Y a des moments dans la vie où je me trouve plutôt tendue. Ces jours-là, il suffit d’un rien pour me faire transpirer du dos d’énervement, et jeter des regards noirs à la ronde (déjà que j’ai une bitchy resting face quand mon visage est au repos, je peux te dire que ça me file pas l’air commode) (ni même table de chevet) (TU L’AS ?).
Le pire, c’est que l’agacement prend vachement de place dans l’esprit : ça s’étale, ça occupe tout le temps de cerveau disponible, ça empêche de réfléchir. Je perdais du temps et de la productivité sur plein de trucs. Ça m’arrive encore aujourd’hui de m’énerver pour des conneries, mais je travaille pour ce que ça soit de moins en moins souvent le cas !
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Du coup, quand je m’énerve, je respire un peu plus fort que d’habitude et j’essaie de voir si ça vaut vraiment le coup de se mettre les organes en branle et de voir rouge. Si « le connard qui a grillé ma place l’air de rien à La Poste » ou, bien pire, « la relou qui beugle des trucs racistes dans le métro » ont passé l’essai et resteront à jamais des sources justifiées de rage intérieur, ce n’est pas le cas pour tout.
Moi essayant de gérer l’agressivité du monde.
Les enfants et leurs parents
Je vais pas te mentir : j’ai largement ragé sur la présence d’enfants dans ma voiture de TGV, dans le métro, dans la rue, au supermarché… Partout. Je leur en voulais d’être aussi bruyants, d’avoir toujours un truc à dire, une question à poser, voire simplement de croiser mon regard.
Au bout d’un moment, j’ai commencé à piger un truc : bien sûr, certains enfants vont « trop loin » dans le volume de décibels qu’ils sont capables de produire, qui plus est dans des lieux clos, mais le seuil de tolérance de tout un tas d’humains s’arrête vachement plus en amont de ça. Le mien, en tout cas.
C’est pas rare de voir tout le monde faire la gueule et signifier sa rage (dans la vie comme sur Internet) parce qu’il y a un marmot un peu trop bavard en face dans le train, ou simplement « en prévision » de passer un trajet pas aussi calme qu’on l’aurait prévu.
Sans parler des sales ados qui mettent leurs pieds sur les sièges.
En fait, globalement, je trouve que la haine va parfois trop loin. Y a qu’à voir les réflexions qu’on repère parfois dans la foule, portant sur l’éducation des enfants… par des gens qui n’en ont pas (et qui manquent sérieusement d’indulgence) ! Toutes les fois où, parce qu’un gosse crie un peu à la caisse, on entend des personnes âgées dire avec agressivité des trucs comme « y a des coups de pied au cul qui se perdent ». Ces regards noirs lancés au parent qui rentre dans le métro avec une poussette ou dans le train, parce que ça prend de la place.
Franchement, ça a pas l’air simple, d’être parent. Déjà, t’as la responsabilité de la vie d’un ou plusieurs êtres humains, mais en plus, tu te fais juger quand tu sors de chez toi sur ta façon d’apprendre la politesse à ton gosse ou sur la place que tu prends sur le trottoir.
Il y a des enfants plus ou moins bien élevés, des enfants plus ou moins calmes, des parents plus ou moins bons en terme de discussion sur le respect de la tranquillité… C’est comme ça. On peut pas faire grand-chose contre un enfant qui a besoin de papoter pendant un trajet en train, si ce n’est mettre des boules Quiès, changer de place, monter un peu le son de sa playlist ou lui proposer de jouer à pierre-feuille-ciseaux ou à la bataille navale s’il est installé en face de toi avec ses parents.
En fait, y a vachement plus de solutions de pas être énervée que de solutions pour rester bougon.
Comment j’imagine les gens qui disent « il y a des coups de pied au cul qui se perdent » élever leurs enfants.
Les vannes qui, d’un coup, deviennent archaïques
Si tu es active sur les réseaux sociaux, tu as probablement remarqué qu’à chaque fait divers ou actualité politique, une avalanche de blagues et jeux de mots découlant du sujet s’ensuivent. C’est normal, un peu. Tout le monde a sa vanne, tout le monde veut la placer. Quoi de plus naturel, quand on est fier de sa trouvaille, que d’avoir envie de montrer au reste du monde que nous aussi, on est rigolo ? Quoi de plus naturel que de frétiller à l’idée de faire rire ne serait-ce que dix personnes avec son bon mot ?
Franchement, j’ai arrêté les blagues sur l’actualité parce que j’étais pas douée pour ça, mais je suis comme n’importe quel twitto à la ligne éditoriale branchée rigolade : je rate pas une occasion de tenter d’être drôle.
Il se trouve qu’au bout d’un moment, tout le monde a bien rigolé sur un sujet, et d’un coup, une poignée de personnes décide que c’est fini et critique tous ceux et toutes celles qui continuent à faire les mêmes blagues à base de « ouais nan mais ça va là c’est bon on a compris ».
Ça marche pour les vannes temporelles sur l’actualité, mais ça marche aussi avec plein d’expressions, comme « grosso merdo », « je dis ça je dis rien », « ça envoie du pâté » et « okidoki ». Ou les jeux de mots. Y a des gens, ils aiment pas les jeux de mots, alors ils se disent peut-être que du coup, ça n’a aucune raison d’exister. Eh bah tu sais quoi ? La police de l’humour n’existe pas. Tout ce que je demande à l’humour (celui qui me fait rire comme celui qui me laisse de marbre) c’est de n’être offensant envers personne.
