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De l'art d'échouer...

Un week-end sans smartphone, l’expérience impossible

Sophie Riche a perdu son smartphone et a dû vivre tout un week-end sans son petit bijou de connectivité. Retour sur une expérience de l’impossible (en vrai, ça va, hein).

Le 6 février marque la journée mondiale sans smartphone. Vas-tu tenter ce défi ? De rester éloigné·e de ton portable pendant 24h ?

Dis-moi dans les commentaires comment tu vis cette journée si tu relèves le challenge !

Publié le 30 mars 2015

Vendredi soir, il m’est arrivé un truc pour la première fois de ma vie.

Généralement, j’aime bien quand il m’arrive un truc pour la première fois : ça me rappelle qu’il y a encore plein de trucs que j’ai jamais fait et jamais vécus, et que ma vie sera encore pleine de surprise. Une petite gastro par ci, un petit cadeau par là… Les surprises, ce n’est pas forcément que du positif, tu vois.

Bon, on dirait de la philosophie de vie de comptoir, et y a un peu de ça, mais tu ne m’en voudras pas de chercher à voir le positif partout, même dans les situations vraiment vraiment très pénibles.

Ce qu’il m’est arrivé vendredi soir, c’est que, comme souvent, j’ai oublié de m’intéresser à mon téléphone, je l’ai posé n’importe où, et je me le suis fait voler. Un excellent moment que celui où j’ai réalisé, en me connectant sur l’iCloud pour le localiser, qu’il n’était chez personne que je connaissais et que non, contre toute attente, ce n’est pas une âme charitable qui l’avait trouvé et l’avait ramené chez elle pour me le rendre plus tard.

ron swanson telephoneLe marteau du destin sur la fragilité de mon iPhone rose-saumon.

En attendant d’avoir le temps de passer chez mon opérateur, j’ai donc dû passer le week-end et une partie du lundi sans un smartphone. Je pensais que je ne verrais pas la différence. Que ça passerait vite.

Warning : je n’ai pas souffert. Je ne vais pas me plaindre et geindre à base de « C’ÉTAIT HORRIBLE J’AI FAIT LE VIETNAM » avec des larmes dans la voix. C’était juste bizarre, différent et, j’irai même jusqu’à dire… Exotique.

Exotique, ouais. Comme l’odeur du monoï en plein hiver. Parce qu’il y a plein de trucs qui changent, quand on n’a pas de smartphone sur soi pour la première fois depuis son premier Nokia 3310.

Préparer une sortie sans smartphone

Sortir de chez soi, qui plus est pour retrouver quelqu’un, s’avère bien compliqué pour les HASQOPLL (Habitué-e-s Aux Smartphones Qui Ont Perdu Le Leur) (j’emprunte cette technique d’acronymes au Professeur Bobby Freckles et à ses Instants Putassiers). J’avais pris des habitudes, voire des réflexes. 

C’est fou à quel point tu vois pas le truc venir, le petit confort s’installer. Moi, chaque fois que je dois sortir, je prépare mon itinéraire sur mon smartphone. J’ai beau connaître l’adresse, je vérifie toujours s’il n’y a pas un chemin plus court, un petit kebab sur la route en cas de fringales ; a minima, j’y jette un oeil pour ne pas oublier de tourner à droite. Du coup, j’en viens à réaliser que je connais même pas mon quartier tellement je me cale toujours sur l’itinéraire de mon smartphone sans regarder la route. À titre d’exemple, samedi, je devais aller à une adresse située à 8 ou 9 minutes de chez moi, dans une rue devant laquelle je passe tous les jours, et j’ai dû regarder sur mon ordinateur avant de partir et noter l’itinéraire pour ne pas me perdre.

Je donnerais pas cher de ma peau en période post-apocalyptique. Coursée par des zombies, je m’imagine aisément paniquer, sortir mon téléphone de ma poche, demander la route à Siri, réaliser que mon téléphone n’a plus de batterie, m’allonger dans l’herbe noire et sèche et pleurer en attendant la mort (du coup, les zombies ne voudraient même pas me bouffer tellement mêmes eux me trouveraient con).

Ceci étant dit, y a pire comme, défaut : j’aurais pu torturer des personnes âgées dans une cave, et ç’eut été drôlement pire que de me fier trop souvent à Google Maps. C’est mon opinion.

Je dis ça pour pas avoir l’air de me flageller, tu vois.

Zéro moyen de communication VS le manque de ponctualité

Quand je dois rejoindre quelqu’un pour mon seul loisir, je suis toujours à la bourre. Ça ne me pose généralement pas de souci particulier : dès que je sais que je vais être en retard, j’envoie un message à la personne que je dois retrouver, pour lui faire comprendre que ça ne sert à rien d’être à l’heure (en croisant les doigts pour qu’il ou elle ne soit pas déjà en route).

Là, quand j’avais peur d’être en retard (peur que je ne pouvais pas confirmer ou infirmer puisque les HASQOPLL ne sont pas nombreu-x-ses à comprendre l’intérêt d’avoir une montre et ne peuvent donc pas savoir l’heure), je n’avais pas le moyen de prévenir l’autre pour qu’il m’attende. J’avais l’angoisse dans le bide que la personne se casse après avoir regardé sa montre ou son téléphone en soupirant, que je me retrouve seule au point de rendez-vous, un-e ami-e en moins.

sauvez par le gongAllo l’horloge parlante ? C’est pour savoir l’heure stp merci.

En vrai, ça a été. J’ai fait un recensement après ce week-end sans smartphone, et ça n’a pas l’air d’avoir gêné les copains.

