secondes de silence. Nous nous regardons dans le blanc des yeux.

Une grande incompréhension s’installe

Je romps le silence avec une question à la hauteur de mon incompréhension.

« Hein ? 

— Bah, tu sais… J’ai une ceinture. »

Je regarde sa ceinture. 

« Ah cool. C’est sympa une ceinture avec un verrou. 

— …

— Mais du coup, pourquoi je garderais ta clé

— …

— Non, mais en vrai je ne comprends pas, c’est pas chiant que je garde la clé ?  

— Bah non… C’est le but. »

Et là, il prend ma main et la plaque sur son entrejambe. Mon cerveau explose de rage et je suis à ça de lui en coller une, avant de réaliser que je sens un truc métallique à la place de son pénis. 

Sa ceinture était une ceinture de chasteté

Il ne dit toujours pas un mot, mais les choses s’éclairent. Je m’exclame :

« AH. AH D’ACCORD, OK JE VIENS DE COMPRENDRE. »

Et là, la mention de kink-friendly apparaît dans mon cerveau comme une illumination. Ce que ce jeune homme essayait de me faire comprendre subtilement, c’est qu’il cherchait quelqu’un (une femme de préférence) pour garder les clés de sa CEINTURE DE CHASTETÉ

Mon date est rouge de honte, tellement que je pense à appeler les urgences. Il bafouille, essaye de s’expliquer, mais nous sommes toujours en mode collé-serré à côté de la rambarde du métro.

Alors, il s’écarte, je m’écarte, et un silence gênant s’installe. Il finit par me lâcher un vague « je travaille demain, il faut que j’y aille » et par prendre la fuite alors qu’il était 22h. 

Et ce date, qui avait bien commencé en vrai, s’est terminé par un au revoir plus que gênant, puis par moi en train d’halluciner dans la ligne 13. Le retour a sûrement été pire pour le pauvre Thomas, qui avait l’air au bout de sa vie. Nous ne nous sommes jamais revus.

Je suis kink-friendly, voire kink-positive, mais c‘est bien la première fois qu’on essayait de m’expliquer un kink aussi sommairement. Comment est-ce que tout ça aurait pu bien tourner alors que je n’avais aucune information ?

Aux hommes qui ne savent pas comment expliquer leurs fantasmes et autres pratiques sexuelles, je vous le dis : il faut que cela change ! Pour ma part, j’aurais été complètement à même de comprendre ce qu’il se passait s’il m’avait expliqué la situation avec des mots et pas en collant ma main contre son pénis.

C’est probablement la morale de cette histoire gênante.

Témoignez sur Madmoizelle

Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !


Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos newsletters ! Abonnez-vous gratuitement sur cette page.

Les Commentaires

6
Avatar de MaryPoppinz
26 juin 2021 à 11h06
MaryPoppinz
Ben voilà, il a foiré sur ce coup-là avec une bonne dose de maladresse-panique(huhu)
Il aura constaté que c'était pas une super approche. Il en tirera peut-être la leçon de peaufiner sa technique pour les histoires à venir. Je l'espère.
0
Voir les 6 commentaires

Plus de contenus Amours

Source : Midjourney
Célib

Margaux, 24 ans, célibataire depuis 5 ans : « À un moment, je cherchais et je voyais l’amour partout »

9
Santé Mentale

« Ma psy m’a appris à comprendre et accepter mes émotions sans lutter contre elles » : Louise ...

Humanoid Native
Source : Priscilla Du Preez / Unsplash
Amours

Elles ont fait un mariage d’amitié : « Quand elle a descendu les escaliers, j’ai eu l’impression de l’avoir déjà rencontrée dans une autre vie »

3
Source : Midjourney
Amours

Sophie, 39 ans : « J’essaye de soigner ma dépendance affective » 

Source : Unsplash / Daniel Lezuch
Célib

Chloé, 25 ans : « Pour les dates, je me dis toujours ‘au pire, je découvre un bar ou un resto sympa’ »

"Photo Unsplash"
Amours

Je suis sortie avec le musicien dont j’étais fan à l’adolescence

Source : Midjourney
Célib

Julia, 25 ans : « Pour les hommes cis, être célibataire équivaut à être ‘disponible sur le marché’ »

Untitled design (10)
Amours

Je suis sorti avec ma psy, et je ne recommande pas l’expérience

24
Source : Andrea Piacquadio / Pexels
Célib

Victoria, 33 ans et ex-polyamoureuse : « J’ai envie d’être la priorité absolue de mon ou ma partenaire »

Identité fem chez les lesbiennes // Source : Filadendront de Getty Images Signature
Amours

Les applis de rencontres peuvent-elles aider contre la dating fatigue ?

femme avec des coeurs sur le front
Amours

Comment on sait qu’on est amoureuse ? Sept lectrices racontent

La vie s'écrit au féminin