Tout ça pour dire, la police de l’humour a cette fâcheuse tendance à me faire froncer du nez : si la blague n’est insultante pour personne, en quoi est-ce qu’elle dérange tête d’orange ? Parce que oui, oui, j’ai peur de rien, j’suis intrépide et rebelle : si je décide qu’on a encore le droit de dire « ça te dérange tête d’orange tu te l’épluches et tu te la manges », je le fais.
Vivons heureux et en paix, qu’on aime les blagues de pets ou qu’on préfère la prose humoristico-subtile.
Les transports en commun blindés Je sais ce que c’est : quand mon bus ou mon métro met du temps à arriver, je commence à sentir poindre le début d’un gros agacement au fond de mon estomac à l’idée que la prochaine rame soit absolument blindée (vu qu’il n’y aura pas eu de transports pendant un peu plus longtemps que d’habitude). Et c’est souvent le cas. On est serrés les uns contre les autres, on a du mal à respirer, on n’est pas à l’aise (j’ai personnellement beaucoup de mal avec l’idée d’être en contact physique avec des inconnus : pour tout te dire, je préfère encore m’enfoncer une aubergine dans la narine en écoutant du Michel Sardou).
Pourtant, on a beau être des centaines de personnes à être énervées en même temps dans le même lieu, ça ne fait pas passer le trajet plus vite. Je le sais hein, j’ai déjà testé.
Au même titre que regarder avec insolence le haut de l’escalator ne le fera pas aller plus vite.
En plus, je ne veux pas être le genre de personnes que le stress rend cruelles au point de soupirer la bouche ouverte dans un métro bondé. Ça se fait pas, sérieux.
Les fautes de syntaxe, d’orthographe, le manque de « culture »
Je n’ai rien contre les gens qui s’autoproclament « grammar nazi ». Je fais plein de fautes, d’inattention bien souvent, et je suis bien embêtée à l’idée de déranger des personnes qui n’aiment pas ça.
Mais alors tout de même, y a des jours où j’ai envie de dire « eh, pète un coup Thierry », comme la fois où une fille de ma promo a fait preuve de bien trop d’agressivité parce que j’avais mal prononcé un mot. Relever une faute : ouais ! Je suis pour à 500%, c’est important, et j’aime bien qu’on m’aide à m’améliorer (big up, fist bump et couronne de fleurs pour le vendeur londonien de saucisses qui m’a appris ce week-end que je prononçais mal « pinte » en anglais).
Juger et crier, en revanche, merci mais non. C’est contreproductif.
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Ça marche pour les fautes, mais ça marche aussi pour le pré-supposé « manque de culture ». Quand par exemple, tu n’as pas vu LE film culte ou LE livre mythique d’une personne et que tu le fais savoir, de façon plus ou moins nonchalante.
Du condescendant « TU CONNAIS PAS ÇA ? » au méprisant « T’AS JAMAIS LU ÇA ? », c’est pas rare de voir des gens monter dans les tours pour ce genre de broutilles. J’ai l’impression que leur vie est en jeu, quoi, alors que de base, si on me vend un film, un livre ou une sorte de Perrier, calmement et avec des arguments efficaces du genre « c’est sublimement réalisé » ou « on y voit la bite à Dudule », j’y cours.
Les gens qui s’énervent pour des trucs qui t’énervent pas
Bah oui, quoi, c’est pas parce que j’ai décidé de ne pas/ne plus m’énerver sur certains trucs, que je devrais du coup m’énerver contre les gens qui s’énervent contre des trucs qui m’énervent pas.
Les jours passent, les combats se renouvellent, dis.
Et toi alors, quels sont les trucs contre lesquels tu trouves qu’on s’énerve trop ?
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Alors déjà parlons des transports en commun. Récemment un collègue (sans enfant) avait fait tout un discours sur les mamans qui cassaient les c*uilles à tout le monde en prenant le bus/tram/métro avec leur poussettes aux heure de pointe. Grosso modo une maman devrait rester chez elle avec ses bambins. Alors précisons : une maman (ou un papa) a aussi une vie sociale, et que prendre les transports en commun avec une poussette c'est tout sauf plaisant, on ne le fait pas par choix, et surtout pitié, je vous en supplie, laissez votre place assise à une très jeune maman. Parce que je vous jure que rester debout dans un bus ou autre alors que tu as accouché y'a 1 semaine c'est l'horreur.
Sur les enfants "turbulents"!! Alors là!! c'est un sujet compliqué. Les enfants font tout en courant, en criant, ils ne savent pas gérer leur colère, leur frustration, leurs envies, leurs peurs, leur tristesse.
Alors oui ils sont bruyants, oui ils arrivent parfois qu'ils partent "en vrille" sans raison logique pour nous adulte. La meilleure réponse dans une situation de crise c'est l'empathie, envers les parents(qui sont surement très fatigués et très gênés de cette situation) et les enfants (qui sont dans un moment de détresse) . Les enfants ne sont PAS des mini-adultes!
Voilà, soyons indulgents