Article initialement publié le 1e août 2012
Ça y est : c’est avec la joie dans ton coeur ET ton coeur tout en joie que tu as enfin trouvé un appartement à la hauteur de ta grandeur. Pourtant, avant de poser tes fesses sur ton vieux canapé dans un nouvel environnement, il te faudra traverser de nombreuses et ô combien douloureuses étapes communément englobées sous le terme « déménagement ». Car si l’issue est forcément positive (déménager étant généralement le signe d’un pas en avant sur le chemin de la vie), le processus est désagréable et rébarbatif, à l’image de dix châtiments pour te punir en prévision du bonheur que tu ressentiras en arrivant dans ton futur domicile. Ces châtiments, les voici.
Plaie #1 : Faire les cartons
Avant de pouvoir emménager dans ton nouveau lieu de villégiature, il te faut déplacer toutes tes affaires de ton ancien appartement. Et avant de déplacer toutes tes affaires de ton ancien appartement, il te faut les emballer dans des cartons pour faire le moins de trajets possibles (c’est une question de logique et d’engagement pour le développement durable de tes pieds).
Faire ses cartons, c’est aussi faire le tri dans les immondices et les bibelots accumulés pendant plusieurs années dans ton logement. L’occasion, entre autres :
- De pleurer tes ex
- De réaliser que tu as vieilli
- De constater que tu n’as toujours pas vidé le bol de céréales que tu avais rangé dans ton armoire après avoir bu quelques litres de vin en cubi, le soir du 29 juin 2008
- De devoir trouver un endroit où glisser tes 158 tubes de rouges à lèvres et ton petit millier de vernis à ongles (big up, Annelise, cosméto-collectionneuse de renom)
Triste est le carton / Quand il transporte tous tes chaussons.
Plaie #2 : Bouger les meubles et réaliser ce qu’il y a derrière
En bougeant tes meubles, tu risques de découvrir quelques surprises que tu te serais laissée au fil des mois : un préservatif usagé derrière ta tête de lit, un nid d’insectes sous un meuble que tu n’as jamais pensé à soulever ou encore le Post-It que tu avais collé sur ton miroir pour te rappeler l’anniversaire de ton frère il y a quatre mois, qui est finalement tombé (tu comprends ainsi beaucoup mieux pourquoi ce dernier ne t’adresse plus la parole depuis 18 longues semaines).
Bouger les meubles, en fait, c’est un peu comme te remettre face à ton éventuel manque d’hygiène et t’envoyer dans la tête ton petit côté soeur ingrate.
Plaie #3 : Découvrir des endroits qu’on n’a jamais pensé à nettoyer
Le dessus de la fenêtre quand on l’ouvre, le dessus des portes, le derrière la gazinière, au-dessus des armoires, dans la raie de ton pardon sont autant d’endroits que nous ne pensons jamais à nettoyer, probablement parce que nous ne savons même pas qu’ils existent.
Du coup, en prévision de ton départ de ton appartement, tu te rends compte qu’il faut tout remettre à neuf pour récupérer ta caution que ton logis sente le Mr Propre fraîcheur marinière dans les moindres recoins. Et de te retrouver enterrée sous la poussière qui tombe de tous ces endroits que tu n’avais jamais envisagé de récurer cinq ans durant.
Ce jeune enfant a voulu rendre service à ses parents pendant leur déménagement. À ce jour, il est toujours porté disparu.
Plaie #4 : Les visites
Rendre un appartement, c’est s’astreindre à accepter que d’autres viennent le visiter pour éventuellement le louer à leur tour. C’est donc soit :
- être sûr-e que ton/ta propriétaire viendra faire un petit tour pendant ton absence avec un-e inconnu-e qui saura bien observer ton intimité de fond en comble. Si ça se trouve, il aura même remarqué le préservatif plein derrière ta tête de lit,
- devoir toi-même te charger des visites et te socialiser avec de sombres inconnus que tu ne connais point alors que tu as juste envie de glander en culotte en faisant le poirier tout l’après-midi.
Mais le pire (LE PIRE), c’est que tu es obligée de toujours avoir ton logement rangé. Toujours. Rangé. L’angoisse. Le mythe de Sisyphe du pauvre.
Plaie #5 : Les papiers
Refaire ton dossier à la CAF, photocopier tes fiches de paie, demander une lettre de caution, envoyer ta quittance de loyers et des lettres en recommandé… Tant de papiers administratifs, tant d’heures passées à attendre à La Poste, tant d’heures à pester à la CAF, tant de noms de famille écrits en minuscules dans les cases alors qu’il fallait le faire en majuscules et que tu dois tout, TOUT recommencer.
