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Moi, moi et moi

La crise d’adolescence vestimentaire


L'enfant évolue, le look morfle. Illustration.

A un moment donné, les petites filles ont envie de se démarquer en créant leur propre garde-robe. En codé ça donne : wareuning, la chrysalide s’apprête à virer papillon. Le problème, c’est qu’avant de devenir un beau grand Schmetterling à mille couleurs, on ressemble pendant quelques trimestres à une grosse chenille, souvent arrogante et mal polie, qui plus est.

Je m’adresse aujourd’hui à toutes celles qui se sont figurées que deux pièces inassemblables pouvaient se marier, comme si on tentait de mélanger un œuf et des frites dans un seul et même sandwich. Celles qui ont marché, fières comme des escalopes Legaulois, alors qu’elles étaient accoutrés trop grand / court / coloré. Je m’adresse également à celles qui sont encore en phase transitoire, afin qu’elles prennent un pas de recul sur leur look. Des fois, les chocs visuels ça calme même les plus hardies.

Pour que la démonstration soit plus parlante, nous avons décidé de l’illustrer avec les plus belles pièces issues de la collection personnelle de madmoiZelle.com. T’as plutôt intérêt à kiffer, parce qu’on a fouillé dans les cartons et signé un droit à l’image qui risque de niquer – à vie – nos réputations de bombes atomiques qu’on a acquis à la force du poignet.

La fin de l’enfance vestimentaire


Cette jeune personne ne le sait pas, mais elle s'apprête à entrer en guerre avec son look.

Les mères doivent croire que si elles t’habillent le plus longtemps possible en salopette velours et collants, elles vont retarder l’entrée en guerre de vos deux êtres. Non conscientes de la supercherie, les petites filles se laissent mettre des chouchous et écrivent en silence dans leur journaux intimes parfumés, que Kevin qui est en 6ème est beaucoup trop beau pour être vrai.
Et puis un jour, le déclic se fait. Tu ne veux plus faire allemand, tu refuses d’aller à ton cours de solfège, parce que ta copine t’a invité à un goûter où y’aura Kevin. Maman gronde, mais pour la première fois, tu lui sers un regard d’en dessous, du genre « Qu’est skya ». Et voilà, c’est le bordel qui commence. Et quand on n’a pas encore la rhétorique, comment on manifeste son mécontentement ? Visuellement parlant bien sûr ! En dépensant les sous de Mamy dans des habits que maman va pas aimer. C’est parti pour une guerre de cent ans.

Le début des emmerdes : le Noir


Cette jeune personne n'a manifestement pas envie d'être là, dans un bocage normand.

Le bras de fer commence : il va s’agir de saouler tes parents à tel point qu’ils ne t’emmènent plus jamais nulle part. Mais l’heure n’en est pas encore à cette victoire : il faut d’abord faire tes classes ! Pour signifier à tes géniteurs qu’un schisme est en train de se tramer :

– Les Must-do : du noir du noir du noir, et une tronche comme si le collège venait d’annoncer qu’il y aurait cours le mercredi après-midi.
– Les Must-have : beaucoup de piles pour ton walkman, une cassette préférée et un journal intime où coulent tes larmes.
– Les Must-Hate : tes parents, le système qui empêche aux enfants de passer leur permis avant 18 ans, et Alexia, une fille du collège dont Kevin touche les seins à chaque récré. Mais c’est elle la pute.
– Les Must-wish : des trucs beaucoup trop chers que tu n’auras jamais. Une VRAIE doudoune Helly Hansen, un VRAI bêret Kangol, une VRAIE paire d’Air Max, un VRAI pull Chevignon, etc…

Pendant cette phase 2, on se dit que les choses vont se régler en une coup de cuiller à pot, genre, « un jour je vais me casser ils seront contents, et j’prendrai un appart et j’en ai rien à foutre, au moins j’pourrai fumer tranquille, dans MA chambre ». (Pauline, 13 ans)

Hin hin, tututu, ça va pas se passer comme ça, il te reste beaucoup de nuits à rêver que tu vas tagger des trains, beaucoup de dimanches entrée / Flageolets / rôti avant que ne retentisse le glas de l’émancipation.


Ca c'est quand on attend trop longtemps avant d'avoir le droit de faire des trucs.