La question que personne ne pose

J’ai bien eu un vague traumatisme, ce week-end. Un petit, hein. Rien de bien dramatique. C’est juste que, vraiment, voilà bien une question que je pensais ne plus jamais avoir à poser de ma vie toute entière.

À lire aussi : Ces phrases que tu ne prononces plus depuis 10 ans

Enfin, c’est pas exactement ça :

disons que je ne pensais même pas à cette question. Elle m’était sortie de l’esprit, et l’éventualité d’avoir à faire quelque chose du genre une fois dans ma vie ne me venait pas du tout en tête tant elle est anachronique. Le fait est que, ce week-end, j’ai.

J’ai… Oh lala, rien que de le dire, j’en ai encore des frissons.

J’ai demandé mon chemin.

J’ai regardé une personne droit dans les yeux, j’ai commencé par dire « Excusez-moi ? » et j’ai fini par « Est-ce que vous savez où se trouve la rue Viande des Grisons* ? ».

*Le nom a été changé pour d’évidentes raisons d’anonymat d’oubli de la vraie rue.

Et je peux vous dire que, dans le regard du quidam à qui j’ai demandé mon chemin, il y avait beaucoup de peur (« Vient-elle du passé ? Me veut-elle du mal ? Est-ce une ruse pour me faire ralentir et me faire renifler du chloroforme avant de me soutirer quelques organes contre mon gré ? »).

Du coup, quand j’ai réalisé à quel point ça me faisait un effet étrange, de demander mon chemin, je me suis dit :

« Il faut que je prenne ça en note pour un potentiel article ! Vite, mon mémo sur mon téléphone ! »

(Bon en un peu plus familier et en un peu moins « phrases complètes », parce j’y mets vachement moins les formes quand je me parle à moi-même).

SAUF QUE J’AVAIS PAS DE MÉMO, puisque je n’avais PAS DE TÉLÉPHONE. Alors quand j’ai retrouvé Mymy, avec qui j’allais boire un verre, je lui ai demandé de me prêter son carnet de notes et, sans déconner, crois-le ou non, j’ai pas su l’ouvrir du premier coup.

Bon, je suis pas sûre que ce soit l’addiction à la technologie qui me conduit à ne pas savoir ouvrir un carnet. Je pense juste que je suis un peu neuneu avec les objets et l’espace en règle générale.

À lire aussi : Ces addictions qui nous gâchent la vie

La conclusion à tout ça

La conclusion que j’ai envie de donner est un message d’espoir à ceux et celles qui ont peur de se faire voler leur téléphone ou de le perdre, un jour : ça arrive. Ça peut vous arriver. Non, ça n’arrive pas qu’aux autres, mais oui, on s’en remet.

J’aimais beaucoup mon smartphone jusqu’à vendredi ; je le trouvais mignon, avec son fond d’écran charcuterie et sa petite sonnerie du matin pour m’extirper du sommeil. C’était pas non plus comme mon enfant, mais je l’appréciais, je le trouvais pratique et je m’imaginais pleurer des litres si un jour je le perdais.

En vrai, non : en vrai, je m’en fichais pas mal, d’avoir à en changer.

C’est pas grave, tout ça. C’est juste chiant dans le sens où ça fait des frais supplémentaires si toi non plus, tu n’as pas pris d »assurance, mais c’est tout.

C’est pas grave d’avoir à recopier ces contacts un à un. C’est pas grave de perdre des photos de jolis souvenirs (les souvenirs, ils sont dans la tête, surtout) (ou sur Facebook). C’est pas grave si j’ai dû demander à Mymy de prendre pour moi la photo de ce tag, que j’aurais mis sur les réseaux avec pour légende « J’avais lu « urine » et ça voulait rien dire. Mais maintenant que je sais que c’est écrit « urne », bah ça veut rien dire non plus ».

instagram rate

C’est pas grave si j’ai du demander la route à quelqu’un qui me prend peut-être toujours aujourd’hui pour une psychopathe ratée. C’est pas grave si j’ai réalisé, en levant, que j’avais soudain l’impression que le monde entier me narguait avec son smartphone.

Rien de tout ça n’est grave. J’ai dû me reprendre un téléphone, pour plein de raison du type vie moderne, mais au fond, j’ai presque apprécié de pouvoir faire une petite pause d’un écran parmi tous les autres sur lesquels j’ai les yeux rivés.

Un week-end sans smartphone, c’est bizarre, c’est exotique, mais en vrai, c’est comme un état grippal : c’est un peu pénible mais ça dure jamais bien longtemps, et on peut difficilement en mourir.


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Les Commentaires

25
Avatar de ApoLapine
30 avril 2016 à 09h04
ApoLapine
Je me souviens du collège (y a bien 6 ans, avant les smartphones donc) j'étais la seule vraiment accro à mon tel. Donc comment dire, j'y ai toujourd été scotchée parce que pour moi c'est 1/une encyclopédie (google) 2/un moyen de communication
Une fois au lycée je l'avais oublié, n'ayant pas de montre et n'ayant pas vu le temps passer, j'ai passé une heure de trop à travailler donc j'ai raté mon bus (bus de campagne, celles qui savent comprendront le désespoir). Donc a une époque ça me faisait aussi montre (maintenant avec les partiels j'ai investi)

J'avoue ne pas être bien quand je ne l'ai pas, mais je n'ai pas besoin d'être h24 dessus non plus ^^ (Par exemple j'ai déjà vu des gens se plaindre de ceux qui les utilise au ciné, c'est débile, tu payes 8 euros pour aller sur fb avec ton tel et faire ch*er tout le monde avec ton tel qui vibre?)
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