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Les week-ends d’intégration des madmoiZelles, entre amusement et regrets

Les week-ends d’intégration n’ont pas toujours bonne réputation : les madmoiZelles nous racontent leur intégration dans leurs études, entre alcool et jeux bon enfant.

Du week-end au mois d’intégration, les débuts de la vie étudiante sont généralement marqués par des rites d’initiation festifs. Ils font couler beaucoup d’encre depuis quelques années, après des témoignages rapportant des humiliations graves et des morts dûs à la forte alcoolisation de ces soirées.

Des madmoiZelles nous racontent leur intégration à elles, et si elles se sont senties forcées à quoi que ce soit.

Les « jeux » humiliants des week-ends d’intégration

Quelques madmoiZelles ont effectivement rapporté des jeux qui les ont dérangées. Une madmoiZelle étudiante en pharmacie nous a raconté comment l’intégration se passait pour sa faculté :

« En raison du concours de première année, notre intégration a lieu en début de deuxième année.

Les troisièmes années se réunissent en amphithéâtre et achètent (avec du vrai argent) les deuxièmes années aux enchères ! L’argent permet de financer le WEI (week-end d’intégration), notamment en terme d’alcool.

Comme il y a beaucoup de filles dans ma formation, les mecs (notamment ceux répondant aux normes de la beauté classique) peuvent se vendre jusqu’à plus de 200€. Certaines filles jugées pas très photogéniques finissent… offertes

Il y a un soir après les cours où l’on doit se rendre d’un point A à un point B en buvant sur le chemin (c’est fortement encouragé), humilié•es par les troisièmes années. On rentre ainsi chez soi recouvert•e d’un ensemble de substances nauséabondes et/ou très salissantes : urine, sciure, poulpes, pâté pour chien, crottes, oeufs, farine, vinaigre… »

En ce qui concerne le week-end d’intégration à proprement parler, cette madmoiZelle rapporte également des activités humiliantes autour du sexe et de la nudité.

« Il y a par exemple un jeu avec deux personnes. L’une doit attraper un flamby avec la bouche, puis le poser sur le corps en maillot de bain du partenaire (un membre de son équipe). À chaque fois, il reprend le flamby et le repose sur une autre partie du corps.

Plus le flamby touche une partie intime, plus le partenaire est dénudé, et plus le groupe gagne de points… Il n’y avait rien d’imposé, mais une grosse pression sociale quant à ne pas faire perdre son groupe était bien présente.

Il y a aussi des « jeux » comme « le péage » où le nombre de vêtements enlevés fait gagner des points à l’équipe.

Il y a aussi d’autres « jeux » comme « le péage » où le nombre de vêtements enlevés fait gagner des points à l’équipe. Évidemment, un string fait gagner plus de point qu’un t-shirt. »

Sans qu’il y ait de réelle obligation à participer à ces jeux, cette madmoiZelle a tout de même constaté une pression, faisant pour elle que les personnes n’ayant pas les capacités de se « rebeller » pourraient faire des choses dont elles n’ont pas envie. Elle se souvient de plus qu’une fille ayant joué au jeu du flamby lors de son intégration s’est vue gratifiée d’une bonne dose de slut-shaming les mois suivants.

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Flots d’alcool en week-end d’intégration

Si l’alcool coule à flots dans une grande majorité des intégrations rapportées par les madmoiZelles, elles ne font cependant pas état de vraie obligation de boire. Beaucoup remarquent toutefois une certaine incitation, notamment quand les jeux d’alcool sont pleinement incorporés au processus d’intégration.

Romane, étudiante en école de commerce, explique ainsi que les jeux d’intégration se finissent dans son école par l’élection du bizuth poche :

« Chaque team envoie au minimum une fille et un garçon pour l’épreuve. Pour les qualifications, c’est simple : dix personnes sur la ligne de départ doivent nager le plus vite possible jusqu’à un pédalo. Arrivés là-bas, ils boivent un verre de Ricard, reviennent et en reboivent un.

Les quarts de finalistes (deux filles et deux garçons) se retrouvent à une table face à face à boire des verres. Le premier qui vomit ou abandonne a perdu. »

Pour autant, s’il y avait beaucoup d’alcool, Romane souligne qu’il n’y a eu aucun débordement, « même pour les participants au bizuth poche qui sont pris en charge dès la fin du concours (ils sont forcés à vomir pour digérer le moins d’alcool possible, douchés et mis au lit) 

».

