Je crois qu’il est grand temps que j’accepte la vérité : comme plein de gens, comme Madonna et Jean-Claude Van Damme, et peut-être même ta Tata Monique, je suis extravertie. Je sais pas trop si c’est un défaut, une qualité, ou ni l’un ni l’autre. C’est tout, c’est comme ça.
Tu l’auras bien compris, j’ai appris à ne plus renier les aspects de ma personnalité qui me déplaisaient. Bien sûr, parfois, j’aimerais être de ces femmes mystérieuses et intriguantes qui me fascinent depuis que je suis petite. Une sorte de Fanny Ardant, quoi, insaisissable et aérienne. Mais je ne peux tenir le rôle que trente secondes tous les vingt jours alors on va faire avec ce qu’on a.
Même si la vie n’est pas plus simple ou plus compliqué quand on est extravertie, il existe, comme dans chaque situation, des inconvénients à l’être. Un peu comme la sauce César, la moutarde ou les cuillères à soupe : ça a ses bons et ses mauvais côtés. Et comme je ne peux pas rester une seconde de plus sans faire savoir à la face du monde mes émotions, le but de cet article est d’en lister quelques-uns.
Note : cet article sera exclusivement illustré par des photos de Andy Dwyer. Ce personnage de Parks and Recreation est à mon sens le maître de tous les extravertis de la Terre et mon animal-totem-sauf-qu’humain.
Pas la peine d’être flatté Andy : ce n’est que la stricte vérité.
Être extravertie et se faire disputer à l’école
Quel-le extraverti-e dans ce monde n’a jamais connu le terrible dilemme d’avoir besoin de faire partager avec son voisin de classe ce que l’on ressent en cours alors que le prof est en train de parler ? On sait qu’on va se faire engueuler, mais on ne peut pas s’empêcher de sortir notre vanne ou de faire notre réflexion sur la vie, le monde ou le sujet du jour.
Évidemment, chaque fois ou presque, on se fait griller. Et il faut alors gérer avec l’humiliation de se faire reprendre par l’enseignant-e devant toute la classe — ce qui, à l’adolescence, revient à arriver en pyjama troué à l’entrecuisse et chaussons dans la cour de récréation.
La fin du monde, quoi.
Quand être extravertie rime avec stresser autrui
Il y a quelques lignes, je te parlais de Fanny Ardant en utilisant les adjectifs « insaisissable » et « aérienne ». Je ne les ai pas choisis au hasard : en bonne extravertie, je suis du genre à non pas mettre mes pieds dans le plat mais à sauter à pieds joints, avec des crampons, dans un tout petit bol.
Quand j’ai envie de dire un truc qui me brûle très fort la langue, c’est rare que je sache vraiment me retenir — du moins quand je sais que je ne vais pas blesser quelqu’un, parce que je veux jamais blesser personne. C’est généralement pas le moment, c’est rarement l’endroit, mais d’un coup pouf, il faut que je fasse partager mon angoisse ou mon agacement avec quelqu’un, PARCE QUE C’EST TROP FORT COMME SENSATION POUR QUE JE GARDE ÇA POUR MOI.
On se retrouve alors souvent face à un de ces deux cas de figure :
- soit la personne s’en fout, et ça ne fait que renforcer mon état
- soit la personne s’énerve ou est également attristée et ça ne fait que renforcer mon état.
Dans les deux cas, c’est pas parce qu’on l’a dit que ça soulage. Essaye un peu de dire à quelqu’un « j’ai mal au ventre » pour voir si ça passe : bah ça passe pas. À part s’il a justement un Spasfon sur lui.
Être extravertie, ou passer pour instable émotionnellement
Un-e extraverti-e peut rarement s’empêcher de faire part de ses émotions — c’est un peu le concept. Et dans la vie, il arrive de ressentir dans un court laps de temps des émotions différentes (voire carrément contradictoires) vis-à-vis d’une seule et même personne. Et donc, de le dire à quelqu’un. Ce qui donne, en imaginant que je voyais une personne trois secondes tous les jours :
Pensée : Cette personne a un sourire gentil. Propos : J’AIME BEAUCOUP CETTE PERSONNE ELLE A L’AIR GENTILLE.
Pensée : Cette personne a un sourire gentil mais ne rit pas à ma blague. Propos : CETTE PERSONNE A L’AIR FROIDE, SON SOURIRE EST UNE FAÇADE, JE LA SENS PAS PERSONNELLEMENT.
Pensée : Cette personne s’excuse de ne pas avoir entendu ma blague et me demande de la répéter. Propos : CETTE PERSONNE VEUT ME METTRE MAL À L’AISE C’EST PAS SYMPA.
Pensée : Cette personne rit franchement à ma blague. Propos : J’AIME TELLEMENT CETTE PERSONNE, JE VEUX QU’ELLE M’ADOPTE.
Oui alors c’est sûrement moi qui ait un souci, il faut bien l’avouer : celui de combiner mon côté extraverti et mon absence de demi-mesure…
Les autres sont plus gênés qu’on ne l’est
Tous les extravertis de la planète n’ont pas le même rapport au ridicule. Le mien est inexistant, ce qui m’arrange largement : je n’ose imaginer la tempête dans mon esprit si j’avais dû ajouter à ma maladresse, ma spontanéité et mon côté extraverti une tendance à avoir honte.
Quoiqu’il en soit, je réagis souvent avec plus d’intensité que la plupart des gens de mon entourage. Que ce soit de la joie, voire du bonheur, ou de la tristesse, de la colère, de la cocasserie, j’en fais souvent trop. Tout le monde n’est pas apte à supporter ça et je me retrouve donc parfois dans des situations qu’on peut juger « gênantes ».
Je ne compte plus le nombre de fois où on m’a dit des trucs comme « Hanlala la teuhon pour toi » (entre la 6ème et la 3ème), « Sérieusement à ta place, j’aurais envie de me cacher » ou encore « Ça me met mal à l’aise ».
Moi à la limite, j’ai une réaction comme ça. À la limite.
C’est un truc qui m’échappe : pourquoi être mal à l’aise à la place de quelqu’un d’autre ? C’est pénible, la gêne, comme sensation, alors pourquoi la ressentir alors qu’on n’est même pas concerné ? D’autant plus quand la personne concernée n’est pas gênée, et qu’on lui fait comprendre qu’elle nous dérange alors qu’elle ne nous a rien fait.
Je sais pas, c’est comme dire « Je peux vomir à ta place, si tu veux, peut-être que ça te soulagera », quand quelqu’un te dit qu’il a la nausée. Fait-on ça ? Non. Jamais.
« Baisse d’un ton s’il te plaît »
Si j’étais présidente de la République, d’une association ou même du siège sur lequel je suis assise, tu sais quoi ? J’interdirais ça. J’interdirais aux gens de demander aux extravertis de parler moins fort. Ça me brime et ça me donne l’impression d’être une enfant. Or, ce n’est pas parce que je ris fort, que je parle presque tout le temps et que je raconte ma vie régulièrement que j’en suis une.
Tout comme j’interdirai aux gens de se moquer des introvertis à base de « Oh lala mais décoince-toi ». Ce n’est pas gentil non plus.
Et vous, introverti-e-s, extraverti-e-s ou ni l’un ni l’autre, ces problèmes vous parlent ?
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Les Commentaires
Il m'arrive la même chose, ma mère me demande aussi de ne pas gueuler et pareil je ne dis plus rien, puisque je boude.
Par contre, elle exige que je parle, alors que je boude, mais sayé, j'ai plus l'élan, ni l'envie, ni rien