En vacances, comme souvent, j’ai rencontré l’homme de ma vie. Cela aurait pu rester une histoire sans conséquence, si je n’avais habité à Paris, dans le mauvais quartier.
L’homme de ma vie vagabondait ainsi avec des amis, et par l’entremise de plusieurs personnes, je parvins à l’approcher et à lui plaire. L’idylle fut courte, mais intense. Puis il repartit aussi vite qu’il arriva, et je n’eus pas même le temps de lui demander son numéro de téléphone, son email, ni rien d’autre.
Après trois jours de recherche acharnée sur Google-mon-idole, je retrouve sa trace et son courriel (aaah les joies de la technologie !), je passe des heures à penser à l’e-mail parfait (que je soumets au jugement de 23 copines et 3 copains) et puis je me lance en lui écrivant ceci (oui, je garde à peu près tout ce que j’écris):
« Cher Toi, cet email risque de te paraître incongru, peut être même inopportun, j’espère en réalité que ce n’est pas ce que tu penseras, et qu’au contraire tu te réjouiras d’avoir de mes nouvelles, comme moi je me serais réjouie d’en avoir de ta part.
Alors peut-être que c’est parce que les règles d’un jeu entre deux personnes me sont inconnues, peut être que c’est parce que cette partie est trop compliquée pour moi, et que je ne sais pas comment pouvoir éventuellement repasser par la case départ et toucher le gros lot, mais me voici donc partie pour un « suicide affectif », une mini-déclaration des temps modernes, un petit discours enfin plein de franchise dans un jeu où l’on préfère pourtant en général ne pas se livrer trop vite.
Toute cette longue introduction très floue pour t’écrire que les moments passés avec toi furent pure magie pour moi et que j’aurais aimé qu’ils durassent (oui désolé pour cet imparfait du subjonctif qui nous fait désormais mal aux oreilles) plus longtemps. Je réagis souvent par «coup de coeur», par instinct, et tu es parvenu en quelques instants seulement à me bouleverser le psyché et à me donner des « papillons dans le ventre ».
Donc voilà, risquons ! Je me risque donc à te demander si comme moi tu as aimé le début de la partie et comme moi détesté la fin un peu trop rapide, mais peut -être qu’en réalité tu as trouvé la fin tout à fait normale. Il n’empêche que j’aurais aimé te proposer de relancer les dés à mon retour à Paris le mois prochain, recommencer une partie où l’on ne saurait pas ce qui nous attendrait, jackpot ou joker, mais au moins on essaierait ? »
Les papillons dans le ventre, je les ai surtout ressentis pendant les jours qui ont suivi, à attendre une réponse, puis le jour où j’ai enfin vu un mail de sa part dans ma boîte de réception : « Euh, c’est gentil mais non, bonne continuation à Paris » – ma théorie personnelle, c’est que le subjonctif est bien sûr seul à l’origine de ce gâchis ;). Et slaaatch la baffe dans ta gueule ! Oui, ca fait un peu mal, mais c’était prévisible, alors je m’y attendais… car finalement, la déclaration ne peut avoir lieu que lorsqu’il n’y a vraiment plus d’espoir.
Je m’en retourne donc à Paris, je retrouve mon meilleur ami et je lui confie un soir dans le métro en rentrant chez moi « j’espère que je ne vais pas le recroiser, parce que bon, je ne vais plus trop savoir où me mettre… ». A ce moment très précis, juste là, comme dans les films, quand j’entends le-dit meilleur ami me répondre « tu sais, la région parisienne c’est 11 millions d’habitants, ca serait le comble que ca se produise« , je vois monter en face de moi l’un des amis du « Cher Toi », rencontré en vacances également.
Impossible de l’éviter, je joue donc les faux-semblants :
– « Salut , tu vas bien, qu’est-ce que tu fais là ? »
– « Euh, c’est ma ligne de métro »
– « Ah bon, t’habites où ? »
En entendant son arrêt de métro et son adresse, je m’effondre intérieurement : Paris, c’est 11 millions d’habitants, mais lui, c’est forcément mon voisin !
La suite de l’histoire voudra que le voisin devienne le copain de ma colocataire, entraînant situations désespérantes et renonciation à l’e-mail comme moyen de déclaration…
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