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Gros lourds et agresseurs en week-end d’intégration

Le point le plus appuyé par les madmoiZelles, c’est celui du comportement de certains camarades d’intégration. Plusieurs ont raconté avoir été suivies lors de soirées, parfois très lourdement. Pour une madmoiZelle à Polytechnique, cela a pris des proportions graves :

« Nous sommes partis pour le week-end en car. Il y avait une bonne ambiance, mais pas trop alcoolisée/crade, juste le bon compromis. On se chamaillait, on se chatouillait. À un moment, j’ai reculé mon siège sur le mec derrière moi, et là il m’a attrapée par les seins et m’a bloquée contre mon siège. Je ne pouvais plus bouger. Panique.

Je me suis dit qu’il ne devait pas se rendre compte qu’il me tenait au niveau des seins, alors je lui ai dit : « Lâche-moi, tu me touches les seins ». Et là, avec le plus grand calme du monde, il m’a répondu « Je sais » et gardé sa prise.

Re-panique. Le temps s’est arrêté, j’ai jeté un regard désespéré à mon pote ; il a haussé les épaules. Toutes sortes de scénarios ont défilé dans ma tête, je me suis demandé si ça servait à quelque chose d’hurler, mon coeur s’est accéléré, ma respiration aussi. Et puis il a fini par me lâcher. »

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Ce comportement ne fut pas un cas isolé lors de ce week-end d’intégration. Cette madmoiZelle a aussi été agressée sexuellement lors de la deuxième soirée.

Alors que je dansais, deux mecs sont arrivés derrière moi et ont essayé de me toucher le sexe.

« Alors que je dansais, deux mecs sont arrivés derrière moi et ont essayé, en même temps, de me toucher le sexe. Leurs mains se sont croisées à quelques centimètre au-dessus de mon pubis. Je leur ai lancé un regard noir et me suis éloignée pour rejoindre un groupe d’amis.

Ils m’ont suivie, et là un des deux m’a mis une grosse main aux fesses. Je me suis retournée, et j’ai vu que le deuxième était en train de le féliciter.

Je suis partie de la soirée en pleurs. Sur le chemin, j’ai croisé un mec du camping qui m’a fait un commentaire salace sur ma tenue. J’ai couru jusqu’à mon bungalow et j’ai fondu en larmes. Mon pote a dû passer une bonne partie de la nuit à me réconforter. »

Cette madmoiZelle a fait remonter les problèmes qu’elle avait rencontrés auprès de son administration, et a été imitée par d’autres filles. Un élève a été sanctionné par l’école. Ça a valu à  la victime d’être établie comme « la féministe du campus » et de recevoir un certain nombre d’insultes.

Elle a maintenant également l’intention de porter plainte contre le garçon qui l’a agressée dans le bus.

Les week-ends d’intégration dans le respect (relatif)

Heureusement, pour la majorité des madmoiZelles, l’intégration dans leur nouvelle école ou faculté s’est bien passée. Chouette raconte le processus d’intégration dans sa prépa, qui se fait en cinq soirées à la suite :

« Seule la fin de la dernière se passait dans un lieu où on pouvait boire et danser ; les autres soirées avaient lieu dans la rue ou dans un parc proche de notre lycée. Elles étaient conçues comme des sortes de rites initiatiques où l’on faisait découvrir un peu notre ville aux nouveaux, et puis où on leur apprenait nos chansons, nos traditions, notre folklore.

J’ai trouvé ces soirées vraiment amusantes et bon enfant. En plus, comme ça avait lieu en extérieur et qu’on était un grand groupe, on pouvait partir à n’importe quel moment sans se faire remarquer si jamais on n’aimait pas l’ambiance.

Il n’y avait d’alcool qu’à la dernière soirée, et uniquement pour ceux qui en voulaient.

Il n’y a pas eu de moment où les anciens nous balançaient des œufs ou de la farine, comme je sais que ça se fait dans certaines prépa, et il n’y a pas non plus eu de trucs humiliants à base de chantilly sur le visage. En fait, il n’y a pas eu de trucs humiliants tout court.

Il n’y avait de l’alcool qu’à la dernière soirée, et uniquement pour ceux qui en voulaient. »

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Pour une autre madmoiZelle étudiante en école de commerce, si on lui a effectivement jeté quelques substances dessus, à son sens tout est resté bon enfant :

« Le bizutage se faisait dans les dix heures de bus de nuit pour aller au camping qui nous accueillait, et franchement, je m’attendais à pire.