Rien que pour ça, je voudrais ne jamais avoir à changer de ville, voire, au pire, faire une dizaine d’heures de train entre la ville de mon emploi et la ville où j’habite.
Plaie #6 : Renoncer à son temps libre
« -Eh, on va boire un verre ? -Bah non, je peux pas, j’ai pas fini mes cartons. -Bon bah demain alors ? -Demain non plus, demain j’ai une visite. -Et samedi ? -Samedi c’est mort, faut que je nettoie le derrière de mes toilettes et mes plinthes où la poussière s’est incrustée comme ton ex à la soirée du mois dernier, tsé. »
Tant d’occasions de sortir et de se détendre qui tombent à l’eau comme une bouteille qu’on jette dans le caniveau (c’est mal) au profit d’un déménagement imminent.
Plaie #7 : Transporter d’un point A à un point B
Tu as fini tes cartons ? Bien. Tu as soigneusement nettoyé le dessus de ta chaudière ? Super. Désormais, tu dois transporter tous tes meubles et toutes tes affaires pour les empiler dans ton nouveau logement.
Quand j’étais petite, je pensais que quand on déménageait, une sorte de pelleteuse géante déracinait la maison pour la déposer où on avait envie de la mettre. Ç’aurait été tellement, tellement plus simple s’il en avait été ainsi. Car à moins d’avoir choisi d’emménager dans l’appartement juste en-dessous du tien, rien n’est moins folichon que de devoir transporter tes affaires d’un logement à un autre. Surtout quand on n’a pas de voiture, qu’il faut louer une camionnette, qu’on ne sait que moyennement conduire un véhicule de plus de quatre mètres d’envergure et qu’on doit encore grimper les escaliers avec sa vie entre les bras.
Mais bon, porter des cartons et des meubles seule dans un escalier en colimaçon, c’est pas facile. Et c’est bien pour ça qu’on a tendance à appeler…
Plaie #8 : Les amis
J’aimerais qu’on s’arrête quelques heures pour rendre hommage à tous les amis de toutes les personnes qui les ont un jour appelés pour les aider à déménager.
Il n’y a pas grand chose de pire que d’être appelé en renfort en pareilles occasions : parce qu’en plus de se coltiner son propre déménagement, il faut alors se charger de ceux des autres. C’est d’autant plus pénible qu’on peut difficilement trouver une meilleure façon de se brouiller avec tout le monde, chacun des convives n’ayant pas la même façon de faire. Le pire étant d’arriver et de voir que les personnes concernées n’ont même pas pensé à préparer les cartons alors qu’on pensait qu’il suffisait de tout mettre dans la voiture et de les transférer à la nouvelle adresse.
Tant d’amitiés brisées suite à un déménagement.
Mais généralement, il faut bien avouer que tout est bien qui finit bien. Surtout quand il y a des bières fraîches et de la salade piémontaise.
Plaie #9 : L’état des lieux, premier du nom
Rien n’est plus pénible qu’un état des lieux de sortie : le propriétaire ou l’employé de l’agence immobilière se contentera de faire ce dont il a l’habitude (c’est-à-dire vérifier que tu laisses l’appartement dans le même état que tu l’as trouvé), mais tu pourras difficilement ne pas te sentir jugée par le regard de l’autre.
Mais surtout, un état des lieux, c’est long, rébarbatif, et profondément chiant. Chiant à mourir. Plus encore qu’une chanson de Céline Dion sur un clip à la Souvenirs from earth.
Plaie #10 : L’état des lieux, deuxième du nom
Quand y en a plus, y en a encore et toujours : après l’état des lieux de sortie de ton ancien logement, tu dois encore subir l’état des lieux d’entrée dans le nouveau. Le coup de grâce.
Le coup de grâce et, soudain, l’envie de fermer les yeux et de te laisser envahir par la mort par overdose de reluquage de fissure.
Et toi, quels sont les petits trucs que tu détestes le plus quand tu déménages ?
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
J'avais ptet 15 cartons de comics en 2000, et quand on a déménagé en 2010, j'en avais plus de 40 je crois (le compte exact me fait défaut, mais c'est l'ordre d'idée avec le facteur multiplicateur)... forcément faut pas en mettre trop dans les cartons sinon tu te pètes le dos. Vive les cartons de bananes!.
Même en déménageant à 100m on a fait appel à des déménageurs.
Le prochain déménagement, j'ose pas imaginer, c'est pire que les hamsters ces BD, ça se multiplie à une de ces vitesses...