Publié initialement le 23 juin 2015
« L’important, c’est de participer Moi-même, un jour, en voulant roter l’alphabet Je ne sus aller que jusqu’au L Ça m’a fichu le seum. » — À peu près Pierre de Coubertin
Dans la vie, on ne peut pas tout réussir. Si c’était le cas, je crois bien qu’on ne pourrait pas s’empêcher d’éprouver une admiration proche de la haine pour ceux et celles qui auraient le don de tout savoir faire, de tout gagner. Imaginons un peu : le grand prix de la kermesse ? C’est Josie Winneure qui l’a eu. Tous les ans. Le bac avec les félicitations du jury ainsi que cent balles et un Mars ? C’est pour Josie Winneure. L’appartement immense pour pas cher ? C’est elle. La plus belle des familles ? C’est elle. Le marathon de New York ? Elle était preum’s. Le meilleur job dans la meilleure entreprise ? C’est elle. Le plus gros salaire de sa boîte ? C’est elle. Ah non mort de rire c’est Jean-Michel Lahouine. On est en France en 2015 et Josie est une femme alors tu penses bien.
Il paraît même qu’une fois, Josie Winneure a passé quatre jours sur le manège de la fête foraine de Monpoil parce qu’elle attrapait chaque fois le pompon. C’est tellement une gagnante, Josie Winneure, que le seul truc qu’elle arrive pas à faire, c’est échouer.
Le quotidien de Josie serait presque difficile à gérer. Parfois, on a l’impression que certains gens ont ce don-là : réussir tout ce qu’ils entreprennent. C’est ne pas connaître leurs échecs, qu’ils taisent peut-être ou ne crient pas sur tous les toits ! Parce que c’est ça, aussi, le truc : tout le monde échoue de temps en temps, mais tout le monde ne ressent pas le besoin ou l’envie de le dire.
Et ça s’explique facilement. Parce que devoir faire face à un échec pique un peu, ainsi qu’avoir à le formuler. Parce que parfois, quand on échoue — à un examen, à une compétition sportive, à arrêter une addiction de type la cigarette… — on ressent une sorte de honte, et l’assumer à haute voix peut faire rosir les joues (souviens-toi un peu de la fois où tu as eu à dire à l’instit en maternelle que tu avais fait dans ton slip parce que t’as pas réussi à atteindre les toilettes à temps).
Le dire, pourtant, c’est l’occasion de recueillir quelques conseils qui peuvent t’être précieux (au moins autant qu’une Game Boy Color ou le dernier crottin de chèvre de ton frigo).
Tiens : Ramsay, il a trop fait cuire sa saucisse bah il le vit bien.
La honte de l’échec c’est caca (Sophie Riche, 26 ans)
En plus, il n’y a aucune raison de se sentir humilié par un échec ! Au-delà de toutes les phrases toutes faites qui sonnent pas terribles mais sont pourtant vraies à base de « y a que ceux qui n’essaient pas qui n’échouent jamais », il faut savoir s’éloigner, parfois, du culte de la performance que la société semble prôner.
N’oublie pas que tu n’es pas totalement étrangère à la pression que tu ressens : souvent, sans qu’on s’en rende compte, on a tellement intériorisé la pression qui vient de l’extérieur que même quand elle n’est pas là, on se la fout sur le dos. Alors mon conseil, après un échec, est de respirer un grand coup et de réfléchir pour faire la part des choses : est-ce qu’il est vraiment utile de paniquer et de se déprécier ? Autre façon de tourner cette question, plus simple encore : est-ce que cet échec est irrémédiable ? Il y a peu, très peu de trucs auxquels on peut échouer sans jamais pouvoir les retenter.
Un bac, des partiels, un CAP ou autre diplôme, ça peut se repasser l’année suivante, en étant encore mieux préparée. Bien sûr, faut faire preuve de patience, mais ce qui paraît insurmontable en terme d’attente, si on regarde vers le long-terme, paraît beaucoup moins impressionnant si on y va étape par étape. Au lieu de regarder directement vers la prochaine session d’examen en trouvant le temps long, fixe-toi des objectifs plus courts. Voici un exemple fictif :
- se prendre trois semaines pour s’aérer l’esprit
- lire un livre sur une des matières dans laquelle tu as des difficultés avant le 20 août
- recontacter tous tes potes de primaire pour organiser une soirée avant la rentrée
- arriver à la rentrée sereine et reposée
- gagner un point de plus dans la moyenne des matières où tu pèches pour la fin du premier trimestre
- et ainsi de suite jusqu’au grand jour prochain.
Ça marche pour les examens en tout genre, mais aussi pour le permis, ou pour ta discipline sportive favorite.
Genre le speedboat.
Pour gagner, il faut parfois perdre
Certaines personnes n’ont pas eu besoin d’échouer pour avoir l’esprit de la compétition et de la réussite. Je ne suis pas dans ce cas, et je pense qu’on est tout un tas à ne pas l’être. Je vais prendre l’exemple d’un truc qui m’est arrivé tout récemment.
L’autre jour, je n’ai pas réussi à faire de la plongée parce que j’ai fait trop de pets de trouille. J’ai dû renoncer pour cette fois-ci, mais je sais que je réessaierai un jour, après m’être habituée à respirer dans un tuba. C’était un échec sur le coup, c’est devenu un objectif aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’avant de tenter de plonger, j’étais enthousiasmée et confiante, mais je n’avais pas profondément ENVIE d’en faire.
Le fait de ne pas réussir, de stresser, a transformé cette expérience ratée en challenge : j’ai désormais envie, pour surpasser ce stress, pour me sentir plus forte. Contrairement à l’expression qui dit que « quand on veut on peut », je pense qu’il ne suffit pas de simplement vouloir pour réussir : il faut une volonté active. Une volonté qui peut parfois être rendue plus forte par un échec.
Jean Neige n’échoue pas du tout à ne rien savoir depuis 2010. Bravo Jean Neige.
Il y a toujours du bon à prendre d’un échec : ça nous fait réaliser comme certains trucs qu’on n’imaginait pas aussi importants le sont en réalité à nos yeux, pour nous donner l’énergie de tout faire pour réussir la prochaine fois. Ça permet d’enrichir sa persévérance et de gagner en humilité.
Je ne sais pas bien pourquoi on est si nombreux et nombreuses à paniquer en s’imaginant ne pas avoir le permis, le bac, le master, une médaille d’or aux Jeux Olympiques ou autre du premier coup. Je ne sais pas pourquoi on a parfois à ce point l’impression que le temps nous est compté : sur l’histoire d’une vie, un an, après tout, c’est rien, tant qu’on en profite pour s’armer à réussir. Ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas tout faire ce qui est en son pouvoir pour essayer de réussir tout de suite… ça veut juste dire qu’il faut faire tout ce qui est en son pouvoir pour réussir tout de suite, mais accepter l’éventualité de devoir tenter un autre jour !
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