Bon, on a dû manger des trucs pas sympas comme des croquettes, des bouillons cubes ou du wasabi, on a dû embrasser un poulpe et on s’est pris pas mal d’oeufs et sauces diverses sur la tronche, mais il n’y a pas eu de bizutage avec de l’alcool, ce que j’ai trouvé bien !

Après avoir pris bien cher dans le bus, on a fait des jeux un peu débiles afin de « créer du lien », du style se passer un chamallow de bouche en bouche dans tout le bus (il vaut mieux ne pas être à la fin) ou encore faire une guirlande de soutifs le plus rapidement possible…

Arrivés là-bas, on a passé une super journée : plein d’activités et une super soirée (on était environ 600) avec open bar.

Je n’ai vraiment pas mal vécu mon bizutage, on en rigolait beaucoup quand on se retrouvait aux aires d’autoroutes avec les autres bus – c’était à qui était le plus crade ! On ne sentait pas de méchanceté. »

Ce genre d’intégration peut cependant être difficile pour les personnes timides ou discrètes, comme cette madmoiZelle en école d’ingénieur le remarque :

Étant un peu timide il y a plusieurs aspects que je n’ai pas du tout appréciés.

« Étant un peu timide il y a plusieurs aspects que je n’ai pas du tout appréciés, comme le fait que l’on doive montrer qu’on est capable de crier fort des cris de guerre, chanter, montrer ses fesses (pour les garçons), s’amuser à faire osciller le bus, enlever des vêtements, faire un paquito dans le métro…

On peut se prendre des remarques quand on est « mou/molle » ou qu’on est pas très motivé•e pour faire quelque chose (par exemple moi quand je n’ai pas eu envie de m’asseoir dans le métro pour faire un paquito). »

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Conclusion sur les week-ends d’intégration

Chouette a vraiment apprécié ses cinq soirées d’intégration en classe prépa :

« Avec le recul, je suis vraiment heureuse d’avoir été à ces soirées, parce qu’elles m’ont permis de découvrir que l’ambiance de ma prépa était cool, et ça m’a vraiment donné un sentiment d’appartenance au groupe.

Ça m’a aidée pour la suite. J’étais fière d’être dans cette prépa et d’appartenir à ce groupe avec ces traditions, et ça me donnait envie de m’accrocher au niveau du travail, parce que je me sentais bien là-bas et que je voulais rester. »

Cette madmoiZelle en école de commerce a elle aussi passé un bon week-end d’intégration :

« Pour moi le week-end d’inté c’est vraiment l’occasion de se faire des potes, de s’intégrer à son école. C’est un week-end qui marque aussi le début de notre vie étudiante et d’une nouvelle vie, et la fierté d’avoir intégré l’école, d’avoir passé le concours ! »

Si Justine a passé un bon week-end d’intégration et est contente d’y être allée, elle conclut pour celles que les activités pourraient gêner ou pour qui les jeux d’intégration pourraient être humiliants :

« Attention, il ne faut pas se sentir obligé•e d’y aller : certes on sent la différence au début de l’année lorsque la quasi-totalité de la promo revient de week-end en chantant en choeur et dit bonjour aux « grands », mais pas de panique si on l’a loupé !

On continue de faire de belles rencontres toute l’année, les occasions restent nombreuses. »

    – Merci à toutes les madmoiZelles qui ont témoigné !

Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de skippy01
3 juin 2017 à 19h06
skippy01
Je n'ai jamais vécu de WEI. En revanche, ils ont très souvent lieu en bas de chez moi, donc autant dire que je suis aux premières loges. En gros, l'ambiance, c'est très Full Metal Jacket. Et ça me fait franchement pas envie. L'humiliation, même "pour du faux", je l'ai toujours eues en horreur. Je n'ai jamais supporté en subir, quelles que fussent les motivations, ça serait donc très contre-productif pour moi d'en subir.

Quand les étudiants en parlent, c'est presque toujours en bien, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils ne sont pas tous sincères et que certains jouent les faux culs pour éviter les représailles. Pareil pour le "secret", qu'est-ce qui me dit qu'il existe pour de bonnes raisons et pas pour cacher des choses trop dérangeantes pour eux ?
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