On récapitule : ça fait deux ans que tu t’échines à être absolument insupportable avec ta famille. Tes parents ont même pensé à t’abandonner, mais ils se sont rappelés de toi bébé et ta mère a un peu pleuré. Depuis le Cinquième Élément, toute ton énergie va à convaincre ta mère de te laisser adopter les dreadslocks rouges, mais elle veut pas. Et puis un jour, un tube de gouache te tombe dans les mains, te permettant de réaliser ton plus grand fantasme de l’année en cours 1997-1998. Évidemment, le résultat est éphémère et ça pique, mais « A change is gonna come », puisque ta mère ne t’a pas immédiatement rasé les cheveux. Elle vieillit, c’est bon signe, ‘va pas tarder à lâcher du leste, la bougresse…

Autre accomplissement personnel de l’année 1997 : avoir trouvé un jogging Adidas bleu classic à peu près équivalent à celui que portent les danseuses de Will Smith dans le clip Gettin’ Jiggy Wit It. Bon alors oui, au vu de la taille il a manifestement appartenu à une grosse personne qui essayait de faire du sport dans les années 60. Mais bientôt tu étendras le droit de le porter de la maison au jardin, du jardin au mercredi après midi, puis du mercredi au monde connu. Parce que c’est sûr, ta mère va fatiguer c’est pas possible qu’elle tienne le coup avec les négociations incessantes auxquelles tu la forces. Déjà là c’est pas normal qu’elle ne t’ait pas mis une droite quand tu lui as dit « vas y respire c’est bon« , devant Mamy dimanche aprè-midi. (Je t’avais prévenu que c’était pas fini les sessions entrée / Flageo / rôtis)


Les gens qui fument des bananes sont souvent cools selon un sondage TNS SOFRES.

Alors attention, période transitoire critique : la permission vestimentaire du samedi midi au dimanche soir, dans une zone de – 3 hbs / Km2 (cf photo)

Sous son air bonhomme, le parent pense gagner du terrain.
 » T’as vu comment elle est sappée la gamine, on dirait une pute !  »
 » Oui mais t’en fais pas, on s’en fout y’a personne qui la voit ici, on est à – 3hbs / Km2 « .
 » Ah ok « .

Je dis oui, sauf que :

– Merci pour lui, sans avis extérieur l’enfant aura une vision du style merdique, et c’est comme ça qu’on finit en sarouel à motifs africains à la fac de Nancy, à dire « ouaiis la mooode moi j’m’en fous quoiii » (ceci est du second degré).

– Ne pas laisser un enfant s’habiller comme il veut c’est comme laisser un lion dans une cage trop petite. Un jour ça pète et ni maman ni papa n’y pourront rien changer. Un jour le lion rugit et bondit hors de sa chambre et là c’est foutu, comme illustré page suivante.

(Mais le coup de la banane cigare ça pue déjà la fin des haricots, je trouve).

L’indépendance chèrement acquise


Cette jeune personne porte bien un top asymétrique rose orné de stras (et elle n'a plus de sourcils)

Eh ben voilà qu’est ce que je disais ? En n’accompagnant pas ses enfants dans leur évolution vestimentaire, on arrive à des résultats couasi surnaturels. Détaillons ce qui s’est passé entre l’épisode de la banane décor into the wild et ici. La mère a craqué, fini les beaux espoirs que la petite porte à tout jamais une robe en velours brun, envolés les rêves de ruban dans les cheveux et Francis Cabrel revisité à la flûte traversière. La môme laissée en friche ne tarde pas à tâter de son indépendance, à coup de sourcils surépilés et d’autobronzant auto-appliqué comme une rébellion négationniste. « Maman je renierai tes génomes de rousses et deviendrai métisse jusque dans la paume de mes mains ». Bon ça marche pas, mais on tient un angle précis.

Malheureusement on le sait tous pour arriver à un bon résultat il faut d’abord beaucoup se tromper. CQFD*.

*Veuillez m’excuser si ça ne colle pas au contexte, j’ai beaucoup de mal à maîtriser cet acronyme.

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Les Commentaires

59
Avatar de fa$h_youli73
29 juillet 2011 à 11h07
fa$h_youli73
Grande fanatique de cet article, je ne m'en lasserai jamais ... ff:
0
Voir les 59 commentaires

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